
Bruno Guillon, Sophie Davant, Laurent Baffie... Pourquoi les animateurs télé se lancent-ils sur YouTube ?
De plus en plus d'animateurs de télévision et de radio, reconnus et appréciés par les téléspectateurs, font le choix de se digitaliser et choisissent de créer du contenu sur des plateformes de streaming vidéo et audio, telles que YouTube ou Spotify. Parmi ces personnalités du PAF, Sophie Davant, Élise Lucet, Jamy Gourmaud ou encore Claire Chazal. «L'enjeu aujourd'hui des animateurs télé est de toucher la communauté des gens qui les aiment bien», nous explique Manuel Diaz, président-directeur général d'Influx, agence de créateurs de contenus. «Ils ont tout intérêt à développer des programmes sur YouTube et sur le digital en général et à laisser libre cours à leur créativité», évoque le dirigeant. Mais pourquoi ?
Formats plus libres
Déjà, les plateformes de contenus digitaux n'ont pas les mêmes contraintes que la télévision. La première et pas des moindres, la durée. «La télé répond à des codes. Quand on confie à un animateur un programme de 52 minutes, il sait qu'il va y avoir des coupures publicitaires. Elles participent à l'économie générale de la télé», analyse le patron de Laurent Baffie et de Guillaume Pley .
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Ensuite le contenu. «Selon moi, les animateurs qui se lancent sur YouTube aiment moins la télé. C'est un complément créatif intéressant pour eux. Sur le digital, ils ont plus de liberté et cela s'apparente pour eux à une bulle d'oxygène», ajoute-t-il. Un avis partagé par Bruno Guillon, qui s'est également lancé dans l'aventure YouTube, le 15 juin dernier. «Je me suis demandé où est-ce que je pourrais faire les trucs que je fais ni à la radio ni à la télé et j'ai pensé à YouTube», avait déclaré le présentateur des «Z'amours» sur France 2, à l'occasion d'un entretien qu'il nous avait accordé. L'animateur a depuis mis en ligne sur sa chaîne sept vidéos.
Si effectivement, les animateurs peuvent se permettre d'avoir une certaine liberté sur YouTube, il s'avère que bon nombre des contenus publiés sur le site web créé en 2005 sont empruntés à la télévision puis remaniés. Par exemple, l'entretien. Dans ce registre extrêmement populaire sur les plateformes de streaming, Guillaume Pley fait figure de proue grâce à sa chaîne Legend, dont l'entretien en est le format principal.
De son côté, Laurent Baffie, qui a connu un succès fulgurant sur Instagram grâce à ses caméras cachées début 2024, a lui aussi choisi d'interroger des personnalités de la télévision, du cinéma, de la musique, etc. D'abord dans « À boire et à manger » puis désormais dans «Coloscopie». L'acolyte de Thierry Ardisson tient depuis six mois un podcast vidéo où le principe est simple, et rappelle même beaucoup ce que le duo mythique faisait dans «Tout le monde en parler» et «Salut les Terriens».
Ce ne sont pas les seuls à s'inspirer de la télévision. Bruno Guillon nous avait indiqué à propos de ses prochains contenus YouTube : «Il y a par exemple 'On se connaît' , un jeu dérivé des 'Z'amours' avec des copains».
Liberté d'expression et de ton
Des concepts similaires donc, mais avec la volonté d'être plus authentiques et audacieux. YouTube et les plateformes digitales en général se targuent d'une certaine liberté d'expression plus grande qu'à la télévision. «Sur YouTube, on est totalement libre, cela ressemble à un morceau de vraie vie là où, parfois, la télé est bloquée sur certains principes. Sur des marques qu'on ne peut pas afficher par exemple. On peut y aborder des sujets comme on le ferait dans la vraie vie», a précisé Guillaume Pley en mai dernier, à l'occasion de la couverture du 2000e numéro du TV Magazine.
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Pour l'animateur de la matinale de Fun Radio et de «Chacun son tour» sur France 2, c'est également une plus grande diversité dans le choix des invités que propose YouTube. «Il y a des gens que j'ai envie de recevoir, qui ne sont pas assez connus pour venir dans mes émissions de radio et de télé, mais qui m'intéressent», a souligné Bruno Guillon.
Une liberté aussi dans le ton, plus «policé» à la télévision, d'après le créateur d'Influx. «Je suis toujours fasciné par le fait que dès que ça tourne, les gens se vouvoient. Ces habitudes de la télé existent beaucoup moins sur le format numérique», décrit-il.
Seulement sur YouTube, comme à la télévision, tout ne peut pas être dit, bien que la régulation soit différente entre les deux entités. L'ARCOM gère la télévision. Si un problème est signalé par les téléspectateurs, l'autorité en charge du dossier mènera l'enquête pour décider ou non d'une sanction, qui s'apparente bien souvent à un avertissement. Étonnamment, sur YouTube, les règles sont plus strictes : au bout de trois manquements aux conditions générales d'utilisation, la chaîne est fermée.
Le youtubeur est un entrepreneur, pas l'animateur de télévision
En se lançant sur YouTube, les animateurs de télévision, qui ne sont pas forcément producteurs, font face à un nouvel aspect, celui de l'entrepreneuriat. En effet, s'ils ne font pas appel à une société de production, ils sont obligés d'écrire, tourner et monter leur émission eux-mêmes. Manuel Diaz explique : «Le digital est un modèle beaucoup plus entrepreneurial que la télé. Quand un présentateur est à l'antenne, il ne se soucie pas forcément de l'économie. Il ne s'occupe que de l'audimat parce qu'il y a une régie publicitaire qui va monétiser cette audience. Sur le digital, le modèle est un peu différent. Si le youtubeur fait moins d'audience, grâce à des collaborations éditoriales avec les marques, il arrive à équilibrer son modèle économique».
Lire le dossier Les secrets des réseaux sociaux
YouTube moins cher que la télévision
Les moyens engagés pour produire un contenu YouTube et un programme télévisé ne sont pas les mêmes. «Là où le digital va avoir un studio, un chef de plateau et un réalisateur, la télévision va mettre trois fois plus de personnel et deux fois plus de caméras», rappelle le directeur d'Influx. Les contenus publiés sur YouTube sont forcément moins onéreux, bien que la tendance commence à changer. Squeezie a récemment annoncé le montant colossal du budget d'une vidéo à venir prochainement sur sa chaîne. Un chiffre historique qui s'élève à 700.000 euros, dont le concept reste encore inconnu.
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Le digital fait principalement des économies sur la main-d'œuvre. Les techniciens sont moins bien payés qu'à la télévision, en partie puisqu'ils n'ont pas le droit au statut d'intermittent du spectacle, nécessaire pour percevoir l'allocation chômage. Ils sont majoritairement en «free-lance». Les partenariats et sponsors sont aussi bien plus élevés à la télévision que les plateformes numériques.
Le match des audiences
Le mythe de l'audience jeune sur Internet n'est plus. Grâce aux nouveaux boutons des télécommandes, il est aujourd'hui aussi simple de regarder TF1 que d'aller sur YouTube ou sur Netflix. «Le public n'est pas différent. Pour l'animateur télé sur YouTube, l'enjeu est de trouver une communauté d'intérêt et surtout d'affinité», précise Manuel Diaz.
Le public est-il plus nombreux sur les plateformes digitales qu'à la télévision ? Les chiffres sont parfois impressionnants sur YouTube. Par exemple, Guillaume Pley cumule des centaines de millions de vues sur l'ensemble de ses vidéos. Les plus rentables sont celles des interviews du médecin légiste Philippe Boxho. Les sept épisodes enregistrent entre trois millions et huit millions de vues.
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Des résultats bien supérieurs à la majorité des programmes de télévision en 2025. Pourtant, peut-on comparer audiences télé et vues YouTube ? À proprement parler, non. Les résultats mesurés par Médiamétrie pour la télévision relèvent d'un système de sondage précis, calculé grâce à un panel représentatif de foyers équipés d'un boîtier appelé audimètre, qui enregistre automatiquement les chaînes regardées. Avec cette méthode, ni le replay, ni le visionnage via d'autres plateformes ne sont pris en compte dans les résultats donnés le lendemain de la diffusion.
A contrario, les vues YouTube seraient plutôt surestimées. Pour une vue, il suffit d'avoir regardé uniquement 15 secondes de la vidéo. Néanmoins les outils de mesure se perfectionnent, et il est désormais possible d'avoir accès à des informations plus précises, comme le temps de vidéo regardé, le moment où la personne a accéléré, mis en pause, où elle s'est arrêtée, etc. Des informations toujours non renseignées dans le décompte des vues.
La télé va-t-elle disparaître au profit de YouTube ?
L'époque où la télévision dédaignait le digital est révolue. Le numérique attire de plus en plus les personnalités télé, qui décident parfois de s'y consacrer entièrement. Les contenus se ressemblent. Les productions de télévision se lancent, un peu tardivement certes, aujourd'hui sur cette voie. «On voit quand même des initiatives. Banijay (producteur de 'Koh-Lanta', NDLR) a annoncé une initiative pour lancer certaines de ses émissions sur YouTube. Elle a fait des castings pour des présentateurs de ses programmes phares sur la version YouTube», indique le patron d'Influx.
Certains youtubeurs font également le chemin inverse et se lancent en télé. C'est le cas de Juju Fitcats qui s'est fait connaître sur la plateforme numérique en créant du contenu fitness. Forte de ses participations à «Fort Boyard», «Le Grand Concours» et «Les Traîtres», la jeune femme a décroché, en 2023, les commandes de «La France a un incroyable talent, ça continue» sur M6. Depuis, la chaîne semble voir en elle une animatrice puisqu'elle lui a également confié les manettes de la deuxième partie de soirée des «Traîtres» et ce jeudi 7 août, elle a coprésenté «99 à battre» avec Éric Antoine.
D'après Manuel Diaz, la frontière qui sépare la télévision du digital est de plus en plus fine. «Ces digues sont en train de bouger. Je pense qu'on va aller de plus en plus vers un effacement complet de ces lignes et que l'utilisateur choisira à quoi il est abonné en fonction de ses goûts», prédit-il. La télé ne devrait donc pas disparaître, mais se transformer.
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