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Les rêves de voyage de François-Henri Désérable
Les rêves de voyage de François-Henri Désérable

La Presse

time5 days ago

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Les rêves de voyage de François-Henri Désérable

Il y a des livres qui ont le pouvoir de changer le cours d'une vie. Pour François-Henri Désérable, il s'agit sans l'ombre d'un doute de L'usage du monde. Le titre célèbre de Nicolas Bouvier l'a poussé à réaliser son premier « grand voyage », qu'il raconte dans son nouveau livre, Chagrin d'un chant inachevé – Sur la route de Che Guevara. Par écrans interposés, de Paris où il s'est « sédentarisé » le temps de terminer un roman, François-Henri Désérable nous montre, sur la bibliothèque derrière lui, une photo encadrée de l'écrivain voyageur qui le contemple. « J'ai lu L'usage du monde quand j'avais 25 ans, se souvient-il. Au bout de trois pages, j'étais déjà enchanté par l'écriture de Nicolas Bouvier et son livre m'a tout de suite tenu lieu d'évangile, en quelque sorte. J'ai lu toute son œuvre. Et évidemment, j'ai lu d'autres écrivains voyageurs, mais je n'en ai jamais trouvé qui m'ont fait ressentir autant d'émotions. » L'usage du monde est le livre qui a le plus infléchi le cours de mon existence. Le voyage est devenu l'ossature de mon existence. Et si je n'avais jamais lu Bouvier, peut-être que j'aurais mené une vie beaucoup plus sédentaire. François-Henri Désérable C'est ainsi qu'à la fin de la vingtaine, celui qui était joueur de hockey professionnel en France décide de troquer son sac de hockey contre un sac de voyage. En 2017, il traverse l'Amérique latine, de l'Argentine à Cuba, sur les traces d'Ernesto Guevara, dont la photo a longtemps orné le mur de sa chambre d'adolescent. D'abord en moto, comme le Che, puis en bus ou en auto-stop, il remonte le continent – le journal du révolutionnaire légendaire jamais loin dans son sac à dos. Tout en voyageant « chichement », il narre ses rencontres avec des gens du coin ou d'autres voyageurs, entre mésaventures et anecdotes savoureuses, dans des lieux parfois « paumés » auxquels tout le monde lui conseillait de renoncer. « Ce voyage, c'est celui par lequel j'ai appris à voyager. La mésaventure est déplaisante aux voyageurs, mais elle est très féconde pour l'écrivain voyageur. Elle ne me décourage pas, au contraire, elle me donne du grain à moudre », dit François-Henri Désérable. Le chagrin du voyageur Chagrin d'un chant inachevé est également une réflexion sur le voyage. François-Henri Désérable écrit tout en sachant pertinemment qu'il ne reverra peut-être plus jamais certains de ces paysages, ses mots sonnant par moments comme autant de déclarations d'amour pour un continent qui a su trouver une place de choix dans ses souvenirs de voyageur. « Il y a des lieux dont je sais très bien qu'il y a peu de chances que je vais les revoir ; des lieux dans lesquels je me suis senti bien, des paysages que j'ai trouvés d'une absolue féerie. À un moment, il a fallu leur tourner le dos en sachant très bien que c'était sans doute la dernière fois que mes yeux pouvaient se perdre dans leur contemplation béate. C'est ce que j'appelle le chagrin d'un chant inachevé. Flaubert dirait l'amertume des sympathies interrompues. Et cette amertume, on peut la ressentir non seulement à l'égard des gens qu'on rencontre, mais aussi à l'égard des paysages que l'on traverse. François-Henri Désérable Le livre a pourtant failli ne jamais voir le jour. Il en a interrompu l'écriture à de nombreuses reprises, publiant entre-temps Mon maître et mon vainqueur, qui a remporté le Grand Prix du roman de l'Académie française en 2021, ainsi que L'usure d'un monde, né de son voyage en Iran, fin 2022. C'est un nouveau voyage au Chili, l'an dernier, qui lui a finalement fait retrouver l'envie de replonger dans son manuscrit. Son prochain titre, celui qui le force à rester en France alors qu'il a rarement passé plus de six mois sans partir au cours des 10 dernières années, ne sera pas un récit de voyage, en revanche. C'est un roman sur le vin, mais qui se passe dans « pas mal d'endroits du monde », dit-il. « Donc, d'une certaine manière, le voyage a beaucoup nourri ce roman qui va à la fois en Bourgogne, à New York et en Inde. Ce sont des endroits que je connais bien et dont je me suis imprégné pour écrire. » D'ici à ce qu'il puisse enfin repartir, François-Henri Désérable continue à rêver de bourlinguer partout dans le monde. Remonter l'Afrique du Cap au Caire. Aller au Yémen. Traverser le Pakistan. Succomber de nouveau à sa fascination pour les États-Unis. Découvrir l'Asie dont il ne connaît que l'Inde et le Népal. Ou écrire sur Venise, qui reste à ce jour l'endroit qu'il préfère au monde. Il ne lui reste plus qu'à trouver le bon moment pour s'envoler de nouveau. Chagrin d'un chant inachevé – Sur la route de Che Guevara François-Henri Désérable Gallimard 198 pages

Chagrin d'un chant inachevé
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Chagrin d'un chant inachevé

Il y a des livres qui ont le pouvoir de changer le cours d'une vie. Pour François-Henri Désérable, il s'agit sans l'ombre d'un doute de L'usage du monde. Le titre célèbre de Nicolas Bouvier l'a poussé à réaliser son premier « grand voyage », qu'il raconte dans son nouveau livre, Chagrin d'un chant inachevé – Sur la route de Che Guevara. Par écrans interposés, de Paris où il s'est « sédentarisé » le temps de terminer un roman, François-Henri Désérable nous montre, sur la bibliothèque derrière lui, une photo encadrée de l'écrivain voyageur qui le contemple. « J'ai lu L'usage du monde quand j'avais 25 ans, se souvient-il. Au bout de trois pages, j'étais déjà enchanté par l'écriture de Nicolas Bouvier et son livre m'a tout de suite tenu lieu d'évangile, en quelque sorte. J'ai lu toute son œuvre. Et évidemment, j'ai lu d'autres écrivains voyageurs, mais je n'en ai jamais trouvé qui m'ont fait ressentir autant d'émotions. » L'usage du monde est le livre qui a le plus infléchi le cours de mon existence. Le voyage est devenu l'ossature de mon existence. Et si je n'avais jamais lu Bouvier, peut-être que j'aurais mené une vie beaucoup plus sédentaire. François-Henri Désérable C'est ainsi qu'à la fin de la vingtaine, celui qui était joueur de hockey professionnel en France décide de troquer son sac de hockey contre un sac de voyage. En 2017, il traverse l'Amérique latine, de l'Argentine à Cuba, sur les traces d'Ernesto Guevara, dont la photo a longtemps orné le mur de sa chambre d'adolescent. D'abord en moto, comme le Che, puis en bus ou en auto-stop, il remonte le continent – le journal du révolutionnaire légendaire jamais loin dans son sac à dos. Tout en voyageant « chichement », il narre ses rencontres avec des gens du coin ou d'autres voyageurs, entre mésaventures et anecdotes savoureuses, dans des lieux parfois « paumés » auxquels tout le monde lui conseillait de renoncer. « Ce voyage, c'est celui par lequel j'ai appris à voyager. La mésaventure est déplaisante aux voyageurs, mais elle est très féconde pour l'écrivain voyageur. Elle ne me décourage pas, au contraire, elle me donne du grain à moudre », dit François-Henri Désérable. Le chagrin du voyageur Chagrin d'un chant inachevé est également une réflexion sur le voyage. François-Henri Désérable écrit tout en sachant pertinemment qu'il ne reverra peut-être plus jamais certains de ces paysages, ses mots sonnant par moments comme autant de déclarations d'amour pour un continent qui a su trouver une place de choix dans ses souvenirs de voyageur. « Il y a des lieux dont je sais très bien qu'il y a peu de chances que je vais les revoir ; des lieux dans lesquels je me suis senti bien, des paysages que j'ai trouvés d'une absolue féerie. À un moment, il a fallu leur tourner le dos en sachant très bien que c'était sans doute la dernière fois que mes yeux pouvaient se perdre dans leur contemplation béate. C'est ce que j'appelle le chagrin d'un chant inachevé. Flaubert dirait l'amertume des sympathies interrompues. Et cette amertume, on peut la ressentir non seulement à l'égard des gens qu'on rencontre, mais aussi à l'égard des paysages que l'on traverse. François-Henri Désérable Le livre a pourtant failli ne jamais voir le jour. Il en a interrompu l'écriture à de nombreuses reprises, publiant entre-temps Mon maître et mon vainqueur, qui a remporté le Grand Prix du roman de l'Académie française en 2021, ainsi que L'usure d'un monde, né de son voyage en Iran, fin 2022. C'est un nouveau voyage au Chili, l'an dernier, qui lui a finalement fait retrouver l'envie de replonger dans son manuscrit. Son prochain titre, celui qui le force à rester en France alors qu'il a rarement passé plus de six mois sans partir au cours des 10 dernières années, ne sera pas un récit de voyage, en revanche. C'est un roman sur le vin, mais qui se passe dans « pas mal d'endroits du monde », dit-il. « Donc, d'une certaine manière, le voyage a beaucoup nourri ce roman qui va à la fois en Bourgogne, à New York et en Inde. Ce sont des endroits que je connais bien et dont je me suis imprégné pour écrire. » D'ici à ce qu'il puisse enfin repartir, François-Henri Désérable continue à rêver de bourlinguer partout dans le monde. Remonter l'Afrique du Cap au Caire. Aller au Yémen. Traverser le Pakistan. Succomber de nouveau à sa fascination pour les États-Unis. Découvrir l'Asie dont il ne connaît que l'Inde et le Népal. Ou écrire sur Venise, qui reste à ce jour l'endroit qu'il préfère au monde. Il ne lui reste plus qu'à trouver le bon moment pour s'envoler de nouveau. Chagrin d'un chant inachevé – Sur la route de Che Guevara François-Henri Désérable Gallimard 198 pages

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