Logements encore inhabités, commerces quasi absents, prix élevés : un an après Paris 2024, le village olympique dans l'attente de seconde vie
Il ne manque que les virevoltants. Ces boules de paille que le vent pousse doucement, comme dans un western, quand le shérif traverse la rue principale d'un village fantôme, sur un air d'harmonica. C'est exactement l'impression ressentie le 28 juin, en assistant à une visite touristique du village olympique de Paris 2024 organisée par l'Établissement public territorial Plaine Commune.
À une centaine de mètres du Stade de France, l'endroit semble pourtant prêt à vivre : des trottoirs qui brillent en plein cagnard, des immeubles quasi neufs, une végétation entretenue. Mais sur place, pas âme qui vive. Ou presque. Seule une femme de ménage, dans un appartement de l'ancienne résidence de la délégation australienne, passe un chiffon bleu sur une baie vitrée. Et quelques supporters bordelais et toulousains venus encourager leurs équipes pour la finale du Top 14 traversent le site, rappelant discrètement que ce lieu a bel et bien vécu.
Visite guidée du village olympique de Paris 2024
Il y a tout juste un an, ce même village - situé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) mais s'étirant aussi sur les communes de Saint-Ouen et L'Île-Saint-Denis - accueillait des milliers d'athlètes du monde entier. Australiens, Chinois, Sénégalais, Argentins... La planète entière était réunie dans cet espace de 52 hectares où les drapeaux flottaient sur les balcons, et où tout était pensé pour le confort des sportifs : salle de musculation, restaurant ouvert 24 heures sur 24, espaces de détente, etc. « Il est "waouh" ce village ! C'est le mot pour le définir. À chaque fois qu'on arrive dans un endroit, on dit waouh... », confiait au moment des Jeux la gymnaste tricolore Coline Devillard.
Les chambres des athlètes totalement transformées
Désormais, les drapeaux ont disparu, remplacés par des balcons au style bien plus ordinaire. Depuis le 31 octobre, les promoteurs immobiliers se sont mis à la manoeuvre pour faire muter ce village olympique en un véritable quartier. L'objectif ? Transformer les milliers de chambres d'athlètes en logements familiaux standards.
Tout ça avait été pensé bien en amont. Une loi votée en 2018, relative à l'organisation des Jeux Olympiques, a permis de créer un outil inédit : les permis de construire à double état. En clair, les bâtiments étaient conçus pour pouvoir changer de visage après les JO, sans repasser par la case autorisation d'urbanisme. Résultat : à peine les Jeux Paralympiques terminés fin septembre, les engins de chantier ont repris leur ballet le 2 novembre.
« Sur certains petits bâtiments, un ascenseur a été retiré pour limiter les charges, tandis que les appartements ont été réaménagés afin d'agrandir les espaces de vie, détaille Laurent Blanc, directeur opérationnel d'Eiffage immobilier, co-promoteur avec Nexity et CDC Habitat d'un parc de 577 logements. Et surtout, des cuisines équipées, absentes pendant les Jeux, ont été installées pour répondre aux besoins des futurs résidents. »
« Les logements nous ont été restitués dans un état parfois dégradé, après le passage des athlètes »
Laurent Blanc, directeur opérationnel d'Eiffage immobilier
Sauf que tout ne s'est pas fait en un claquement de doigts. Au-delà des finitions classiques, il a fallu remettre en état pas mal d'éléments abîmés. « Les logements nous ont été restitués dans un état parfois dégradé, après le passage des athlètes », glisse Laurent Blanc. Si les derniers coups de pinceau sont en cours, la livraison reste programmée au 30 septembre.
À terme, le village doit donc accueillir 6 000 habitants, répartis dans plus de 2 500 logements, et participer à la création de 6 000 emplois. Pour l'heure, les promoteurs se disent satisfaits du rythme de commercialisation. « Nous avons lancé la commercialisation de 3 immeubles, soit 144 logements, en juillet 2023, et 80 % des logements ont été vendus. Sur les 2 derniers immeubles, soit 95 logements, ouverts en mai 2025, 20 % des logements ont été acquis à date », se réjouit Delphine Bachet, directrice opérationnelle à Icade Promotion. Chez Vinci Immobilier, on évoque également un « bon écoulement », avec « 114 réservations et 7 pré-réservations ». Pour le prix, comptez entre 6 000 et 6 500 euros le mètre carré, avec, pour un T4 de 88 à 94 m², une fourchette allant de 444 000 à 499 000 euros, en TVA réduite à 5,5 %. Des tarifs supérieurs à ceux généralement pratiqués dans la ville de Saint-Denis.
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« Il y avait des gens intéressés lors des visites, mais dès qu'ils ont vu les prix, beaucoup ont abandonné, confirme Cécile Gintrac, membre du comité Vigilance JO-2024. Qui peut emprunter 300 000 ou 400 000 euros aujourd'hui dans l'une des communes les plus pauvres de France ? » Les premiers habitants sont, eux, attendus à partir d'octobre.
Reste à savoir si ce quartier, pensé pour être un modèle d'héritage post-JO, réussira à devenir un lieu de vie. Car mis à part une supérette à l'angle de la rue Volta, les commerces se font rares. Les rez-de-chaussée sont vides, comme figés dans un décor de cinéma en attente du clap de début - alors que la Cité du cinéma, située à une centaine de mètres, pourrait donner quelques conseils pour insuffler un peu de vie. Guillaume Gremillet, 30 ans, futur propriétaire d'un appartement de 87 m² dans le village reste, lui, optimiste : « Il n'y a en pas encore beaucoup, mais cela ne nous inquiète pas pour le moment. On pense que ça va venir. » Selon les promoteurs, les premiers commerces devraient ouvrir en 2026. En attendant, le village patiente encore, les logements sont dans les starting-blocks et il ne manque finalement qu'un signal pour que tout s'active enfin.
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