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Le Figaro
3 days ago
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La poésie de l'acteur Grégoire Leprince-Ringuet distinguée par l'Académie française
Le comédien de 37 ans, vu chez Bertrand Tavernier comme Robert Guédignian, vient de recevoir le prix Lucette-Moreau pour son premier recueil, Les Entrelacs. « Et puis je me souviens qu'un matin de printemps / Je fus fait chevalier par les suprêmes fées (...) ». D'autres fées viennent de se pencher sur Grégoire Leprince-Ringuet, acteur et désormais poète. Le prix Lucette-Moreau remis par l'Académie française a distingué son premier recueil, publié en 2024 aux éditions La rumeur libre : Les Entrelacs. La cérémonie se tiendra le 4 décembre sous la Coupole. « La poésie est un art solitaire, ce genre de prix rapproche d'un seul coup l'auteur de ses lecteurs », se réjouit le lauréat, qui estime que cette distinction lui « donne des devoirs ». Ses entrelacs lyriques et personnels, qui font rimer souvenirs, introspection et scènes vues, ont eu les faveurs des académiciens le 26 juin dernier. Baptisé du nom d'une poète et romancière disparue en 2020, le prix Lucette-Moreau récompense des auteurs de poésie classique. Autrement dit, en vers réguliers et rimés. Publicité Ils se font rares dans la production actuelle. En mettant l'accent sur cette longue tradition littéraire, l'Académie voudrait s'assurer qu'elle reste bien immortelle. « J'aime croire que cette reconnaissance des formes classiques traduit un signe de dynamisme de cette langue. En tout cas, je l'appelle de mes vœux ! », ajoute Leprince-Ringuet, qui succède cette année à Guillaume Decourt. À lire aussi Grégoire Leprince-Ringuet: habiter poétiquement la vie Fou de Paul Valéry Quand il ne jette pas un coup d'œil sur « l'éternité sertie dans la fraîcheur des vagues », Leprince-Ringuet fréquente les plateaux de tournage et les théâtres. Il partira en tournée l'année prochaine dans Cyrano de Bergerac . Il vient de finir le tournage de C'est quoi l'amour ?, de Fabien Gorgeart, avec Mélanie Thierry et Vincent Macaigne. Ses débuts au cinéma, dans Les Égarés d'André Téchiné, lui ont valu une première nomination aux César en 2003. On l'a vu chez Christophe Honoré comme Bertrand Tavernier. Fidèle à la scène et à Robert Guédiguian, le comédien de 37 ans a réalisé un premier film en 2015, La Forêt de Quinconces. Un conte sentimental où se frayait déjà la poésie de Paul Valéry. Son champion. L'un des « Entrelacs » lui est dédié. Dans la préface du recueil, William Marx, professeur au Collège de France, estime que Grégoire Leprince-Ringuet a choisi le camp « de la beauté apollinienne ». Ce qui ressemble à un compliment. À lire aussi Notre critique de La Pie voleuse de Robert Guédiguian: adultère convenu entre trentenaires peu aimables Un pied dans la poésie, l'autre sur les planches, Leprince-Ringuet prépare une pièce de théâtre en alexandrins. « J'ai plusieurs cartes en main et j'essaie de les abattre en même temps », résume celui qui voudrait aussi, dans un deuxième long-métrage, rendre « accessible » le plaisir poétique. Il ne serait pas le seul à le cultiver dans le métier. « C'est presque un plaisir caché, mais on rencontre encore sur les tournages des acteurs qui vous récitent des poèmes par cœur. » Avec Sophie Marceau, qui a publié un recueil, ou Fabrice Luchini, qui multiplie les lectures publiques, l'industrie du cinéma connaît plusieurs amateurs officiels de poésie. En voici un autre, Grégoire Leprince-Ringuet, qui soigne la couleur et le rythme. L'enfance en un vers ? « J'aimais les myosotis et je croyais en Dieu. »


Le Figaro
3 days ago
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- Le Figaro
"Cela traduit une certaine ignorance de la langue française" : cette faute se répand chez tout le monde
Une linguiste interrogée par Le Figaro Étudiant alerte sur une tournure de plus en plus employée et fautive sur le plan grammatical. "Je l'entends partout, dans les médias, sur Internet, dans les discussions quotidiennes." Françoise Nore, docteure en linguistique et spécialiste de la lexicologie, ne décolère pas. Depuis plusieurs années, elle observe la montée en puissance d'une tournure erronée. Une faute que l'Académie française qualifie sans détour de "grave incorrection". Selon l'institution, cette expression se "répand de plus en plus chez des locuteurs de tous âges". Cette faute n'est autre qu'un pléonasme, c'est-à-dire une redondance inutile, comme dans "monter en haut" ou "prévoir à l'avance". Dans le premier cas, par exemple, "monter" implique déjà un mouvement vers le haut et, dans le second, "prévoir" inclut déjà la notion d'anticipation. Des erreurs fréquentes, qu'un bon usage de la langue permet d'éviter. "Lorsqu'un mot est perçu comme trop bref, on a tendance à lui accoler d'autres termes pour lui donner plus de poids sonore", explique Françoise Nore. "C'est une manière d'insister, d'appuyer le propos. Mais ce n'est pas parce que c'est courant que c'est correct." La locution visée par l'Académie française et la linguiste repose sur un mot comparatif, voire superlatif, auquel on vient maladroitement ajouter… un autre comparatif. "Grammaticalement, cela ne tient pas", tranche Françoise Nore. "On a un mot qui signifie déjà 'plus mauvais', et on vient lui adjoindre 'plus' ou 'moins'. C'est une double intensité injustifiable." Vous l'aurez peut-être deviné : la locution fautive est 'plus pire ou moins pire'. Selon l'Académie française, dire "plus pire" revient à dire "plus plus mauvais". Il convient aussi d'éviter les variantes comme "moins pire", "aussi pire" ou encore "si pire". "L'emploi de cette expression est révélateur d'une méconnaissance des règles fondamentales et traduit une certaine ignorance de la langue française", déplore Françoise Nore. Pourtant, des alternatives simples existent, comme "C'est aussi grave", "C'est aussi catastrophique" ou "C'est encore pire". La linguiste va plus loin et rappelle que "pis", aujourd'hui quasi-oublié, est le superlatif de pire. "Par exemple, on devrait dire 'ces événements sont pis que ce qu'on aurait pu imaginer'. Mais, phonétiquement, pis paraît plus faible que pire, donc il a été peu à peu abandonné", explique Françoise Nore. Autrement dit, "plus pire" n'est pas seulement une erreur : c'est une double faute qui masque, au passage, un mot juste et oublié de la langue française.