
Après l'eau, la grogne
L'eau est épongée, les dégâts sont en voie d'être ramassés, mais la frustration, elle, demeure. Au lendemain des pluies diluviennes qui ont inondé certains secteurs, des sinistrés dénoncent la « négligence » de la Ville de Montréal dans la modernisation des égouts et des canalisations souterraines. L'administration de Valérie Plante répond qu'elle continuera d'améliorer son réseau, mais que les effets ne seront pas immédiats.
« Pour nous, ça a été pire que l'an dernier. Ça a bouché plus vite et l'eau s'est rendue jusqu'en arrière », lance Marc-André Veer, dont le sous-sol a été inondé sur l'avenue de Châteaubriand, dans Ahuntsic-Cartierville. Au passage de La Presse, durant la journée, le ménage était toujours en cours.
Comme de nombreux autres Montréalais, il demeure dans une zone de « cuvette », qui est plus vulnérable aux inondations lors de pluies diluviennes, puisque l'eau a tendance à s'y accumuler. En août 2024, lors du passage de la tempête Debby, l'eau avait aussi envahi son domicile et fait des dommages considérables.
Selon lui, la source du problème est la capacité du réseau municipal, et il faut s'y attaquer.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Marc-André Veer dans son sous-sol qui a été inondé dimanche
Prenez un peu de temps pour vérifier la grosseur des tuyaux et faites quelque chose, parce que là, c'est répétitif. Ça devrait être ça, la priorité en ce moment.
Marc-André Veer, sinistré de l'avenue de Châteaubriand
Il est loin d'être le seul à penser ainsi dans le quartier. « Ça ne change pas vraiment malgré les années qui passent. Les élus, ils vont parler, ils vont faire des annonces, puis il n'y a rien qui va se passer. C'est pourtant un problème récurrent, ce n'est pas vraiment nouveau, même si ça reste sporadique », confie Maurice Nadeau, qui habite tout près.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Maurice Nadeau et Pauline Madore
« C'est une nécessité de remplacer les tuyaux ici. Heureusement, cette année, on n'a rien de brisé, ce n'est pas comme l'an passé », ajoute sa conjointe, Pauline Madore.
Les précipitations de dimanche ont été plus concentrées que celles laissées par Debby en août 2024. Il est tombé, à l'aéroport Montréal-Trudeau, 81,6 mm de pluie dimanche – la journée de juillet la plus pluvieuse de mémoire de météorologue –, dont 60 mm en seulement une heure. Le 9 août 2024, Montréal avait reçu 145 mm de pluie en 24 heures.
Des résultats réclamés
Un peu plus à l'est, dans Saint-Léonard, la grogne citoyenne est tout aussi palpable. « Ils ne font rien pour aider. Ils ont réparé les trottoirs, ils ont planté des arbres sur la rue. C'est ça qu'ils ont fait pour nous », lance Andriy Marunych, irrité. Son garage et son sous-sol ont été inondés dans la rue de Belmont.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Andriy Marunych (à droite), dont le garage et le sous-sol ont été inondés, rue de Belmont
« Ça nous prend un bassin de rétention, point final. Mais la Ville ne le fait pas, probablement parce que c'est trop cher », ajoute ce résidant, qui craint que ses voisins et lui-même en paient de nouveau le prix.
George Padula, qui habite l'arrondissement de Saint-Léonard depuis bientôt 20 ans, seconde. « Les égouts, je pense qu'ils n'ont pas bien travaillé là-dessus. Et là, comme on sait que ça va arriver pas mal fréquemment, ça devient plus urgent », note celui qui en est déjà à sa troisième inondation.
L'an passé, c'était même rentré dans notre sous-sol. On a dû le refaire en entier. Ça nous a coûté 35 000 $. On a été chanceux que les assurances couvrent. Disons que dès qu'il pleut, on est tous très préoccupés dans le quartier.
George Padula, sinistré de la rue de Belmont
May Slim, elle, a été inondée dimanche pour la deuxième fois, après avoir acheté sa propriété il y a bientôt 20 ans. « Honnêtement, le stress physique, émotionnel et mental est tellement fort. Chaque fois qu'ils annoncent de la pluie, on reste à la maison, on ne peut rien faire, parce que s'il arrive quelque chose, on doit réagir très rapidement », dit-elle à ce sujet.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
May Slim s'affaire à nettoyer les dégâts causés par l'inondation dans son garage, rue de Belmont.
« On est en train de voir ce qu'on peut faire au niveau juridique, avec peut-être un recours collectif. Pour moi, c'est carrément de la négligence de la Ville de Montréal, ce qui se passe », note Mme Slim.
Après les inondations causées par Debby, un groupe de citoyens de l'arrondissement de Saint-Laurent a déposé, en février, une demande pour intenter une action collective, accusant la Ville de négligence dans la modernisation de son réseau d'égouts.
Armez-vous de patience
En visite dans Ahuntsic-Cartierville, lundi, la mairesse Valérie Plante a indiqué que le remplacement des systèmes d'égouts désuets prendrait encore plusieurs années dans la métropole, vu l'ampleur de la tâche. Elle promet d'aller « le plus vite possible », mais appelle les citoyens à protéger leur maison dans l'intervalle.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Valérie Plante, mairesse de Montréal
À moyen terme, les chantiers de construction seront donc encore très nombreux dans les rues de la métropole.
Les gens vont souvent s'en plaindre [des chantiers], mais on ne les fait pas pour rien. […] Ce qu'on veut justement, c'est préparer le territoire.
Valérie Plante, mairesse de Montréal
La mairesse déplore par ailleurs que le programme de soutien provincial pour les sinistrés n'indemnise que les propriétaires inondés par le débordement d'un cours d'eau, et non par les pluies diluviennes. « Le fédéral et le provincial doivent en faire plus, et venir soutenir les efforts des villes à réparer et adapter les territoires, mais aussi revoir les programmes d'indemnisation », a dit Mme Plante.
PHOTO CHRISTOPHER KATSAROV, LA PRESSE CANADIENNE
Maja Vodanovic, responsable de l'eau au comité exécutif
À ses côtés, la responsable de l'eau au comité exécutif, Maja Vodanovic, a demandé à chacun d'apporter sa contribution. « La première chose que les citoyens doivent faire, c'est de protéger leur maison, parce que nous, on ne pourra pas tout 'ouvrir' la ville en même temps », a-t-elle relevé, parlant de plusieurs « années » avant de pouvoir remplacer l'ensemble des réseaux souterrains désuets.
Dans l'opposition, la cheffe d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, a déploré lundi que l'administration Plante tarde à moderniser ses collecteurs d'eau.
« On ne peut pas agrandir un territoire, avoir plus de gens qui habitent, si les bassins de rétention et les égouts ne sont pas assez gros. C'est le problème numéro un. […] Un parc éponge, ça ne va pas régler le problème qu'on voit avec les pluies d'hier. Il faut doubler la capacité des collecteurs », a-t-elle martelé.
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Quand les dividendes prennent le dessus sur la santé
« En autorisant la vente et la livraison de produits SAQ par des acteurs privés, sans garanties suffisantes de contrôle et de formation du personnel, l'État contribue à banaliser le risque d'intoxications, potentiellement mortelles, chez les jeunes », écrivent les auteures. Avant d'étendre ses activités, la SAQ devrait redéfinir sa mission et assumer les conséquences sociales de la vente d'alcool, estiment les cosignataires Laurence Ruel, Alexane Langevin et Marianne Dessureault Les deux premières sont chargées de projets en substances psychoactives, la troisième est avocate responsable des affaires juridiques. Toutes trois sont de l'Association pour la santé publique du Québec. Le projet pilote de mini-agences, qui vise à vendre des produits exclusifs à la SAQ dans des dépanneurs et épiceries de milieux urbains, soulève de vives inquiétudes. Bien que répondre aux besoins des communautés éloignées soit légitime, aucun des milieux ciblés par le projet pilote dans le Grand Montréal n'est un « secteur moins bien desservi1 ». Au contraire, certains nouveaux points de service sont à moins de 10 minutes de marche d'une succursale SAQ. À cela s'ajoute l'assouplissement des livraisons de produits SAQ via des plateformes comme Uber Eats, facilitant l'accès à des produits fortement alcoolisés en quelques clics, sans contact humain ni contrôle rigoureux de l'âge. Accroître l'accès à une plus grande variété de produits, plus fortement alcoolisés, dans des lieux de proximité, et à des heures élargies comparativement à l'offre en succursale SAQ, c'est accroître les effets négatifs bien documentés de l'alcool sur la santé publique. Cette initiative va à l'encontre de la responsabilité fondamentale de l'État : protéger la santé de sa population, en particulier celle des jeunes. En 2018, le Québec a été profondément bouleversé par le décès d'Athéna Gervais, une adolescente de 14 ans morte noyée après avoir consommé une boisson sucrée à haute teneur en alcool, achetée dans un dépanneur sur son heure de dîner. Ce drame a mené à l'interdiction de la vente de ces produits contenant plus de 7 % d'alcool dans les commerces de proximité (article 31 de la Loi sur les permis d'alcool). Le coroner avait d'ailleurs recommandé un encadrement plus strict de la vente d'alcool pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent. Une renonciation de son rôle d'exemplarité Aujourd'hui, le projet de mini-agences et la livraison risquent de contourner cette interdiction en permettant à nouveau la vente de prêts-à-boire et de spiritueux à teneur élevée en alcool dans les commerces de proximité, dans des zones déjà bien desservies par la SAQ et les établissements privés. En autorisant la vente et la livraison de produits SAQ par des acteurs privés, sans garanties suffisantes de contrôle et de formation du personnel, l'État contribue à banaliser le risque d'intoxications, potentiellement mortelles, chez les jeunes, tout en renonçant à son rôle d'exemplarité et en accentuant la libéralisation de la vente d'alcool. La SAQ affirme vouloir « protéger son dividende » et « remplir sa mission ». Mais cette mission, centrée sur la performance économique, est aujourd'hui dépassée. Il est urgent de la revoir pour y inclure explicitement la protection de la santé et la prévention en matière d'alcool. Une société d'État ne peut pas se contenter de générer des profits sans assumer les conséquences sociales et sanitaires de ses activités. Les coûts liés à la consommation d'alcool au Québec dépassent les 3 milliards de dollars par an. Pourtant, aucune part des revenus de la SAQ n'est consacrée exclusivement à la prévention, au traitement ou à la recherche sur les méfaits de l'alcool. Ce déséquilibre est inacceptable. Nous demandons de réviser le projet de mini-agences et d'ouvrir un dialogue avec les organisations de santé publique. Mais surtout, nous appelons à modifier rapidement la mission de la SAQ pour qu'elle reflète les valeurs de santé, de sécurité et de responsabilité sociale que les Québécoises et Québécois attendent de leurs institutions. 1. Lisez « Vente d'alcool jusqu'à 23 h dans les dépanneurs : la Santé publique sonne l'alerte rouge à la SAQ » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


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Beaucoup de nageurs téméraires
Quelques centaines de personnes étaient entassées sur la plage de Verdun mercredi après-midi, alors que le mercure frôlait les 33 °C La troisième noyade de l'été survenue près de la plage de Verdun, mardi, n'étonne pas les habitués de l'endroit, qui observent quotidiennement des nageurs téméraires s'aventurant dans le courant. « Moi ça ne me surprend pas que quelqu'un se soit noyé : les gens ne respectent pas les règles. Il ne faut pas qu'ils aillent en dehors des bouées, le courant est bien trop fort », a déploré Chloée Guillette, étendue sur une serviette dans le sable de la plage bondée, mercredi après-midi, alors que le mercure frôlait les 33 °C. « Des fois il y a des gens qui prennent de l'alcool, de la drogue, alors ils sont téméraires », a ajouté son amie, Stéphanie Fournier. La veille, un baigneur a sombré dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, hors de la zone surveillée de la plage urbaine, mais son corps n'a pas encore été retrouvé. 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PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE La récente noyade à la plage urbaine de Verdun ne surprend pas les Verdunoises Chloée Guillette et Stéphanie Fournier Carole Arsenault, une habituée de la plage, voudrait voir la zone protégée s'agrandir pour accommoder davantage de nageurs. « C'est tellement extraordinaire ici, surtout quand il fait chaud comme aujourd'hui », a-t-elle ajouté, les deux pieds dans l'eau. Des dizaines de personnes se baignaient à l'écart de la zone surveillée, pour éviter la foule. « Nous, on ne va jamais loin », a assuré Maurice Aubertin, assis dans une berge ombragée. Le Verdunois a observé en secouant la tête un adolescent se balancer sur la branche d'un arbre, avant de se propulser dans l'eau. « On ne prend pas de chance, mais il y en a qui en prennent », a-t-il ajouté. 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Et ils prennent des risques inutiles, même s'il y a des panneaux qui indiquent que la baignade est interdite. Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage, division du Québec Le 7 juin dernier, un demandeur d'asile vénézuélien de 20 ans, Zico Kenderson Colina Escobar, a sombré dans l'eau après avoir eu un malaise. Il se trouvait dans la zone balisée de la plage de Verdun, qui n'était pas encore officiellement ouverte. Le 23 juin, Jean Ngouamia Mbassanenze, 27 ans, s'est aussi noyé après s'être aventuré dans les eaux en bordure de la plage. Les cours d'eau comme le Saint-Laurent peuvent paraître calmes, mais cette impression est souvent trompeuse, rappelle Raynald Hawkins. « Sous cette surface-là, il y a des courants. Il y a des vortex. 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« Quand les policiers sont arrivés, il était moins une »
La policière Sofia Bergeron-Tadlaoui lors de son intervention auprès de l'automobiliste en détresse « Quand les policiers sont arrivés, il était moins une » Dimanche après-midi, il pleut à torrents sur Montréal. Au volant de sa voiture, un homme âgé est en détresse. Son véhicule est pris sous un viaduc et l'eau monte rapidement. Il ne peut rien faire. À quelques mètres de là, Sofia Bergeron-Tadlaoui est seule dans sa voiture de patrouille. La jeune policière n'a que cinq mois d'expérience au Service de police de la Ville de Montréal. Sous l'orage, elle s'est portée volontaire pour bloquer la rue De Salaberry, juste avant le passage qui mène sous le viaduc de l'autoroute 15. L'endroit, en réparation, est régulièrement sujet à des refoulements d'égout lors de fortes pluies. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Sofia Bergeron-Tadlaoui, jeune policière du SPVM Soudain, un véhicule s'arrête. Un citoyen alarmé pense avoir vu une voiture dans une situation critique, de l'autre côté du passage. « [À ce moment-là], dans mon champ de vision, je ne vois aucun véhicule. » Malgré tout, elle n'attend pas. L'uniforme déjà trempé par la pluie battante, elle quitte sa voiture et court jusqu'au viaduc. « S'il y a quelqu'un, il faut que j'aille lui porter assistance. » Les ondes radio sont bloquées par les appels qui entrent de partout. Elle finit par joindre un collègue, stationné à l'autre bout du passage inondé, pour lui demander de l'aide. PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM La voiture submergée, après l'intervention policière Il y a trop d'eau pour s'avancer sur la chaussée, mais il n'y a pas de temps à perdre. « L'eau monte vraiment rapidement. » Elle se met à genoux et longe les pentes en béton qui bordent le passage inondé, non sans perdre pied quelques fois. Si je tombe là-dedans, c'est sûr que je suis aspirée avec mon équipement. Sofia Bergeron-Tadlaoui, policière du SPVM La policière atteint la sortie du passage. Le véhicule est là. À son bord, un conducteur est en état de choc. Son regard est vide, il peine à parler. L'eau a déjà atteint la hauteur des vitres. C'est une question de minutes avant qu'elle n'atteigne le toit. Elle se glisse dans l'eau. « La seule chose que je veux, c'est sauver la personne », raconte Sofia Bergeron-Tadlaoui. Courage et humilité Le collègue de Sofia Bergeron-Tadlaoui la rejoint à côté du véhicule. À ce stade, impossible d'ouvrir les portières : « Mon collègue essaie de défoncer la fenêtre avec son bâton [télescopique]. » Leur sergent, dépêché sur les lieux, leur fait signe : il a sur lui un autre outil capable de briser la vitre. L'agente court chercher l'objet. « Pendant ce temps-là, mon collègue a réussi à ouvrir la porte arrière. » Ils parviennent à extirper l'homme de plus de 80 ans par cette porte, et le ramènent près du terre-plein qui borde l'autoroute. Le sergent et un employé municipal prennent ensuite le relais. Le conducteur a été traité pour un choc nerveux, mais il va bien. Sans l'intervention de l'agente Sofia Bergeron-Tadlaoui, il aurait toutefois pu y laisser sa peau. « Quand ils sont arrivés, il était moins une », nous dit Martin Bélair. Le sergent du SPVM a assisté ses agents du poste de quartier d'Ahuntsic-Cartierville dans leur intervention du 13 juillet. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE L'agente Sofia Bergeron-Tadlaoui et son sergent, Martin Bélair, qui travaillent tous deux au poste de quartier d'Ahuntsic-Cartierville À ses côtés, en uniforme, Sofia Bergeron-Tadlaoui hésite à s'accorder du mérite pour son intervention. La jeune patrouilleuse – qui voulait devenir policière pour « faire la différence » dans la vie des gens – accueille avec humilité l'avalanche de félicitations que son collègue et elle ont reçues sur les réseaux sociaux. Elle a seulement l'impression d'avoir accompli sa mission. « Oui, elle a fait sa job, mais c'est la rapidité d'intervention qui a fait la différence », affirme le sergent Martin Bélair. Il souligne aussi le travail d'équipe des policiers du poste de quartier 10. « Tu diras que je suis fier de ma police », ajoute-t-il. Et il n'est pas le seul. Sur LinkedIn, mardi, le directeur du SPVM, Fady Dagher, a tenu à saluer l'humanité des policiers impliqués dans l'opération. « Ce qu'ils ont accompli dépasse largement le cadre de leur devoir. Ils ont agi avec courage, lucidité et une profonde bienveillance, dans un moment où chaque seconde comptait. Grâce à eux, une vie a été sauvée. »