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La Presse
30-07-2025
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Pourquoi des Québécois devront-ils voter en plein été ?
« Il ne devrait pas être si compliqué pour nos élus de s'entendre sur la meilleure façon d'assurer plus de prévisibilité pour la tenue d'élections partielles », écrit notre chroniqueur. Pourquoi des Québécois devront-ils voter en plein été ? Parce que l'actualité suscite souvent des questionnements, un chroniqueur de Dialogue en fouille un pour vous Ah, l'été au Québec ! Une saison fantastique, synonyme de plein air, de baignade, de terrasses, de festivals, de barbecues et parfois… d'élections ! Cet été, des électeurs du Centre-du-Québec vont voter lors d'une élection partielle, qui aura lieu à la mi-août dans la circonscription d'Arthabaska. Pourquoi ? Essentiellement parce que la CAQ en a décidé ainsi. Car le pouvoir de déclencher une élection partielle se trouve entre les mains du gouvernement, qui a six mois pour le faire à partir du moment où le siège d'un député se libère. Ce qui, vous vous en doutez, ne fait pas le bonheur de tous. « Pour moi, la plus grande question, c'est pourquoi on peut attendre jusqu'à six mois pour déclencher une élection partielle ? », lance, en entrevue, le député péquiste Pascal Bérubé. J'ai d'abord sollicité son avis parce que changer les règles qui encadrent la tenue des élections partielles est un des combats menés publiquement par le Parti québécois. La formation politique a d'ailleurs annoncé en janvier dernier qu'elle allait déposer un projet de loi pour que les élections partielles se tiennent dorénavant à date fixe. « Si tu envoies le message que ça peut prendre six mois avant de pourvoir le poste, c'est comme si ce n'était pas grave d'avoir six mois sans député », dit l'élu de Matane-Matapédia. « Ça pose donc aussi la question du fait d'enlever au premier ministre le pouvoir de déterminer la date selon des considérations qui sont celles de sa formation politique », ajoute-t-il. Le directeur général des élections du Québec (DGEQ) est aussi d'avis que le choix de la date des élections partielles ne devrait plus être fait de façon arbitraire. Dans un rapport paru l'an dernier, visant à actualiser la Loi électorale pour « renforcer ses principes fondamentaux », Élections Québec a offert 30 recommandations aux élus. « Tenir des élections partielles à date fixe » est l'une d'entre elles. Les élections à date fixe favorisent l'équité entre les partis politiques et les personnes candidates et facilitent l'organisation des scrutins pour Élections Québec ainsi que les démarches liées au recrutement et à la formation du personnel électoral. Julie St-Arnaud Drolet, porte-parole d'Élections Québec « Nous pourrions donc nous préparer de façon plus efficace et productive », ajoute-t-elle. Elle précise que le DGEQ recommande de tenir les futures élections partielles à deux moments dans l'année : au printemps et à l'automne. « Peut-être que ce n'est pas assez mobile, peut-être que ça en prendrait trois », dit Pascal Bérubé, qui souligne que des maires de la circonscription d'Arthabaska ont déploré les nombreux mois passés sans député provincial pour représenter leur circonscription. Il rappelle que des élus de la couronne nord de Montréal avaient émis des critiques similaires à l'époque de la tenue de l'élection partielle dans Terrebonne, qui a eu lieu le 17 mars dernier. Le poste de député s'était libéré dans cette circonscription à la suite de la démission du caquiste Pierre Fitzgibbon, le 5 septembre 2024. C'est-à-dire tout près de six mois plus tôt. Je sens naître en vous l'envie de montrer du doigt le gouvernement caquiste et de lui reprocher de privilégier le statu quo, parce que politiquement, ça fait son affaire ! Mais attendez un instant, parce que la situation est plus complexe qu'elle en a l'air. Je m'explique. Au cours du printemps, Jean-François Roberge, qui est le ministre responsable des Institutions démocratiques, a décidé de faire adopter un projet de loi pour modifier la Loi électorale. Les recommandations du DGEQ ont servi de base à cette législation (projet de loi 98). Il y a eu, par la suite, des rencontres avec des représentants de chacun des partis qui sont représentés à l'Assemblée nationale. L'idée de mettre de l'avant des élections partielles à date fixe faisait partie des discussions, ai-je appris. Or, si le projet de loi ne contenait aucune disposition à ce sujet, c'est qu'un tel changement ne faisait pas consensus autour de la table. Et le ministre Roberge souhaitait obtenir l'accord de toutes les formations politiques pour l'ensemble des articles de la législation, explique-t-on à son cabinet. « Tout ce qui a été présenté sur la table à des fins de discussion, le ministre ne s'y opposait pas », affirme son attaché de presse, William Demers. « À ma connaissance, le seul parti qui n'est pas en faveur de ça, ce n'est pas la CAQ, c'est le Parti libéral du Québec », affirme Pascal Bérubé, au sujet des élections partielles à date fixe. Au PLQ, on ne se vante pas d'avoir mis des bâtons dans les roues de l'initiative. « Notre réflexion était bel et bien en cours à ce moment et nous n'étions pas fermés ! Cette réflexion se poursuivra également avec le nouveau chef et son caucus », fait savoir une porte-parole de l'aile parlementaire de l'opposition officielle, Catherine Dostie. C'est la députée Michelle Setlakwe qui, depuis quelques jours, est la nouvelle responsable de ce dossier. Et « la question sera bientôt discutée en caucus », précise Catherine Dostie lors d'un échange par courriel. Il reste à espérer que ces discussions porteront leurs fruits. Il ne devrait pas être si compliqué pour nos élus de s'entendre sur la meilleure façon d'assurer plus de prévisibilité pour la tenue d'élections partielles. Espérons que les astres s'aligneront en ce sens… avant le déclenchement de la prochaine élection partielle. 800 000 $ Coût estimé d'une élection partielle. Ce chiffre est basé sur les coûts des trois dernières élections partielles. Plus de la moitié de cette somme, soit 475 000 $, est utilisée pour la rémunération du personnel électoral. Source : DGEQ Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


La Presse
29-07-2025
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Saint-Wenceslas : une église et ses secrets…
Le Québec compte plus de 500 municipalités avec des noms de saints ou saintes. Mais qui se souvient des personnages qui ont inspiré ces toponymes ? Dans cette série estivale, La Presse va sur les traces de cet héritage catholique. Saint-Wenceslas Année de fondation : 1864 1864 Population : 1200 1200 Point d'intérêt : Fondé par un agronome et un biologiste moléculaire, le vignoble Riparia se spécialise dans la vigne indigène du Québec. Le lieu est aussi reconnu pour l'observation des oiseaux, avec sa grande diversité d'espèces. On pourrait vous parler de la bibliothèque municipale, qui a été la première en Mauricie et au Centre-du-Québec à offrir la location d'un télescope professionnel. On pourrait parler des nombreuses fermes de la région et du fait qu'ici, c'est encore l'agriculture qui fait vivre : lait, bovins, grains et volaille, surtout. On pourrait revenir sur le projet d'éoliennes qui a causé pas mal de remous sur le plan politique et qui est toujours en veilleuse. Ou rappeler que le village compte une nouvelle station-service depuis deux ans, ce qui facilite pas mal la vie des locaux. On pourrait noter que Saint-Wenceslas a une population vieillissante, 50 % de ses 965 adultes ayant plus de 50 ans. Mais que la municipalité a pris cet enjeu à bras le corps, en proposant une foule d'activités pour les personnes âgées : marches, bingos, soupers pizza, films et contacts intergénérationnels. PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE Martine Bechtold, mairesse de Saint-Wenceslas On pourrait ajouter qu'ici, ça reste assez traditionnel. « Je vous dirais qu'on est un peu figés dans le temps, note Martine Bechtold, mairesse depuis 2021. Les familles ont trois ou quatre enfants. Les grands-parents cultivateurs s'occupent de leurs petits-enfants. Il y a beaucoup de bénévolat. C'est vraiment à l'ancienne. » Un architecte et deux sépultures Mais si on devait choisir un seul sujet pour parler de Saint-Wenceslas, ce serait probablement l'église du village, sur la route principale. D'abord parce qu'elle a été conçue par un architecte oublié, Louis Bourgeois (1856-1930). PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS L'architecte Louis Bourgeois Le bâtiment, qui date de 1892, ressemble à beaucoup d'églises de la région. Mais son concepteur, lui, est certainement digne de mention, puisqu'on lui doit aussi le temple baha'i de Wilmette, en Illinois, sorte de Taj Mahal version nord-américaine, qui se distingue clairement de l'architecture de son temps. « Un étonnant bâtiment et une étonnante carrière », résume France Vanlaethem, professeure émérite à l'École de design de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). PHOTO TIRÉE DU SITE WEB Louis Bourgeois a conçu la « Maison du culte » baha'i de Wilmette, en Illinois. L'autre raison de s'intéresser à l'église, c'est que, pendant notre visite, on apprend que deux anciens prêtres de la paroisse (Albert Désilets et Thomas Boucher) seraient inhumés sous le bâtiment. Une présence pour le moins insolite, dont il faudra tenir compte si un jour l'église devait changer de statut. Il y a quelques années, la fabrique a voulu vendre le bâtiment à la municipalité pour 1 $. Le conseil a refusé de l'acheter à cause de ces deux sépultures. « Trop de problématiques, résume Mme Bechtold. On ne veut pas débourser pour déterrer les corps sans savoir ce qu'on va trouver d'autre. Le danger est que ça devienne un site archéologique. » PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE L'église de Saint-Wenceslas La municipalité a pensé un moment utiliser des radars pour « voir à travers » le sol. Mais sans garantie de pouvoir identifier des ossements, on s'est abstenu. « Finalement, on s'est dit qu'on était peut-être mieux de laisser ça comme ça », conclut Mme Bechtold. Cette histoire laisse une drôle d'impression. On savait que les basiliques et les cathédrales européennes abritaient parfois des sépultures de rois ou de personnalités religieuses. Mais au Québec ? « C'est assez fréquent ici, répond Jocelyn Groulx, directeur général du Conseil du patrimoine religieux du Québec. Si ça fait plus de 100 ans que l'église est là, elle peut abriter des sépultures de prêtres ou de notables qui avaient été généreux avec la paroisse. » M. Groulx confirme que cette réalité vient avec ses complexités, que ce soit sur le plan archéologique ou sanitaire. Dans les cas où des corps doivent être exhumés, il faut en effet une autorisation de la Santé publique. « Ça peut occasionner des délais. On préfère souvent les garder là, quitte à couler une dalle de béton par-dessus », dit-il. PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE L'église de Saint-Wenceslas Assassiné par son frère Avec tout ça, on allait presque oublier de vous parler de notre saint du jour, dernier de cette série estivale. Un cas atypique, puisque celui-ci nous vient d'Europe de l'Est, et qu'il est relativement récent. Wenceslas était prince de Bohême (République tchèque). On le disait bon et courageux. Mais son frère, l'infâme Boleslav, jaloux et désireux de prendre sa place, le fera lâchement assassiner en 935 après Jésus-Christ, après lui avoir tendu un piège. Le pauvre Wenceslas tentera de se réfugier dans une église, mais le prêtre, de mèche avec les conspirateurs, lui en interdira l'entrée. IMAGE TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS L'assassinat de Wenceslas. Le futur saint tente d'échapper au piège que lui tend son frère. Mais au moment de se réfugier dans l'église, le prêtre ferme la porte. Malgré son nom exotique, saint Wenceslas est loin d'être un inconnu. Son martyre et de nombreuses biographies lui ont valu une réputation de vertu héroïque, qui a fini par conduire à sa canonisation. Il a été déclaré roi et saint patron de l'État tchèque à titre posthume. Il est aussi connu dans la culture anglo-saxonne, qui lui consacre une chanson de Noël, Good King Wenceslas, popularisée sur disque par Bing Crosby en 1949. Cet honneur ne surprend pas Robin Jensen, professeure au département de théologie de l'Université Notre-Dame, en Indiana. « Je pense qu'il était très généreux et gentil, et attentif aux pauvres, dit-elle. Cette histoire relève sans doute de la légende. Mais au fil des siècles, on a tellement brodé autour qu'elle est devenue une chanson de Noël. Je ne vais pas la chanter pour vous, mais je peux vous dire que c'est un Christmas carol [chant de Noël] très apprécié. » Pour la petite histoire, Saint-Wenceslas s'appellerait ainsi parce que la recherche d'un nom pour le village aurait eu lieu autour du 28 septembre, date de sa fête dans le calendrier des saints. Dans la région, on dit surtout « Saint-Wen », parce que c'est plus court et que ça sonne bien.