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C'est ben beau, être willing

C'est ben beau, être willing

La Presse14 hours ago
Quand le premier ministre britannique a sorti de sa poche l'expression coalition of the willing, ou coalition des volontaires, pour parler des pays prêts à épauler l'Ukraine au-delà de la fin des hostilités avec la Russie, il espérait jouer sur une corde sensible de Donald Trump.
Lui rappeler qu'en 2003, une coalition de plus de 40 pays – les willing de l'époque – ont prêté main-forte au gouvernement américain alors que ce dernier décidait d'envahir l'Irak. L'Ukraine avait levé la main.
Cette référence à cette coalition d'antan était fort hasardeuse. Parce que Donald Trump soutient depuis qu'il est en politique (pas avant, notez bien) que l'invasion de l'Irak était une « grosse, grosse erreur ». Mais aussi parce que la France, qui codirige la nouvelle coalition des volontaires, avait refusé de participer à celle de 2003. Tout comme le Canada, qui est aujourd'hui un membre enthousiaste, même si peu visible, de l'alliance pro-ukrainienne.
Mais qu'importe l'origine du terme, la coalition 2.0 – qui s'étend jusque dans le Pacifique – a montré ces derniers jours qu'elle a sa raison d'être.
En réussissant notamment à s'opposer à la « vente de feu » que Donald Trump semblait prêt à conclure avec la Russie il y a moins d'une semaine, démembrant l'Ukraine selon le bon vouloir de Vladimir Poutine. Et tout ça pour que lui, le négociateur autoproclamé, obtienne son titre de pacificateur en chef. Pour qu'il se pète les bretelles comme il l'a fait pour l'Afghanistan après avoir donné le pays (et l'armement américain) aux talibans sur un plateau d'argent sans obtenir quoi que ce soit en échange.
À l'époque, il ne restait plus un seul volontaire pour se mettre dans le chemin. La suite a été un éboulis au ralenti qui a enseveli la population afghane.
À Washington, lundi, au nom de la coalition des volontaires, les pays européens ont réussi à faire accepter au président américain la nécessité de donner des garanties de sécurité à l'Ukraine.
D'abord par la présence de troupes occidentales sur le territoire ukrainien après un cessez-le-feu ou un accord de paix avec la Russie, mais aussi par l'approvisionnement en armes de manière continue. Donald Trump est prêt à fournir des armes s'il n'a pas à ramasser la facture.
Si une chose est devenue claire mardi, c'est que le club des volontaires doit s'attendre à ce que le président américain continue à changer d'idée. Ce dernier, qui semblait prêt à envoyer des soldats américains en Ukraine lundi, s'est ravisé moins de 24 heures plus tard, promettant plutôt, lors d'une entrevue à Fox News, que ce ne sera jamais le cas. Ce n'est pas une grande surprise : sa base électorale est fortement opposée à tout déploiement de personnel militaire américain à l'étranger.
La balle est donc dans le camp des membres de la coalition qui devront apprendre à s'organiser sans les États-Unis, tout en s'assurant que la superpuissance ne leur met pas de bâtons dans les roues.
Et pour y arriver, ils devront eux-mêmes clarifier le soutien qu'ils sont prêts à accorder à l'Ukraine à court et à long terme. Parce que c'est tout sauf limpide, et ce, même si les réunions entre willing durent depuis deux ans. « Les Britanniques, qui parlaient au début de déployer 30 000 soldats, parlent maintenant de fournir une force aérienne et d'envoyer des formateurs en Ukraine. Les Français n'ont pas d'engagement clair », note Justin Massie, professeur de science politique à l'Université du Québec à Montréal et codirecteur du Réseau d'analyse stratégique.
Le Canada n'a pas non plus chiffré ses engagements. L'Allemagne et l'Italie, pour leur part, n'envisagent pas encore l'envoi de soldats. Le Japon est heureux de participer aux réunions virtuelles, mais ne s'avance pas trop non plus. « On est passé de la promesse d'une force de dissuasion pour empêcher une nouvelle attaque russe à une force pour rassurer l'Ukraine », remarque Justin Massie.
En d'autres termes, on dirait bien que la coalition des volontaires manque de volonté !
Et c'est exactement ce que Vladimir Poutine doit aussi se dire dans sa jolie forteresse rouge aux étoiles rubis d'où il regarde l'Ukraine brûler.
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