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Pourquoi eux ?

Pourquoi eux ?

La Presse3 days ago
Zabrina Rojas, cofondatrice de l'agence Trio recrutement international, a ouvert un bureau en Colombie pour préparer les travailleurs avant leur arrivée à Rouyn-Noranda.
Ils sont nombreux, aujourd'hui, à travailler, à étudier, à élever leurs enfants à Rouyn-Noranda. Venus d'ailleurs, ils participent à la vie de la ville.
Mais leur arrivée ne doit rien au hasard.
Derrière ces nouveaux venus, il y a des circuits bien précis qui orientent le peuplement d'une région en quête de main-d'œuvre et d'étudiants. Qui tire les ficelles ? Et pourquoi ces pays, plutôt que d'autres ?
Les recruteurs de Rouyn
Zabrina Rojas, cofondatrice de l'agence Trio recrutement international, a commencé son activité de recrutement il y a trois ans, avec un pays bien précis : celui d'où elle vient.
« On a ouvert un bureau en Colombie, en 2022. On a créé des ententes avec des écoles de langue là-bas pour donner des cours de français aux travailleurs avant qu'ils arrivent ici », explique-t-elle.
À l'Agence de placement et de développement internationale (APDI), autre agence de recrutement implantée à Rouyn-Noranda, c'est plutôt le Burkina Faso qui s'impose comme bassin naturel.
« Dans mon autre vie, j'étais équipementier dans le domaine minier », raconte Marc Blais, président de l'APDI.
En travaillant en Afrique de l'Ouest, particulièrement au Burkina Faso, il avait constaté la présence croissante de travailleurs burkinabés dans les minières canadiennes.
« Les travailleurs québécois sur place me disaient que c'étaient des travailleurs exceptionnels, avec une facilité d'apprentissage », ajoute-t-il.
C'est ce qui l'a amené à envisager leur recrutement pour combler des besoins de main-d'œuvre à Rouyn-Noranda.
Aujourd'hui, l'APDI dispose d'un bureau permanent à Ouagadougou.
On doit avoir à peu près 30 000 CV. Ce sont des Burkinabés qui travaillent pour nous là-bas. Ils ne font que ça, recruter des gens.
Marc Blais, président de l'APDI
Un effort collectif
Du côté du développement local, Mariève Migneault, directrice générale du CLD Rouyn-Noranda, souligne que la provenance des nouveaux arrivants ne tient pas à une seule cause, mais à une combinaison de facteurs.
Selon elle, le phénomène est « multifactoriel » : le recrutement passe à la fois par des agences de recrutement, par des ententes Québec-Afrique et par des initiatives individuelles. À cela s'ajoutent les stratégies des entreprises privées, dont « le bassin de recrutement est en Afrique », ce qui contribue à « alimenter de manière significative le nombre de nouveaux arrivants venant de tel ou tel pays ».
Elle craint toutefois que les nouvelles politiques migratoires ne nuisent à cet élan collectif.
Mettre des restrictions sur les renouvellements de permis ou baisser les effectifs, ça ne fera pas en sorte que notre capacité d'accueil va être soulagée. Ça va juste faire perdre des travailleurs à nos entreprises.
Mariève Migneault, directrice générale du CLD Rouyn-Noranda
Des parcours inattendus
Si des agences, des employeurs et des écoles orientent l'arrivée des immigrants à Rouyn-Noranda, certains chemins ont commencé bien plus tôt, parfois presque par accident.
Tikou Belem est arrivé du Burkina Faso, en passant par la France, en 1998, à une époque où la région n'attirait que très peu de ressortissants d'Afrique. Il venait d'obtenir son doctorat en France, et s'est vu offrir un contrat de recherche de six mois à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). C'est ainsi que le lien s'est créé.
PHOTO LOUIS JALBERT, TIRÉE DU SITE DE L'UQAT
Professeur titulaire à l'UQAT, Tikou Belem est président de l'association de la communauté burkinabée de l'Abitibi-Témiscamingue.
Il y a eu un basculement dans les quatre dernières années. En regardant autour de soi, on voit vraiment visuellement qu'il y a un changement. Si on s'arrête et puis qu'on compte un, deux, trois, quatre, cinq, on va voir passer un visage d'origine immigrante.
Tikou Belem, professeur titulaire à l'UQAT
Aujourd'hui professeur titulaire à l'UQAT, Tikou Belem dirige des projets de recherche qui recrutent des étudiants venus de plusieurs pays, souvent africains. Il est aussi président de l'association de la communauté burkinabée de l'Abitibi-Témiscamingue, forte de plus de 200 membres.
Pour lui, l'essentiel tient dans la manière dont les gens sont reçus.
« Moi, ce qui fait que j'aime Rouyn, je pense que c'est la population, l'accueil, la dynamique de la ville, la dynamique de la population, explique-t-il. L'important, c'est l'humain. Ce n'est pas la machinerie, ni la quincaillerie, ni les bâtisses. »
Une croissance modeste
Entre 2015 et 2021, la population de l'Abitibi-Témiscamingue est restée stable, sans véritable progression. Depuis 2021, une légère reprise est observable, mais elle demeure plus timide que dans le reste du Québec. Tandis que la population québécoise augmente rapidement, celle de la région croît à un rythme plus lent. Résultat : la part de l'Abitibi-Témiscamingue dans la population totale du Québec tend à diminuer.
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