logo
#

Dernières actualités avec #NevenaDimitrova

Les enfants de 0 à 5 ans devant les écrans en Suisse ? Oui, mais pas n'importe comment
Les enfants de 0 à 5 ans devant les écrans en Suisse ? Oui, mais pas n'importe comment

24 Heures

time02-08-2025

  • 24 Heures

Les enfants de 0 à 5 ans devant les écrans en Suisse ? Oui, mais pas n'importe comment

Une étude inédite en Suisse s'est intéressée aux usages numériques des 0-5 ans. Notre pays figure parmi les bons élèves malgré quelques points problématiques. Publié aujourd'hui à 08h00 Parmi les questions centrales: le contenu est-il adapté à l'âge et est-il de bonne qualité éducative? Getty Images En bref: Combien de temps les enfants suisses passent-ils chaque jour devant un écran ? Qu'est-ce qu'ils regardent ou écoutent? À quel moment de la journée? Et pourquoi les parents mettent-ils un smartphone, une tablette ou un livre audio dans les mains de leurs petits? C'est pour répondre à ces questions qu'une équipe de chercheurs a mené une étude auprès de 4200 ménages ayant des enfants entre 0 et 5 ans, la première de cette importance pour un sujet ô combien débattu, mais encore peu documenté en Suisse. Nevena Dimitrova, investigatrice principale et professeure à la Haute École de travail social et de la santé Lausanne, commente les principales conclusions. Nevena Dimitrova est professeure à la Haute École de travail social et de la santé Lausanne. DR Les enfants suisses passent-ils trop de temps sur les écrans? Globalement, non. Pour les enfants de 3 à 5 ans, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe la limite à une heure par jour. Nous avons constaté qu'elle est respectée pour trois quarts des enfants dans cette tranche d'âge puisque la moyenne est plutôt de trente à quarante-cinq minutes selon l'âge. Un point de vigilance concerne par contre les 0-2 ans, pour qui l'OMS recommande zéro minute . Environ 60% des enfants sont au-dessus et la moyenne est plutôt de vingt minutes quotidiennes. Pour autant, il ne faut pas considérer que c'est une surexposition. C'est à partir de quarante-cinq minutes, voire d'une heure que ça deviendrait alarmant. Nous notons aussi que le temps d'écran augmente avec l'âge (ndlr: trente-huit minutes en moyenne pour les 2-4 ans et quarante-cinq minutes en moyenne pour les 4-6 ans) , une tendance que l'on observe partout, y compris après 6 ans. La principale conclusion est donc que les enfants suisses en bas âge utilisent les écrans, mais qu'il ne faut pas s'affoler. Il y a beaucoup de représentations symboliques négatives liées à la surexposition, mais ici, la situation n'est globalement pas inquiétante. Comment se situe la Suisse par rapport aux autres pays? Les chiffres sont similaires à ceux de l'Allemagne. Par contre, ils sont très en deçà de ceux de la France, de la Grande-Bretagne et, surtout, des États-Unis. C'est positif. Il y a des cas de surutilisation parmi les 4200 ménages, mais ils sont vraiment marginaux. Maintenant, le risque, c'est de se dire que tout va bien en Suisse et de relâcher les efforts de prévention. C'est justement parce que beaucoup d'organisations et de professionnels œuvrent sur cette question que la population est bien informée et qu'il y a une grande disponibilité d'activités gratuites que les enfants vont moins se retrouver devant les écrans. Les usages numériques n'impliquent pas toujours un écran. Votre étude montre que la moitié du temps (55%) est consacrée à l'écoute. Oui, il peut s'agir de musique, d'histoires ou de contes et c'est un résultat important. On parle toujours d'outils numériques ou digitaux sans vraiment préciser de quoi il s'agit. Par exemple, une boîte à histoires est numérique, mais n'est pas dotée d'un écran. D'ailleurs, les recommandations de l'OMS concernent uniquement le temps d'écran, les activités d'écoute ne sont pas prises en compte. Il n'y a pas de notion de surexposition lorsqu'on parle uniquement d'audio? Pas vraiment. L'OMS part du principe que le temps d'écran est sédentaire, ce qui n'est pas souhaitable à la longue pour des enfants, alors que l'écoute peut se faire en bougeant. De plus, le visionnage d'un film ou d'un dessin animé laisse moins de place à la créativité et à l'imagination. L'activité d'écoute est donc jugée plus positivement en termes d'apprentissages. Audio ou vidéo, tout dépend du contenu. Que regardent en priorité les enfants suisses? Il faut effectivement se demander si le contenu est adapté à l'âge et de bonne qualité éducative. Nous avons constaté que les trois activités principales sont: regarder des clips musicaux, regarder des vidéos familiales et, surtout, regarder des dessins animés de courte durée. Certaines activités sont divertissantes, d'autres éducatives et elles peuvent même être les deux à la fois. Dans le cas des vidéos familiales, cela permet aussi de renforcer les liens avec des proches, c'est donc positif. Vous appelez tout de même à la méfiance sur le caractère éducatif de certaines applications. Si vous ouvrez Apple Store ou Google Play et que vous cherchez du contenu éducatif avec une tranche d'âge définie, vous allez tomber sur des millions d'applications. Il faut garder en tête qu'elles s'autoproclament éducatives et que ce sont les développeurs eux-mêmes qui choisissent de les placer dans cette catégorie. Aucun critère ne permet de certifier qu'elles le sont, la logique reste commerciale. Il faut donc être vigilants. Avant 6 ans, l'accès aux écrans passe forcément par les parents. Pour quelles raisons y ont-ils recours? Comme dans les autres pays, il y a deux grandes raisons. Premièrement, une volonté éducative afin que les enfants apprennent un nouveau concept, une nouvelle langue ou se préparent à leur futur numérique. Deuxièmement, la volonté de dégager du temps pour des tâches ménagères, du télétravail ou simplement pour se reposer un petit moment. Une autre raison, qui revient souvent, est de calmer l'enfant. Là, ça nous semble problématique, car la frustration fait partie de la vie et que l'enfant doit apprendre à réguler ses émotions. Est-ce que vous avez relevé d'autres usages problématiques? L'autre bémol, c'est que 22% des enfants utilisent un écran avant d'aller se coucher. Nous savons qu'un contenu stimulant va exciter l'enfant au lieu de favoriser son endormissement. Et il est avéré que la lumière bleue des écrans freine la production de mélatonine, l'hormone qui régule le cycle veille-sommeil. Sur 4200 ménages, il doit y avoir des pratiques très diverses. Dans vos conclusions, vous suggérez des disparités socio-économiques. Qu'en est-il? En Europe occidentale, les études montrent que l'usage des écrans est plus important dans les familles défavorisées. Nous n'avons pas fait de différenciation dans cette étude, mais c'est prévu dans un deuxième temps pour voir si c'est également le cas en Suisse. Notre hypothèse c'est que ce sera similaire. Nous verrons aussi s'il y a des différences entre les régions linguistiques et entre les filles et les garçons. Enfants et écrans Newsletter «Santé & Bien-être» Conseils, actualités et récits autour de la santé, de la nutrition, de la psychologie, de la forme et du bien-être. Autres newsletters Romaric Haddou est journaliste à la rubrique Vaud et régions depuis 2016. Il couvre en particulier le domaine de la santé. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store