logo
#

Dernières actualités avec #CécileLemoine

Netanyahou contesté de toute part pour son plan de conquête de Gaza
Netanyahou contesté de toute part pour son plan de conquête de Gaza

24 Heures

time11-08-2025

  • Politics
  • 24 Heures

Netanyahou contesté de toute part pour son plan de conquête de Gaza

Accueil | Monde | Israël/Hamas | Son offensive visant à prendre le contrôle de Gaza ville est critiquée autant sur son aile droite que par la société civile, les responsables de sécurité et la communauté internationale. Cécile Lemoine - correspondante à Jérusalem Publié aujourd'hui à 19h00 Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le 10 août 2025, discutant des plans pour Gaza. AFP/ABIR SULTAN En bref: Opération relations publiques pour Benyamin Netanyahou ce dimanche 10 août. Objectif: reprendre la main sur le narratif, alors que son plan de conquête de Gaza ville, accepté par le gouvernement jeudi 7 août, est critiqué de toute part. «Nous ne voulons pas occuper Gaza, mais la libérer», a-t-il insisté devant les journalistes étrangers, puis devant les médias israéliens, dans une inhabituelle double conférence de presse. Diapositives à l'appui, il a assuré vouloir «terminer la guerre», et listé les différentes étapes censées y mener: l'ouverture de «corridors humanitaires» et l'évacuation des habitants de Gaza ville et des camps du centre de l'enclave, baptisées «fiefs du Hamas», avant l'attaque en tant que telle, qui pourrait donc prendre un certain temps. Pour le «jour d'après», Netanyahou a évoqué la démilitarisation du Hamas, la libération des otages, la création d'une zone tampon et d'une vague administration civile, sans le Hamas ni l'Autorité palestinienne. «Une fois de plus, Netanyahou temporise et, une fois de plus, il vend l'idée que davantage de guerres mèneront à la fin des guerres, commente Mairav Zonszein, analyste israélienne pour l'International Crisis Group. On se retrouve donc dans une sorte d'impasse où Netanyahou comprend qu'il a échoué. Il n'a pas réussi à atteindre les objectifs qu'il s'était fixés depuis mars avec la dernière opération militaire et il est coincé. Il cherche donc à utiliser cette grande rhétorique sur la réoccupation pour essayer de faire bouger les choses.» Colère de l'extrême droite Des rumeurs de négociations au Caire laissaient penser lundi que le premier ministre cherche, par l'annonce de cette nouvelle offensive militaire, à conclure un accord plus favorable à Israël. Il a d'ailleurs précisé que l'opération ne débuterait pas avant quelques semaines, le temps de préparer les troupes, ou de parvenir à un accord. De quoi provoquer la colère de ses alliés d'extrême droite. Si Bezalel Smotrich affirmait jusqu'ici son soutien, il a exprimé sa déception face à un plan selon lui insuffisant: le chef du parti sioniste religieux défend la colonisation de la bande de Gaza et estime que la guerre ne peut se solder qu'avec l'éradication du Hamas, et non avec un accord. «J'ai perdu confiance dans la capacité et la volonté du premier ministre de mener l'armée israélienne vers cette victoire», a-t-il déclaré dans une courte vidéo postée le 9 août, sans pour autant quitter le gouvernement. Opposition de l'armée et des familles d'otages Contesté sur son aile d'extrême droite, le premier ministre est aussi critiqué par le chef de l'armée et d'autres responsables de sécurité. Avant la réunion du cabinet jeudi, Eyal Zamir, le chef d'état-major, s'est ouvertement opposé à l'idée d'une offensive directe sur Gaza ville, arguant que celle-ci mettrait en danger les otages qui y sont retenus, et mettrait sous pression des troupes exténuées par vingt-deux mois de combat. Le lieutenant général a tenté de défendre l'idée d'un siège et de raids ciblés, sans succès. Les familles de certains otages et de soldats morts au combat se sont jointes à ces récriminations: «Étendre la guerre à Gaza n'est pas une stratégie, c'est un pari cruel sur la vie de nos soldats et celle des otages», a déploré Eyal Eshel, le père de Roni Eshel, une observatrice tuée par le Hamas à l'avant-poste militaire de Nahal Oz le 7 octobre 2023. Distribution d'aide humanitaire à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 août 2025. AFP Près de 74% des Israéliens se disent en faveur d'un accord visant à mettre fin à la guerre et à libérer tous les otages. Les manifestations, bien que très suivies (60'000 personnes à Tel-Aviv samedi soir), ont peu d'effet sur le gouvernement. Les familles des otages ont donc décidé d'appeler à la grève générale dimanche 17 août. La Histadrout, principale centrale syndicale du pays, ne s'y joindra pas, ce qui en limitera considérablement la portée. «Ce qui pourrait changer les politiques du gouvernement, c'est que de plus en plus de soldats réservistes refusent de servir à Gaza», estime Mairav Zonszein. L'avocate générale militaire Yifat Tomer-Yerushalmi a fait part aux médias israéliens de son inquiétude: l'occupation de territoires supplémentaires mènerait Israël à devenir responsable de la vie quotidienne des Gazaouis. Cet avertissement fait écho aux propos tenus par le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, avant le vote du cabinet: «Avec l'occupation, nous gouvernerons plus de 2 millions de Palestiniens – en payant leur électricité et leur eau, en construisant des écoles et des hôpitaux avec l'argent des contribuables israéliens», a-t-il fustigé sur X. La juriste a également averti que le déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens vers une zone réduite pourrait augmenter la pression internationale sur Israël et porter atteinte à une légitimité bien entamée. Sanctions, annonces de reconnaissance d'un État palestinien et, plus récemment, embargo allemand sur les armes à destination d'Israël… Le soutien international s'effiloche à mesure que la guerre s'enfonce. Procession funéraire autour du corps d'Anas Al-Sharif, correspondant d'Al Jazeera, à Gaza ville, le 11 août 2025. AFP/BASHAR TALEB Lundi soir, la mort de cinq journalistes d'Al Jazeera, dont le célèbre Anas Al-Sharif, a, une nouvelle fois, provoqué l'indignation occidentale. L'armée israélienne a instantanément justifié la frappe en affirmant que le jeune reporter était un «terroriste» membre du Hamas, apportant pour preuve un document à l'authenticité difficilement vérifiable. La temporalité de cet assassinat ciblé interroge. Tuer des journalistes palestiniens situés à Gaza ville à quelques semaines d'une opération militaire d'ampleur, c'est garantir que moins d'informations circulent vers l'extérieur. Les journalistes étrangers ne peuvent en effet toujours pas entrer de manière indépendante dans l'enclave. Bien que Benyamin Netanyahou ait indiqué dimanche avoir ordonné à l'armée d'emmener plus de journalistes à Gaza, il ne s'agit toujours pas d'un accès indépendant. Sur Gaza Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

«Les Israéliens restent en majorité sceptiques face aux images de Gaza»
«Les Israéliens restent en majorité sceptiques face aux images de Gaza»

24 Heures

time03-08-2025

  • Politics
  • 24 Heures

«Les Israéliens restent en majorité sceptiques face aux images de Gaza»

Si une partie de l'opinion publique israélienne critique la famine orchestrée et les actions d'Israël dans la bande de Gaza, ces voix restent minoritaires dans une société où la majorité s'intéresse peu à ce qui se déroule dans l'enclave. Cécile Lemoine Jérusalem Publié aujourd'hui à 10h20 L'image de Mohammed Zakaria al-Mutawak avec sa mère a fait polémique. Cet enfant de la bande de Gaza souffre de malnutrition mais aussi d'une maladie congénitale. De nombreux médias ont omis de donner cette information. Getty Images En bref: Il aura fallu une photo, celle d'un garçon squelettique dans les bras de sa mère, pour que les médias israéliens commencent à montrer la famine à Gaza. Cette image déchirante, publiée à la une d'une dizaine de journaux internationaux à partir du 23 juillet, illustre les conséquences du manque de nourriture et de la malnutrition sur les enfants. Sa viralité s'accompagne d'un tollé: la communauté internationale critique, accuse, et fait pression pour qu'Israël augmente la quantité d'aide humanitaire dans l'enclave . Ce spasme mondial se ressent dans les médias israéliens, toujours inquiets de la manière dont l'État hébreu est perçu à l'international. Le sujet de la vie quotidienne des Gazaouis y est habituellement absent: après avoir analysé 700 reportages aléatoires parus au cours des six premiers mois de la guerre sur la chaîne 12, Ayala Panievsky , spécialiste des médias israéliens, a montré que seuls quatre mentionnaient les civils tués dans la bande de Gaza, dont seulement deux avec des images. «Les scènes les plus horribles que le monde a vues vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, étaient à peine visibles sur la plus grande chaîne israélienne», s'étonne la chercheuse. «Campagne orchestrée par le Hamas» Cette fois, presse, télés et radio citent les articles du «New York Times», des reportages de CNN, de Fox News ou de la BBC sur la «famine massive». Dans un article publié le 13 juillet, la chaîne 12, la plus regardée en Israël, souligne: «Même les médias affiliés à la droite occidentale présentent des images de faim et de désespoir, tandis qu'Israël ne parvient pas à dicter le discours de sa propagande.» «Les Israéliens restent très majoritairement sceptiques face aux images de Gaza. C'est notamment le cas chez les électeurs des partis du centre et de la droite, qui ont aussi tendance à voir les médias étrangers comme anti-israéliens», explique Tamar Hermann, directrice du Centre Viterbi , spécialiste de l'opinion publique israélienne. Alors quand une enquête a montré que l'enfant décharné de la photo, Mohammed Zakaria al-Mutawaq, souffrait d'une maladie génétique, toute la séquence s'est transformée en une «campagne orchestrée par le Hamas», éclipsant l'absence de nourriture dans l'enclave, et ses conséquences sur des porteurs de telles maladies. «Les Israéliens ressentent très peu d'empathie pour Gaza et ses habitants, détaille Tamar Hermann. Des années de haine ont créé une sorte d'aveuglement cognitif qui les empêche de s'identifier à leurs souffrances.» «Le simple fait de dire qu'il y a de la faim à Gaza est radical en Israël aujourd'hui, abonde Mairav Zonszein, analyste de la politique israélienne pour le Crisis Group. La capacité de la société israélienne à déformer et à nier la vérité est l'une des choses les plus effrayantes. Cela absout l'Israélien moyen de toute réalité et de toute responsabilité.» Contre l'aide humanitaire Seule une minorité s'oppose aux actions d'Israël à Gaza. Le 23 juillet, quelques milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Tel-Aviv. Armés de larges portraits d'enfants gazaouis, ils demandaient la fin de la guerre à Gaza et, nouveauté, la fin de la famine dans l'enclave. Si la question de l'arrêt des combats pour récupérer les otages met 80% des Israéliens d'accord, selon un sondage publié le 11 juillet par la chaîne 12, la question de l'aide humanitaire à Gaza fait débat. En février, 68% des Juifs israéliens étaient contre. L'expulsion des Gazaouis hors de l'enclave fédère quant à elle 53% des répondants juifs d'une enquête publiée par l'Université de Tel-Aviv en juin. Des Palestiniens se pressent à un point de distribution de soupe à Gaza, dimanche 27 juillet. Omar AL-QATTAA / AFP Très active, la société civile israélienne va même jusqu'à briser de vieux tabous. Les ONG B'Tselem et Physician for Human Rights ont ainsi publié deux rapports très documentés le 28 juillet, qui détaillent le «génocide» en cours à Gaza. «Israël agit de manière délibérée, coordonnée et systématique pour détruire les Palestiniens de Gaza. Il faut appeler les choses par leur nom: c'est un génocide», affirme Yuli Novak, directrice de B'Tselem. Pour beaucoup d'Israéliens, ces organisations vont trop loin. «Depuis le début de la guerre, les rhétoriques politiques sont très antagonistes, poussant la droite vers la droite, et ce qu'il reste de la gauche vers la gauche», souligne Tamar Hermann. La France provoque la colère C'est dans ce contexte de famine et de critique internationale que s'est tenue, du 28 au 30 juillet à New York, la Conférence pour la solution à deux États et le règlement pacifique de la question palestinienne. Décidée par une résolution de l'ONU en décembre 2024, elle aurait dû se tenir mi-juin, mais la guerre lancée par Israël contre l'Iran a obligé les organisateurs à la repousser. Le président Emmanuel Macron a ouvert la séquence, le 24 juillet, en annonçant que la France reconnaîtrait l'État palestinien en septembre. Septante-huit ans après que l'ONU a voté une résolution pour qu'Israël et la Palestine vivent côte à côte, Paris est maintenant «prête» à s'engager: «Nous ne pouvons plus attendre», a lancé Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, à la tribune des Nations Unies, car «le temps joue contre la paix». L'initiative française a été suivie par le Royaume-Uni, le Canada , Malte, et le Portugal. La Ligue arabe a également appelé à la démilitarisation du Hamas. «Une récompense à la terreur» En Israël, c'est la colère qui domine. «Cette décision récompense la terreur», a immédiatement dénoncé le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Son ministre de la Justice, Yariv Levin, a qualifié l'annonce de «tache noire dans l'histoire française et d'aide directe au terrorisme», ajoutant qu'il était «temps d'appliquer la souveraineté israélienne» en Cisjordanie, afin de «retirer de l'ordre du jour tout projet d'État palestinien». Pour que ce geste ne reste pas symbolique, la France, aidée de l'Arabie saoudite, a produit un document final posant quelques principes et un calendrier d'actions. Les États ont jusqu'à début septembre pour le signer. Sur le conflit à Gaza Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store