
« Quand les policiers sont arrivés, il était moins une »
« Quand les policiers sont arrivés, il était moins une »
Dimanche après-midi, il pleut à torrents sur Montréal. Au volant de sa voiture, un homme âgé est en détresse. Son véhicule est pris sous un viaduc et l'eau monte rapidement. Il ne peut rien faire.
À quelques mètres de là, Sofia Bergeron-Tadlaoui est seule dans sa voiture de patrouille. La jeune policière n'a que cinq mois d'expérience au Service de police de la Ville de Montréal.
Sous l'orage, elle s'est portée volontaire pour bloquer la rue De Salaberry, juste avant le passage qui mène sous le viaduc de l'autoroute 15. L'endroit, en réparation, est régulièrement sujet à des refoulements d'égout lors de fortes pluies.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Sofia Bergeron-Tadlaoui, jeune policière du SPVM
Soudain, un véhicule s'arrête. Un citoyen alarmé pense avoir vu une voiture dans une situation critique, de l'autre côté du passage. « [À ce moment-là], dans mon champ de vision, je ne vois aucun véhicule. »
Malgré tout, elle n'attend pas. L'uniforme déjà trempé par la pluie battante, elle quitte sa voiture et court jusqu'au viaduc. « S'il y a quelqu'un, il faut que j'aille lui porter assistance. »
Les ondes radio sont bloquées par les appels qui entrent de partout. Elle finit par joindre un collègue, stationné à l'autre bout du passage inondé, pour lui demander de l'aide.
PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM
La voiture submergée, après l'intervention policière
Il y a trop d'eau pour s'avancer sur la chaussée, mais il n'y a pas de temps à perdre. « L'eau monte vraiment rapidement. » Elle se met à genoux et longe les pentes en béton qui bordent le passage inondé, non sans perdre pied quelques fois.
Si je tombe là-dedans, c'est sûr que je suis aspirée avec mon équipement.
Sofia Bergeron-Tadlaoui, policière du SPVM
La policière atteint la sortie du passage. Le véhicule est là. À son bord, un conducteur est en état de choc. Son regard est vide, il peine à parler.
L'eau a déjà atteint la hauteur des vitres. C'est une question de minutes avant qu'elle n'atteigne le toit. Elle se glisse dans l'eau. « La seule chose que je veux, c'est sauver la personne », raconte Sofia Bergeron-Tadlaoui.
Courage et humilité
Le collègue de Sofia Bergeron-Tadlaoui la rejoint à côté du véhicule. À ce stade, impossible d'ouvrir les portières : « Mon collègue essaie de défoncer la fenêtre avec son bâton [télescopique]. » Leur sergent, dépêché sur les lieux, leur fait signe : il a sur lui un autre outil capable de briser la vitre.
L'agente court chercher l'objet. « Pendant ce temps-là, mon collègue a réussi à ouvrir la porte arrière. » Ils parviennent à extirper l'homme de plus de 80 ans par cette porte, et le ramènent près du terre-plein qui borde l'autoroute. Le sergent et un employé municipal prennent ensuite le relais.
Le conducteur a été traité pour un choc nerveux, mais il va bien. Sans l'intervention de l'agente Sofia Bergeron-Tadlaoui, il aurait toutefois pu y laisser sa peau.
« Quand ils sont arrivés, il était moins une », nous dit Martin Bélair. Le sergent du SPVM a assisté ses agents du poste de quartier d'Ahuntsic-Cartierville dans leur intervention du 13 juillet.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
L'agente Sofia Bergeron-Tadlaoui et son sergent, Martin Bélair, qui travaillent tous deux au poste de quartier d'Ahuntsic-Cartierville
À ses côtés, en uniforme, Sofia Bergeron-Tadlaoui hésite à s'accorder du mérite pour son intervention. La jeune patrouilleuse – qui voulait devenir policière pour « faire la différence » dans la vie des gens – accueille avec humilité l'avalanche de félicitations que son collègue et elle ont reçues sur les réseaux sociaux. Elle a seulement l'impression d'avoir accompli sa mission.
« Oui, elle a fait sa job, mais c'est la rapidité d'intervention qui a fait la différence », affirme le sergent Martin Bélair. Il souligne aussi le travail d'équipe des policiers du poste de quartier 10. « Tu diras que je suis fier de ma police », ajoute-t-il.
Et il n'est pas le seul. Sur LinkedIn, mardi, le directeur du SPVM, Fady Dagher, a tenu à saluer l'humanité des policiers impliqués dans l'opération. « Ce qu'ils ont accompli dépasse largement le cadre de leur devoir. Ils ont agi avec courage, lucidité et une profonde bienveillance, dans un moment où chaque seconde comptait. Grâce à eux, une vie a été sauvée. »
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
an hour ago
- La Presse
Québec débloque 275 millions
Le gouvernement Legault débloque 275 millions pour faire avancer son projet de troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis. Au total, le chantier pourrait coûter près de 10 milliards. La semaine dernière, la ministre des Transports Geneviève Guilbault disait avoir besoin de ces sommes pour poursuivre le projet. Elle a obtenu l'accord de ses collègues du conseil des ministres juste avant le début des vacances estivales. Dans son mémoire, le ministère des Transports estimait que la mouture la plus récente du projet doit coûter entre 5,3 et 9,3 milliards, un montant qui n'inclut pas les études environnementales, les achats de terrains ou les expropriations. La facture finale sera donc plus importante. Le projet consiste à construire une autoroute en tranchée du côté de Lévis, qui deviendra un pont, puis un tunnel traversant la haute ville de Québec. Le scénario le moins coûteux serait ensuite de traverser avec une nouvelle autoroute le quartier Saint-Sauveur, pour atterrir sur le boulevard Pierre-Bertrand. Il coûterait entre 5,3 milliards et 8,2 milliards. Un deuxième scénario, oscillant entre 7,1 milliards et 9,3 milliards, nécessiterait un tunnel de près de 4 kilomètres, puis des ouvrages pour se connecter sur l'autoroute Robert-Bourassa. La CAQ a longtemps tergiversé au sujet du troisième lien. Après le tunnel le plus large au monde, le bitube, le tunnel de transport collectif et l'idée d'un pont à l'est, le pont-tunnel est la mouture la plus récente. Mais certains partisans, comme le maire de Lévis Gilles Lehouillier, se demandent déjà pourquoi, l'option du pont à l'est a été écartée pour des raisons budgétaires alors que le montant prévu était semblable. Du côté du gouvernement Legault, on insiste pour dire que les 275 millions ne sont pas « une nouvelle dépense », et que ce montant « est inscrit depuis 2019 au Plan québécois des infrastructures ». L'accélération des dépenses entourant le projet de troisième lien a également une portée politique. La ministre Guilbault martèle qu'elle souhaite rendre le projet irréversible, et prendre des mesures pour le « protéger », afin qu'il se construise, peu importe le résultat des élections générales de 2026. Si un autre parti politique forme le gouvernement et met fin au projet, il s'exposera « à des pénalités importantes », a prévenu la ministre en juin. Avec la collaboration d'Henri Ouellette-Vézina, La Presse


La Presse
an hour ago
- La Presse
À l'ère de la sécurité défense
Selon la volonté du gouvernement canadien, le secteur sécurité défense va être au cœur de multiples initiatives industrielles au cours des dix prochaines années lorsque les dépenses liées à la défense vont exploser pour représenter 5 % du PIB canadien, contre 2 % actuellement. Des entreprises de haut niveau et de secteurs d'activités différents vont profiter de ce nouvel environnement davantage axé sur la sécurité. C'est le cas notamment de l'entreprise Genetec de Saint-Laurent, qui est le plus important concepteur et fournisseur de logiciels de vidéosurveillance et de solutions de sécurité au monde qui sont utilisés par plus de 42 500 clients dans 159 pays. L'entreprise emploie plus de 2150 spécialistes dans 20 pays et en recense plus de 1500 au Québec à son siège social de Montréal et dans ses bureaux de Sherbrooke et de Québec. Genetec compte près de 900 ingénieurs qui travaillent pour elle, dont 800 seulement au Québec. « On est en recrutement de 100 ingénieurs additionnels, dont une quarantaine pour nos centres québécois », m'explique Christian Morin, chef de la sécurité et vice-président ingénierie. Genetec enregistre depuis 20 ans, année après année, une croissance annuelle de plus de 30 %. Depuis 5 ans, elle a augmenté ses effectifs mondiaux de 65 %. L'entreprise de Saint-Laurent va encore agrandir ses installations à Montréal où elle occupe de plus en plus d'espace dans l'ancien Campus Nortel qui s'étendait dans quatre grands bâtiments. Elle agrandit aussi ses bureaux au Royaume-Uni. La hausse des budgets de défense et sécurité n'aura pas beaucoup d'impact dans les activités de défense militaire, où Genetec n'est pas très présente, mis à part dans la protection des bases militaires où elle assure la vidéosurveillance. « Si on construit de nouvelles bases, ça va nous occuper, mais on est plus actifs du côté de la protection des frontières, où on n'est pas présents seulement aux postes frontaliers, mais aussi dans les aéroports, la surveillance maritime et terrestre. Et pas seulement au Canada, ailleurs dans le monde aussi », souligne Christian Morin. C'est surtout du côté des investissements dans les infrastructures critiques que l'expertise de Genetec va être mise à contribution et qu'elle pourra profiter des investissements majeurs qu'Ottawa compte réaliser. Déjà, Genetec réalise 40 % de ses revenus dans le secteur industriel où elle assure la protection de grands projets dans le secteur de l'énergie, du transport ferroviaire, des aéroports, des ports… « Si on construit une nouvelle ligne ferroviaire, un nouveau pipeline, de nouveaux barrages, notre expertise en sécurité va servir », anticipe Christian Morin. Genetec ne réalise que 3 % de ses revenus annuels au Québec. Le chef de la sécurité de Genetec n'a pas caché son contentement lorsque je lui ai demandé de commenter la décision de la ministre Mélanie Joly qui a ordonné il y a trois semaines la fermeture des établissements canadiens de la firme chinoise Hikvision, qui fait aussi des systèmes de vidéosurveillance. Il était temps que le gouvernement intervienne. C'était carrément une menace à la souveraineté canadienne. Christian Morin, chef de la sécurité et vice-président ingénierie de Genetec, au sujet de la firme Hikvision « Ils avaient embauché plusieurs ex-employés de Genetec, dit-il, c'est une organisation qui a plein de sous-marques qui collectent des informations partout dans le monde. » Budgets et dépenses en hausse Le budget militaire canadien, qui devait s'élever à 53,4 milliards en 2025, a été bonifié de 9,3 milliards en juin dernier, lorsque Mark Carney a décidé que le Canada devait atteindre dès cette année l'objectif demandé depuis longtemps par l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, soit que les dépenses en défense des pays membres de l'OTAN représentent 2 % de leur PIB. C'est en 2014, au lendemain de l'annexion de la Crimée par la Russie, que les chefs des gouvernements de l'OTAN se sont entendus pour consacrer chacun 2 % de leur PIB aux dépenses militaires, mais le Canada n'a jamais réussi à se rapprocher de cette cible, repoussant toujours à plus tard la faisabilité de son engagement. Mark Carney a décidé de donner un coup en 2025 en sachant que l'OTAN allait demander un effort supplémentaire en vue de porter à 5 % la part du PIB des pays qui devra être consacrée aux dépenses liées à la défense et à la sécurité. Le budget canadien de la défense pourrait passer alors de 62,7 milliards en 2025 à plus de 150 milliards en 2035. L'OTAN souhaite que les pays affectent 3,5 % de leur PIB à des dépenses liées à la sécurité et à la défense comme telles, mais consent à ce que 1,5 % du PIB des pays soit consacré à des investissements dans le but notamment « de protéger leurs infrastructures critiques, de défendre leurs réseaux, d'assurer la préparation du secteur civil et la résilience, de libérer le potentiel d'innovation et de renforcer leur base industrielle de défense », précise le document de l'Alliance qui explique comment elle a établi sa base de financement. C'est cette voie particulière qui semble la plus porteuse pour les entreprises québécoises qui ne sont pas nécessairement dans le secteur de la sécurité et de la défense, mais qui espèrent tout de même profiter un peu des investissements massifs que le gouvernement fédéral va réaliser au cours des prochaines années.


La Presse
2 hours ago
- La Presse
L'homme ayant détourné un avion accusé de terrorisme
Les policiers lors de l'intervention à l'aéroport international de Vancouver (Vancouver) Un homme accusé d'avoir détourné un avion léger à l'aéroport international de Victoria et de l'avoir conduit à Vancouver avait un « motif idéologique de perturber l'espace aérien » et a pris le contrôle de l'appareil après avoir menacé un instructeur de vol, a affirmé la GRC mercredi. Darryl Greer et Chuck Chiang La Presse Canadienne Une porte-parole du Service des poursuites pénales du Canada a déclaré qu'une accusation de détournement d'avion avait été déposée à Richmond, en Colombie-Britannique, constituant une « activité terroriste » et une « infraction terroriste » en vertu de deux articles du Code criminel. La GRC a indiqué que Shaheer Cassim, 39 ans, comparaîtra en cour mardi prochain. Un homme portant le même nom est un ancien pilote de ligne commerciale basé à Victoria, qui a déjà été impliqué dans le militantisme climatique. Des photos de cet homme publiées sur les réseaux sociaux ressemblent à la personne arrêtée sur la piste de l'aéroport international de Vancouver (YVR). Les atterrissages à l'aéroport international de Vancouver (YVR) ont été interrompus pendant plus d'une demi-heure mardi après-midi, le Cessna 172 tournant à basse altitude dans l'espace aérien au-dessus de l'aéroport. En 2012, Cassim a tenu une conférence de presse à Victoria au début d'une randonnée cycliste à travers le pays pour sensibiliser au réchauffement climatique. Il a affirmé à l'époque qu'il était pilote commercial. Il travaillait pour KD Air, une compagnie aérienne aujourd'hui disparue, basée à Qualicum Beach, sur l'île de Vancouver. Un homme « intelligent » Les anciens propriétaires, Lars et Diana Banke, ont vendu la compagnie aérienne il y a des années. Ils ont déclaré lors d'une entrevue que Cassim était l'un des pilotes les plus intelligents et les meilleurs qu'ils aient jamais eus, mais qu'il croyait que la fin du monde était proche. Lars Banke a estimé que Cassim avait travaillé pour KD Air pendant « un peu plus d'un an ». « C'était un bon pilote », a souligné M. Banke, ajoutant qu'il avait vaguement entendu parler du détournement d'avion après avoir vu une vidéo sur YouTube. « Il était vraiment, vraiment intelligent, a-t-il raconté. Son intelligence était problématique. » M. Banke a déclaré que Cassim s'ennuyait et avait quitté son poste de pilote pour étudier la médecine. Le couple le décrivait comme une personne attentionnée, mais ils ne le connaissaient pas comme étant religieux. Lars Banke l'a décrit comme un homme qui « se soucie de la planète ». « Ce n'est en aucun cas une personne mauvaise, de toute façon. Il allait être médecin… puis agriculteur, car il pensait que la fin du monde était proche. Il n'était donc peut-être pas très stable », a-t-elle ajouté. Le couple a déclaré avoir eu des nouvelles de Cassim il y a environ deux ans, après avoir reçu un appel téléphonique concernant une éventuelle visite, mais sans succès, et n'avoir plus eu de ses nouvelles depuis. Le Cessna au cœur de l'incident de mardi avait décollé peu avant 13 h de l'aéroport de Victoria, et l'appareil était exploité par le Victoria Flying Club, selon un porte-parole. Le radar de vol montre qu'il a volé directement vers l'aéroport de Vancouver avant de tourner en rond pendant environ 25 minutes. La police a déclaré que l'avion avait atterri à YVR vers 13 h 45. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent un essaim de véhicules de police se rapprochant de l'avion au sol, avant que le pilote barbu n'émerge et ne recule vers les agents qui braquaient leurs armes sur lui. Le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) affirme avoir dépêché des chasseurs F-15 en face à cet incident qui a perturbé les opérations à l'aéroport international de Vancouver mardi. Un geste de protestation ? Une porte-parole du NORAD a indiqué que des chasseurs F-18 supplémentaires étaient également prêts à intervenir, mais que l'avion recherché est atterri avant le déploiement de ces appareils. La porte-parole du NORAD a confirmé mercredi que « le pilote civil a posé son avion avant que les chasseurs ne l'interceptent. » « Il n'y a donc pas eu d'interception en raison de l'atterrissage de l'avion », a-t-elle ajouté. Une conversation impliquant un contrôleur aérien de l'aéroport international de Vancouver suggère que le détournement pourrait avoir été motivé par « une forme de contestation ». Dans la conversation avec le contrôleur aérien, le pilote d'un avion commercial cloué au sol demande pourquoi son avion est retenu à la porte d'embarquement. Le contrôleur non identifié dans un enregistrement audio de la circulation aérienne informe le pilote d'un avion cloué au sol qu'un Cessna tourne à environ 150 mètres au-dessus de l'aéroport et que la situation pourrait durer « quelques heures ». L'appareil a finalement atterri environ 10 minutes plus tard. Le contrôleur et un pilote cloué au sol essayaient de se rappeler de la date du dernier incident de ce type, et l'un d'eux a dit « peut-être dans les années 70 ». L'aéroport international de Vancouver a indiqué que les vols fonctionnaient normalement plus tard mardi après-midi, après une attente au sol de 39 minutes pour les arrivées. Le contrôle aérien de Vancouver avait mentionné peu après 13 h la présence d'un « avion-voyou » (« rogue aircraft » en anglais), demandant aux aéronefs à proximité de surveiller le Cessna 172 et d'informer les contrôleurs de toute nécessité de manœuvre. Le Victoria Flying Club a indiqué qu'aucun autre détail ne pouvait être divulgué en raison de l'enquête « et que de nombreux facteurs étaient encore en cours d'évaluation ».