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La Presse
2 days ago
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Le prochain chapitre de la tragédie haïtienne sera signé Trump
Un migrant haïtien détenu par des agents du U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE) à New York, en mai Aux États-Unis en 2025, c'est maintenant une réalité. D'ici moins de deux mois, à partir du 2 septembre prochain, 525 000 ressortissants haïtiens risquent l'expulsion vers leur pays d'origine largement contrôlé par des gangs armés. Gilles Rivard Fellow à l'Institut d'études internationales de Montréal (IEIM) de l'UQAM et ancien ambassadeur du Canada à Port-au-Prince Leur statut de résident temporaire sera révoqué bien qu'une bonne partie d'entre eux aient été accueillis aux États-Unis il y a plus de 15 ans, à la suite du tremblement de terre de 2010. Pour le département de la Sécurité intérieure des États-Unis, le retour dans leur pays n'est pas un problème puisque Haïti est jugé « sûr », selon son analyse. Au même moment, le département d'État américain déconseille aux ressortissants américains de voyager en Haïti en raison de la violence, de l'insécurité et des risques élevés de kidnapping. Cette annonce faite il y a quelques semaines est rapidement tombée dans l'oubli comme la majorité des nouvelles traitant d'Haïti d'ailleurs. On aurait pu penser que le gouvernement haïtien, par l'intermédiaire du Conseil présidentiel de transition (CPT), aurait réagi avec force et alerté la diaspora haïtienne, les organisations internationales et les pays amis. Si peu ! Les préoccupations du CPT sont malheureusement ailleurs. PHOTO CLARENS SIFFROY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE De gauche à droite : les membres du Conseil présidentiel de transition Leslie Voltaire, Edgard Leblanc Fils, Smith Augustin et le premier ministre d'Haïti, Alix Didier Fils-Aimé, en 2021 Rappelons-nous que le CPT a été mis en place avec l'appui de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et des principaux pays amis en avril 2024. On pensait bien avoir trouvé à ce moment l'approche permettant de dénouer cette crise constitutionnelle qui n'en finit plus. Erreur ! Que se passe-t-il avec le CPT 15 mois plus tard ? En lisant Le Nouvelliste, quotidien haïtien sérieux et respecté, on apprend que le CPT gère des crises internes et que trois de ses membres sont accusés de corruption par les Nations unies. Quant aux élections prévues pour février 2026, on n'en parle même pas. Pourtant, celles-ci sont la clef du rétablissement de la stabilité dans ce pays. Plein les bras Ce gouvernement intérimaire, aussi inefficace, soit-il, aurait tout intérêt à combattre avec énergie cette décision controversée des autorités américaines pour deux raisons. D'abord, le retour d'Haïtiens qui ont quitté le pays depuis des années pourrait grossir les rangs des démunis et des déplacés alors que le pays en a déjà plein les bras avec la situation actuelle. Des expulsés risquent de rejoindre les bandes armées si pour ces gens c'est le seul moyen de subsister. En second lieu, ce qui a permis à Haïti de survivre malgré toutes les épreuves et les crises qu'a connues le pays depuis plus de 40 ans, ce sont les transferts de fonds des communautés haïtiennes vivant à l'étranger. Ces transferts d'argent sont plus importants que toute l'aide internationale réunie et permettent aux familles haïtiennes de subsister dans un contexte très difficile. En 2022, ces transferts de fonds totalisaient 2,8 milliards de dollars américains : quatre fois la somme des exportations 1. L'expulsion de milliers d'Haïtiens vivant aux États-Unis avec des emplois bien rémunérés privera leurs familles en Haïti d'une bonne partie de cet argent. À partir du moment où le sort d'un demi-million d'Haïtiens n'est pas une priorité pour le Conseil présidentiel de transition, comment en faire une priorité pour la communauté internationale ? Comment se mobiliser face à cette décision inhumaine du gouvernement américain ? Et si ce n'était que cela ? Avec l'absence pour encore des années d'un président désigné à la tête d'un gouvernement légitime, cette stabilité essentielle pour faire d'Haïti un pays où l'on peut vivre n'est pas envisageable. Pendant ce temps, le pays sombre lentement mais sûrement dans le chaos. Le nombre de déplacés fuyant la violence et l'insécurité ne cesse de s'accroître. La semaine dernière, une nouvelle étape de l'autodestruction du pays a été franchie par les gangs armés avec l'incendie de l'hôtel Oloffson 2, un symbole du patrimoine architectural, de la culture et de la vie sociale du pays. Où cela s'arrêtera-t-il ? Hélas, on peut déjà écrire les prochains chapitres de cette tragédie. Les boat people se multiplieront dans la mer des Caraïbes. Les affrontements frontaliers avec la République dominicaine deviendront plus nombreux et plus violents, accroissant l'instabilité régionale. Le contingent militaire du Kenya actuellement embourbé dans le pays ne réussit à contrôler que 20 % de la capitale. Cette mission est un échec. On en arrivera à l'inévitable, soit envisager l'envoi d'une nouvelle mission des Nations unies afin de ramener une certaine stabilité en Haïti. Plusieurs de mes contacts en Haïti souhaitent que ce scénario se matérialise, et rapidement. Y a-t-il d'autres solutions ? 1. Consultez l'Étude rétrospective sur les transferts de fonds de la diaspora haïtienne 2. Lisez la chronique « Violences en Haïti : Nous n'irons plus à l'Oloffson » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


24 Heures
5 days ago
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Ce que révèle le tout premier rapport de la police des polices à Genève
L'Inspection générale des services (IGS) rend public son rapport d'activité. Le nombre d'enquêtes a augmenté de 11% en 2024. Publié aujourd'hui à 11h39 Les plaintes adressées à l'IGS portent majoritairement sur des allégations d'usage abusif de la force ou d'un moyen de contrainte. © archive tdg En bref: Face aux demandes d'associations de défense des droits de l'homme et des médias, l'Inspection générale des services (IGS) – ou police des polices – joue désormais la carte de la transparence. Pour la première fois en quinze ans d'existence, l'organe chargé des enquêtes pénales visant tous les membres du corps de police rend public son rapport d'activité . Jusqu'alors, seuls l'état-major de la police cantonal et le procureur général recevaient le document contenant, notamment, les données relatives aux violences policières et pénitentiaires. Unique en Suisse Avant d'examiner les chiffres, une mise en contexte s'impose. Car l'IGS est une exception genevoise calquée sur une pratique française. Les autres cantons helvétiques ne disposent pas d'une telle structure. L'IGS tire son origine d'une pétition de détenus de Champ-Dollon dénonçant en 2006 des violences policières. Dans la foulée, le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) suggérait au Canton de mettre sur pied un organe indépendant de contrôle avant que le conseiller d'État Laurent Moutinot ne lance la structure en 2009. De trois inspecteurs à ses débuts, l'IGS est désormais doté de quinze personnes chargées d'enquêter sur les allégations de violences policières ou pénitentiaires, mais également sur les infractions commises par les membres des corps de police dans le cadre privé. Usage abusif de la force Qu'en est-il des chiffres? L'IGS a ouvert 143 dossiers en 2024, soit 11,6% de plus que l'année précédente. Raison principale invoquée: l'usage abusif de la force ou d'un moyen de contrainte. L'an dernier, 52 cas entraient dans cette catégorie, visant en premier lieu des membres de la police cantonale (42), puis l'Office de la détention (10), mais aucun policier municipal ou membre d'un autre service. Dans ce champ, les dénonciations viennent le plus souvent de personnes interpellées, lesquelles ont indiqué avoir subi des violences dans le cadre de leur arrestation. L'utilisation des menottes, du spray au poivre, de clés de bras ou de «frappes de déstabilisation» sont à l'origine des plaintes. Source: rapport d'activité de l'Inspection générale des services 2024. LDI Corruption derrière les barreaux À noter que ces enquêtes pour usage abusif de la force peuvent être ouvertes à la suite de dénonciations directement enregistrées par l'IGS, mais également sur signalement du Ministère public. Quant aux deux décès survenus en 2024 dans les violons du vieil Hôtel de police du boulevard Carl-Vogt, ils ont donné lieu à l'ouverture d'enquêtes menées par l'IGS puis remises au Ministère public. Parmi les données de ce rapport, la plus surprenante concerne les faits de corruption. Ils sont «en forte hausse», indique l'IGS. Au vrai, sur les dix enquêtes ouvertes en 2024 (contre deux en 2022 et deux en 2023), neuf concernent des agents de l'Office cantonal de la détention suspectés d'avoir introduit de la drogue ou des téléphones portables en prison. Une de ces enquêtes est d'ailleurs à l'origine de l' arrestation d'un agent de détention , confirme le document rendu public. Peu de condamnations Enfin, l'exercice de transparence éclaire sur l'issue des procédures pénales transmises au Parquet à la suite d'une enquête de l'IGS. Il apparaît en effet que le nombre de condamnations est très faible. Pour saisir le phénomène, il s'agit d'examiner les données des années 2021 et 2022 (il est trop tôt pour examiner la question pour les cas datant de 2024) pour apprendre que 77% des procédures sont classées par la justice (ordonnance de non-entrée en matière ou classement). Dans son compte rendu, l'IGS fournit une explication: «Dans des enquêtes de ce type, il est parfois difficile de recueillir des éléments objectifs qui établissent avec certitude les faits. Hormis les cas où les faits sont filmés, notamment par les caméras équipant les postes de police ou par les caméras et les bodycams équipant les lieux de détention, il faut donc se contenter de versions contradictoires sur lesquelles la justice devra se baser pour rendre une décision, étant rappelé que le doute doit profiter à l'accusé.» Reste que 48 procédures ont conduit à des condamnations pénales durant ces années 2021 et 2022: 25 concernent des infractions commises dans le cadre privé par des policiers, des assistants de sécurité publique (ASP), des agents de détention et un fonctionnaire externe. Newsletter «La semaine genevoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Genève, chaque semaine dans votre boîte mail. Autres newsletters Luca Di Stefano est journaliste à la rubrique genevoise depuis 2013. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias (AJM), il couvre en particulier l'actualité judiciaire. Plus d'infos @LucaDiStefano10 Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.