Dernières actualités avec #INRS


La Presse
4 hours ago
- Science
- La Presse
Une découverte montréalaise élucide l'épuisement des cellules immunitaires
Des chercheurs montréalais ont mis le doigt sur un facteur qui explique pourquoi les cellules immunitaires chargées de combattre les infections chroniques et même le cancer finissent par s'épuiser et perdre de leur efficacité. Jean-Benoit Legault La Presse Canadienne Cet « épuisement » limite notamment l'impact que peut avoir l'immunothérapie, qui compte pourtant parmi les développements les plus prometteurs de la dernière décennie dans la lutte contre le cancer. « (Les cellules T CD8+) sont des cellules tueuses qui sont assez importantes pendant des infections chroniques et qui jouent aussi un rôle important contre certains cancers, et on voulait savoir comment elles sont régulées », a expliqué l'auteure principale de l'étude, la professeure Simona Stäger, de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). En présence d'une infection chronique, a-t-on expliqué par voie de communiqué, le métabolisme des lymphocytes T s'épuise ; les cellules produisent moins de cytokines (des messagers chimiques essentiels à la réponse immunitaire) ; et leurs « centrales énergétiques » (les mitochondries) fonctionnent moins bien. « Ces cellules sont constamment stimulées quand il y a une infection chronique, a dit la professeure Stäger. Il y a une sorte d'inflammation chronique qui se forme, […] toutes les cellules sont au même endroit pour combattre le virus, et elles finissent par s'épuiser. » La professeure Stäger et ses collègues du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l'INRS et de l'Université McGill ont maintenant découvert que le facteur de transcription IRF-5 serait capable de préserver l'énergie et la vitalité des lymphocytes T en agissant directement sur leur métabolisme. IRF-5, a précisé la professeure Stäger, aide les cellules T à garder leur énergie et leur capacité à combattre, même en situation de stress prolongé. En revanche, l'absence d'IRF-5 contribue à augmenter l'épuisement des cellules. « Le processus d'épuisement est très complexe, a-t-elle expliqué. Les cellules finissent par mourir parce qu'elles doivent constamment combattre. Et tout ça est graduel. » Les chercheurs espèrent que ces travaux contribueront à mieux comprendre comment moduler le métabolisme cellulaire afin de soutenir et renforcer la réponse immunitaire lors d'infections chroniques ou de cancers. « Lors de travaux futurs, on aimerait voir si on peut moduler l'expression de IRF-5 pour empêcher la cellule de s'épuiser, a dit la professeure Stäger. Enlever complètement le processus d'épuisement pourrait être dangereux, mais on voudrait au moins le ralentir. » Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique EMBO Journal.


La Presse
13-07-2025
- Science
- La Presse
L'alimentation et le cancer de la prostate
Depuis une vingtaine d'années, une campagne de port de la moustache en novembre, Movember, vise à sensibiliser au cancer de la prostate. Chaque semaine, notre journaliste répond aux questions scientifiques de lecteurs Y a-t-il des aliments susceptibles de causer le cancer de la prostate ? Chantal Allen On ne le sait pas avec certitude, mais l'excès de produits laitiers pourrait être problématique, selon une chercheuse de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). « Certaines études montrent qu'un régime trop riche en produits laitiers et en calcium augmente le risque de cancer de la prostate », dit Marie-Élise Parent, de l'INRS, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en épidémiologie environnementale du cancer. « De même, il se pourrait que des déficiences en vitamine E et en sélénium augmentent aussi le risque. » Outre le lait, les sources de calcium dans l'alimentation sont les légumes verts et les noix. La vitamine E se trouve dans les huiles végétales, les noix et graines et les légumes verts. Quant au sélénium, il provient des noix, des poissons et fruits de mer et de la viande. Étant donné l'incertitude, l'autorité en la matière, le World Cancer Research Fund (WCRF), ne considère pas qu'il y a des facteurs de risque alimentaires pour le cancer de la prostate, note Mme Parent. Le WCRF est une organisation de Londres qui réunit périodiquement des comités d'experts pour se pencher sur ce type de questions. Ses recommandations pour éviter le cancer de la prostate sont « les mêmes que pour les autres types de cancers et pour les maladies cardiovasculaires, manger santé et varié et être actif », dit Mme Parent. Pendant longtemps, on a cru que l'excès de viande rouge et de certaines graisses augmentait le risque de ce cancer, et que le lycopène, un composé notamment présent dans la tomate, avait un effet protecteur. « Mais finalement, ce n'est pas le cas dans tous ces cas », dit Mme Parent. Le cancer de la prostate est étudié sous la loupe de l'alimentation parce qu'il est beaucoup plus fréquent dans certains pays. PHOTO TIRÉE DU SITE DE L'INRS Marie-Élise Parent Il y a des taux beaucoup plus élevés en Amérique du Nord qu'en Asie, et quand les gens changent de pays, leur risque change, probablement parce qu'ils adoptent les habitudes de vie de ce nouvel endroit. Marie-Élise Parent, professeure et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'alimentation et le cancer « Donc on pense qu'il y a des facteurs environnementaux importants. » Obésité Elle a elle-même mené plusieurs études sur la question. L'une d'entre elles, publiée en 2020 dans la revue Nutrients, étudiait trois types d'alimentation : santé, riche en sucre, et riche en aliments salés et en alcool. Comparé au régime santé, le régime contenant beaucoup de sucre était associé à un risque 35 % plus élevé de cancer de la prostate. Le risque était plus important pour ce qui est des cancers de stade plus avancés. Une autre étude de Mme Parent, publiée en même temps dans la même revue, portait sur les aliments ultratransformés, qui augmentent le risque de cancer de la prostate. La différence était de 29 % quand on comparait les 25 % de gens qui consomment le plus de ces aliments avec les 25 % qui en consomment le moins. Ici aussi, le risque était plus important pour ce qui est des cancers de stade plus avancés. Enfin, une autre, publiée en 2021 dans la revue Cancer Causes & Control, a conclu que l'obésité augmente le risque de cancer de la prostate. « L'augmentation est encore plus importante pour les cancers de la prostate plus agressifs, dit-elle. L'obésité est souvent liée à l'alimentation. » Vous avez une question scientifique ? Écrivez-nous