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L'Équipe
01-08-2025
- Sport
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Le doublé historique de Maëva Squiban, la coureuse qui sait tout faire et qui n'a peur de rien
Après avoir lancé une échappée dès le kilomètre zéro, sur un défi avec son directeur sportif, la Française a remporté une deuxième étape de suite sur le Tour de France femmes avec Zwift. Un véritable exploit pour cette coureuse qui, petite, préférait l'entraînement aux courses. « Déjà vu » : l'exclamation fuse en français avec un fort accent étranger dans le paddock de UAE ADQ. « C'est irréel », s'extasie à nouveau Dominika Wlodarczyk, déjà estomaquée par sa coéquipière Maëva Squiban, la veille. L'exploit d'une jeune femme de 23 ans, « arrivée tard au vélo », qui a réalisé un doublé historique, vendredi à Chambéry, deux victoires en deux jours, alors qu'elle n'avait encore jamais gagné en World Tour avant jeudi matin. Vendredi, « c'est parti d'une blague avec mon directeur sportif. Il m'avait demandé ce que je voulais faire aujourd'hui (vendredi) : "Bon, allez, km 0." Et je l'ai fait, je ne sais même pas pourquoi, parfois il ne faut pas réfléchir. » « Elle était au-dessus du lot, les gars souffraient avec elle. » Le président de l'AC Gouesnou Derrière ces dehors légers, un exploit majuscule de la part de la Bretonne, un doublé historique, en solitaire à chaque fois : « Hier, c'était à la pédale, aujourd'hui en échappée. J'adore être à l'attaque. En échappée, ça en fait une victoire incroyable. » Le succès d'une attaquante née, qui se révèle au public sur la plus grande course cycliste féminine. « On voyait depuis très jeune son potentiel, elle avait un pédalage naturel très souple », témoigne Valentin Madouas, dont le premier entraîneur de Squiban, François Bramoulle, est le voisin. Jusqu'à 15 ans, la coureuse de l'AC Gouesnou, dans le Finistère, préférait encore le VTT et le cyclo-cross à la route. François Bramoulle se souvient : « Dès les minimes, elle tenait le peloton avec les gars. On se disait : "Ça promet." Mais elle préférait s'entraîner à courir », sourit celui qui la suit dans son camping-car, dans lequel il a embarqué le père de la jeune femme. Squiban, l'intuition récompensée En Bretagne, Jean-Marc Mevel fait retentir un gros rire en entendant que c'est L'Équipe, cette fois, qui l'appelle, lui le président de l'AC Gouesnou : « C'est magique... Elle est dans la forme de sa vie. On la connaît depuis treize ans, notre fils Guillaume a le même âge et Maëva, c'est la petite tête blonde qui dépassait du portail pour demander si Guillaume pouvait venir rouler avec elle. Elle était, dès le départ, au-dessus du lot, les gars souffraient avec elle. » Une puncheuse qui sait grimper Son talent grandit peu à peu dans l'équipe Stade Rochelais, avant d'aboutir à son arrivée chez UAE ADQ, cette saison. Son accident dans le Var, quand elle fut percutée par un automobiliste deux mois et demi avant le Tour, a fait douter. Et surtout elle : « On a un groupe de discussions "fan club" avec son père, son entraîneur, elle et moi, confie le président. Elle disait "je suis nulle", "je n'avance plus". Et là il y a deux-trois semaines, je la voyais claquer tous les KOM (king of the mountain, sur l'application Strava) autour de Draguignan ! » « C'est une fille intelligente, qui a la science de la course, poursuit Jean-Marc Mevel. Et elle apprend très vite de ses erreurs, là elle va beaucoup apprendre au côté de coureuses comme (Elisa) Longo Borghini. Ces performances vont entrer dans l'histoire, dans son histoire. C'est le déclic qu'il lui fallait. » Squiban, d'un accident presque fatal en mai à deux victoires consécutives Une puncheuse, qui sait grimper, descendre, et tâte du contre-la-montre... Des perspectives au général qui ne l'enthousiasment pas forcément. « Ce que j'aime, c'est attaquer, pas forcément être fixée sur un objectif au général, évacue-t-elle. Si c'était le cas, j'aurais à rester dans le peloton, alors que c'est être à l'avant qui me plaît. Je veux juste m'amuser sur mon vélo. » La priorité était tout autre d'ailleurs, vendredi. « Il faut que je dorme un peu d'abord, et que je passe un peu de temps dans le peloton parce que je ne vais pas réussir à monter en haut de la Madeleine si ça continue », riait la lauréate du jour. Avant une célébration un peu plus importante que la veille, tronquée par un long transfert. Avec un verre de champagne tout de même ? « Bien sûr, c'est le protocole », s'amusait son manager espagnol. Et en compagnie de son père et François Bramoulle, qui s'apprêtaient à rejoindre leur protégée à l'hôtel UAE, pour une célébration à la hauteur de l'exploit réalisé. « Quand j'ai ramené ma médaille olympique, ils avaient bloqué la place, il y avait 300-400 personnes, dont Maëva, glisse Valentin Madouas. S'il y a quelque chose pour elle après le Tour, je serai là aussi, c'est normal. »

L'Équipe
31-07-2025
- Sport
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« Ce n'était pas le plan du tout, à un moment, je me suis dit "allez bon j'y vais" » : Maëva Squiban, l'intuition récompensée
Autrice d'un remarquable numéro en solitaire, la Bretonne Maëva Squiban (UAE team ADQ) a remporté jeudi la sixième étape du Tour de France Femmes avec Zwift à Ambert, alors que les favorites ont mis la bataille du général en sourdine. Pour gagner le Livardois, il fallait s'enfoncer dans ses paysages boisés et ses magnifiques routes entortillonnées. Puis à Ambert, tomber sur le Mus'énergie, petit conservatoire dédié aux forces motrices. Un bâtiment niché en retrait, coiffé d'une haute cheminée en brique rouge où on serait bien inspiré d'y placer désormais une petite référence au passage du Tour dans la cité, tant jeudi, la Bretonne Maëva Squiban (UAE ADQ) a usé d'une habile énergie et d'une solide intuition pour aller remporter l'étape en solitaire, deuxième Française à le faire depuis la relance du Tour, après Cédrine Kerbaol l'année passée. Dans les rues de la ville, elle a eu le temps de profiter de la foule (« C'était incroyable, il y avait beaucoup de monde. »), de haranguer le public pour en avoir encore davantage et de finir en solitaire, immensément émue. « C'est une fille qui a du caractère, du mental. c'est plutôt une puncheuse et en minimes, cadettes, elle était déjà performante » Jean-Christophe Barbotin, son ancien manager Sa coéquipière Dominika Wlodarczyk (5e de l'étape) s'émerveillait de cet exploit, au sein d'une équipe ayant perdu trois coureuses - dont Elisa Longo Borghini - en cinq jours. « Ce matin (jeudi), nous n'étions plus que quatre au départ. Et, vous savez, c'est terriblement difficile de se battre contre des équipes encore à sept. Aujourd'hui, elle a été plus forte que tout FDJ et tout AG-Soudal !, s'exclamait, encore estomaquée, la Polonaise. Et ce n'est pas comme si personne ne chassait derrière : ça roulait fort pour revenir sur Maëva. » La Française de 23 ans avait crânement joué sa chance à 32 km de la ligne : « Ce n'était pas le plan du tout, je devais juste suivre et puis à un moment, je me suis dit : "Bon, allez, j'y vais !" » Ses idoles ? Wout Van Aert et Pauline Ferrand-Prévôt « J'entendais dans la radio le staff lui dire que son écart augmentait, c'était incroyable », ajoute Wlodarczyk. La joie n'était pas seulement dans les voitures d'UAE. Plus loin, dans la voiture n°2 de Winspace Orange Seal, on partageait l'enthousiasme. « Je suis super content pour elle », souriait Jean-Christophe Barbotin, le patron de la formation rochelaise de deuxième division où Maëva Squiban a fait ses débuts dans le professionnalisme durant trois ans et demi, avant de partir chez Arkea-B & B Hôtels durant une saison, puis de rejoindre cette année UAE ADQ. « Franchement, je ne suis pas surpris, c'est une fille qui a du caractère, du mental. C'est plutôt une puncheuse, et en minimes, cadettes, elle était déjà performante », déchiffre son ancien manager. Cette victoire est aussi le fruit d'une course contre la montre. Percutée par un automobiliste lors d'un entraînement dans le Var mi-mai, elle a failli passer à côté du Tour, alors qu'elle comptait bien jouer sa carte sur l'épreuve. N'était-elle pas passée tout près de la victoire dans l'étape du Grand-Bornand, 2e derrière la Belge Justine Ghekiere, l'an dernier ? La Bretonne n'a pas vécu un début de Tour, comme elle l'avait imaginé, sur ses terres. « Elle a galéré durant les premiers jours », confirme Wlodarczyk. La Brestoise est arrivée au cyclisme à l'orée de l'adolescence, avec un beau VTT offert par ses parents à Noël. Elle s'y met, adore et prend une première licence à 13 ans au club de Gouesnou, au nord de Brest, avec comme simple motivation de battre les copains. Wout Van Aert et Pauline Ferrand-Prévôt deviennent des figures admirées « parce qu'ils sont souvent à l'attaque, quitte à tout perdre », décrivait-elle jeudi. « Et ce sont toujours des idoles », glisse-t-elle. Ses qualités se déploient aussi au-delà de la compétition : « Elle est souriante, toujours de bonne humeur, décrivait Wlodarczyk jeudi. Pour être honnête, lorsque vous êtes sur le Tour et que vous avez à rouler neuf jours d'affilée, cela aide beaucoup d'avoir quelqu'un au petit déjeuner qui est toujours souriante, comme elle. » La Française jette un coup d'oeil ébahi sur son évolution express : « Il y a trois ans, je gagnais une course en classe deux. L'an dernier, en classe 1, il me manquait juste une victoire en World Tour et sur la plus belle course du monde, c'est incroyable. »