
Qui est cet artiste américain qui veut construire un mausolée Trump à Venise?
Provocation ou raison, l'artiste américain propose de transformer le pavillon national de la Biennale de Venise 2026 en mausolée Trump. Publié aujourd'hui à 20h13
Alors que Donald Trump porte un nouveau coup à la culture, en annonçant le retrait des États-Unis de l'Unesco, Andres Serrano a postulé pour installer son mausolée (photomontage) dans le cadre de la Biennale d'art contemporain de Venise 2026.
Courtesy of the artist
En bref:
L'affaire n'est de loin pas pliée, mais comme aux États-Unis les candidats à une candidature savent faire mousser leurs chances aussi bien qu'un catcheur à l'approche du ring, tout le monde, ou presque, parle d'Andres Serrano. L'Américain se rêve en locataire du pavillon national lors de la Biennale de Venise 2026 avec un Donald Trump sanctifié en special guest . «Je ne vois personne d'autre, encourage l'absolutiste, que le président lui-même pour incarner les États-Unis.» Alors… suspense.
Si 26 pays sur 89 ont déjà leur porte-drapeau, le Département américain de l'éducation et de la culture révélera début septembre qui sera au garde à vous. Difficile de le dire autrement: revue et corrigée, la feuille de route est pile dans le ton de l'administration Trump! Plébiscitant «la promotion de la compréhension internationale des valeurs américaines». Et bannissant «des programmes qui mettraient en avant la diversité, l'équité et l'inclusion, enfreignant ainsi les lois antidiscrimination en vigueur».
Ne voir que Donald Trump pour entrer dans ses propres cases, c'est une réponse. Et… c'est celle d'Andres Serrano proposant une œuvre totale, du fronton à l'intérieur du pavillon, minimisant le risque d'être recalé. Le septuagénaire est bien rodé sur le terrain de la controverse, « Piss Christ » (1987), cette image picturale d'un crucifix immergé dans un bain d'urine, c'est lui.
Andres Serrano devant «Piss Christ» exposé à Stockholm en 2015.
IMAGO/TT
La subversion traverse son œuvre et peut-être même la sédition, dans cette candidature à la réalisation d'une imposture au cœur de la plus suivie des Biennales d'art. Celui-ci existe-t-il orienté par des directives politiques, sans sa pleine liberté d'expression? Répondre, c'est croire à l'aiguillon Serrano, le New-Yorkais est un fan déclaré de Goya, sévère chroniqueur de son temps. Comme de Luis Buñuel, de son cinéma pourfendeur d'états censeurs et de pouvoir imbu. Andres Serrano, le regard frontal
Dans ses gènes d'artiste, il a élevé la photographie en regard frontal sur l'Amérique populaire. Conservatrice. Ses tourments racistes. Son indécision face aux armes. Sa libido. Sa foi. Le portrait est son rayon, le grand format, sa dimension et la condition humaine, son engagement. Avec cet intérêt à travailler la matière crue, faite de zones d'ombre émotionnellement difficiles à regarder. Comme de préjugés tenaces.
L'hyperesthétique comme alliée, l'artiste a montré la mort de près dans sa série «The Morgue» (1992), il a placardé ses portraits de sans-abri sur les emplacements publicitaires du métro new-yorkais (2014), réveillé le fantôme de «La Torture» (2015) dans des lieux de sa dramatique histoire. Ou encore plongé dans un univers de «Robots» (2022) aux couleurs si criardes.
L'artiste américain a collectionné des objets et autres artefacts appartenant à la galaxie Trump, il en a fait une installation. «The Game: All ThingsTrump».
AFP
Collectionné par le Vatican, comme par Pinault, par le MoMA à New York comme par le Musée de la brique rouge à Pékin, Andres Serrano aime se déclarer: «artiste avec un appareil photo». Son focus alternant l'ordinaire, le politique, le liturgique ou la pop culture, il a zoomé sur le rappeur Snoop Dog , sur un vendeur ambulant du Trinidad, un étal de boucher de la vieille Jérusalem, une factrice. Ou sur une femme, membre du Ku Klux Klan, le regard droit dans sa capuche pointue comme sur des Vierges à l'enfant. Un constat sur Donald Trump
En 2004, Andres Serrano intégrait Donald Trump à sa série de portraits d'Américains, reconnaissant en lui, «l'une des incarnations du rêve américain, un homme d'affaires prospère, un magnat de l'immobilier et une célébrité.»
IMAGO/Depositphotos
On l'a vu en président du jury d'Images Vevey (2011-2012), à Photo Elysée Lausanne pour défendre son «Piss Christ» (2016): il ne se fait pas rare. Toujours prêt à assurer le service après-vente d'une controverse, se présentant en «artiste chrétien qui voit la religion partout» quand on le dit blasphémateur. Ou en électron neutre lorsque «The Art Newspaper», l'interroge sur cette proposition de Mausolée Trump.
«Ce n'est ni une célébration, ni une dénégation. Je ne suis pas un juge de quoi que ce soit, seulement un observateur. Donald Trump, poursuit-il, a été élu deux fois président des États-Unis. Ce qui veut dire que si on croit en la démocratie, on doit admettre que le peuple a parlé. La politique est partout, même sur la table de la cuisine, la frontière entre la politique et le divertissement est infime.»
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Florence Millioud a rejoint la rubrique culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert dès 1994 la politique et l'économie locales. Historienne de l'art, elle collabore à la rédaction de catalogues d'exposition et d'ouvrages monographiques sur des artistes. Plus d'infos
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