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Critique de Menteuse

Critique de Menteuse

La Presse09-07-2025
La suite de Menteur, succès de 2019 six fois millionnaire, ose davantage et permet à ses brillants acteurs de s'éclater. Le feu roulant de gags génère plus de rires que de soupirs, tandis que l'émotion est plus sentie.
Une fois qu'on est entré dans le multivers, il est difficile d'en sortir. Parlez-en aux Studios Marvel. La bonne nouvelle est que le réalisateur Émile Gaudreault et ses coscénaristes Éric K. Boulianne et Sébastien Ravary tirent profit des réalités multiples pour créer des situations de plus en plus loufoques et évitent de s'empêtrer dans la sémantique.
Dans Menteuse, Virginie (Anne-Élisabeth Bossé) ne peut s'empêcher de mentir, à l'instar de son beau-frère Simon, isolé dans une grotte en Inde parce qu'il craint une rechute – ce qui explique l'absence de Louis-José Houde dans ce deuxième volet.
Contrairement à Simon, Virginie raconte des mensonges pour faire plaisir aux gens et les réconforter plutôt que pour se mettre en valeur ou échapper à ses responsabilités.
Malgré tout, son chum Phil (Antoine Bertrand) s'inquiète. Il se souvient du cauchemar dans lequel son frère jumeau l'a plongé, lui et le monde entier, avec ses menteries en série. Mais ses avertissements ne suffisent pas ; la famille, les amis et les collègues du couple sont donc transportés dans une réalité où les mensonges de la jeune femme se concrétisent.
PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR IMMINA FILMS
Anne-Élisabeth Bossé (Virginie) et Antoine Bertrand (Phil)
Ainsi, Virginie habite maintenant une maison autosuffisante et se présente à la mairie avec le soutien de Chloé (Catherine Chabot), qui a recommencé à consommer. Phil est « une drama queen » hypersensible. Ses parents, Georges (Luc Senay) et Claire (Véronique Le Flaguais), s'esclaffent à chacun de leurs jeux de mots douteux. Louison (Pierrette Robitaille), la mère de Virginie, croit que son ex-mari (Rémy Girard) veut revenir avec elle.
Phil explique à sa blonde qu'elle doit se rappeler son premier mensonge et s'en excuser pour retourner dans leur propre réalité. Devant l'ampleur de la tâche, Virginie ment de plus belle et tout le monde atterrit dans une autre dimension puis une autre ensuite, encore plus décalée. On étire un peu la sauce, mais pas trop.
Fil conducteur préservé
En dépit de la superposition de réalités et des changements radicaux des personnages, le récit est simple à suivre – nous sommes loin d'Inception et des Spider-Verse. Les différentes couches d'univers élargissent surtout les possibilités de gags et donnent aux talentueux acteurs la chance de jouer diverses personnalités.
PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR IMMINA FILMS
Monika Pilon, Pierrette Robitaille et Rémy Girard incarnent respectivement la sœur, la mère et le père de Virginie (Anne-Élisabeth Bossé).
Sous la folie se cache une réflexion plus profonde par rapport à la tristesse refoulée et aux conflits non résolus. Virginie ment pour faire plaisir, car rendre les autres heureux est devenu plus important que son propre bonheur. Son voyage à travers les univers fait remonter à la surface des émotions enfouies.
Si le cinéma québécois verse parfois dans l'excès de drame, Émile Gaudreault aurait pu s'en permettre davantage ici. Lorsque Virginie admet pourquoi elle trompe ses proches, Anne-Élisabeth Bossé dévoile une facette tragique de son personnage qui ancre la plaisanterie dans le concret. Ce moment est cependant bref et laisse sa place à plus de farces et de bons sentiments quelques instants plus tard.
Maîtres de la comédie
Menteuse est avant tout une comédie légère qui atteint son objectif premier : faire rire. Quelques blagues recyclées du premier volet – parler de manière inintelligible en pleurant n'est pas si drôle – ne plombent pas l'impressionnant taux de réussite des coscénaristes.
On ne se tape pas toujours sur les cuisses, mais le sourire persiste. La qualité du jeu des comédiens y est pour beaucoup.
PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR IMMINA FILMS
Catherine Chabot, Anne-Élisabeth Bossé et Karl Walcott
Bien que les rôles principaux limitent généralement les excès, Anne-Élisabeth Bossé, vue dans Nos belles-sœurs, brille en réagissant au chaos de manière hilarante. Puis, quand elle se transforme en « nunuche », elle donne vie à cette caricature comme pas une.
Antoine Bertrand et Catherine Chabot se démarquent de nouveau par la qualité de leur jeu comique en se glissant dans la peau de personnages stéréotypés qui, dans d'autres mains, auraient pu faire grincer des dents. Luc Senay et Véronique Le Flaguais ont également l'occasion de s'amuser davantage, tandis que Pierrette Robitaille et Rémy Girard intègrent cet univers de menterie avec des personnages moins fous, mais tout aussi drôles. Autre nouvelle venue, Monika Pilon, qui joue leur plus jeune fille, Julie, vole quelques scènes, autant comiques que dramatiques.
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