6 days ago
La patience de Marie-Pier Houle enfin récompensée
On peut sans doute affirmer sans se tromper que même si on avait essayé, il aurait été à peu près impossible de faire perdre à Marie-Pier Houle le large sourire qu'elle affichait mardi matin.
Il faut dire que la boxeuse avait une excellente raison de se réjouir. Non seulement elle sait enfin quand elle remontera dans le ring, mais lorsqu'elle le fera, ce sera pour se battre dans un combat de championnat. Comme elle en rêvait depuis maintenant plusieurs mois.
Houle, donc, a rendez-vous avec la Portoricaine Stephanie Piniero Aquino (8-0, 2 K.-O.) le 12 septembre. Les deux femmes croiseront le fer à San Juan, à Porto Rico, et se disputeront le titre intérimaire de la WBA chez les 147 lb, division au sein de laquelle Houle continuera d'évoluer après avoir disputé ses derniers combats à 140 lb. Ce sera par ailleurs le premier duel de championnat pour Houle depuis sa défaite contre Sandy Ryan en 2023.
« Quand j'ai signé le contrat, j'ai fait : 'Ah ! On dirait que je le crois pas !' Mais je suis extrêmement soulagée. Ça fait longtemps que j'attends ça. Ça fait longtemps que je veux me battre pour un titre. […] En fait, ça fait longtemps que j'attends de me battre à nouveau, surtout. C'est l'opportunité de ma vie présentement », a lancé la pugiliste en conférence de presse, dans le gymnase de Laval où elle à l'habitude de s'entraîner.
Ça fait longtemps, en effet, et le mot est faible. Plus précisément, Houle (11-1-2, 3 K.-O.) ne s'est pas battue depuis sa victoire face à Anissa Benyoub, en novembre dernier. Une blessure et des adversaires potentielles indisponibles, notamment, l'ont gardée loin de l'arène. Et l'attente a parfois été rude pour son moral.
Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Houle est demeurée active en multipliant les séances de sparring « dans tous les camps d'entraînement de toutes les filles qui se sont battues ». Encore tout récemment, elle était à Toulouse pour agir comme partenaire de la boxeuse française Victoire Piteau. Une façon pour elle de rester en forme, mais aussi de se changer les idées.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Marie-Pier Houle
Si je ne m'entraîne pas, je deviens complètement folle. Quand mon chat me tape sur les nerfs, c'est le temps que j'aille au gym !
Marie-Pier Houle
Sauf que l'entraînement et le sparring, c'est bien, mais ce n'était pas le combat d'envergure tant recherché. Et Houle a ainsi dû continuer de ronger son frein, alors que l'avenir rapproché avait de quoi rendre pessimiste. Même son promoteur Yvon Michel, en entrevue avec La Presse au mois de mai, avait affirmé que si son équipe et elle « attendent juste après de gros combats, ils vont attendre longtemps ».
Le clan Houle n'a toutefois pas lâché. Et grâce entre autres au travail acharné du gérant de la pugiliste, Yves Lévesque, ce duel contre Aquino a pu être bouclé, permettant du même coup à bien du monde de pousser un long et nécessaire soupir de soulagement.
« J'avais dit à qui veut l'entendre avant Noël que moi, en 2025, je voulais absolument un combat de championnat pour Marie. Et c'est mission accomplie », s'est félicité Lévesque.
Ébranler la « piñata »
En Aquino, Houle retrouvera une adversaire que son camp connaît déjà plutôt bien. Son entraîneur Sébastien Gauthier a effectivement confié qu'il suivait le parcours de la « grande gauchère » depuis les rangs amateurs.
« On veut vraiment tenter de la déstabiliser, parce qu'elle a quand même une force de frappe intéressante. […] J'aimerais dire que ce sera une piñata là-bas, parce que Marie aime beaucoup les bonbons. On veut la frapper et la vider de son énergie », a-t-il illustré.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
L'entraîneur de Marie-Pier Houle, Sébastien Gauthier
Et ne vous laissez pas trop berner par la fiche immaculée de la Portoricaine, a pour sa part prévenu Yvon Michel. « Quand on regarde les adversaires [qu'Aquino] a affrontées, Marie-Pier a, de loin, affronté des adversaires beaucoup plus importantes, qualifiées et beaucoup mieux classées. On s'en va là avec beaucoup de confiance », a-t-il signalé.
De la confiance, oui, mais aussi une précieuse expérience pour Houle, d'abord acquise à la dure après sa défaite contre Ryan, puis au fil de ces mois passés hors du ring, dont elle a profité pour peaufiner certains aspects de sa boxe avec son coach.
« Quand je me suis battue contre Sandy Ryan, je savais que ce serait un gros défi, a-t-elle admis. Que j'étais encore en début de carrière, que c'était plus ou moins un combat peut-être gagné d'avance pour elle à cause de ça. J'ai travaillé extrêmement fort dans les derniers mois et les dernières années. »
« Je pense que là, je suis vraiment plus préparée, a poursuivi Houle. On a pris le temps de travailler des choses précises que je ne maîtrisais pas à ce moment-là. »
Et elle continuera bien sûr le travail au cours des prochaines semaines. Mais cette fois, Houle sait ce qui l'attend au bout de la route. Et elle a certainement l'intention de faire en sorte que la longue attente des derniers mois n'ait pas été vaine.
« Ça fait longtemps que je dis à Yvon que je veux une ceinture parce que mes pantalons sont trop grands ! Là, ils ne le sont pas encore, mais ils vont le devenir ! », a-t-elle blagué, toujours avec le même sourire.