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La Presse
11-07-2025
- Entertainment
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La menteuse et ses victimes
À l'arrière : les acteurs Catherine Chabot (Chloé) Véronique Le Flaguais (Claire), Pierrette Robitaille (Louison) et Luc Senay (Georges). Devant : le réalisateur Émile Gaudreault et les comédiens Anne-Élisabeth Bossé (Virginie) et Antoine Bertrand (Phil). Nous avons demandé aux acteurs du film Menteuse, la suite du succès Menteur, de nous parler de leur personnage et de leur relation avec le mensonge. Anne-Élisabeth Bossé (Virginie Gauthier) PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Anne-Élisabeth Bossé incarne Virginie, la menteuse de la suite de Menteur. « Virginie ment au point de nuire. Elle provoque malgré elle des humiliations, décrit Anne-Élisabeth Bossé, tête d'affiche du long métrage. Plus je réfléchis au mensonge, plus je me rends compte que j'en fais souvent. Je dis que ça ne me dérange pas, alors que ça me dérange un peu. Je fais des choses à contrecœur, parce que je me dis que l'autre personne va avoir de la peine. » Certains mensonges sont-ils moins néfastes que d'autres alors ? « Je pense sincèrement qu'on a le droit de mentir. Toute vérité n'est pas bonne à dire. Dans mon métier, on essaie d'être les gardiens de notre image et de notre vie personnelle. Tout le monde ne mérite pas le tréfonds de mon âme. Ne pas dire toute la vérité est un mur contre l'intrusion », estime l'actrice. Antoine Bertrand (Phil Aubert) PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Antoine Bertrand joue de nouveau Phil, le chum de Virginie. Est-ce qu'Antoine Bertand et son personnage se ressemblent un peu ? « Je tolère difficilement le mensonge, mais Phil est plus psychorigide que moi. En même temps, il ne peut pas être relaxe, parce qu'il sait que chaque mensonge peut potentiellement être celui qui va tout faire basculer. Il a le même point de vue que le public. Et quand on bascule, les spectateurs commencent à rire et ma vie devient un enfer », raconte le comédien en souriant. Dans la vie, il se qualifie de « très mauvais menteur », mais croit que c'est parfois une question de « survie ». Selon lui, dans « les moments importants où il faut être honnête et qu'on choisit le mensonge, on a tous eu une petite voix qui a demandé 'Es-tu sûr ?'. Ce n'est pas inconscient. » Catherine Chabot (Chloé Therrien) PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Catherine Chabot reprend le rôle de Chloé, désormais amie de Virginie. « Je suis vraiment comme le personnage de Chloé. Je dis trop de choses. Je n'ai aucun filtre, confie sans la moindre retenue Catherine Chabot. Si une amie me demande si une robe lui fait bien, je me fais le devoir de lui dire la vérité. Il y a toujours une façon de le dire. » Deux facteurs expliquent la relation avec la vérité et le mensonge de l'actrice. D'abord, dans sa famille, « tout le monde dit ce qu'il pense ». Puis, elle assure être incapable de mentir. « Je rougis, je rigole. Je dis à l'avance les cadeaux de Noël que j'ai achetés. Je ne suis pas capable de garder une surprise. » Après une première rencontre de 15 minutes, nous n'avons aucune difficulté à la croire ! Pierrette Robitaille (Louison Hébert) PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Pierrette Robitaille rejoint la distribution dans le rôle de Louison, la mère de Virginie. La réputée actrice s'ajoute à la distribution de Menteuse dans le rôle de la mère de Virginie. Les changements d'univers lui permettent d'incarner différentes versions d'elle-même. « Je pars d'une femme très déprimée à une très forte, autoritaire, puis à une autre qui n'est plus affectée par rien. Pour un acteur, c'est super ! » Pierrette Robitaille indique qu'elle n'est « pas une menteuse du tout ». « Je n'ai pas recours à cette façon de me sauver de quelque chose. Je n'ai pas cette inspiration d'inventer une menterie pour me rendre service ou rendre service à l'autre. Cependant, je suis une personne très positive. Je vais toujours voir les bons côtés des autres, puis ne pas trop parler des moins bons. Certains pourraient dire que je cache la vérité… » Véronique Le Flaguais (Claire Aubert) PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Véronique Le Flaguais interprète encore Claire, la mère de Phil. De retour dans la peau de la mère de Phil, Véronique Le Flaguais admet qu'elle a déjà dit des faussetés comme sa belle-fille dans le film. « J'étais en présence d'une femme qui avait un enfant, puis elle avait des problèmes que toutes les mères peuvent avoir. Je lui ai dit : 'Je te comprends, c'est la même chose pour moi', mais je disais ça pour qu'elle ne se sente pas seule. Michel [Côté] n'était pas loin et m'a demandé : 'Pourquoi t'as dit ça ? Ce n'est même pas vrai'. Il ne comprenait pas pourquoi je mentais, et je lui ai expliqué que c'était pour la rassurer. » La comédienne ajoute : « Je mens quand c'est utile ou carrément pour me rendre intéressante », puis elle éclate de rire. Luc Senay (Georges Aubert) PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Luc Senay incarne de nouveau le père de Phil, Georges. Pour Luc Senay, reprendre le rôle du père de Phil était « un cadeau du ciel ». « J'aime comment [le réalisateur Émile Gaudreault] travaille. Il est d'une efficacité redoutable. En presque neuf ans de collaboration, j'ai vu l'évolution de sa maîtrise de l'humour. […] Là, il nous a fait faire toutes sortes de variantes inimaginables de nos personnages et c'était du gâteau ! » Comme l'acteur qui joue son fils, Luc Senay se qualifie de « très mauvais menteur ». « Je me suis essayé. Je m'essaye encore parfois. Mais je deviens rouge. C'est rare que je bégaie, mais là, je me mets à bégayer. » Menteuse est présentement à l'affiche. Lisez notre critique de Menteuse


La Presse
09-07-2025
- Entertainment
- La Presse
Critique de Menteuse
La suite de Menteur, succès de 2019 six fois millionnaire, ose davantage et permet à ses brillants acteurs de s'éclater. Le feu roulant de gags génère plus de rires que de soupirs, tandis que l'émotion est plus sentie. Une fois qu'on est entré dans le multivers, il est difficile d'en sortir. Parlez-en aux Studios Marvel. La bonne nouvelle est que le réalisateur Émile Gaudreault et ses coscénaristes Éric K. Boulianne et Sébastien Ravary tirent profit des réalités multiples pour créer des situations de plus en plus loufoques et évitent de s'empêtrer dans la sémantique. Dans Menteuse, Virginie (Anne-Élisabeth Bossé) ne peut s'empêcher de mentir, à l'instar de son beau-frère Simon, isolé dans une grotte en Inde parce qu'il craint une rechute – ce qui explique l'absence de Louis-José Houde dans ce deuxième volet. Contrairement à Simon, Virginie raconte des mensonges pour faire plaisir aux gens et les réconforter plutôt que pour se mettre en valeur ou échapper à ses responsabilités. Malgré tout, son chum Phil (Antoine Bertrand) s'inquiète. Il se souvient du cauchemar dans lequel son frère jumeau l'a plongé, lui et le monde entier, avec ses menteries en série. Mais ses avertissements ne suffisent pas ; la famille, les amis et les collègues du couple sont donc transportés dans une réalité où les mensonges de la jeune femme se concrétisent. PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR IMMINA FILMS Anne-Élisabeth Bossé (Virginie) et Antoine Bertrand (Phil) Ainsi, Virginie habite maintenant une maison autosuffisante et se présente à la mairie avec le soutien de Chloé (Catherine Chabot), qui a recommencé à consommer. Phil est « une drama queen » hypersensible. Ses parents, Georges (Luc Senay) et Claire (Véronique Le Flaguais), s'esclaffent à chacun de leurs jeux de mots douteux. Louison (Pierrette Robitaille), la mère de Virginie, croit que son ex-mari (Rémy Girard) veut revenir avec elle. Phil explique à sa blonde qu'elle doit se rappeler son premier mensonge et s'en excuser pour retourner dans leur propre réalité. Devant l'ampleur de la tâche, Virginie ment de plus belle et tout le monde atterrit dans une autre dimension puis une autre ensuite, encore plus décalée. On étire un peu la sauce, mais pas trop. Fil conducteur préservé En dépit de la superposition de réalités et des changements radicaux des personnages, le récit est simple à suivre – nous sommes loin d'Inception et des Spider-Verse. Les différentes couches d'univers élargissent surtout les possibilités de gags et donnent aux talentueux acteurs la chance de jouer diverses personnalités. PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR IMMINA FILMS Monika Pilon, Pierrette Robitaille et Rémy Girard incarnent respectivement la sœur, la mère et le père de Virginie (Anne-Élisabeth Bossé). Sous la folie se cache une réflexion plus profonde par rapport à la tristesse refoulée et aux conflits non résolus. Virginie ment pour faire plaisir, car rendre les autres heureux est devenu plus important que son propre bonheur. Son voyage à travers les univers fait remonter à la surface des émotions enfouies. Si le cinéma québécois verse parfois dans l'excès de drame, Émile Gaudreault aurait pu s'en permettre davantage ici. Lorsque Virginie admet pourquoi elle trompe ses proches, Anne-Élisabeth Bossé dévoile une facette tragique de son personnage qui ancre la plaisanterie dans le concret. Ce moment est cependant bref et laisse sa place à plus de farces et de bons sentiments quelques instants plus tard. Maîtres de la comédie Menteuse est avant tout une comédie légère qui atteint son objectif premier : faire rire. Quelques blagues recyclées du premier volet – parler de manière inintelligible en pleurant n'est pas si drôle – ne plombent pas l'impressionnant taux de réussite des coscénaristes. On ne se tape pas toujours sur les cuisses, mais le sourire persiste. La qualité du jeu des comédiens y est pour beaucoup. PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR IMMINA FILMS Catherine Chabot, Anne-Élisabeth Bossé et Karl Walcott Bien que les rôles principaux limitent généralement les excès, Anne-Élisabeth Bossé, vue dans Nos belles-sœurs, brille en réagissant au chaos de manière hilarante. Puis, quand elle se transforme en « nunuche », elle donne vie à cette caricature comme pas une. Antoine Bertrand et Catherine Chabot se démarquent de nouveau par la qualité de leur jeu comique en se glissant dans la peau de personnages stéréotypés qui, dans d'autres mains, auraient pu faire grincer des dents. Luc Senay et Véronique Le Flaguais ont également l'occasion de s'amuser davantage, tandis que Pierrette Robitaille et Rémy Girard intègrent cet univers de menterie avec des personnages moins fous, mais tout aussi drôles. Autre nouvelle venue, Monika Pilon, qui joue leur plus jeune fille, Julie, vole quelques scènes, autant comiques que dramatiques. En salle