
Les coulisses du projet de loi racontées par son architecte
Les coulisses du projet de loi racontées par son architecte
Vingt ans après l'adoption du projet de loi légalisant le mariage entre deux personnes de même sexe, son architecte, l'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon, en raconte les coulisses
Sur son bureau, Jean Chrétien a posé un dictionnaire dont une page est marquée d'un signet. Celle où se trouve la définition du mariage : « Union légitime d'un homme et d'une femme, à l'exception de toute autre personne ». À son jeune ministre de la Justice, Martin Cauchon, qui a sollicité la rencontre, il lance : « Comme ça, tu veux changer la définition du dictionnaire ? »
Le chemin vers la légalisation du mariage pour les conjoints de même sexe au Canada aura été ponctué de nombreuses batailles juridiques, telle une série de dominos qui basculent l'un sur l'autre.
PHOTO SYLVAIN FOSTER, FOURNIE PAR MARTIN CAUCHON
L'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon
Pour Martin Cauchon, le plus important de ces dominos tombe en juin 2003, lorsque la Cour d'appel de l'Ontario confirme que la définition du mariage viole la Charte canadienne des droits et libertés.
Son sous-ministre, Morris Rosenberg, lui en fait part lors d'un breffage, comme un dossier parmi tant d'autres. Le réflexe d'Ottawa dans de tels cas : porter la cause en appel devant la Cour suprême.
Sauf que Martin Cauchon trouve que la situation accroche.
Je me disais que la population canadienne mérite qu'on ait une discussion et que ce ne soit pas les tribunaux qui décident d'une question aussi fondamentale sur le plan sociétal.
Martin Cauchon, ancien ministre de la Justice
Devant lui, le sous-ministre Rosenberg cache mal son inquiétude. « Il savait qu'on ouvrirait tout un pan qui, comme ministre de la Justice, me causerait beaucoup de difficultés », se remémore Martin Cauchon.
Une expérience toute personnelle
Sa sensibilité à la cause lui vient d'une expérience toute personnelle. Durant ses études à l'Université d'Ottawa, au début des années 1980, il travaille au cabinet de Charles Lapointe, alors ministre du gouvernement de Pierre Elliott Trudeau.
« Charles était homosexuel, il fréquentait quelqu'un et le cachait. Moi, je trouvais ça pas normal. Voyons donc, son orientation sexuelle, on n'en a rien à cirer ! Ce qui est important, c'est ce qu'il peut apporter à la société ! »
PHOTO RÉMI LEMÉE, ARCHIVES LA PRESSE
Martin Cauchon en 2003, à l'époque où il était ministre de la Justice
De retour en 2003, c'est donc vers son ex-patron que Martin Cauchon se tourne pour prendre le pouls de la communauté homosexuelle. Une rencontre est organisée à Montréal avec, notamment, Laurent McCutcheon, militant connu de la cause LGBTQ+ qui a mis sur pied quelques années plus tôt la Fondation Émergence.
La question des droits des conjoints de même sexe est déjà dans l'air du temps.
« Une vraie avancée »
Alors président de la Chambre de commerce gaie du Québec, l'actuel président sortant de la Fondation, Patrick Desmarais, se souvient d'avoir trimé auprès des politiciens.
« On rencontrait les ministres des Finances, juste pour avoir la reconnaissance fiscale des couples de même sexe », se souvient-il.
Sous la gouverne du ministre de la Justice Paul Bégin, l'Assemblée nationale vient de donner le feu vert à l'« union civile » qui confère aux conjoints québécois de même sexe les mêmes droits qu'aux couples hétérosexuels.
À Montréal, les représentants de la communauté homosexuelle font comprendre au ministre Cauchon que s'il veut marquer l'histoire, il devra poser une brique de plus à l'édifice.
« On m'a dit : le ministre Bégin vient de faire ça [l'union civile]. Si tu veux faire quelque chose pour avoir une vraie avancée, il faut que tu franchisses la dernière barrière qui est le mariage », se souvient Martin Cauchon. « C'était plus que symbolique, tu leur donnais un droit qu'ils n'avaient pas. »
Un changement radical
C'est donc armé de ces arguments qu'il sollicite une rencontre avec le premier ministre.
Malgré l'accueil que lui réserve Jean Chrétien, la conversation est « constructive ». « C'était sa façon de me dire que c'était un changement radical pour la société et qu'on s'attaquait à une question extrêmement difficile », se souvient-il. « Il voulait comprendre d'où je venais. »
PHOTO JONATHAN HAYWARD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Jean Chrétien et Martin Cauchon sur la colline du Parlement, à Ottawa, en 2003
Une fois convaincu, le premier ministre l'épaulera jusqu'au bout, en commençant par l'inviter à faire une présentation lors d'une retraite du Cabinet.
À la sortie de la rencontre, le gouvernement Chrétien annonce qu'il ne contestera pas la décision de la Cour d'appel de l'Ontario et qu'il déposera un projet de loi pour légaliser le mariage entre conjoints de même sexe.
Mettre le couvercle sur la marmite
Bien conscient qu'il fera face à une opposition féroce des groupes religieux, Martin Cauchon concocte son projet de loi d'habile façon.
D'un côté, celui-ci légalise le mariage civil entre conjoints de même sexe, de l'autre, il laisse aux religieux le droit de ne pas le célébrer. Pour assurer ses arrières, le ministre sollicite l'avis de la Cour suprême par le biais d'un « renvoi ». En décembre 2004, les plus grands magistrats du pays bénissent le texte législatif.
Ça a mis le couvercle sur la marmite parce que personne n'a osé aller en cour pour contester le mariage de deux personnes de même sexe.
Patrick Desmarais, ancien président de la Chambre de commerce gaie du Québec
Cela n'empêche pas Martin Cauchon d'affronter un fort vent de face. Lorsqu'il présente le tout au caucus libéral à North Bay, en Ontario, en août 2003, ses collègues députés viennent tour à tour au micro pour descendre en flammes le projet de loi.
Jusqu'à ce que le sénateur Laurier LaPierre, alors militant actif pour les droits des homosexuels, se porte à son secours. « Il a fini son discours en disant : 'Je vous demande d'appuyer le projet de loi non pas parce que c'est une question de droit, mais parce que vous le sentez ici', en pointant son cœur », se souvient Martin Cauchon.
« Jean Chrétien et moi, on s'est regardés, et je savais que je venais de l'emporter. »
Le retour du pendule
Son projet de loi recevra la sanction royale le 20 juillet 2005, sous le mandat de son successeur, Irwin Cotler. Le Canada devenait ainsi le quatrième pays au monde à légaliser le mariage entre conjoints de même sexe, après les Pays-Bas (2001), la Belgique (2003) et l'Espagne (2005).
Vingt ans plus tard, Martin Cauchon souligne le fort appui dans la population canadienne au mariage entre personnes du même sexe qui atteignait un sommet à 75 % en 2021, selon la firme Ipsos.
« Il y a bien du monde qui m'a dit que ma carrière politique était finie à ce moment-là », rappelle-t-il. « C'était tellement clivant, il devait y avoir 60 % de la population qui s'y opposait. »
Toujours selon Ipsos, un léger recul a été enregistré dans les plus récentes années, mais celui qui pratique aujourd'hui comme avocat-conseil pour le cabinet DS Avocats Canada ne craint pas pour autant un ressac juridique, comme cela s'est vu aux États-Unis.
« À mon époque, on avait le vent dans les voiles et la droite sociale avait un peu plus de difficulté. Aujourd'hui, le pendule est un peu rendu de l'autre côté, mais il va revenir à gauche. L'important, c'est d'avoir une démocratie qui est saine. »
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
32 minutes ago
- La Presse
François Legault et Doug Ford anticipent l'ouverture d'une renégociation avant 2026
(Ottawa) Si François Legault et Doug Ford ne s'entendent pas nécessairement sur l'approche à adopter face à Donald Trump, les deux dirigeants croient qu'une renégociation de l'Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique se mettra en branle plus tôt que tard. David Baxter et Kyle Duggan La Presse Canadienne Le premier ministre de l'Ontario a déclaré qu'Ottawa doit se préparer à ce que cela se produise cet automne. M. Ford a prévenu que le président américain, Donald Trump, pourrait soudainement décider de « nous couper l'herbe sous le pied » en rouvrant l'accord commercial que son administration a négocié avec le Canada durant son premier mandat. Sur le réseau X, le premier ministre du Québec a soutenu pour sa part qu'il « faut amorcer cette renégociation le plus tôt possible ». MM. Legault et Ford ont fait ces commentaires après que les premiers ministres des provinces et le premier ministre Mark Carney se soient rencontrés en privé, mercredi, de façon virtuelle. « J'ai mentionné que ce qui freine l'économie, ce ne sont pas seulement les tarifs, c'est l'incertitude, qui amène les entreprises à retarder leurs investissements. Et cette incertitude va persister jusqu'à ce que l'Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique soit renégocié. Il faut amorcer cette renégociation le plus tôt possible », a affirmé M. Legault. Le premier ministre du Québec a ajouté que, dans l'intervalle, les gouvernements ne doivent « pas rester passifs ». « Il faut accélérer la diversification de notre économie et soutenir les investissements publics et privés. Il faut aussi s'assurer que les dépenses du gouvernement fédéral en matière de défense soutiennent notre secteur manufacturier, en partenariat avec la France et l'Europe », a-t-il écrit sur le réseau X. Il s'agissait de la première rencontre des premiers ministres depuis que Donald Trump a intensifié sa guerre commerciale en imposant au Canada des droits de douane de base de 35 % la semaine dernière. Ces nouveaux droits, entrés en vigueur vendredi après que les deux pays n'ont pas respecté l'échéance du 1er août pour conclure un nouvel accord commercial, ne s'appliquent qu'aux marchandises non couvertes par l'Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique, mieux connu sous l'acronyme ACEUM. M. Ford a fait valoir que Donald Trump n'attendrait probablement pas la révision prévue de l'accord l'année prochaine. PHOTO CHRIS YOUNG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford « Il n'attend pas 2026. À tout moment, le président Trump – même s'il ne respecte pas les règles de toute façon – peut nous couper l'herbe sous le pied sur l'ACEUM d'une seule signature », a déclaré M. Ford aux journalistes à Queen's Park, à Toronto, mercredi après-midi, appelant à une action rapide pour stimuler l'économie. « Soyons donc prêts. Je pense que cela arrivera en novembre. Il va nous attaquer sans relâche, alors mieux vaut être prêts et tout donner. » L'Ontario est en désaccord avec la Saskatchewan concernant la réponse du Canada à l'escalade de la guerre commerciale. M. Ford a appelé à des représailles immédiates, tandis que le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, exhorte Ottawa à tempérer les ardeurs sur les droits de douane de rétorsion. Avant de rencontrer M. Carney, le premier ministre Ford s'est dit frustré par les répercussions des droits de douane américains élevés sur l'économie de sa province. Il a de nouveau appelé à imposer des mesures de représailles. « On ne peut pas avoir de droits de douane d'un côté et pas de l'autre. Je maintiens ce que je dis : dollar pour dollar, droit de douane pour droit de douane », a expliqué M. Ford aux journalistes lors d'une conférence de presse à Thornhill, en Ontario. « Ils comprennent par la force, pas par la faiblesse, et nous ne devrions jamais, au grand jamais, baisser les bras et être faibles. » À l'inverse, avant la rencontre, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a quant à lui déclaré que le Canada devrait réduire ses mesures de représailles. « Il est peut-être temps pour le Canada de ne pas imposer de contre-tarifs supplémentaires en ce moment, mais plutôt d'envisager de supprimer certains des contre-tarifs qui nuisent aux entreprises canadiennes et saskatchewanaises aujourd'hui », a soutenu M. Moe lors d'une entrevue radiophonique, ajoutant que le Canada est largement « protégé » par l'ACEUM. « Ce que nous avons fait, c'est avancer une somme importante – 10 ans, en fait – d'achat de la Couronne afin de soutenir les industries sidérurgiques ici en Saskatchewan », a-t-il ajouté. M. Moe a félicité M. Carney pour les efforts déployés par son gouvernement afin de renforcer les liens commerciaux avec d'autres pays, dont le Mexique, en particulier alors que le Canada demeure assujetti aux droits de douane chinois sur l'huile et le tourteau de canola. Interrogé sur les raisons pour lesquelles son gouvernement a finalement remis les boissons alcoolisées américaines sur les tablettes et est revenu à ses processus d'approvisionnement habituels, M. Moe a répondu que le gouvernement accordait déjà la priorité aux entreprises saskatchewanaises. PHOTO MICHAEL BELL, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe « Nous devons nous rapprocher de cet objectif de manière plus solide avec notre principal partenaire commercial, les États-Unis d'Amérique, et il faudra que quelqu'un prenne les premières mesures », a-t-il déclaré, soulignant que l'Alberta avait également modifié ses politiques. Le bureau de la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a indiqué qu'elle ne ferait aucune déclaration avant la réunion. M. Ford aimerait que davantage d'efforts soient déployés pour stimuler l'économie. Il a appelé Ottawa à réduire les impôts et a déclaré que la Banque du Canada devrait baisser son taux d'intérêt. « Nous devons demander au gouverneur de la Banque du Canada d'abaisser ces satanés taux d'intérêt de 2,75, a-t-il déclaré. Abaissez-les. Renforcez la confiance. » « Travaillons ensemble pour éliminer la TVH pour les acheteurs de maisons, et pas seulement pour ceux qui achètent leur première maison. Stimulons le marché et nous suivrons l'exemple du gouvernement fédéral s'il le fait. » « Une bonne conversation » Le premier ministre ontarien a raconté mercredi avoir eu une « bonne conversation » avec le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, mardi, qui s'est avérée « positive », et il estime que le « premier ministre fait tout ce qui est en son pouvoir pour conclure un accord commercial équitable avec les États-Unis ». Mardi, lors d'une conférence de presse en Colombie-Britannique, M. Carney a révélé qu'il n'a pas parlé à M. Trump ces derniers jours. Il compte toutefois discuter avec lui lorsque cela sera opportun. PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre du Canada, Mark Carney Le premier ministre a ajouté qu'environ 85 % des échanges commerciaux avec les États-Unis restent exempts de droits de douane, puisqu'ils sont couverts par l'ACEUM. Des droits de douane sectoriels, dont ceux de 50 % sur l'acier, l'aluminium et le cuivre, restent en vigueur. La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, et le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, étaient à Mexico mercredi, dans le cadre d'une mission de deux jours visant à rencontrer des représentants et des entreprises mexicains au sujet du commerce. Avec les informations de Lisa Johnson à Edmonton, en Alberta, et d'Allison Jones à Thornhill, en Ontario, La Presse Canadienne


La Presse
an hour ago
- La Presse
Démolition d'un bâtiment problématique
L'immeuble résidentiel désuet sur l'avenue du Parc qui a forcé l'évacuation des deux immeubles voisins en début juillet en phase de démolition. L'immeuble résidentiel désuet sur l'avenue du Parc qui a forcé l'évacuation des deux immeubles voisins en début juillet en phase de démolition. Le bâtiment en décrépitude du 5990, avenue du Parc est en voie d'être démoli. Après deux évacuations d'urgence plus tôt cette année, les travaux ont commencé lundi matin, forçant à nouveau des dizaines de résidants à quitter leur logement. Les deux immeubles adjacents ont été entièrement vidés de leurs locataires. Selon l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, toutes les personnes évacuées ont été prises en charge par la Croix-Rouge et relogées dans différents organismes, dont l'Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM). Le nombre exact de personnes déplacées n'a pas été confirmé. Toutefois, 80 personnes auraient été évacuées alors que les équipes de la firme Demospec ont entamé la démolition du bâtiment instable. La ruelle située à l'arrière a été condamnée, et plusieurs voies de l'avenue du Parc sont toujours fermées à la circulation. Le contrat de démolition a été attribué il y a deux semaines à l'entreprise Demospec. L'équipe a passé la semaine dernière à planifier les interventions techniques nécessaires pour minimiser les répercussions sur les bâtiments voisins. Le chantier est désormais en cours, et les autorités espèrent permettre la réintégration des locataires autour du 15 août. Selon Éric Plourde, contremaître chez Demospec, la structure est démolie de manière progressive. « Il y a des problèmes avec ce bâtiment depuis le mois de mars, explique-t-il. On va faire tomber la façade, ensuite les coins, et on va avancer graduellement dans le bâtiment jusqu'à ce qu'on arrive en arrière. » La structure, à l'abandon depuis plusieurs mois, avait déjà provoqué deux évacuations majeures cette année. En mars, une portion de la façade s'était effondrée sur un immeuble voisin, causant des dommages importants à certains appartements. Puis, en juillet, des briques se sont détachées de l'édifice, déclenchant une nouvelle intervention du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). Les deux évènements ont forcé des résidants à quitter leurs logements. Le chantier survient après des mois d'inaction, alors que le propriétaire du bâtiment avait cessé de collaborer avec l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Ce dernier a finalement déclenché des mesures de force majeure afin d'agir. « L'arrondissement utilise des mesures exceptionnelles de force majeure afin d'agir rapidement », avait indiqué Francis Huot, porte-parole de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, peu après la deuxième évacuation. Depuis, un devis signé par un ingénieur a permis de procéder, et la Ville assumera temporairement les coûts du chantier. Toutefois, des recours juridiques seront entrepris pour récupérer les sommes auprès du propriétaire. L'entreprise HABITAT 237 GRANDE-ÎLE S. E. N. C., propriétaire du bâtiment, a été informée de toutes les démarches. Sur place, la circulation demeure perturbée. Quelques voies de l'avenue du Parc sont fermées et un passage temporaire pour les piétons et cyclistes a été aménagé. Damien Ferland, résidant d'un logement adjacent, s'inquiète de la sécurité : « Je trouve ça super dangereux avec les cyclistes qui circulent sur le passage temporaire. Ça fait peur parfois. » Le moment choisi pour entamer les travaux est aussi remis en question. « Je ne crois pas que c'était le meilleur timing », soutient M. Ferland. Il souligne par ailleurs les défis auxquels sont confrontés plusieurs propriétaires qui souhaitent rénover leurs logements dans ce contexte. « Je pense qu'il y a des propriétaires qui veulent rénover leurs appartements, mais ils ont beaucoup de défis. », dit-il. Ian Cucurull, propriétaire d'un immeuble voisin également évacué, espère un retour rapide à la normale. « Il y a une locataire qui a fait énormément d'anxiété et qui a des ennuis de santé assez intenses, assez pour que ce soit difficile pour elle de marcher. Il y a des étudiants. D'autres qui ont loué parce que leur logement était proche de leur travail. Ça a beaucoup d'impact sur énormément de personnes », avait-il déclaré à La Presse lors de la dernière évacuation. À ce stade-ci, l'arrondissement indique qu'il est encore trop tôt pour chiffrer les coûts précis de l'opération, puisque plusieurs éléments techniques pourraient faire évoluer la facture.


La Presse
an hour ago
- La Presse
Jean Beaudoin sera le candidat d'Ensemble Montréal sur le Plateau
L'architecte et ingénieur Jean Beaudoin sera le candidat d'Ensemble Montréal à la mairie de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal lors des élections municipales du 2 novembre. C'est la cheffe de la formation politique, Soraya Martinez Ferrada, qui en a fait l'annonce mercredi après-midi, à quelques pas de la Maison de la culture du Plateau. Jean Beaudoin, qui a fondé l'OBNL Nomade Aménagement transitoire, à l'origine de la piétonnisation estivale de l'avenue du Mont-Royal, affrontera la candidate de Projet Montréal Cathy Wong, qui briguera la mairie de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal laissé vacante par Luc Rabouin, devenu chef de Projet Montréal. Le candidat d'Ensemble Montréal a notamment l'intention de commander une étude sur la mobilité dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal et de favoriser les piétons sur l'avenue du Mont-Royal durant la période estivale. Au cours de la période de questions, il a également été question de l'accessibilité de l'arrondissement, mais avant de changer les sens uniques du quartier, Jean Beaudoin promet d'attendre les conclusions de son étude sur la mobilité. « Il faut s'intéresser au parcours du citoyen dans notre arrondissement, a précisé Jean Beaudoin. Qu'il soit à pied, à vélo ou en voiture. Il faut que ce soit optimal et agréable. Sur l'avenue du Mont-Royal, il y a 1400 raisons de s'arrêter, mais ce n'est pas sécuritaire pour un enfant de circuler d'une manière ou d'une autre, donc les vélos seront exclus à partir d'une certaine heure, comme sur la rue Bernard. » Jean Beaudoin, qui est né en 1967 sur le Plateau-Mont-Royal, et qui y vit aujourd'hui, a également indiqué vouloir s'assurer de la santé financière des neuf artères commerciales du Plateau. Parmi ses priorités : le logement, l'éducation et la mobilité, abordée plus tôt. Il a brièvement abordé le dossier de l'École Jeanne-Mance, boudées par les élèves du quartier. Les conseillers Marie Plourde (Mile End), Marie Sterlin (Mile End), Alex Norris (Jeanne-Mance), Maeva Vilain (De Lorimier) et Laurence Parent (De Lorimier) défendront les trois districts de cet arrondissement du centre de la ville pour Projet Montréal. De son côté, Ensemble Montréal a annoncé la candidature d'Alexander Roberton au poste de conseiller dans le district De Lorimier. Les autres candidats seront présentés ultérieurement. La formation politique de Soraya Martinez Ferrada a réuni mercredi certains des candidats confirmés jusqu'à présent. Parmi eux, notons : Alain Bourque (Verdun), Caroline Braun (Outremont), Sylvain Gariépy (Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension), Maude Théroux-Séguin (Ahuntsic-Cartierville) ou encore Dominic Perri (Saint-Léonard). Règlement sur le bruit La formation de Mme Martinez-Ferrada s'est opposée cette semaine à la réglementation sur le bruit de Projet Montréal. Le nouveau règlement sur le bruit de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, proposé l'automne dernier à la suite de la fermeture de La Tulipe, assouplit les limites de bruit imposées aux salles de spectacles. Des seuils de décibels ont été établis à l'intérieur des salles, ainsi qu'à l'extérieur, en fonction du bruit ambiant. Par contre, les bars qui ne sont pas titulaires d'un permis de salle de spectacle sont exclus de ces assouplissements et s'exposent à des amendes de 10 000 $ à leur première infraction – elles sont de 1500 $ actuellement. Une « nouveauté » qui a soulevé l'ire des propriétaires. Ensemble Montréal propose plutôt « un processus de médiation avant d'imposer des sanctions », en préconisant « une approche graduée et collaborative ». Mme Martinez-Ferrada propose également que le traitement des plaintes soit assuré par une unité administrative spécialisée, indépendante des services policiers. En marge de la présentation de la candidature de Jean Beaudoin, Soraya Martinez-Ferrada a insisté sur l'importance de changer d'approche : « Le règlement prévoit que c'est toujours la police qui traite la plainte du bruit. Ce que je dis, c'est qu'il faut retirer la police de l'équation, je veux qu'il y ait une médiation, pour qu'un seul individu, avec une seule adresse ne puisse pas fermer une salle de spectacle. » L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, qui aimerait adopter le règlement en septembre, s'est montré ouvert à des amendements. Mais pour le moment, le nouveau règlement prévoit en effet qu'une « autorité compétente qui a des motifs raisonnables de croire que la tranquillité d'une personne est troublée par un bruit qu'il estime excessif compte tenu de l'heure, du lieu et de toutes autres circonstances, peut ordonner à quiconque cause cette nuisance de la faire cesser immédiatement. »