logo
Le rêve américain a été survendu

Le rêve américain a été survendu

La Presse24-07-2025
« La conclusion des scientifiques est sans équivoque : notre consommation de ressources dépasse de plus en plus la capacité de notre planète à les renouveler », écrit l'auteur.
La planète Terre ne peut plus soutenir notre mode de vie basé sur la croissance, et il va falloir rapidement remettre en question l'association entre bonheur et consommation, écrit l'auteur
Christophe Chowanietz
Professeur de science politique, cégep John Abbott
Nous y sommes de nouveau, une semaine plus tôt que l'an dernier, mais quelques jours plus tard que l'an prochain. Le « jour du dépassement », cette date symbolique qui marque le moment où l'humanité a épuisé les ressources naturelles que la Terre peut régénérer en un an, tombe cette année le 24 juillet1.
En 2024, cette date était survenue le 1er août et l'année de la dernière Coupe Stanley du Canadien, celle-ci avait eu lieu le 26 octobre. La conclusion des scientifiques est sans équivoque : notre consommation de ressources (forêts, océans, sols, etc.) dépasse de plus en plus la capacité de notre planète à les renouveler.
Cela signifie que notre mode de vie est écologiquement déficitaire. Pour qu'un équilibre soit atteint, il faudrait que le jour du dépassement tombe le 31 décembre, ce qui indiquerait que l'humanité vit dans les limites des capacités de la biosphère. Cela est arrivé pour la dernière fois en 1972 et depuis lors, nous creusons une dette environnementale qui hypothèque notre avenir.
Voler les ressources des autres
Cette date du 24 juillet concerne le dépassement collectif des ressources utilisées par les quelque 8,1 milliards d'individus qui peuplent notre Terre. Mais c'est en examinant la date spécifique de ce dépassement dans chaque pays que l'on peut mieux comprendre la nature du problème. Celle-ci est arrivée le 6 février au Qatar, le 13 mars aux États-Unis, le 26 mars au Canada et le 19 avril en France.
Les pays occidentaux et les autres économies avancées ont épuisé leurs ressources au plus tard au printemps. Pour le reste de l'année, ils volent, pour ainsi dire, les ressources destinées aux autres.
Mais si les pays les plus pauvres dépassent leurs limites en été, voire seulement à l'automne, seul l'Uruguay, dont le jour du dépassement n'arrivera pas avant le 17 décembre, semble plus ou moins respecter les limites imposées par Gaïa. Une conclusion s'impose : le rêve américain basé sur toujours plus de consommation, c'est-à-dire toujours plus de saccage et de pillage de nos ressources communes, a été survendu. Notre Terre ne peut tout simplement pas survivre à ce mode de vie basé sur une croissance économique perpétuelle.
Collectivement, l'humanité exploite l'équivalent des ressources d'environ deux Terres… Mais si tous les habitants de la planète consommaient comme les Nord-Américains, il nous faudrait cinq Terres pour soutenir notre frénésie. Ne nous méprenons pas : notre mode de vie occidental n'est possible que parce que l'écrasante majorité de l'humanité n'y a pas accès.
Le jour du dépassement est devenu notre ligne de fracture. Chaque jour après cette date, nous vivons aux dépens des autres. Des autres peuples, des autres espèces et surtout des autres générations qui devront apprendre à survivre sur une planète dépouillée des ressources essentielles à la vie. Et dire qu'Elon Musk pense qu'on pourrait sans problème accueillir 80 milliards d'humains sur Terre et qu'un autre million pourrait s'établir sur Mars d'ici 2050.
Imaginer une prospérité durable et juste
Face aux pénuries et à la raréfaction de l'eau, des terres cultivables et des ressources vitales, des millions de personnes sont déjà en mouvement. Dans certaines régions du globe, rester n'est tout simplement plus une option. Traverser des frontières, franchir des mers et des déserts, devient pour beaucoup une question de survie. En 2022, près de 32 millions de personnes ont été déplacées par des catastrophes naturelles, la montée des eaux, la désertification ou la perte de ressources essentielles.
D'ici 2050, entre 250 millions et 1 milliard d'individus pourraient être contraints de quitter leur foyer, poussés par la dégradation des écosystèmes, les conflits liés à l'eau ou à la terre, et l'effondrement des conditions de vie. Le phénomène est d'ampleur planétaire et rien ne pourra durablement empêcher ces mouvements de population. Ces damnés iront là où la vie est encore tenable, là où il reste un peu d'espoir, d'eau, de nourriture et d'air respirable.
À défaut de trouver rapidement quatre autres planètes similaires à notre Terre et prêtes à l'exploitation, nous devrons apprendre à consommer moins et mieux.
Malheureusement, l'opulence relative dans laquelle vivent la plupart des Occidentaux repose sur un système qui confond croissance économique et prospérité, accumulation matérielle et bonheur, technologie et salut. Mais alors, que faire ? Voter pour un parti qui promet de verdir la croissance sans jamais remettre en cause le dogme de la surconsommation ? Continuer à croire qu'un geste écolo relayé sur Instagram compensera nos voyages en avion ? Ou alors… ouvrir les yeux. Admettre que notre modèle économique qui repose sur un cycle extraction-production-consommation sans limites, dans un monde aux limites très réelles, n'est plus viable.
Et si, comme le suggère le philosophe Roman Krznaric, on décidait enfin d'être de bons ancêtres ? Si on pensait une société où l'abondance ne se mesure plus en biens mais en liens ? Une société sobre, digne, juste et durable. Une société qui choisirait de vivre dans les limites planétaires, plutôt que d'agoniser dans leur négation. Sinon, nous arriverons à un point de non-retour, celui où nous aurons épuisé nos ressources dès la première heure du 1er janvier.
1. Consultez la page du Global Footprint Network (en anglais)
Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Un séisme de magnitude 6,1 secoue la Turquie
Un séisme de magnitude 6,1 secoue la Turquie

La Presse

time2 days ago

  • La Presse

Un séisme de magnitude 6,1 secoue la Turquie

(Ankara) Un séisme de magnitude 6,1 est survenu dimanche à Sindirgi, dans la province de Balikesir (Ouest de la Turquie), a affirmé l'Agence turque de gestion des catastrophes (AFAD). Agence France-Presse Le séisme, survenu à 19 h 53 (12 h 53 heure de l'Est) a été ressenti dans de nombreuses villes de l'ouest du pays, dont Istanbul et Izmir, selon les autorités turques qui n'ont pour l'instant pas annoncé de victimes. « Toutes les équipes de l'AFAD et de nos institutions concernées ont immédiatement commencé les recherches sur le terrain. Aucun évènement indésirable n'a été signalé jusqu'à présent », a affirmé le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya sur X. Selon les vidéos diffusées par les médias turcs, des bâtiments se sont effondrés dans la province de Balikesir. Une réplique de magnitude 4,6 est survenue quelques minutes après le séisme, selon AFAD. Un séisme de magnitude 5,8 a fait une victime et soixante-neuf blessés début juin dans le sud-ouest de la Turquie. Le pays est traversé par plusieurs failles qui ont causé de nombreux drames par le passé. Le sud-est du pays a subi un violent tremblement de terre en février 2023 qui a fait au moins 53 000 morts et dévasté la cité antique d'Antakya, l'ancienne Antioche.

La Grande Barrière de corail victime d'un record de blanchissement
La Grande Barrière de corail victime d'un record de blanchissement

La Presse

time05-08-2025

  • La Presse

La Grande Barrière de corail victime d'un record de blanchissement

Cette photo sous-marine prise le 5 avril 2024 montre des coraux blanchis et morts autour de l'île Lizard, située à 270 kilomètres au nord de Cairns, en Australie. (Sydney) La Grande Barrière de corail, située en Australie, subit le plus grand blanchissement jamais observé, selon un rapport gouvernemental publié mercredi, qui avertit que ce trésor naturel est en mauvais état. Agence France-Presse Les scientifiques ont rapporté le blanchissement « le plus étendu » provoqué par des températures océaniques étouffantes en 2024 qui ont engendré « des niveaux de stress thermique sans précédent » depuis les premiers relevés, il y a près de 40 ans. L'institut australien des sciences marines a étudié la santé de 124 récifs coralliens au sein de ce récif tentaculaire, que l'on surnomme souvent « la plus grande structure vivante au monde », entre août 2024 et mai 2025. Les résultats montrent que les branches sud et nord du récif ont vu le « plus gros déclin annuel » jamais enregistré. Les récifs avaient été frappés par des cyclones tropicaux et des invasions d'étoiles de mer couronne d'épines, une espèce qui se nourrit de corail. Changement climatique Mais la « cause numéro un est le changement climatique », a déclaré Mike Emslie, responsable de la recherche de l'institut. « Il n'y a aucun doute là-dessus », a-t-il confié à l'AFP. La Grande Barrière de corail est une étendue de 2300 kilomètres de coraux tropicaux abritant une incroyable diversité biologique. Mais ces épisodes répétés de blanchissement menacent de priver cette attraction touristique de sa splendeur, faisant virer des bancs de coraux autrefois riches en couleur au blanc maladif. Des eaux tropicales exceptionnellement chaudes ont déclenché un blanchissement généralisé des coraux sur la Grande Barrière de Corail en 2024 et au cours des premiers mois de 2025 — le sixième évènement de ce type au cours des neuf dernières années. « La Grande Barrière de corail a connu des niveaux de stress thermique sans précédent, provoquant le blanchissement le plus étendu et le plus sévère jamais enregistré à ce jour », indique le rapport de l'agence australienne. « Cela vaut encore la peine de se battre. Nous ne pouvons pas baisser les bras et abandonner », déclare M. Emslie, pour qui la Grande Barrière de corail reste un « lieu incroyable ». Le rapport a révélé qu'un type de corail en pleine croissance rapide – connu sous le nom d'Acropora – était celui qui avait le plus souffert. Ce corail pousse rapidement, mais il est également l'un des premiers à blanchir. Santé fluctuante Richard Leck, du Fonds mondial pour la nature, a comparé la santé fluctuante de la Grande Barrière de corail à des « montagnes russes ». M. Leck a déclaré que certains récifs coralliens dans le monde étaient déjà au-delà de toute récupération, avertissant que la Grande Barrière de corail pourrait subir le même sort sans une action climatique ambitieuse et rapide. C'est le signe d'un écosystème mis sous une incroyable pression, et ce qui préoccupe énormément les scientifiques des récifs, c'est lorsque le récif ne se remet pas comme il le faisait auparavant, « a-t-il déclaré à l'AFP. Au cours des deux dernières années, un blanchissement massif dans le monde a épuisé plus de 80 % des récifs coralliens de la planète. Le blanchissement se produit lorsque les températures de l'eau augmentent, forçant les coraux à expulser des algues microscopiques connues sous le nom de zooxanthelles. Si les températures élevées persistent, les coraux peuvent finir par blanchir et mourir. La température moyenne de la surface de la mer autour de l'Australie a été la » plus élevée jamais enregistrée « en 2024, selon l'Université nationale australienne. L'Australie prépare actuellement son prochain cycle d'objectifs de réduction des émissions, une obligation clé dans le cadre de l'accord climatique historique de Paris. La superpuissance minière reste toutefois l'un des plus grands exportateurs de charbon au monde et continue de subventionner largement ses combustibles fossiles.

Des millions de riverains du Pacifique évacués
Des millions de riverains du Pacifique évacués

La Presse

time30-07-2025

  • La Presse

Des millions de riverains du Pacifique évacués

Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. (Puerto Ayora) L'un des séismes les plus importants jamais enregistrés, survenu mercredi au large de l'Extrême-Orient russe, a provoqué des tsunamis dans le Pacifique, du Japon à l'Équateur, obligeant des millions de personnes à évacuer le littoral et perturbant l'activité économique. Agence France-Presse Selon l'institut géophysique américain (USGS), le tremblement de terre de magnitude 8,8 s'est produit à 11 h 24 locales (19 h 24 (heure de l'Est) mardi) à 20,7 km de profondeur, à 126 km au large de Petropavlovsk-Kamtchatsky, la capitale de la péninsule russe du Kamtchatka. Au moins six répliques, dont une de magnitude 6,9, ont ensuite secoué ce territoire, où une femme qui tentait de s'échapper d'une falaise en voiture y a péri. Peu peuplé, le Kamtchatka, où le volcan Klioutchevskoï est par ailleurs entré en éruption, est une des zones sismiques les plus actives de la planète, au point de rencontre entre les plaques tectoniques du Pacifique et nord-américaine. Il s'agit du plus important séisme depuis celui, de magnitude 9,1, qui s'est produit en 2011 au large du Japon et qui a provoqué un tsunami ayant causé la mort de plus de 15 000 personnes. Séisme record depuis 1952 Dans le port de Severo-Kourilsk, dans le nord de l'archipel russe des Kouriles, plusieurs vagues successives ont submergé les rues. L'une d'elles, sur la péninsule du Kamtchatka, a atteint plus de 3 mètres de haut. L'état d'urgence a été décrété et le chef l'administration territoriale, Alexandre Ovsiannikov, a assuré que « tout le monde » avait été évacué. PHOTO MINISTÈRE RUSSE DES SITUATIONS D'URGENCE, FOURNIE PAR L'AGENCE FRANCE-PRESSE Cette capture d'écran d'une vidéo publiée par le ministère russe des situations d'urgence montre des secouristes inspectant une garderie endommagée dans la région russe du Kamchatka après un tremblement de terre d'une magnitude de 8,8. « Tout est inondé, la côte entière est inondée », a témoigné un habitant de la région. « Le port et les usines de la côte sont complètement détruits », a-t-il affirmé. Les autorités russes ont cependant levé l'alerte tsunami dans la soirée. « Nous avons tous couru en sous-vêtements avec les enfants. Heureusement nous avions préparé une valise », a raconté une femme. La magnitude de 8,8 est la plus élevée enregistrée au Kamtchatka depuis le 5 novembre 1952, quand un tremblement de terre de magnitude 9 avait déclenché des tsunamis dévastateurs dans tout le Pacifique. Deux millions de Japonais Au Japon, la télévision a montré des personnes partant en voiture ou à pied vers des lieux plus en hauteur, notamment sur l'île septentrionale d'Hokkaido. Plus de 2 millions de Japonais ont au total été appelés par les autorités à se mettre à l'abri en de tels endroits. Une vague de 1,30 m a atteint un port dans le département de Miyagi, dans le nord. L'agence météorologique japonaise a cependant rétrogradé mercredi les alertes au tsunami dans la majeure partie de l'archipel. « Nous étions venues ici pour nager, mais dès que nous avons entendu qu'une alerte au tsunami avait été émise, nous ne sommes pas du tout allées dans l'eau », a confié Tomoyo Fujita, une femme de 35 ans accompagnée sa petite fille sur la plage d'Inage, dans la région de Chiba, proche de Tokyo. PHOTO PHILIP FONG, AGENCE FRANCE-PRESSE La préfecture de Chiba, au Japon La Chine a également émis une alerte au tsunami dans plusieurs régions côtières. « Nous avons conseillé aux clients de rester prudents, de ne pas sortir et d'éviter d'aller sur la côte », a pour sa part raconté à l'AFP Wilson Wang, un employé d'un hôtel de Taitung, dans le sud-est de Taïwan. Les Philippines ont quant à elles exhorté la population des côtes orientales à se rendre vers l'intérieur des terres. Les autorités de Palau, à environ 800 kilomètres plus à l'est, ont ordonné de quitter « toutes les zones le long du littoral ». « Une peur réelle » Sur l'autre rive du Pacifique, le Mexique a aussi mis en garde contre un éventuel raz-de-marée, de même que la Colombie, le Pérou et l'Équateur, qui ont procédé à des évacuations. PHOTO GUILLERMO ARIAS, AGENCE FRANCE-PRESSE Une plage du mexique, le 30 juillet 2025 « Les bateaux ne sont pas sortis pêcher », a déclaré une pêcheuse de l'archipel équatorien des Galapagos, à Puerto Ayora. « On nous a avertis par haut-parleurs qu'il était préférable de ne pas s'approcher de la côte ». « Nous ressentons une peur réelle : il y a un sentiment d'incertitude, nous ne savons vraiment pas ce qui va se passer », a avoué Patricia Espinosa, une habitante de l'île Isabela, dont la population a été déplacée vers des lieux situés en altitude. Les parcs nationaux des Galapagos ont été provisoirement interdits d'accès et les visiteurs ont dû débarquer des bateaux de tourisme pour se réfugier sur la terre ferme. Au Pérou, plus de la moitié des ports, 65 sur 121, ont été fermés et la suspension des activités de pêche a été recommandée, tandis que les habitants ont été incités à s'éloigner de l'océan. Les premières vagues, qui ne devraient, selon les spécialistes locaux, pas dépasser les 3 mètres de hauteur devaient arriver au port de La Cruz, dans la région de Tumbes, à la frontière avec l'Équateur, mercredi dans la matinée heure locale. Certaines pourraient en outre atteindre le Chili et le Costa Rica. Plusieurs mesurant un mètre et demi de haut ont commencé à toucher l'île de Nuku Hiva, dans l'archipel des Marquises, en Polynésie française. Les États-Unis ont quant à eux émis une série d'alertes de différents niveaux en Alaska et jusqu'à la Californie. Des sirènes ont retenti près de la célèbre plage de Waikiki à Hawaii, où un photographe de l'AFP a vu des personnes fuyant vers des endroits plus en altitude. « RESTEZ FORTS ET SOYEZ EN SÉCURITÉ ! », a écrit le président Donald Trump sur les réseaux sociaux. Le niveau d'alerte au tsunami a finalement été rétrogradé à celui d'appel à la vigilance et l'ordre d'évacuation de certaines zones côtières inondables a été annulé.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store