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Avec les canicules marines, l'eau est plus chaude pour se baigner mais c'est un désastre pour la biodiversité

Avec les canicules marines, l'eau est plus chaude pour se baigner mais c'est un désastre pour la biodiversité

CHANGEMENT CLIMATIQUE - C'est l'mercure à la plage. Alors que la France suffoque sous le coup de la canicule cet été, la chaleur bat aussi des records dans l'eau. En Méditerranée, juin 2025 a été marqué par une « canicule marine » à la surface de l'eau, avec une température moyenne de 23,86 °C. C'est un record selon Mercator Océan, le centre français d'analyse océanique, qui souligne que « 62 % de la surface de la mer Méditerranée a été touchée par des vagues de chaleur marine » le mois dernier, un record là aussi.
La tendance au réchauffement des mers est planétaire. « Juin 2025 a été le troisième mois de juin le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial » après 2023 et 2024, relève Mercator Océan, qui souligne par ailleurs que « 9 des mois de juin les plus chauds ont été enregistrés au cours des 10 dernières années ». Depuis janvier dernier, la température moyenne à la surface de la mer s'élève à 20,89 °C, faisant de la première moitié de 2025 « la deuxième plus chaude jamais enregistrée après 2024 ».
Ces températures vous aideront peut-être au moment de rentrer dans l'eau pour vous baigner, mais elles inquiètent beaucoup les scientifiques qui s'alertent de ces « canicules marines » à répétition. Le terme est employé si, pendant plus de cinq jours consécutifs, la température de l'eau figure parmi les 10 % de mesures les plus élevées qui ont été effectuées dans la zone depuis 30 ans.
Des canicules liées au changement climatique
Ces phénomènes, qui peuvent parfois durer plusieurs mois voire plusieurs années, sont aggravés par le changement climatique. Ce dérèglement « multiplie par trois la persistance des vagues de chaleur marine et augmente de 1 °C leur intensité », selon une étude publiée dans la revue PNAS. « Les épisodes deviennent plus intenses, plus longs et plus fréquents avec le réchauffement climatique », relèvent les auteurs, soulignant que ce dernier a « triplé la durée » des canicules marines depuis 1940.
Comme le montre le graphique ci-dessous, la part des espaces marins touchés par une « vague de chaleur marine » au cours de l'année (en rouge) a fortement augmenté entre 1860 et les années 2000. D'après les estimations des scientifiques de l'étude parue dans la revue PNAS, la part des espaces touchés aurait été beaucoup plus faible dans un scénario sans changement climatique (en bleu).
« Si l'air au-dessus de la mer est plus chaud suite à des activités humaines, après un moment, cela réchauffe la mer qui devient plus chaude », a expliqué l'océanographe physicienne et climatologue Julie Deshayes au micro de France Inter. À ce phénomène s'ajoutent des facteurs liés au manque de vent qui réduit l'évaporation de l'eau de mer, et les mélanges entre l'eau en surface et en profondeur, deux mécanismes qui participent au refroidissement des océans.
Des « hécatombes d'espèces » du fait de la chaleur
Comme le rappelle Le Monde, ces canicules marines provoquent « des hécatombes d'espèces ». Le quotidien cite l'exemple des gorgones, ou coraux cornés, qui ont connu une forte mortalité lors de l'été 2022, particulièrement chaud. De son côté, le GIEC prévient avec un « degré de confiance élevé » que les températures extrêmes, couplées à l'acidification des océans, affecteront particulièrement les « organismes fixés » et « calcifiants » (avec une coquille, un squelette, etc.) comme les moules ou les coraux. Ces derniers tendent à blanchir, ce qui les rend vulnérables et explique en partie la « dégradation des récifs coralliens depuis 1997 à l'échelle globale ».
La situation a été particulièrement critique avec le « Blob », nom donné à une vague de chaleur commencée en 2013 et qui a frappé pendant près de trois ans une large zone du Pacifique, avec une température de l'eau 2,6 °C au-dessus de la normale selon Reporterre. Ce phénomène a été dévastateur pour le phytoplancton, à la base de la chaîne alimentaire. Résultat : le « Blob » a provoqué une « réduction de la qualité de la nourriture disponible » et une « augmentation de la concurrence pour ce qui reste », selon l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), qui parle de « changements sans précédents dans l'océan ».
D'après les estimations du GIEC, la fréquence de ces vagues de chaleurs pourrait « être multipliée par cinquante environ en 2081-2100 » par rapport à la période 1850-1900, si les émissions de gaz à effet de serre restent fortes avec un réchauffement global en 2100 à environ 4 °C supplémentaires par rapport à l'ère industrielle. Pour espérer limiter les dégâts, il faut se tourner vers le scénario du Giec à « forte atténuation » des émissions. Dans cette configuration avec un réchauffement contenu sous la barre de 2 °C, la fréquence des vagues de chaleur marine pourrait être multipliée par vingt. Une situation peu enviable, mais déjà moins catastrophique.
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