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05-08-2025
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Jeanson et moi
Cette chronique a été publiée le samedi 29 septembre 2007, en page A7. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. Au tout début, c'est elle qui a dit publiquement quelque chose comme : la passion du vélo m'est venue en lisant les articles de Foglia dans La Presse sur le Tour de France. Mets-en, que ça m'a fait plaisir. Si les compliments m'embarrassent, la reconnaissance me fait fondre. Juste me dire merci, je capote. Elle avait ses deux médailles d'or des championnats du monde junior au cou, je ne la connaissais pas du tout. À l'époque, je trippais Bessette, qui venait de gagner le tour de l'Aude. Je pourrais écrire un livre sur comment ces deux-là se sont débrouillées pour ne jamais se rencontrer vraiment. Anyway. Ce n'était pas possible de tripper les deux en même temps, il fallait choisir son camp – les Capulet ou les Montaigu. J'ai fait un grand papier sur Bessette, j'en ai fait un autre sur Jeanson, j'ai choisi le camp de celle qui m'a dit merci. LA FOIS QUE J'AI ÉTÉ TELLEMENT, MAIS TELLEMENT CON ! – Jean Lessard, ex-coureur, était l'organisateur d'une course à laquelle Jeanson avait refusé de participer. Il en était très fâché et m'avait lâché au téléphone : de toute façon, ta petite crisse de Jeanson, elle n'en a plus pour longtemps, elle a la GRC au cul. C'était en août 2002, avant que ne commencent toutes les affaires. Jeanson était alors au pinacle de sa gloire. Personne, dans les médias, le public, ne se doutait de rien. Je vérifie et découvre que ce n'est pas la GRC, mais le comité de discipline du Collège des médecins qui accuse le Dr Maurice Duquette d'avoir prescrit de l'EPO à des patients, dont la cycliste Geneviève Jeanson. Je débarque chez le bon Dr Duquette, dans son sous-sol du Vieux-Montréal, et je le brasse. Pas physiquement, mais pas loin. Il me raconte une histoire à dormir debout, que j'avale, bien entendu. Puis j'appelle Geneviève. Comme je ne voulais pas la troubler avec mes infâmes soupçons – la pauvre petite était alors en pleine préparation des championnats du monde – je lui dis : passez-moi Aubut. Elle me le passe. André ? Tu raccroches tout de suite et tu me rappelles d'une cabine téléphonique parce que ta ligne est probablement tapée ! Je vous jure. J'en ris aujourd'hui, mais faut être con pas à peu près. Il me rappelle deux minutes après. Tu connais le Dr Duquette, André ? Euh, non. Voyons ! T'es allé le consulter pour l'anémie de Geneviève. Elle fait de l'anémie ? Je viens de voir son dossier… Ah, lui ! Je ne savais même pas son nom ! J'avale ça aussi. (Une petite recherche m'aurait pourtant permis de retrouver l'article dans lequel, trois ans plus tôt, Aubut déclarait : Le docteur Duquette fait partie de notre équipe depuis le début ! Il fait passer des tests sanguins à Geneviève régulièrement, pas question de prendre des risques [sic !]… Elle est drôle, non ?) Pour finir j'ai appelé le père de Geneviève, que j'ai réussi à convaincre de retenir les services d'un avocat (ce fut Me Barrette), lequel s'est dépêché d'obtenir une ordonnance de non-divulgation ! Vous m'avez sauvé la vie, m'écrira Geneviève dans un courriel que j'ai gardé. Je comprends aujourd'hui combien mon irruption a dû les tétaniser toute la gang. Combien ils ont dû avoir peur que j'écrive quelque chose. Non seulement je n'ai rien écrit, mais je leur ai donné l'idée d'une ordonnance de non-publication ! Je ris encore, mais moins fort. Comme le dit le vieux chanteur qui me ressemble : quand j'aime une fois, j'aime pour toujours. PARLANT D'AMOUR – Évidemment, toutes ces années à défendre Geneviève m'ont valu nombre de taquineries qui allaient du « on sait ben, ta petite Geneviève » à des allusions un peu plus olé-olé, voire carrément déplacées ; je pourrais citer des noms. Je me suis tanné le jour où, dans un courriel, une athlète que j'estime beaucoup m'a glissé sans malice : Vous aimez tellement Geneviève (et l'amour peut rendre aveugle) que… Holà ! Je trouve utile de vous faire profiter de ma réponse : « Pour ce qui est du cul, madame, sachez que je ne trippe pas du tout petite blonde ; je tripperais plutôt secrétaire, infirmière, journaliste, réceptionniste ou coiffeuse dans la quarantaine, rousse de préférence, mariée cela ne dérange pas, un peu salope et qui connaît la vie. Si vous voulez d'autres précisions vous m'en demandez, mais vous arrêtez de dire des conneries. Je vous en remercie d'avance. » MADAME AYOTTE – C'est finalement par Mme Ayotte (qui en a parlé à Frosi en promenant son chien, je vous jure) que toute l'histoire du bon Dr Duquette est sortie dans les médias quelques mois plus tard. Mme Ayotte et moi n'avons pas le même avis sur le dopage, essentiellement parce que je n'ai pas d'avis sur le dopage, même pas, comme c'est la grande mode ces jours-ci, l'avis qu'il faudrait le tolérer en partie sous strict contrôle médical. Tolérer un peu le dopage ne changerait rien à rien. Le tolérer un peu n'empêcherait personne d'en prendre beaucoup et on reviendrait à la case départ. Là-dessus, du moins, Mme Ayotte et moi, on s'entend très bien. Dommage qu'elle ne soit pas coiffeuse. Je ne pense pas qu'elle soit rousse non plus. PARLONS SPORT – Si elle n'avait pas pris d'EPO, aurait-elle remporté toutes ces victoires ? C'est tout de même moi qui m'entraînais le plus fort, laisse-t-elle échapper dans le reportage de Gravel. Au fin fond d'elle, c'est ce qu'elle pense : EPO ou pas, je les aurais toutes clenchées. Pas sûr du tout. L'EPO fait une énorme différence. Dans l'histoire du dopage, c'est la première dope qui fait autant de différence. Des études en labo avancent que l'EPO améliore la performance de 20 à 30 %. Dans l'élite de n'importe quel sport, la différence entre les 30 premiers joue sur des marges infimes. Un avantage de 20 à 30 %, c'est presque de la magie. Sans EPO, Geneviève aurait couru dans l'ombre de Bessette, alors que c'est le contraire qui est arrivé. Sans EPO, elle n'aurait pas eu la commandite de Rona, n'aurait pas gagné un million. Il se trouve de plus en plus de gens pour dire qu'il faut sanctionner le portefeuille des athlètes dopés. Je n'ai pas d'opinion là-dessus. LE MONSTRE CANDIDE – Avant-hier, j'ai appelé le monstre dans son restaurant de Phoenix. Il était en train de servir le déjeuner. Hey, André, rappelle-moi d'une cabine téléphonique. Non, c'est pas vrai ! André, j'te laisse mon numéro à la maison, si tu te décides à parler, gêne-toi pas. Je peux aussi aller te rencontrer à Phoenix, si tu veux. Non, non, non, ne viens surtout pas… et presque sans transition : mais si tu viens, apporte ton vélo, on ira rouler. On ira rouler ! Du Aubut tout craché : innocent. Je n'ai jamais réussi à le trouver aussi sulfureux qu'on le dit dans le milieu. Je continue à le croire candide dans sa monstruosité. Si jamais des plaintes sont retenues contre lui et qu'il me prend pour avocat, je plaiderai un truc qui n'est pas encore dans le code criminel : l'aliénation aérobique ou aliénation VO2 max. Je prouverai scientifiquement que, chez les sujets qui en sont atteints, l'oxygène ne se rend pas au cerveau. UNE GRANDE TRISTESSE – Je vous ai trouvée émouvante, mademoiselle, quand vous avez dit, je cite de mémoire : À 15 ans, j'étais vive, intelligente, curieuse de tout. Vous l'étiez encore à 18, quand je vous ai croisée. Aujourd'hui ? Bof, allez, vous n'êtes pas si pire. Dans la moyenne des athlètes, ce qui n'est pas une grande consolation, mais bon… UNE GRANDE TRISTESSE (bis) – J'ai un message pour vous, Mlle Jeanson, de mon complice en naïveté Pierre Hamel. Il fait dire que si vous venez à le croiser, il ne changera pas de trottoir. Il vous invite aussi sur ses terres. Moi non. Ce n'est pas par fâcherie. C'est juste que je n'aurais rien à vous dire. J'ai été très triste de vous voir comme ça à la télé, tout enfargée dans ce que vous ne vouliez pas dire, qui est votre nouvelle façon de mentir, et votre ancienne aussi quand vous nous avez glissé que vous n'étiez pas sous EPO au tour de Toona. Presque personne ne l'a relevé. Votre culot est pourtant énorme. Comme ça, on vous a pris une fois en 10 ans, une seule fois qui a mis fin à votre carrière, et vous venez nous dire que cette unique fois-là, non, vous n'aviez rien pris ! Ainsi vous n'êtes pas totalement revenue de votre déni, pas revenue de ces bêtises de protéines dans vos urines que le test antidopage confondrait avec une prise d'EPO. Vous profitez de vos aveux pour régler un dernier compte avec l'USADA, avec ces tests jamais fiables selon vous. Deux heures de télé pour nous dire que vous nous avez menti pendant 10 ans et vous terminez par un mensonge. Il faut vous donner ça : vous n'avez jamais manqué de tempérament.


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02-08-2025
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Trois livres, disons deux et demi
Cette chronique a été publiée le jeudi 24 avril 2008, en page A7. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. Le plus embêtant avec la critique, ce n'est pas qu'elle fasse mal, c'est qu'elle paralyse. Quelqu'un écrit quelque part que Foglia est un ci et un ça. Il n'y a pas de réplique possible. Quoi que tu répondes, tu auras de toute façon l'air de dire : ben toi aussi d'abord ! Ce qu'on sait moins, c'est que la louange a exactement le même effet. Quelqu'un écrit quelque part que Foglia oh là là Foglia ! Et te voilà ligoté. Prenez par exemple Dany Laferrière qui a écrit sur moi des choses si gentilles qu'en les lisant, j'avais l'impression d'être mort. C'est d'ailleurs comme ça que commençait son éloge : faut pas attendre qu'il soit mort. Et il m'a embaumé vivant, ce con. Comment voulez-vous, maintenant, que je parle de son dernier roman ? Je dis que c'est nul et je passe pour un chien sale. Je dis que c'est bon : on sait bien, je lui renvoie l'ascenseur. Je dis que c'est moyen : j'essaie d'être fin malgré tout. Ben, je dirai rien d'abord. Arrangez-vous. Quand même un petit quelque chose pour vous mettre sur la piste. À propos du titre Je suis un écrivain japonais, page 115, le héros du roman, excédé par les questions de l'attaché culturel du consulat du Japon explique : Je suis pas un écrivain japonais. J'écris un livre dont le titre est Je suis un écrivain japonais, cela ne fait pas de moi un écrivain japonais. Reste qu'on ne m'enlèvera pas de l'idée que le titre de ce roman aurait dû être : Je suis un écrivain qui se regarde écrire un livre dont le titre est : Je suis un écrivain qui se regarde écrire un livre. Dany Laferrière a écrit ici un amusant mode d'emploi de la fiction (et de la métafiction : la fiction sur la fiction). Pour ce qui est du livre, je crois qu'il reste à écrire. INTELLIGENCE PURE – Philippe Sollers est l'intellectuel le plus haï de France. Le plus insulté. Le plus intelligent. CQFD : le plus haï et le plus insulté parce que le plus intelligent. Titre de son dernier livre sorti à l'automne chez Plon : Un vrai roman. Qui n'est pas un roman. Des mémoires, mais pas au sens où d'autres racontent leur vie. Sollers ne raconte pas sa vie mais ses combats à chaque étape de sa vie, toujours le même combat en fait, contre le même ennemi : la sottise. Je ne vous invite pas à lire Sollers, vous me le reprocheriez. Juste signaler qu'il se tient debout à côté de Gide le pédophile, de Flaubert le misanthrope, de Marx le massacreur, de Nietzsche la brute, du libidinal Freud, de Sartre qui a béni les goulags, du Voltaire dénigreur de la Bible et du Coran, d'Aragon le pédé dans le placard, de Faulkner le négrier, de Céline l'antisémite, de Sade, de Lautréamont l'illisible, de Joyce plus illisible encore, de Jarry le cynique, de Swift l'anarchiste, de Chateaubriand le vicomte d'outre-tombe, de Roussel le cinglé. Sollers se tient à leurs côtés contre l'Inquisition. Quand Sollers est un peu moins intelligent que d'habitude, dans ce livre-là par exemple, c'est parce qu'il le fait exprès, c'est parce qu'il faut bien vivre en société, qu'il faut bien être lu et pour cela ne pas écrire trop compliqué. Je ne vous invite pas à lire Sollers, mais si vous ne deviez lire qu'un livre de Sollers dans votre vie, alors celui-là : il a fait un effort exprès pour vous. L'INTIMITÉ – Annie Ernaux écrit des récits autobiographiques. Je les ai tous lus. Tous m'ont jeté sur le cul. La place, Une femme, La honte, L'occupation, Journal du dehors, La vie extérieure. Autant de coups de poing dans le ventre, Annie Ernaux vise le mou du ventre, pas le cerveau, pas le cœur, le mou du ventre. Ah bon ! C'est ça écrire ! Pour bien expliquer, Annie Ernaux est l'exact contraire de Marguerite Duras qui raconte aussi sa vie mais en la « fictionnant ». À l'inverse, Ernaux travaille son écriture au couteau pour en enlever toute fiction, comme on enlève les yeux quand on épluche des patates. Il en reste un texte dur, presque violent, creusé de petits cratères. C'est ce même couteau à la main qu'elle raconte la France des 60 dernières années dans son dernier livre au titre d'une sécheresse toute ernaudienne : Les années. La France politique de de Gaulle, puis de Mitterrand, la France des guerres coloniales, Indochine, Algérie, mais aussi la France intime qui sauce son assiette, le repas dominical interminable – quand on changeait les assiettes pour le dessert, c'était presque le milieu de l'après-midi. La France profonde du début des années 70 si prompte à s'indigner, cette scène des Valseuses où Patrick Dewaere suçait le sein d'une mère à la place de son nourrisson qui avait fait si grand scandale… Une chatte noire et blanche sur une photo, beaucoup de photos – racontées évidemment, pas montrées – les photos font passer les années, d'un gros bébé à la lippe boudeuse à celle d'une femme d'un certain âge aux cheveux blond-roux de 66 ans quand le livre se termine. Toutes les images disparaîtront, c'est la première ligne. Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais, c'est la dernière et le but de ce livre magnifique. Entre les deux, un écrit intime, pas l'intimité de l'auteur, celle d'une époque. Une intimité universelle si cela se peut. Annie Ernaux atteint ici le sommet de son art qui est de ne dire d'elle que ce qui renvoie à la vie, à l'expérience personnelle des lecteurs. J'ai déjà lu des livres que j'aurais pu écrire, généralement mauvais. D'autres que j'aurais voulu écrire. Lisant Les années, j'avais le sentiment de lire mon propre journal intime.


La Presse
02-08-2025
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La dernière fois
La dernière fois qu'il est venu manger à la maison, sa main tremblait en tenant sa tasse de café. « Tu vois ? » Ben oui, je vois, Pierre. C'est la seule fois qu'il a évoqué sa maladie. Il ne voulait pas m'en parler. La dernière fois que je lui ai demandé comment il allait, il ne m'a pas dit « comme un vieux monsieur », sa réponse habituelle. Il m'a plutôt répondu, avec son humour doux-amer : « Je vais comme quelqu'un atteint d'une maladie dégénérative : je dégénère. » Il en a eu assez de dégénérer. On me demandait souvent comment il était, Foglia, dans la vie. Il était comme dans ses chroniques. Tantôt drôle et émouvant, tantôt râleur et sardonique, toujours curieux et potineux, à la fois conscient de sa valeur et complexé, gentil et nono, avec une acuité de l'esprit et un esprit de contradiction hors du commun. Généreux et encourageant, aussi doux qu'il pouvait être dur dans ses écrits, voire cruel et intraitable avec les gens qu'il aimait, par crainte absolue de paraître complaisant. « C'est fou comme ce tendre bougon suscitait de l'affection ! », me disait cette semaine avec raison son amie Françoise. « T'as su pour Foglia ? » C'est la blague qu'il m'aurait faite aujourd'hui s'il était encore là, après tous ces hommages. Il aurait trouvé qu'on en fait trop pour lui. Il trouvait souvent qu'on en faisait trop. Il avait en horreur les hagiographies. Il se serait moqué de nos épanchements, peut-être pas si gentiment. Moque-toi pas de ma peine, mon tabarnak ! Pierre ne m'a jamais raconté une histoire dont il ne s'est pas servi éventuellement, des jours, des semaines, voire des mois plus tard, dans une chronique. C'était systématique. Sa vie tournait autour de sa chronique comme une roue de bécyk (qu'il écrivait le plus souvent sans « c » ; j'ai vérifié). Et vice versa. « J'arrive de faire quelque chose et je sais que je vais en tirer une chronique. — Tu le sais tout le temps ? — Souvent. De toute façon, c'est là. C'est comme une banque de données. Je suis comme tous les gens du métier. On est tous des banques de données. On ne sait pas si ça va servir ou pas, mais c'est là. » Je ne le cite pas de mémoire, comme il avait l'habitude de le faire dans ses chroniques. Il n'enregistrait rien, prenait des notes sommaires, se fiait à sa mémoire. C'était sa façon de retenir l'essentiel. Une licence artistique (comme son allergie quasi blaisienne à la ponctuation ; parlez-en au pupitre…) qui faisait de lui cet écrivain-journaliste unique. Il était un livre ouvert pour ses lecteurs, qu'il invitait, à la fois pudique et impudique, dans son univers. C'est pour ça que nous nous sentions si complices, attirés par la lumière de son phare, en page A5, comme des papillons de nuit. Peu importe qui nous étions, de quel milieu, de quelle orientation ou de quelle idéologie. Et puis il y avait sa plume, qui coulait de source, à force de peaufiner ses textes jusqu'à en extraire la substantifique moelle. S'il y a un sujet auquel il a beaucoup réfléchi, mais dont il a peu parlé dans ses chroniques… c'est de ses chroniques. Je lui ai proposé de l'interviewer à propos de son rapport à son métier, pour un projet de livre qui n'a jamais vu le jour. Comme du reste ce projet de recueil de chroniques sur lequel il a planché à la retraite, après avoir refusé pendant des décennies les propositions d'éditeurs, parce qu'il n'aimait pas ce que d'autres avaient fait de ses textes. « Les gens confondent tout, m'avait-il confié. J'écris pour ne rien dire, c'est vrai. C'est ce que je veux faire. Mais je ne veux pas surécrire pour ne rien dire. »