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Comment épauler les enfants qui pleurent une amie ?
Comment épauler les enfants qui pleurent une amie ?

La Presse

time23-07-2025

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Comment épauler les enfants qui pleurent une amie ?

Un bouquet de fleurs a été déposé lundi près de l'endroit où le corps de Melina Frattolin a été retrouvé, dans un boisé bordant une route de l'État de New York. Samedi, la petite Melina Frattolin aurait été tuée par son père lors de leurs vacances aux États-Unis. La fillette de 9 ans ne retrouvera jamais les autres élèves de son école primaire de Montréal. Comment accompagner un enfant dans le deuil d'une amie, d'une voisine ou d'une camarade de classe ? Voici quelques pistes pour éclairer les parents. Faut-il parler de la mort d'emblée ? Oui. Retenir l'information ne protégera pas notre enfant. « Bien souvent, ça risque de causer plus de dégâts, parce que l'enfant peut entendre les informations [aux nouvelles ou auprès d'autres enfants] sans avoir un endroit sécurisant pour poser ses questions », explique Alexandra Gagnon, psychoéducatrice chez Deuil-Jeunesse, un organisme spécialisé dans l'accompagnement face au deuil. Pour aborder le sujet, elle recommande de choisir un lieu calme, où l'enfant se sent en sécurité, et aussi d'éviter d'inventer une histoire pour adoucir la réalité. La présidente de l'Ordre des psychologues, Christine Grou, abonde aussi dans le même sens. « Éviter la peine, ce n'est pas réaliste. Il faut plutôt donner aux enfants des outils pour y faire face, dont une présence parentale rassurante qui leur donne un espace de parole. » Comment l'expliquer ? Les enfants d'âge primaire n'ont pas tous le même niveau de compréhension de la mort, tout dépendant de leur âge, de leur personnalité et des deuils qu'ils ont vécus. Et ils n'ont pas tous le même niveau de proximité avec la personne morte. « La meilleure conduite à tenir pour les parents, c'est de donner l'information, mais seulement l'information [qu'ils jugent] pertinente. Ce n'est pas nécessaire de donner tous les détails », précise Mme Grou. « On n'a pas le choix de rester dans un vocabulaire qui est simple, concret, et qui est [ancré] dans la vérité. Puis après ça, on va aller voir s'il a des questions », dit Alexandra Gagnon. Cette étape permet de corriger le tir si l'enfant a mal compris nos propos. Le contexte criminel doit-il changer notre façon d'intervenir auprès de notre enfant ? Pour Alexandra Gagnon, créer un espace de discussion permet de rassurer l'enfant. « Nous, en tant qu'adultes, on se dit qu'un meurtre va nécessairement amener plus de réactions chez nos enfants. En fait, tous les types de décès ont leurs particularités, et ça fait partie de l'histoire », indique-t-elle. « Si on cache une partie de la vérité, le jeune va pouvoir aller la chercher, l'information. » Grou. Dans le cas d'une affaire médiatisée, la présidente de l'OPQ suggère aussi d'accompagner l'enfant lorsqu'il regardera le bulletin de nouvelles ou qu'il lira un article de journal traitant de la situation. Est-ce que l'école a un rôle à jouer ? Selon les deux expertes, même si la mort est survenue pendant les vacances scolaires, le personnel de l'école devra aborder le sujet à la rentrée. « Il se peut qu'un enfant réagisse seulement quand il voit les impacts concrets [de l'absence] », souligne Alexandra Gagnon. « Nous, en tant qu'adultes, on le sait qu'à la rentrée, cette jeune-là ne rentrera pas à l'école. Mais l'enfant, ça se peut qu'il soit tellement dans le moment présent qu'il ne le réalise pas. » L'école offre aux enfants un lieu qui leur permet de parler du deuil en groupe, avec un professionnel ou avec un adulte de confiance, mais aussi de comprendre que la vie continue, même si le quotidien a été bousculé par la mort d'un proche. « [Ça permet] d'expliquer aux enfants que même si [la défunte] n'est plus à l'école, elle ne disparaît pas dans leur mémoire, dans leur cœur et dans leurs sentiments », ajoute Christine Grou. À partir de quel moment devrait-on s'inquiéter et consulter ? « Vivre des deuils, même jeune, c'est presque un incontournable. C'est en faisant des deuils qu'on grandit et qu'on mature, soutient Christine Grou. Ce qu'on espère, pour les jeunes, c'est que ce ne seront pas des deuils trop traumatiques. » La psychologue rappelle qu'il est normal qu'un enfant soit affecté les premiers soirs. Elle recommande de porter plutôt attention aux changements de comportement qui dureraient plusieurs semaines sans s'estomper. « Ce qu'il faut éviter aussi, c'est de laisser entendre à l'enfant qu'il devrait quasiment arrêter de fonctionner puis s'écrouler sous la peine, ajoute-t-elle. Je pense qu'il faut juste être vigilant, à l'écoute, présent et aimant, comme n'importe quel bon parent. Puis, en cas de doute, on peut s'informer auprès des professionnels. » Alexandra Gagnon invite quant à elle les parents à solliciter un accompagnement s'ils ne savent pas comment gérer la situation. « Ils peuvent nous appeler s'ils ont des questions auxquelles ils ne savent pas répondre. Notre ligne téléphonique d'intervention spécialisée peut vraiment les outiller. Généralement, dans les 24 heures, vous avez une réponse d'un professionnel. »

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