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«On a fait ça en face du Père-Lachaise» : les coulisses de la folle Une de Paris-Match avec Thierry Ardisson dans un cercueil
«On a fait ça en face du Père-Lachaise» : les coulisses de la folle Une de Paris-Match avec Thierry Ardisson dans un cercueil

Le Figaro

time7 hours ago

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«On a fait ça en face du Père-Lachaise» : les coulisses de la folle Une de Paris-Match avec Thierry Ardisson dans un cercueil

Invité de l'émission «Ardisson, l'homme en noir : l'hommage» sur France 2, ce mardi 15 juillet, Jérôme Béglé, directeur général du magazine a raconté les détails d'un shooting hors du commun, aux pompes funèbres. Ultime provocation pour celui qui était le maître en la matière. Thierry Ardisson avait tout choisi pour sa mort, y compris la photo de couverture du magazine Paris-Match pour illustrer son décès. «Le jour où je sentirai la fin approcher, je déciderai de tous les détails pour mon enterrement», avait exprimé l'animateur dans une interview accordée au Parisien. Effectivement, l'homme de télévision n'a rien laissé au hasard. À l'occasion de l'émission «Ardisson, l'homme en noir : l'hommage», diffusée en direct sur France 2 ce mardi 15 juillet au soir, Jérôme Béglé, directeur général de Paris Match s'est exprimé sur cette Une, parue ce mercredi 16 juillet, au lendemain de l'émission. Publicité Stéphane Bern, présentateur de la soirée, avait lancé le journaliste sur ce sujet : «Il y a une photo qui va faire parler Jérôme Béglé, c'est celle qui est en couverture de Paris-Match», a déclaré l'animateur. Le PDG du magazine s'est expliqué : «Sur cette photo, on est en 2005. Thierry vient de sortir 'Confessions d'un baby-boomer', sa première autobiographie écrite avec Philippe Kieffer. On parle d'une photo, il me dit : 'Ce serait marrant de faire une photo de moi dans un cercueil'», a relaté le journaliste avant de poursuivre. «Ni une, ni deux, on est allé repérer avec le photographe Hubert Fanthomme. On a fait cette photo dans une chambre mortuaire en face du Père-Lachaise. Ça a duré une heure. Il y avait une femme des pompes funèbres qui nous disait évidemment comment il fallait se tenir, comment on est dans un cercueil. Il était tellement bien dans le cercueil qu'il s'est endormi !», a alors affirmé le PDG, provocant l'hilarité de ses camarades. À lire aussi Thierry Ardisson : la date et le lieu de ses obsèques dévoilés Un moment plaisant pour Thierry Ardisson selon le récit que fait Paris Match des coulisses de la photo : «C'est un peu étroit tout de même. Mais c'est confortable. Comment faut-il que je me tienne ?», avait-il dit à l'employée des pompes funèbres. « On ne doit pas avoir l'occasion de vous le dire, mais je vous l'affirme, il est très agréable votre cercueil ». L'occasion pour Jérôme Béglé de respecter l'une des volontés de Thierry Ardisson. «Quand je mourrai, cette photo, il faut qu'elle fasse la Une de Match», avait confié «l'homme en noir» au journaliste, allant même jusqu'à ajouter : «Je crois que c'est la photo préférée que j'ai faite avec toi». Un cliché choisi pour la couverture du magazine qui était évident pour la rédaction : «Lundi, quand on a bouclé le journal, on s'est dit : 'Qu'est-ce qu'il y a comme plus belle photo pour lui rendre hommage ?' Et bien Thierry, c'était ça ! C'était Thierry Ardisson dans sa provocation, dans son intelligence aussi, dans son courage. Parce qu'il fallait être intelligent, courageux, cultivé pour savoir ce que c'était que la mort, pour jouer avec cette idée et la faire. Donc Thierry, si tu nous regardes et je sais que tu nous regardes, on a tenu parole. 20 ans après, cette photo elle fait la couv' de Match, et je pense que tu en seras très fier», a expliqué celui qui a aussi été directeur adjoint du Figaro, avec beaucoup d'émotion. À lire aussi «Chers amis, chers ennemis» : le faire-part drôle et décalé des obsèques de Thierry Ardisson Publicité L'obsession de la mort Thierry Ardisson a toujours vécu avec l'idée de la mort. Il avoue notamment dans son autobiographie avoir fait une tentative de suicide à 20 ans. «C'est quelqu'un qui a beaucoup malmené son corps, son foie, qui a pris des substances illicites, on peut le dire il en a toujours parlé. Il a frôlé la mort. Il vivait avec cette idée profondément enfouie en lui. C'est une photo qui montre ça. Dans toute sa vie, dans toute son œuvre, dans tous ses livres, il y a la mort» conclut Jérôme Béglé à propos de celui qui fut son ami.

Thomas Moralès : «Après la mort de Thierry Ardisson, la télé s'habille en noir»
Thomas Moralès : «Après la mort de Thierry Ardisson, la télé s'habille en noir»

Le Figaro

time2 days ago

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Thomas Moralès : «Après la mort de Thierry Ardisson, la télé s'habille en noir»

FIGAROVOX/TRIBUNE - L'écrivain Thomas Morales évoque l'«étrange Monsieur Ardisson», entre fascination pour la provocation et héritage d'une pop culture déjantée, l'animateur aura été, selon lui, l'un des derniers spasmes d'une liberté d'expression en voie de disparition à la télévision. Thomas Morales est écrivain. Il est notamment l'auteur de Tendre est la province (Les Équateurs, 2024). À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié L'homme en noir avait créé un style. C'est peu, et beaucoup à la fois. Une patte télévisuelle. Une narration totalement reformatée de l'interview, entre mise en scène et climax, entre érotisme feint et confessions, entre blagues potaches et vieilles dentelles. Hors du cadre de la promo habituelle, il avait réinventé un genre. En rupture, d'une efficacité commerciale redoutable et d'une démagogie rieuse. Toujours sur le fil. Cette provocation maîtrisée fut aussi, avouons-le, le dernier spasme d'une liberté d'expression en voie de disparition. Après lui, la télé ennuya par tant de sermons et de prudences assassines. Son double-jeu anima, enchanta même nos samedis soir par ses éclats et ses ruses. Il était futé, il connaissait nos faiblesses de téléspectateur, l'attrait pour le scandale et les exhibitions. Publicité L'homme en noir ne s'aimait pas physiquement et il passa sa vie à l'antenne. Il s'habillait pour se cacher et on ne voyait que lui. Il n'était pas à un paradoxe près. Boomer au comportement ombrageux, il aurait voulu être écrivain ou cinéaste, rock star ou artiste maudit, il restera pour toujours l'animateur de notre jeunesse en fuite. Des descentes de police aux salons littéraires, du 93, faubourg Saint-Honoré aux lunettes noires, de Paris Dernière à Rive Droite, il nous ouvrait la porte des boîtes de nuit et des appartements de l'entre-soi. Il avait le génie du m'as-tu vu et de l'esclandre carnavalesque. On était à la fête. Au Luna Park. Il ne reculait devant aucune mascarade. Il coupait, montait, dialoguait ses émissions comme l'artisan bourrelier façonne le cuir. La télé était un jeu de miroirs, nous étions ses complices. Il achetait des voitures anciennes et n'avait pas le permis de conduire. Il était né dans la Creuse et passa sa jeunesse au soleil du Midi. Thierry Ardisson savait faire parler de lui mieux que les autres. Romanesque et roublard, il a créé son propre personnage à son image fantasmée. Il était, à bien des égards, l'archétype savoureux de son époque. L'enfant ambitieux des Trente Glorieuses qui se jeta, à corps perdu, dans les paradis illicites, les métiers clinquants, les fêtes sans fin et la « pop culture ». Sa génération est accusée de tous les maux, elle longe les murs. Ils auraient été « coupables » d'avoir trop profité, d'avoir érigé l'individualisme hédoniste en religion d'état et d'avoir abattu les anciennes structures du pays. Ne les caricaturons pas ! Ils ont été les gentils agents perturbateurs du système ; des anars de droite résilients quand la télé commença à se frigorifier sur le plan des idées. Ils n'étaient pas des saints, ni des procureurs, plutôt des amuseurs inspirés par l'inconsistance de leurs contemporains. Aujourd'hui, les enfants de la télé ont pourtant perdu leur père tentateur, un jésuitisme de la boule à facettes. Parce qu'avec Ardisson, en trente ans, on en a vu des dingueries, des séquences mémorables que l'on se racontait le lundi dans les cours de récréation, des futilités qui ne s'oublient pas Les hommes célèbres sont des leurres ; cachottiers, ils nous montrent seulement ce qu'ils ont décidé d'exposer au grand public. Ardisson, secret, pudique à l'excès, un autre de ses paradoxes, toujours sur ses gardes, avait tous les tics et les tocs des années 1980. Ce pubard du Palace avait pressenti que son avenir se dessinerait dans la lucarne. Dans les marges. C'est là qu'il fera fortune, la littérature payait trop mal, il s'y était essayé non sans talent, mais il préférait les autoroutes du succès aux chemins chaotiques des créateurs sous pentes. Il avait besoin d'espace, de grands cottages en Normandie et de hauteur sous plafond. Son monarchisme d'atmosphère et son cabriolet Peugeot 404 prouvaient qu'il n'avait pas totalement rompu les ponts avec le passé. Contrairement à tous les présentateurs du présent, shootés à l'actualité, Ardisson ne pouvait s'empêcher de regarder dans le rétroviseur. Il ne vénérait personne, surtout pas les gens de son métier, mais face aux artistes, aux vrais, notamment aux écrivains, son œil ne trompait pas. Il n'était pas indifférent à leur déglingue flamboyante. Alors, on peut bien évidemment sourire de cette deuxième partie de soirée en carton-pâte, certains la trouveront aujourd'hui vulgaire, déplacée, manquant d'inclusivité et de sororité. Aujourd'hui, les enfants de la télé ont pourtant perdu leur père tentateur, un jésuitisme de la boule à facettes. Parce qu'avec Ardisson, en trente ans, on en a vu des dingueries, des séquences mémorables que l'on se racontait le lundi dans les cours de récréation, des futilités qui ne s'oublient pas : Chaban aux Bains Douches, Philippe Corti aux platines, Baffie à la mitraillette, des stars du X, des américains à Paris, des actrices en lévitation, des coups de sang, un Jean d'O souverain ou une Annie Girardot à la voix ébréchée. Ardisson nous laissera des souvenirs.

« Bosser avec Ardisson, un rêve ultime » : Tom Villa, Alex Vizorek... l'émotion de ses ex-chroniqueurs
« Bosser avec Ardisson, un rêve ultime » : Tom Villa, Alex Vizorek... l'émotion de ses ex-chroniqueurs

Le Parisien

time2 days ago

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« Bosser avec Ardisson, un rêve ultime » : Tom Villa, Alex Vizorek... l'émotion de ses ex-chroniqueurs

Il a fait partie de l'aventure « Salut les Terriens ! », animé par Thierry Ardisson, décédé ce lundi à 76 ans , durant quatre saisons, entre 2015 et 2019. L'humoriste Tom Villa y tenait notamment la chronique du « stagiaire ». « Ardisson, c'était toute mon adolescence, je regardais Tout le monde en parle chez mon voisin. Et puis Paris Dernière . J'avais l'impression de regarder un truc fou, totalement nouveau, un vrai truc d'adultes. Il invitait des gens hyper populaires et réussissait à faire passer de la culture, à faire découvrir des écrivains, des politiques. C'était une bonne stratégie. » « Bosser pour lui, c'était mon rêve ultime, poursuit-il. Il y en a qui rêvent de côtoyer Zidane, Pesquet... Moi, c'était Ardisson. En télé pure, c'est mon plus beau souvenir. J'ai eu la chance de vraiment le voir de l'intérieur pendant quatre ans, d'aller en montage avec lui. Rien ne sortait sans qu'il ne l'ait vu. C'est toujours difficile de rencontrer ses idoles, il y a une chance sur deux pour être déçu, moi j'ai été subjugué. Il savait te dire quand ça n'allait pas. Mais aussi te féliciter quand ça allait. » Un souvenir d'une émission en particulier ? « Il m'avait laissé un jour faire sa propre interview. J'avais joué à Ardisson face à Ardisson. Et j'avais réussi à provoquer chez lui ce fameux Oh mais comment vous savez ça ! Je lui avais parlé de la fois où il avait failli mourir en voiture, et avait eu le réflexe alors qu'il dormait à côté sa conductrice qui s'endormait aussi, de braquer le volant alors qu'il avait un camion face à eux. » Tom Villa avait encore échangé des messages avec Thierry Ardisson, « la semaine dernière ». « Il me disait qu'Audrey (Crespo-Mara, sa compagne) s'occupait bien de lui. » « C'est tout un morceau de télévision. » L'humoriste belge Alex Vizorek a tenu une chronique pendant deux saisons dans l'émission « Salut les Terriens ! ». « Ardisson, c'est le summum de la télé que j'avais aimé, gosse. Et c'est la meilleure place pour un humoriste, c'est celui qui nous mettait le mieux en valeur. » En 2017, Alex Vizorek, alors au micro à la radio sur France Inter, avait ainsi remplacé Stéphane Guillon sur C8. « Je crois qu'il était content d'avoir un Interiste dans son équipe. En fait, ça l'amusait d'avoir des gens différents de lui. Quand je faisais des blagues un peu rêches , il adorait. Il me disait Celle-là, tu la fais pas pour Inter, tu la gardes pour moi ! » Sur le plateau de « Salut les Terriens ! », Vizorek a vu défiler de nombreux invités. « Je me souviens notamment de Pierre Arditi qui passe toute ma chronique à dire Oh mais c'est consternant (rires). Mais en fait, c'était Ardisson, la vraie vedette. Il tenait tellement son plateau. Quand il disait Maintenant, on écoute Vizo , personne ne mouftait ! C'était le roi en son royaume. » « C'était un mathématicien, il avait le souci du moindre détail, il gérait le montage, coupait les 10% de blagues qui tombaient à côté. Alors quand il a dit On met Vizo à la fin, les gens partent pas avant qu'il parle , j'étais tellement fier. » Le chroniqueur prenait des nouvelles par texto à son ancien chef à chaque buzz. « Il me répondait avec son smiley lunettes noires : T'inquiète, Vizo, je gère toujours ! Malgré son âge et la réussite de sa carrière, il voulait encore créer, lancer des idées neuves, comme un newcomer (nouveau venu). »

Mort de Thierry Ardisson : l'homme en noir s'est éteint
Mort de Thierry Ardisson : l'homme en noir s'est éteint

Le Parisien

time3 days ago

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Mort de Thierry Ardisson : l'homme en noir s'est éteint

On a tous notre Ardisson , pas souvent le même. L'apôtre de « Double jeu », titre d'une de ses émissions, pas la plus célèbre ni la plus durable, mais qui disait parfaitement son côté Docteur Jekyll & Mister Hyde, chaleureux ou cassant à l'écran, orateur et ricaneur , abritait plusieurs personnalités, ou mille facettes d'une figure complexe. L'homme en noir avait ses zones d'ombre. Disparu à 76 ans, terrassé par l'un de ces crabes dont personne ne revient, et qui a su, peut-être contre toute attente, bien vieillir à l'écran, se bonifier, se réinventer, des années 1980 aux années 2010. Salut le Terrien ! « Pomme Q », comme il disait à la fin de chaque « Rive droite rive gauche », quitter l'application comme un ciao, comme on éteint l'ordi. Écran noir pour l'homme en noir. Il n'avait plus de batterie. Avec lui, on a bien ri. Tout le monde en parle, mais nous n'aimions pas tous le même homme en noir, sa signature visuelle. Pour certains c'était « Rive droite rive gauche », l'émission culturelle quotidienne de son grand retour et surtout sa conversion -relative, provisoire, mais impressionnante- à la bienveillance et à un certain classicisme cultivé, zen, à la fin des années 1990, sur Paris Première, pionnière du câble, avec ses piles de fiches sur l'actualité culturelle. Pour d'autres, il restera à jamais le taulier de « Tout le monde en parle », sur France 2 de 1998 à 2006, tous les samedis soir, son bâton de maréchal. Il y fit même sa campagne de Russie en interviewant en 2001 Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l'Union soviétique . C'était fou ces samedis soirs où un ex-roi du monde devait répondre à une « Ardiview » sur la manière dont il souhaiterait mourir, où l'ancien Premier ministre Michel Rocard n'éludait pas la question « Sucer c'est tromper ? ». Mais s'il jouait ce jeu dangereux de la confusion des genres, du politique, du people et du graveleux, de l'« infotainment » dont Ardisson a été l'un des inventeurs, c'est parce que l'animateur le laissait aussi débattre sur mai 1968 ou les deux gauches. « Tout le monde en parle » avait ses habitués, comme Fabrice Luchini, et ses happenings à mourir de rire , ses jingles, « Magnéto Serge », cette façon de nous faire passer du samedi au dimanche autour de minuit dans une effusion de fiesta même si vous étiez tout seul sur votre canapé. Pour d'autres encore, le vrai Ardisson ne sera jamais dépassé par celui des débuts, de « Lunettes noires pour nuits blanches », ovni qui atterrit sur Antenne 2 en 1988, dans une ambiance de boîte de nuit branchée, mais hyperaccessible, cash, comme si on vivait par procuration l'ambiance Bains douches, lui qui anima aussi « Bains de minuit » sur la Cinq. Derrière ou sans ses lunettes noires, l'animateur se fait marionnettiste qui tire les ficelles sans même apparaître parfois, comme ses « blind test » où il demande à un Serge Gainsbourg pour une fois attendri de passer la toute jeune Béatrice Dalle au questionnaire de Proust. C'était ça les interviews d'Ardisson : créer, avec l'amusement d'un jeu de la vérité, un climat où tout peut se dire. « Autos-interviews », « blind tests » et « Questions cons », il connaît la musique. Il connaît tout le monde. Il tutoie, casse les codes, casse la baraque. La connivence, il la joue à fond, mais férocement et parfois aux dépens de l'invité : Yannick Noah s'y laissera avoir. Le champion de tennis répond aux questions musclées de « Descentes de police », un des premiers concepts à succès d'Ardisson dans le magazine Rock & Folk en 1980, et plus tard sa première émission, adaptée brièvement sur TF 1 en 1985 avant de quitter l'antenne en raison de sa brutalité. Le futur vainqueur de Roland-Garros balance que « des joueurs chargés, il en voit dans tous les tournois ». Il donne même des noms. Scandale. Le joueur dément, l'intervieweur décolle. Il s'est fait un nom. On l'aimait ou pas, ou les deux, mais il allait très loin, sur la deuxième chaîne du service public, sous le masque de l'humour, du cynisme et de la franchise. Ce n'est pas toujours drôle à revoir aujourd'hui, demander sur le ton de la déconnade à Gainsbourg quel nazi il serait, et s'il a un vice, pédéraste ou zoophile… Mais quelle somptueuse idée de mise en scène que l'auto interview de Gainsbourg par Gainsbarre. Il le refera avec d'autres, dans « Double jeu », son émission sur France 2 de 1991 à 1993. C'était un chercheur, du genre qui aurait tué père et mère pour un bon mot. Thierry Ardisson, « monarchiste cool », disait-il, auteur de « Louis XX, contre-enquête sur la monarchie », qui lui avait valu une interview chez Bernard Pivot en 1986, aurait pu vivre au XVIIIe siècle. Il aurait tenu le plus pétillant et grinçant des salons, comme dans « Ridicule », le film de Patrice Leconte. On s'y serait adoubés ou écharpés, à coups de traits d'esprit. Toutes ses interviews viennent de cet esprit brillant de l'Ancien Régime, le royaliste en aurait souri, sa manière d'inventer des concepts pour dynamiter les convenances. Ses entretiens « à la limite » -du nom d'un de ses très nombreux questionnaires- comme face à Léa Salamé, alors jeune journaliste. Il l'adoube dans « Salut les Terriens ! » parce qu'elle a une répartie qui lui impose le respect et un sourire de connaisseur. Il était pop. On éprouve toujours un frisson en écoutant ses génériques, ses gimmicks, ses jingles, ses œillades gourmandes qui annoncent l'entrée dans l'arène. Il se passe toujours quelque chose chez Ardisson. Comme le double vainqueur du Tour de France Laurent Fignon lui avouant sur le plateau de « Salut les Terriens ! » qu'ils sont tous les deux des repentis, dopés ou drogués. Pop au point de pomper son icône Andy Warhol , dont il reprend le titre mythique de magazine, Interview, qu'il lance en France. On n'emprunte pas sans accord, et le trublion doit transformer le nom en Entrevue. Un magazine people trash avant l'heure -Ardisson le revendra-. Ce dernier, souvent visionnaire, a déjà tout compris au buzz -bad buzz aussi-, aux réseaux sociaux, au people. Il crée même dans « Double jeu » la rubrique « Info ou Intox », sur un mode potache, bien avant l'ère des « fake news » , de la post-vérité. PODCAST. Ardisson, clap de fin sur 30 ans de PAF C'est parce qu'il a tout compris que l'outsider devient central. Un « Maverick », anticonformiste absolu, « Top gun » dans sa manière de viser la cible. Pilote d'élite qui ne travaillait pas tellement pour le grand public. Pas l'homme du prime time, mais de l'after, des nuits de « Paris Dernière », autre émission culte qu'il créa sur Paris Première en écumant les lieux de la nuit, des plus petits aux plus grands, avec des séquences qui sentaient tellement le vécu. Ardisson a introduit l'underground dans le poste de Monsieur tout le monde. Nos nuits blanches à domicile. Dans son autobiographie « Confessions d'un baby-boomeur », en 2005, où l'intervieweur est interviewé par le journaliste Philippe Kieffer, il raconte sa première expérience de DJ à 17 ans, où il vit aussi une aventure homosexuelle. Il faut tout essayer, sea, sex & drugs, beaucoup de drogues surtout. Et une tentative de suicide quand il découvre que sa première femme le trompe. Il vivra trois mariages, dont le dernier, depuis plus de dix ans, avec la journaliste de TF 1 Audrey Crespo-Mara . Sa seconde épouse, Béatrice Ardisson, qui avait comme lui un talent sonore de la bande-son dont elle avait fait un métier, lui a donné trois enfants. Quel roman que la vie d'Ardisson, né d'un père ingénieur dans le BTP et d'une mère au foyer. L'homme en noir avait ses zones d'ombre. Un homme de valeurs mais aussi un plagiaire, dont le roman « Pondichéry » sera retiré de la vente après une enquête journalistique qui révéla toute une série de copier-coller, et non de « sampling » comme le prétendait l'auteur. DJ peut-être, romancier on ne peut pas passer les extraits des autres. Mais à la télé, son vrai royaume -la preuve, il échouera dans son dernier grand projet, devenir producteur de cinéma-, il ne copie personne. Et personne ne le copie car il est inimitable, indépassable dans son genre à vrai dire unique. Des dynamiteurs de télé, il en existe extrêmement peu. Ceux qui ont fait basculer le poste de son meuble, ont renversé la table pour inventer de nouvelles lois. Il avait aussi importé celles de son premier métier, publicitaire . D'abord chez les autres puis au sein de sa propre agence, Business, dans les années 1980, le jeune concepteur-rédacteur Thierry Ardisson vend ses slogans : « Vas-y Waza », « Lapeyre y en a pas deux », « Quand c'est trop c'est Tropico ». On s'en souvient encore. L'éphémère dure parfois. Le léger, c'est du lourd. La touche Ardisson. Il connaissait déjà les codes qui sont devenus les nôtres : il ne suffit pas de faire, il faut un savoir-faire, il ne suffit pas d'être ni même de paraître, il faut se vendre dans ce grand marché du XXIe siècle où tout le monde a son selfie, son blaze, son réseau, sa signature. Ardisson ne croyait pas à la spontanéité même s'il semblait la libérer à l'écran. Il a scénarisé sa vie, ses émissions, à la ligne près. Beaucoup de pointures françaises ont rêvé d'un Late Show à l'américaine, avec un animateur star et provoc, adoré et craint, rebelle et tout-puissant. Seul lui l'a réalisé un temps, sur France 2 et Canal +, et enfin C8, où « Salut les Terriens ! » creuse le sillon de « Tout le monde en parle » jusqu'à la fin des années 2010. En avril 2024, l'ancien animateur de « 93 Faubourg Saint-Honoré », ses dîners cathodiques à la chandelle, décidément ce côté « Ridicule » XVIIIe, reçoit la Légion d'honneur des mains d'Emmanuel Macron, qui loue « un personnage d'une liberté totale, provocateur et érudit ». L'écrivaine Christine Angot, dont l'animateur a plusieurs fois moqué les récits sur l'inceste dans « Tout le monde en parle », exprime son dégoût pour la récompense attribuée à l'apôtre de « l'humour-humiliation sur le service public pendant des années ». Judith Godrèche et Sara Forestier, à la pointe de #MeToo, dénoncent elles aussi cette reconnaissance qui leur rappelle de mauvais souvenirs. Il était joueur, enfantin dans sa férocité. Il inventait comme un gosse qui fait le cow-boy avec ses lunettes noires et ses airs de dur, pour qui l'interview est un duel au pistolet à eau, mais les mots à bout portant ne sont pas toujours des balles à blanc. N'empêche, comme c'est triste un écran sans Ardisson. Il est rare de se révéler aussi important en étant aussi clivant. Écran noir. S'il existe un paradis, ou même un enfer, il est déjà en train de préparer ses fiches et son concept « première interview post-mortem ».

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