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La Russie envisage de bannir WhatsApp au profit d'une application nationale
La Russie envisage de bannir WhatsApp au profit d'une application nationale

Le Figaro

time7 days ago

  • Le Figaro

La Russie envisage de bannir WhatsApp au profit d'une application nationale

Dès le 1er septembre, tous les logiciels russes devront intégrer une messagerie placée sous le contrôle du Kremlin, baptisée MAX. Comparable au WeChat chinois, elle suscite l'inquiétude en raison de l'absence de chiffrement de bout en bout. La Russie poursuit sa stratégie de repli numérique. De nombreux sites d'information occidentaux sont déjà bloqués, accessibles uniquement via un VPN, dont l'usage est lui-même de plus en plus criminalisé. Mais le Kremlin s'apprête à frapper un nouveau coup. Dès le 1er septembre, le service de messagerie WhatsApp pourrait être remplacé par une version nationale russe, MAX, qui sera automatiquement installé sur chaque appareil numérique vendu en Russie. Avec près de 100 millions d'utilisateurs, soit environ 79% de la population russe, WhatsApp figure parmi les messageries les plus populaires du pays. Mais cela pourrait bientôt changer. «WhatsApp devrait se préparer à quitter le marché russe», a déclaré Anton Gorelkin, premier vice-président de la commission de la politique d'information de la Douma, sur Telegram. Selon lui, l'application américaine pourrait être ajoutée à la liste des logiciels issus de «pays inamicaux» - une catégorie qui inclut les États-Unis et tous les membres de l'Union européenne - et donc soumise à des restrictions sévères. Selon le média indépendant russe Meduza, deux sources proches de l'administration présidentielle et un député de la Douma d'État assurent que le blocage de WhatsApp est une quasi-certitude : «Il y a 99% de chances que cela se produise». Publicité Cette initiative est impulsée par Vladimir Poutine lui-même. Le président russe a ordonné le développement d'une messagerie nationale en réponse à l'influence jugée excessive des plateformes étrangères. MAX, un clone de WeChat sans chiffrement Lancé en phase de test en mars dernier, MAX ambitionne de devenir le pivot de l'écosystème numérique russe. Inspirée du modèle chinois WeChat, cette application permet déjà des discussions de groupe, des appels vidéo, l'envoi de fichiers jusqu'à 4 Go ou encore le partage de messages vocaux. À terme, elle intégrera des services publics, des fonctions bancaires, la gestion de documents officiels ou encore des systèmes de livraison. MAX est développé par VKontakte, géant numérique russe (équivalent à Facebook) désormais sous contrôle du Kremlin. L'entreprise dispose de serveurs basés en Russie, ce qui permet aux autorités d'appliquer strictement la législation nationale. La loi oblige en effet les fournisseurs de services à accorder un accès total au FSB. Selon nos confrères britanniques The Times, les utilisateurs de MAX peuvent donc être tracés, surveillés et fichés : leurs communications, leur localisation, leur activité en ligne et même leurs achats sont potentiellement visibles des services de renseignement. Mais contrairement à WhatsApp, MAX ne propose aucun chiffrement de bout en bout, une technique de cryptographie qui garantit que seules les parties communiquant directement peuvent accéder au contenu des messages échangés. Les échanges entre utilisateurs sont accessibles aux développeurs et peuvent être transmis aux autorités, notamment au FSB, les services de sécurité russes. Une caractéristique qui alarme les défenseurs des libertés numériques. Le journaliste d'opposition Andreï Okun évoque ainsi un «goulag numérique» dans un article publié sur le site Republic : «Ce sera un espace stérile dans lequel les autorités auront un contrôle total sur le temps libre, les motivations et les pensées des citoyens». Une campagne de propagande numérique Le développement de MAX s'accompagne d'une offensive informationnelle coordonnée. D'après une enquête du média indépendant Vyorstka, quelque 680 bots, des messages programmés et automatisés, ont publié plus de 2400 commentaires sur le réseau social VKontakte, critiquant WhatsApp et louant MAX comme «application alternative sécurisée». Ces messages sont systématiquement postés sous des publications mentionnant la possible interdiction de WhatsApp. Publicité Selon The Bell, autre média russe indépendant, WhatsApp et Telegram auraient subi au moins quatre pannes régionales inexpliquées depuis début juillet. Des interruptions qui pourraient, selon les journalistes, être délibérées, dans le cadre d'un test grandeur nature de coupure progressive. Et accéder à WhatsApp via un VPN ? Ceux qui tenteraient de contourner ces restrictions pourraient désormais être passibles de sanctions. Une nouvelle loi adoptée ce mardi 22 juillet par la Douma d'État érige la promotion ou l'usage d'un VPN en infraction qualifiée d'«extrémiste», passible d'une amende allant jusqu'à 5000 roubles (environ 54 euros). Plus encore, un amendement prévoit que l'usage d'un VPN pour accéder à des contenus jugés extrémistes - ce que pourrait devenir WhatsApp - constitue un crime avec circonstances aggravantes.

En Russie, une nouvelle loi anti «extrémisme» ouvre la voie à une répression numérique sans précédent
En Russie, une nouvelle loi anti «extrémisme» ouvre la voie à une répression numérique sans précédent

Le Figaro

time7 days ago

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En Russie, une nouvelle loi anti «extrémisme» ouvre la voie à une répression numérique sans précédent

Un amendement adopté par la Douma mardi 22 juillet rend passible d'amendes le fait de consulter des contenus jugés «dangereux» par le pouvoir, sans décision de justice. Depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022, le Kremlin n'a cessé de renforcer son contrôle sur l'espace numérique. L'accès aux sites internet étrangers, aux plateformes de réseaux sociaux, et plus largement à toute source d'information indépendante, s'est vu drastiquement restreint. Une tendance qui s'apprête à s'intensifier. Ce mardi 22 juillet, la chambre basse du Parlement russe, la Douma, a ainsi adopté une nouvelle loi qui renforcera la censure et pourrait avoir de vastes répercussions sur la vie privée numérique. Le texte a été transmis au Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe), et n'a plus qu'à être promulgué par Vladimir Poutine pour rentrer en vigueur. Auparavant, une décision de justice était nécessaire pour qualifier un groupe d'«organisation extrémiste» ; cette loi supprime désormais cette exigence. Désormais, un groupe - même informel - pourra être désigné ainsi si un seul de ses membres a déjà été condamné pour création ou participation à une «association extrémiste» (article 282.1 du Code pénal). Autrement dit, il ne sera plus nécessaire qu'un juge vienne qualifier l'organisation dans son ensemble. Cette extension offre aux autorités un pouvoir quasi discrétionnaire d'interdiction. Publicité La liste du ministère de la Justice recensant les contenus «extrémistes» s'étend sur plus de 500 pages. Cette notion renvoie à une définition très large dans la législation russe, pouvant désigner à la fois le terrorisme, l'ultranationalisme ou la simple opposition politique. Parmi les interdictions en Russie liées à des «activités extrémistes» : l'adhésion au mouvement LGBT+ et la promotion d'un groupe d'opposition. Le but de cette nouvelle loi étant de couper encore plus efficacement la société russe de toute parole jugée «dangereuse» par le pouvoir. «Une occasion illimitée de poursuivre toujours plus de personnes» Autre nouveauté : l'introduction d'un article dans le Code des infractions administratives, instaurant des amendes pouvant aller jusqu'à 5000 roubles (environ 54 euros) à l'encontre des personnes qui «recherchent ou accèdent à des documents sciemment extrémistes», y compris via l'usage d'un VPN. Le texte prévoit également des sanctions pour la promotion de ces outils d'anonymisation. Boris Nadejdine, homme politique de l'opposition russe, interrogé par l'AFP, explique qu'en vertu de cette loi, une personne qui chercherait en ligne «qui était (l'opposant) Alexeï Navalny», déclaré extrémiste et mort en prison en février 2024, pourrait recevoir une amende. Le projet n'explique cependant pas comment les autorités pourraient détecter ces activités, soulevant d'importantes inquiétudes en matière de vie privée. Le flou juridique pourrait ouvrir la voie à une surveillance intrusive et à un accès non autorisé aux appareils numériques. Marie Struthers, directrice pour l'Europe de l'Est et l'Asie centrale à Amnesty International, alerte sur le site de l'association: «Si ce projet de loi sur l'extrémisme devient loi, n'importe quel groupe de personnes - même un chat privé en ligne ou un cercle d'amis - pourra être désigné et taxé d''extrémiste' si un seul membre a été condamné pour 'extrémisme', comme l'ont été de nombreux détracteurs du gouvernement. Cela donnera aux forces de l'ordre une occasion apparemment illimitée de jeter le filet et de poursuivre toujours plus de personnes pour des associations, même lointaines, avec de soi-disant 'extrémistes'». Et d'ajouter : «Ces changements constituent une violation classique des obligations internationales de la Russie et de sa propre Constitution, qui garantit à chacun le droit à la vie privée, le droit à la liberté d'association et d'expression, y compris l'accès à l'information». Le texte a été adopté avec 306 voix pour, 67 contre et 22 abstentions. Deux groupes parlementaires se sont opposés à l'amendement. Le vice-président de la Douma d'État, Vladislav Davankov, député du parti centriste Nouveau peuple, s'est insurgé sur Telegram : «C'est la première fois en Russie que quelqu'un peut être condamné à une amende non pas pour avoir distribué du contenu, mais simplement pour y avoir accédé - souvent accidentellement». À lire aussi Washington redoute l'instabilité en Russie et la perte de contrôle de l'arme nucléaire Punir la lecture d'information Même parmi les partisans du Kremlin, certaines voix se sont élevées. Yekaterina Mizulina, directrice de la Ligue pour un Internet sûr et soutien actif des politiques de censure, a exprimé ses inquiétudes. Selon elle, environ 30% de l'activité de sa structure consiste à surveiller les contenus extrémistes et à les signaler aux forces de l'ordre - une mission qui pourrait devenir illégale en vertu des nouvelles dispositions. Elle a aussi prévenu que même les policiers pourraient se retrouver en infraction en consultant du contenu à des fins d'enquête. Publicité Officiellement, cette loi vise à lutter contre la fraude et les abus liés à la revente de numéros de téléphone et de comptes. Mais pour les défenseurs des droits numériques, la logique est tout autre : punir non plus l'action de diffuser une information, mais le simple fait de la lire. D'autant que c'est le ministère de la Justice lui-même qui établit, sans réel contrôle indépendant, la liste des contenus dits «extrémistes». En parallèle, le gouvernement envisage de bannir WhatsApp au profit d'une application nationale placée sous contrôle étatique, baptisée MAX. En effet, Meta, la société mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, relève également de la classification «extrême».

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