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Droits de douane: le risque d'une «crise majeure» pour l'industrie suisse
Droits de douane: le risque d'une «crise majeure» pour l'industrie suisse

24 Heures

time4 days ago

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Droits de douane: le risque d'une «crise majeure» pour l'industrie suisse

Nabil Francis, patron de Felco, à Neuchâtel, alerte sur la «crise majeure» provoquée par les surtaxes américaines dans l'industrie. Publié aujourd'hui à 17h44 Installé aux Geneveys-sur-Coffrane, dans le canton de Neuchâtel – le plus touché de Suisse romande – le fabricant d'outillage haut de gamme Felco exporte le quart de sa production aux États-Unis. Directeur général de ce symbole du Swiss made, Nabil Francis explique comment l'entreprise tente de gérer la situation. Felco En bref: Alors que les employés sont sur la route du retour des vacances des secteurs mécanique et horloger, la gueule de bois règne dans toutes les directions d'entreprise. Le canton de Neuchâtel est en première ligne. Juste derrière Nidwald, canton le plus exposé du pays en raison de sa dépendance à l'égard du constructeur aéronautique Pilatus. Ce dernier a annoncé vendredi ne plus livrer d'avions aux États-Unis, invoquant le «désavantage concurrentiel considérable» des surtaxes douanières de 39% imposées aux produits helvétiques. La crise s'annonce profonde. Le président de Swissmem, l'association de l'industrie des machines, évoque une industrie exportatrice «à l'agonie». «Blick» attire l'attention sur Ricola, qui réalise 40% de ses ventes outre-Atlantique. Et si un géant comme Nestlé fabrique la grande majorité de ses produits destinés au marché américain sur place, ses capsules Nespresso viennent de Suisse. Le fabricant de dispositifs d'injection Ypsomed a indiqué qu'il allait transférer sur ses sites allemands sa production destinée aux États-Unis. Le label Swiss made devient-il un handicap? La réaction de Nabil Francis, directeur général de Felco. Basé aux Geneveys-sur-Coffrane (NE), le fabricant de sécateurs haut de gamme exporte un quart de sa production outre-Atlantique. Encore la gueule de bois trois jours après le choc d'une taxation à 39% des produits Swiss made par l'Amérique? Bien sûr que je suis déçu. Je m'attendais à un tout autre dénouement. Nous avions déjà mis en place une cellule de crise. Nous allons maintenant activer les scénarios posés sur la table. La situation est claire. En rajoutant les barrières douanières déjà en place, nos produits seront taxés à 42% en arrivant aux États-Unis. Impossible à répercuter sur les prix de vente de vos sécateurs? Le calcul est plus complexe. Quand on exporte un produit de Suisse, le tarif affiché dans les magasins américains atteint facilement trois fois le prix départ d'usine, une fois ajoutés le transport, les marges des intermédiaires… Toute cette valeur ajoutée est déjà réalisée en bonne partie aux États-Unis. Résultat, répercuter l'intégralité des 39% de surtaxe douanière se traduirait, au final, par une hausse de 20 à 25% du prix grand public. Impossible sans provoquer une chute des ventes. Cela passerait d'autant moins que cela s'ajoute aux 12% d'appréciation du franc suisse contre le dollar cette année… Pensez qu'un outil venant de Taïwan n'est taxé qu'à 20% – avec des salaires d'ateliers souvent basés en Chine. Et sans cette appréciation de sa devise. «S'adapter, innover? En réalité, il n'y a plus de PME qui restent encore sur des produits de masse – celles qui résistent se sont toutes trouvé des marchés de niche», réplique le patron de Felco, entreprise emblématique de l'arc jurassien. Felco Quand le choc va-t-il se faire ressentir? Ce ne sera pas dès lundi. Il y a encore des carnets de commandes. Chez Felco, nous avons environ cinq mois de stock aux États-Unis et les containers actuellement en route ne sont pas taxés. Reste qu'au fil des mois, si le gouvernement ne parvient pas à changer la donne, nous verrons nos parts de marché décliner. Et il faudra mettre en œuvre les scénarios alternatifs. Comme une… délocalisation? Nous avons la chance d'avoir déjà une filiale Felco US. Certes, elle ne produit pas, mais génère une partie de la valeur ajoutée des sécateurs vendus aux États-Unis. On planche sur la façon d'accroître cette part de la valeur qui échappe à la taxation. C'est une subtilité que le public a moins en tête – l'origine douanière d'un produit est plus complexe que de simplement vérifier si c'est Swiss made ou pas. Attirer aux États-Unis les usines reste évidemment l'objectif de l'administration Trump. Pour l'instant, nous ne pouvons entrer en matière. Notre activité, notre savoir-faire sont intimement liés au Val-de-Ruz. Mais si la situation perdure des années? Il faudra bien envisager autre chose. Certains patrons évoquent une manœuvre consistant à fabriquer sur leurs sites européens, moins taxés… Même si nous avons des filiales en France et en Belgique, nous produisons uniquement en Suisse. Mais si on se reparle dans trois mois et que rien n'a bougé, j'aurai peut-être une opinion moins tranchée. Dans l'immédiat, le gouvernement propose d'étendre le système de soutien dit des RHT. Cela aidera? Bien sûr. Mais il faut garder en tête que ce chômage partiel est destiné aux chocs conjoncturels – pensez à la pandémie. Si cette nouvelle réalité américaine perdure, l'appui au tissu industriel devra prendre une autre forme. Je pense à des crédits d'impôts à l'export, en échange d'engagements sur le maintien de l'emploi. Certains mettent en avant la résilience d'une économie helvétique qui se serait adaptée à tout, à commencer par cette envolée de la valeur du franc suisse… On tend surtout à se rassurer avec des discours. Avec de grands indicateurs économiques montrant que la conjoncture résiste. S'adapter, innover? Bien sûr. En réalité, il n'y a déjà plus de PME qui restent encore sur des produits de masse. Celles qui résistent se sont toutes trouvé des marchés de niche. Sur le terrain, la crise s'annonce majeure. Ses effets se feront ressentir avec décalage, au fil des mois et de l'annulation des commandes. D'autant que les effets collatéraux se répercutent sur leurs fournisseurs. Rien qu'une entreprise comme la nôtre fait appel à plus d'un millier d'entre eux, dont neuf sur dix situés dans un rayon de 180 km. Une récente étude de la BCZ montre que la proportion de l'industrie dans les exportations suisses a déjà chuté de 45 à 26% en vingt-cinq ans. On entend beaucoup parler des géants de la pharma. Mais veut-on conserver un tissu industriel dans ce pays, capable de fournir une gamme de produits à moyenne valeur ajoutée? C'est important en termes d'emplois et de rayonnement de la Suisse. Depuis jeudi, la température atteint 39% en Suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Pierre-Alexandre Sallier est journaliste à la rubrique Économie depuis 2014. Auparavant il a travaillé pour Le Temps , ainsi que pour le quotidien La Tribune , à Paris. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

À Neuchâtel, on compte sur les stocks aux USA pour affronter la crise
À Neuchâtel, on compte sur les stocks aux USA pour affronter la crise

24 Heures

time6 days ago

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À Neuchâtel, on compte sur les stocks aux USA pour affronter la crise

Felco et Swatch Group ont anticipé l'arrivée de la surtaxe en exportant plus. Neuchâtel est le deuxième canton exportateur vers les États-Unis. Publié aujourd'hui à 06h29 Felco, fabricant de sécateurs haut de gamme, a renforcé son stock aux États-Unis en prévision d'une hausse des taxes américaines. FELCO SA En bref: Au petit jeu de Donald Trump sur les droits de douane, les Neuchâtelois sont les Romands qui ont plus à perdre. Le 1er août, jour même de l'annonce de l'instauration d'une surtaxe de 39% sur les produits suisses, le Conseil d'État neuchâtelois se fendait d' un communiqué exprimant «sa consternation», qualifiant la décision américaine de «très mauvaise nouvelle pour l'économie». Et de rappeler, chiffres à l'appui, la très forte dépendance envers le marché étasunien, son premier partenaire commercial: Neuchâtel est le deuxième canton suisse qui exporte le plus aux États-Unis – après Bâle-Ville et sa pharma – pour un montant atteignant 5,4 milliards de francs en 2024. «Les exportations neuchâteloises vers les États-Unis représentent 37% des exportations totales du canton», soulignent les autorités, espérant «vivement» qu'une meilleure issue puisse être négociée par le Conseil fédéral. Chez Felco, on garde la tête froide Les États-Unis représentent le premier marché du fabricant de sécateurs haut de gamme Felco, qui y exporte un quart de sa production. «Si on décidait de répercuter la surtaxe douanière de 39% sur le prix de vente final aux USA, cela représenterait une augmentation de 20 à 25%. Ça ne passe pas! expose Nabil Francis, le directeur, tout juste rentré d'un voyage d'affaires chez l'Oncle Sam. Si ce scénario Armageddon se confirme, on peut s'attendre à d'énormes pertes de part de marché. Du pain bénit pour nos concurrents européens, moins taxés…» L'entrepreneur se veut cependant rassurant à court terme pour l'emploi de ses 150 à 200 salariés, en fonction de la saison de taille. «On garde la tête froide. On a des carnets de commandes, des conteneurs sur l'eau qui ne seront pas taxés et plusieurs mois de stock sur place. De plus, notre succursale Felco US crée de la valeur ajoutée commerciale et de distribution», avise Nabil Francis. S'il dit faire confiance au Conseil fédéral pour trouver un accord plus favorable, une pointe d'inquiétude reste de mise: «J'espère que les PME suisses, qui font rayonner notre pays dans le monde, ne seront pas les sacrifiées sur l'autel de la négociation face à la pharma.» D'autant que les secteurs suisses des machines et de l'outillage sont à la peine ces dernières années en raison de la cherté du franc et de la main-d'œuvre helvétique. «La dépréciation du dollar est énorme. Cela représente déjà un renchérissement de 12% du prix de départ usine et de 20% sur le prix de vente final», illustre le patron de Felco. L'entreprise Felco, aux Geneveys-sur-Coffrane (NE), emploie entre 150 et 200 personnes. FELCO SA «Une crise de plus» pour l'économie du canton de Neuchâtel «C'est une crise de plus pour l'économie de l'arc jurassien et celle de Neuchâtel en particulier, confirme Matthieu Aubert, le chef du Service de l'économie du Canton. Le marché américain est depuis deux ans le moteur de croissance le plus porteur dans de nombreux domaines, alors que les ventes de l'horlogerie ralentissent en Chine. C'est ce qui rend la situation très délicate. À Neuchâtel, le taux de chômage a déjà beaucoup augmenté (ndlr: 4,3% en juin contre 3,3% un an plus tôt) et les demandes de RHT (ndlr: réduction de l'horaire de travail) sont importantes.» Un risque sérieux pèse sur les entreprises helvétiques: se faire doubler par d'autres nations. «Cette décision renchérit les produits suisses aux USA, et fait perdre de la compétitivité à notre pays par rapport aux pays avec des droits de douane américains plus bas (par exemple, Europe: 15%, Royaume-Uni: 10%)», s'inquiète la Chambre neuchâteloise de commerce et d'industrie. Dans le canton de Neuchâtel, les produits pharmaceutiques sont en première ligne des barrières tarifaires, suivis par ceux des secteurs de l'horlogerie, de la machine-outil et des instruments de précision. De quoi faire planer la menace sur les 32'000 emplois du secteur secondaire, estime la ministre neuchâteloise de l'Économie, Florence Nater, interviewée par «Watson». Stocks aux États-Unis au plus haut pour Swatch Group Premier employeur privé du canton, le géant biennois Swatch Group – il compterait plus de 4000 salariés à Neuchâtel (montres Tissot, mouvements ETA, etc.) sur ses 16'000 employés en Suisse – a vu les ventes de ses différentes marques fortement progresser aux USA récemment. Mais l'impact d'une hausse des taxes ne devrait pas se faire ressentir dans l'immédiat. «Je suis très heureux que nous ayons déjà transféré beaucoup de stocks au cours des six premiers mois de cette année, lorsque l'histoire des tarifs douaniers a commencé», a déclaré son CEO, Nick Hayek, à l'agence Reuters. Ces réserves devraient permettre de maintenir les prix entre trois et six mois. Pour la suite, l'héritier au cigare estime que les Américains «continuent d'acheter, même quand vous devez augmenter les prix». Mais pas avec 39% supplémentaires. La marque neuchâteloise Tissot, basée au Locle, fait partie de Swatch Group. Keystone Metalor entre les gouttes de la surtaxe Une autre entreprise neuchâteloise exportatrice, et non des moindres, devrait passer entre les gouttes: le groupe Metalor, qui emploie environ 300 personnes à Marin-Épagnier. «L'or bancaire n'est tout simplement pas soumis à cette taxe aux États-Unis. Il s'agit d'une matière stratégique. Metalor ne subira donc pas les conséquences d'une envolée des tarifs douaniers américains», certifie son directeur général, Nicolas Carrera, sans pour autant mentionner l'0r à usage industriel ou d'investissement. L'or raffiné en Suisse est un élément grandissant de la controverse sur la façon dont Washington calcule sa balance commerciale avec la Confédération. En raison de l'incertitude géopolitique actuelle, la demande américaine en métal précieux transformé chez nous s'était envolée entre décembre et mars derniers. Les 39 milliards de francs exportés au premier semestre pèsent ainsi très lourd, faisant doubler l'excédent commercial suisse vis-à-vis des USA. Pour le moment, il n'y a pas de mouvement de panique au sein du tissu économique neuchâtelois. Aucune nouvelle entreprise n'a ouvert de dossier de chômage partiel – ce que le Canton conseille – auprès du Service de l'emploi depuis le choc du 1er août. Signe qu'elles sont soit dans l'expectative du 7 août, date de l'entrée en vigueur des nouvelles taxes, soit tout simplement encore en vacances horlogères. La guerre commerciale des États-Unis Newsletter «La semaine neuchâteloise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Neuchâtel, chaque vendredi. Autres newsletters Fabien Lapierre est journaliste à 24 heures depuis 2022. Basé à Yverdon-les Bains, il couvre principalement l'actualité du Nord vaudois, ainsi que de Neuchâtel. Diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille en 2010, il a travaillé pour la télévision, derrière et devant la caméra, notamment à Canal Alpha. Plus d'infos @fabienlapierre Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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