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Percée montréalaise pour le diagnostic et le traitement

Percée montréalaise pour le diagnostic et le traitement

La Presse22-07-2025
Le professeur Alain Moreau, du CHU Sainte-Justine et de l'Université de Montréal a identifié une corrélation entre la concentration de protéine SMPDL3B et la sévérité des symptômes de patients souffrant d'encéphalomyélite myalgique.
(Montréal) Une protéine identifiée par des chercheurs montréalais pourrait mener à un meilleur diagnostic de l'encéphalomyélite myalgique – anciennement appelé « syndrome de fatigue chronique » – en plus de possiblement paver la voie à de meilleurs traitements pour les patients qui en sont atteints.
Jean-Benoit Legault
La Presse Canadienne
Le professeur Alain Moreau, du CHU Sainte-Justine et de l'Université de Montréal, et ses collègues ont ainsi constaté une corrélation directe entre la concentration de la protéine SMPDL3B dans le sang des patients et l'intensité de leurs symptômes.
« Plus la forme soluble (de SMPDL3B) augmente dans le sang, plus la sévérité des symptômes augmente chez les personnes atteintes d'encéphalomyélite myalgique », a résumé le professeur Moreau.
La protéine SMPDL3B est habituellement liée à la membrane cellulaire. L'équipe du professeur Moreau a toutefois constaté qu'une hyperactivité de l'enzyme PI-PLC la détache de cette membrane, ce qui en augmente la quantité en circulation dans le sang et contribue potentiellement à la gravité des symptômes de cette maladie aussi connue sous le nom de syndrome de fatigue chronique.
Cette association, ont écrit les chercheurs, a été vérifiée dans des cohortes canadiennes et finlandaises, ce qui « confirme sa robustesse et sa généralisation ». Ils admettent toutefois que leurs résultats ont possiblement été influencés par la majorité féminine au sein des cohortes étudiées.
La protéine SMPDL3B pourrait donc être utilisée comme biomarqueur pour mieux diagnostiquer les patients atteints d'EM, mais aussi pour les stratifier et suivre l'évolution de la maladie, a-t-on expliqué par voie de communiqué.
De plus, les chercheurs ont réalisé que les niveaux de SMPDL3B sont influencés par les hormones sexuelles comme l'œstrogène, ce qui peut expliquer les différences de gravité entre les sexes.
Lors de tests en laboratoire sur des cellules, a dit le professeur Moreau, « lorsqu'on donne de l'œstrogène, on voit une augmentation de la production de la protéine SMPDL3B et de sa forme soluble ».
Cela pourrait vouloir dire que certaines femmes atteintes d'EM et qui prennent des anovulants à base d'œstrogène aggravent involontairement leurs symptômes.
« Lorsque les femmes prennent des anovulants enrichis en œstrogène, on voit une augmentation encore plus importante, a-t-il ajouté. Évidemment, on ne dit pas aux femmes atteintes d'encéphalomyélite myalgique de ne pas prendre d'anovulants, mais il y a d'autres formes d'anovulants sans enrichissement. »
Cette association entre l'œstrogène et la production de SMPDL3B pourrait aussi expliquer pourquoi les symptômes de la maladie sont souvent plus intenses chez les jeunes femmes, et pourquoi ils s'atténuent au moment de la ménopause.
Ces découvertes ouvrent déjà de nouvelles avenues thérapeutiques, puisque deux médicaments utilisés contre le diabète, la vildagliptine et la saxagliptine, réduisent l'activité de PI-PLC et restaurent les niveaux protecteurs de SMPDL3B.
On pourrait donc envisager un repositionnement (une utilisation off-label, pour reprendre l'expression courante) de ces molécules pour venir en aide à ces patients, même si cela ne « remplacera pas un essai clinique randomisé en bonne et due forme », a dit le professeur Moreau.
« Mais certains cliniciens pourraient prendre sur eux le repositionnement de ces molécules pour atténuer les symptômes, a-t-il dit. Ils ont ce pouvoir-là. »
Cette avancée pourrait enfin engendrer des bénéfices pour les patients atteints de COVID longue, puisqu'environ la moitié d'entre eux développent des symptômes correspondant aux critères diagnostiques de l'EM ; qu'on constate chez eux des niveaux élevés de SMPDL3B ; et que l'élévation de la forme soluble de cette protéine correspond à la sévérité des symptômes de façon globale.
Les conclusions de cette étude ont récemment été publiées par le Journal of Translational Medicine.
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