06-07-2025
« On n'allait pas démarrer à 80 bornes de l'arrivée dès la 2e étape » : pourquoi Tadej Pogacar s'est montré prudent dans le final
Dans un final fait pour ses qualités de puncheur, Tadej Pogacar ne s'est pas lancé à l'attaque ce dimanche, se contentant de suivre. Un plan destiné à le protéger et le préserver alors que la route du Tour est encore longue.
Tadej Pogacar en tête du peloton dans une montée, l'image est très habituelle. Mais le même homme qui dans cette position, se retourne et s'écarte pour laisser d'autres coureurs mener le train, c'est plus rare. Ça s'est passé à 9,1 km de l'arrivée à Boulogne-sur-Mer, tout près du sommet de la côte de Saint-Étienne-au-Mont, et cela a posé question tant le Slovène est coutumier des coups de force. Était-il un peu juste ou voulait-il simplement gérer ?
La facilité avec laquelle, dans ce mur solide qui a fait exploser le peloton (1 km à 10,6 %), il a pris la roue de Matteo Jorgenson (Visma - Lease a Bike) a rapidement écarté la première hypothèse. Et les dernières bornes ont confirmé l'autre option, celle d'un « Pogi » qui voulait simplement ne pas laisser trop de gomme dans ce final. « On n'allait pas démarrer à 80 bornes de l'arrivée dès la deuxième étape du Tour, s'amusait son directeur sportif Joxean Matxin Fernandez quand un journaliste lui faisait remarquer que son poulain avait été plus prudent que d'habitude. Plus tard, on pourra viser autre chose, mais là, on doit rester prudents, respecter les rivaux, et protéger la position de Tadej (Pogacar). Notre plan, aujourd'hui, c'était de faire la sélection pour avoir moins de monde dans le final, et si possible de lutter pour l'étape, sans que ce soit l'idée principale. »
Tadej Pogacar une nouvelle fois bien aidé par Tim Wellens
Et pour faire la sélection, UAE Emirates n'a pas misé sur son leader mais sur Tim Wellens, qui a mené le peloton dans la côte du Haut-Pichot, à 30 km de l'arrivée. Puis sur Jhonatan Narvaez dans la dernière difficulté répertoriée du jour, la côte d'Outreau. Et enfin sur João Almeida dans l'approche de la montée finale. Pogacar, lui, est juste sorti des roues pour répondre à une attaque de son rival Jonas Vingegaard et pour tenter de doubler Matthieu Van der Poel dans le sprint final, en vain. « Je me sentais vraiment bien dans le final, a-t-il confirmé. Mais Matthieu (Van der Poel) était très fort. »
Interrogé pour savoir s'il était surpris de ne pas avoir vu Pogacar tenter de disperser ses rivaux, Jorgenson, équipier de Vingegaard, s'est montré lucide : « je dirais qu'il est plutôt bon. Il est deuxième de l'étape, sprinter contre Van der Poel n'est pas une garantie de gagner. Je pense qu'il est à son top niveau. »
Avec cette gestion tranquille, et presque sans le vouloir, Pogacar est quand même passé en deuxième position au sommet de la côte du Haut Pichot puis en tête dans celle de Saint-Étienne-au-Mont. Résultat, il a enfilé le maillot à pois sur le podium de Boulogne-sur-Mer. Un maillot que, malgré ses victoires au classement des grimpeurs en 2020 et 2021, il n'a porté qu'un jour sur le Tour, en 2020. « J'ai hâte, parce que les gens aiment ce maillot », a-t-il réagi. Le jaune attendra probablement qu'il le décide, ou que son équipe estime qu'il est temps d'assumer le poids de la course.