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3 days ago
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Après l'eau, la grogne
George Padula, résidant de la rue de Belmont, dans Saint-Léonard, en était dimanche à sa troisième inondation. L'eau est épongée, les dégâts sont en voie d'être ramassés, mais la frustration, elle, demeure. Au lendemain des pluies diluviennes qui ont inondé certains secteurs, des sinistrés dénoncent la « négligence » de la Ville de Montréal dans la modernisation des égouts et des canalisations souterraines. L'administration de Valérie Plante répond qu'elle continuera d'améliorer son réseau, mais que les effets ne seront pas immédiats. « Pour nous, ça a été pire que l'an dernier. Ça a bouché plus vite et l'eau s'est rendue jusqu'en arrière », lance Marc-André Veer, dont le sous-sol a été inondé sur l'avenue de Châteaubriand, dans Ahuntsic-Cartierville. Au passage de La Presse, durant la journée, le ménage était toujours en cours. Comme de nombreux autres Montréalais, il demeure dans une zone de « cuvette », qui est plus vulnérable aux inondations lors de pluies diluviennes, puisque l'eau a tendance à s'y accumuler. En août 2024, lors du passage de la tempête Debby, l'eau avait aussi envahi son domicile et fait des dommages considérables. Selon lui, la source du problème est la capacité du réseau municipal, et il faut s'y attaquer. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Marc-André Veer dans son sous-sol qui a été inondé dimanche Prenez un peu de temps pour vérifier la grosseur des tuyaux et faites quelque chose, parce que là, c'est répétitif. Ça devrait être ça, la priorité en ce moment. Marc-André Veer, sinistré de l'avenue de Châteaubriand Il est loin d'être le seul à penser ainsi dans le quartier. « Ça ne change pas vraiment malgré les années qui passent. Les élus, ils vont parler, ils vont faire des annonces, puis il n'y a rien qui va se passer. C'est pourtant un problème récurrent, ce n'est pas vraiment nouveau, même si ça reste sporadique », confie Maurice Nadeau, qui habite tout près. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Maurice Nadeau et Pauline Madore « C'est une nécessité de remplacer les tuyaux ici. Heureusement, cette année, on n'a rien de brisé, ce n'est pas comme l'an passé », ajoute sa conjointe, Pauline Madore. Les précipitations de dimanche ont été plus concentrées que celles laissées par Debby en août 2024. Il est tombé, à l'aéroport Montréal-Trudeau, 81,6 mm de pluie dimanche – la journée de juillet la plus pluvieuse de mémoire de météorologue –, dont 60 mm en seulement une heure. Le 9 août 2024, Montréal avait reçu 145 mm de pluie en 24 heures. Des résultats réclamés Un peu plus à l'est, dans Saint-Léonard, la grogne citoyenne est tout aussi palpable. « Ils ne font rien pour aider. Ils ont réparé les trottoirs, ils ont planté des arbres sur la rue. C'est ça qu'ils ont fait pour nous », lance Andriy Marunych, irrité. Son garage et son sous-sol ont été inondés dans la rue de Belmont. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Andriy Marunych (à droite), dont le garage et le sous-sol ont été inondés, rue de Belmont « Ça nous prend un bassin de rétention, point final. Mais la Ville ne le fait pas, probablement parce que c'est trop cher », ajoute ce résidant, qui craint que ses voisins et lui-même en paient de nouveau le prix. George Padula, qui habite l'arrondissement de Saint-Léonard depuis bientôt 20 ans, seconde. « Les égouts, je pense qu'ils n'ont pas bien travaillé là-dessus. Et là, comme on sait que ça va arriver pas mal fréquemment, ça devient plus urgent », note celui qui en est déjà à sa troisième inondation. L'an passé, c'était même rentré dans notre sous-sol. On a dû le refaire en entier. Ça nous a coûté 35 000 $. On a été chanceux que les assurances couvrent. Disons que dès qu'il pleut, on est tous très préoccupés dans le quartier. George Padula, sinistré de la rue de Belmont May Slim, elle, a été inondée dimanche pour la deuxième fois, après avoir acheté sa propriété il y a bientôt 20 ans. « Honnêtement, le stress physique, émotionnel et mental est tellement fort. Chaque fois qu'ils annoncent de la pluie, on reste à la maison, on ne peut rien faire, parce que s'il arrive quelque chose, on doit réagir très rapidement », dit-elle à ce sujet. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE May Slim s'affaire à nettoyer les dégâts causés par l'inondation dans son garage, rue de Belmont. « On est en train de voir ce qu'on peut faire au niveau juridique, avec peut-être un recours collectif. Pour moi, c'est carrément de la négligence de la Ville de Montréal, ce qui se passe », note Mme Slim. Après les inondations causées par Debby, un groupe de citoyens de l'arrondissement de Saint-Laurent a déposé, en février, une demande pour intenter une action collective, accusant la Ville de négligence dans la modernisation de son réseau d'égouts. Armez-vous de patience En visite dans Ahuntsic-Cartierville, lundi, la mairesse Valérie Plante a indiqué que le remplacement des systèmes d'égouts désuets prendrait encore plusieurs années dans la métropole, vu l'ampleur de la tâche. Elle promet d'aller « le plus vite possible », mais appelle les citoyens à protéger leur maison dans l'intervalle. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Valérie Plante, mairesse de Montréal À moyen terme, les chantiers de construction seront donc encore très nombreux dans les rues de la métropole. Les gens vont souvent s'en plaindre [des chantiers], mais on ne les fait pas pour rien. […] Ce qu'on veut justement, c'est préparer le territoire. Valérie Plante, mairesse de Montréal La mairesse déplore par ailleurs que le programme de soutien provincial pour les sinistrés n'indemnise que les propriétaires inondés par le débordement d'un cours d'eau, et non par les pluies diluviennes. « Le fédéral et le provincial doivent en faire plus, et venir soutenir les efforts des villes à réparer et adapter les territoires, mais aussi revoir les programmes d'indemnisation », a dit Mme Plante. PHOTO CHRISTOPHER KATSAROV, LA PRESSE CANADIENNE Maja Vodanovic, responsable de l'eau au comité exécutif À ses côtés, la responsable de l'eau au comité exécutif, Maja Vodanovic, a demandé à chacun d'apporter sa contribution. « La première chose que les citoyens doivent faire, c'est de protéger leur maison, parce que nous, on ne pourra pas tout 'ouvrir' la ville en même temps », a-t-elle relevé, parlant de plusieurs « années » avant de pouvoir remplacer l'ensemble des réseaux souterrains désuets. Dans l'opposition, la cheffe d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, a déploré lundi que l'administration Plante tarde à moderniser ses collecteurs d'eau. « On ne peut pas agrandir un territoire, avoir plus de gens qui habitent, si les bassins de rétention et les égouts ne sont pas assez gros. C'est le problème numéro un. […] Un parc éponge, ça ne va pas régler le problème qu'on voit avec les pluies d'hier. Il faut doubler la capacité des collecteurs », a-t-elle martelé.


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« Dans la même échelle de démesure » que la tempête Debby
L'eau est rentrée dans le garage et le sous-sol d'un logement de la rue Belmont, dans Saint-Léonard. « Dans la même échelle de démesure » que la tempête Debby L'heure est au ramassage des dégâts, lundi à Montréal, les pluies torrentielles tombées la veille ayant frappé très fort, surtout au nord de l'île. Plus de 150 millimètres d'eau à l'heure sont tombés dans les secteurs les plus touchés. « Ça fait plus de 20 ans que je suis appelé à travailler sur des pluies diluviennes sincèrement, et j'ai rarement vu ça, ce qui s'est passé hier », laisse tomber le porte-parole administratif de la Ville, Philippe Sabourin, en entrevue avec La Presse. Il soutient qu'environ 15 % des pluviomètres municipaux ont enregistré plus de 150 millimètres de pluie à l'heure, ce qui représente environ 6 pouces d'eau toutes les 60 minutes. « Pour près de 60 % d'entre eux, c'était 100 millimètres à l'heure, ce qui est également considérable », dit M. Sabourin. « Ça se compare absolument à l'ouragan Debby du mois d'août de l'an dernier. À ce moment, on avait eu des signalements pour environ 350 résidences inondées. Ce dimanche, on était à 308. On est donc absolument dans la même échelle de démesure », ajoute-t-il. Les quartiers les plus touchés ont été Ahuntsic-Cartierville, Saint-Léonard, mais aussi Villeray et Saint-Laurent, bref le nord de l'île en général. Appel à tous Vous avez été inondé après les pluies torrentielles de dimanche ? Envoyez-nous vos photos et vos vidéos. Écrivez-nous Au plus fort de la journée de dimanche, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) a tenu près de 50 opérations en simultané. Des policiers et des cols bleus ont aussi été déployés, alors qu'une demi-douzaine de viaducs a dû être fermée. « On va continuer d'être déployés pour quelques jours. Si les gens voient des puisards obstrués, ils peuvent nous le signaler au 311 », note M. Sabourin. Relocalisations et mises en garde Dans l'immédiat, quelques dizaines de personnes devront être relocalisées en collaboration avec la Croix-Rouge. Des réclamations peuvent être faites au Bureau des réclamations, dans un délai de 15 jours, si les sinistrés croient que la Ville a une responsabilité dans les dommages survenus à leur domicile. La Ville appelle par ailleurs les citoyens à éviter les sports nautiques pour les 48 prochaines heures, de l'eau ayant dû être rejetée dans la rivière des Prairies ainsi que dans le fleuve Saint-Laurent. Il pourrait donc y avoir présence d'E. Coli dans ces deux cours d'eau, prévient la municipalité. À l'aéroport Montréal-Trudeau, des dizaines de vols ont été annulés durant la journée de dimanche, et ce en grande partie en raison de la météo, qui a aussi perturbé les opérations au sol et la livraison de bagages. D'autres vols ont pu partir, mais avec des retards de plusieurs heures. En dehors de Montréal, des orages ont notamment eu lieu à Québec, où la température ressentie a atteint jusqu'à 42 avec le facteur humidex, en après-midi. Des spectacles du Festival d'été de Québec ont notamment dû être annulés, dont ceux de Cindy Bédard, de Safia Nolin et d'Olivia Khoury.