
«Carmen Curlers», l'histoire décoiffante du bigoudi
Inspirée du destin d'un entrepreneur danois, la saga brosse un portrait drôle et affûté de l'émancipation féminine dans les années 1960. Publié aujourd'hui à 17h39
La série danoise «Carmen Curlers» sait donner du gonflant à des traits anodins, dans un autre genre que «Borgen» . Ainsi de l'invention du bigoudi électrique. Brossée proprement avec un spray de comédie musicale et un sens de la coloration hybride, l'histoire déborde sur l'émancipation féminine dans les années 1960, l'avancée des mœurs, la lutte des classes.
Croisant le regard exaspéré d'une agricultrice en quête d'une permanente dans un salon de coiffure, le sémillant Axel imagine combien un tube de plastique rose chauffé à l'électricité pourrait révolutionner une vie. Un peu ringard de nos jours, le bigoudi électrique est né.
Inspirée par l'aventure d'Arne Bybjerg Pedersen (1928-2022), la dramaturge Mette Heeno part de ces détails anodins qui pourrissent la vie. Pour la communion de sa fille entre les traites de vaches, les lessives, les repas, etc., Birthe devrait dépenser trois heures précieuses pour une permanente à un prix qu'elle juge exorbitant. Les papillotes chauffantes vont régler son problème comme bientôt celui de millions de femmes.
«Carmen Curlers» ne suit pas seulement l'expansion d'une start-up menée par un entrepreneur malin, sexy en diable, doté d'un optimisme crasse. Comme la mise en scène qui exalte l'euphorie en numéros de claquettes hollywoodiennes, la série se pique d'aller fureter sous le couvercle de la marmite sociétale danoise.
À cette époque, l'avortement clandestin se pratique toujours avec des aiguilles à tricoter, le pater familias aime croire qu'il entretient la maisonnée, l'ouvrier ne songe même pas à demander des congés payés. Birthe, qui a rejoint l'usine Carmen Curlers en y prenant la place de bras droit par son bon sens paysan inné, pressent ces mutations, les encourage et finira par les incarner.
Trouvant en première saison la juste température du bigoudi dans le décalage pop acidulé de chorégraphies inspirées et la tension dramatique de péripéties tragicomiques, la série retombe ensuite comme une permanente fatiguée. La politique y marche au pas de charge caricatural, contrastant avec la finesse des petites sagas ordinaires du début. Mais ces papillotes méritent quand même de s'en rouler une.
À voir sur Arte, 3 et 10 juillet 2025 et Arte.tv jusqu'au 24 janvier 2026.
Notre note: 4 étoiles
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos
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