logo
Les enfants de 0 à 5 ans devant les écrans en Suisse ? Oui, mais pas n'importe comment

Les enfants de 0 à 5 ans devant les écrans en Suisse ? Oui, mais pas n'importe comment

24 Heures5 days ago
Une étude inédite en Suisse s'est intéressée aux usages numériques des 0-5 ans. Notre pays figure parmi les bons élèves malgré quelques points problématiques. Publié aujourd'hui à 08h00
Parmi les questions centrales: le contenu est-il adapté à l'âge et est-il de bonne qualité éducative?
Getty Images
En bref:
Combien de temps les enfants suisses passent-ils chaque jour devant un écran ? Qu'est-ce qu'ils regardent ou écoutent? À quel moment de la journée? Et pourquoi les parents mettent-ils un smartphone, une tablette ou un livre audio dans les mains de leurs petits?
C'est pour répondre à ces questions qu'une équipe de chercheurs a mené une étude auprès de 4200 ménages ayant des enfants entre 0 et 5 ans, la première de cette importance pour un sujet ô combien débattu, mais encore peu documenté en Suisse. Nevena Dimitrova, investigatrice principale et professeure à la Haute École de travail social et de la santé Lausanne, commente les principales conclusions.
Nevena Dimitrova est professeure à la Haute École de travail social et de la santé Lausanne.
DR
Les enfants suisses passent-ils trop de temps sur les écrans?
Globalement, non. Pour les enfants de 3 à 5 ans, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe la limite à une heure par jour. Nous avons constaté qu'elle est respectée pour trois quarts des enfants dans cette tranche d'âge puisque la moyenne est plutôt de trente à quarante-cinq minutes selon l'âge.
Un point de vigilance concerne par contre les 0-2 ans, pour qui l'OMS recommande zéro minute . Environ 60% des enfants sont au-dessus et la moyenne est plutôt de vingt minutes quotidiennes. Pour autant, il ne faut pas considérer que c'est une surexposition. C'est à partir de quarante-cinq minutes, voire d'une heure que ça deviendrait alarmant.
Nous notons aussi que le temps d'écran augmente avec l'âge (ndlr: trente-huit minutes en moyenne pour les 2-4 ans et quarante-cinq minutes en moyenne pour les 4-6 ans) , une tendance que l'on observe partout, y compris après 6 ans.
La principale conclusion est donc que les enfants suisses en bas âge utilisent les écrans, mais qu'il ne faut pas s'affoler. Il y a beaucoup de représentations symboliques négatives liées à la surexposition, mais ici, la situation n'est globalement pas inquiétante.
Comment se situe la Suisse par rapport aux autres pays?
Les chiffres sont similaires à ceux de l'Allemagne. Par contre, ils sont très en deçà de ceux de la France, de la Grande-Bretagne et, surtout, des États-Unis. C'est positif. Il y a des cas de surutilisation parmi les 4200 ménages, mais ils sont vraiment marginaux.
Maintenant, le risque, c'est de se dire que tout va bien en Suisse et de relâcher les efforts de prévention. C'est justement parce que beaucoup d'organisations et de professionnels œuvrent sur cette question que la population est bien informée et qu'il y a une grande disponibilité d'activités gratuites que les enfants vont moins se retrouver devant les écrans.
Les usages numériques n'impliquent pas toujours un écran. Votre étude montre que la moitié du temps (55%) est consacrée à l'écoute.
Oui, il peut s'agir de musique, d'histoires ou de contes et c'est un résultat important. On parle toujours d'outils numériques ou digitaux sans vraiment préciser de quoi il s'agit. Par exemple, une boîte à histoires est numérique, mais n'est pas dotée d'un écran. D'ailleurs, les recommandations de l'OMS concernent uniquement le temps d'écran, les activités d'écoute ne sont pas prises en compte.
Il n'y a pas de notion de surexposition lorsqu'on parle uniquement d'audio?
Pas vraiment. L'OMS part du principe que le temps d'écran est sédentaire, ce qui n'est pas souhaitable à la longue pour des enfants, alors que l'écoute peut se faire en bougeant. De plus, le visionnage d'un film ou d'un dessin animé laisse moins de place à la créativité et à l'imagination. L'activité d'écoute est donc jugée plus positivement en termes d'apprentissages.
Audio ou vidéo, tout dépend du contenu. Que regardent en priorité les enfants suisses?
Il faut effectivement se demander si le contenu est adapté à l'âge et de bonne qualité éducative. Nous avons constaté que les trois activités principales sont: regarder des clips musicaux, regarder des vidéos familiales et, surtout, regarder des dessins animés de courte durée. Certaines activités sont divertissantes, d'autres éducatives et elles peuvent même être les deux à la fois. Dans le cas des vidéos familiales, cela permet aussi de renforcer les liens avec des proches, c'est donc positif.
Vous appelez tout de même à la méfiance sur le caractère éducatif de certaines applications.
Si vous ouvrez Apple Store ou Google Play et que vous cherchez du contenu éducatif avec une tranche d'âge définie, vous allez tomber sur des millions d'applications. Il faut garder en tête qu'elles s'autoproclament éducatives et que ce sont les développeurs eux-mêmes qui choisissent de les placer dans cette catégorie. Aucun critère ne permet de certifier qu'elles le sont, la logique reste commerciale. Il faut donc être vigilants.
Avant 6 ans, l'accès aux écrans passe forcément par les parents. Pour quelles raisons y ont-ils recours?
Comme dans les autres pays, il y a deux grandes raisons. Premièrement, une volonté éducative afin que les enfants apprennent un nouveau concept, une nouvelle langue ou se préparent à leur futur numérique. Deuxièmement, la volonté de dégager du temps pour des tâches ménagères, du télétravail ou simplement pour se reposer un petit moment.
Une autre raison, qui revient souvent, est de calmer l'enfant. Là, ça nous semble problématique, car la frustration fait partie de la vie et que l'enfant doit apprendre à réguler ses émotions.
Est-ce que vous avez relevé d'autres usages problématiques?
L'autre bémol, c'est que 22% des enfants utilisent un écran avant d'aller se coucher. Nous savons qu'un contenu stimulant va exciter l'enfant au lieu de favoriser son endormissement. Et il est avéré que la lumière bleue des écrans freine la production de mélatonine, l'hormone qui régule le cycle veille-sommeil.
Sur 4200 ménages, il doit y avoir des pratiques très diverses. Dans vos conclusions, vous suggérez des disparités socio-économiques. Qu'en est-il?
En Europe occidentale, les études montrent que l'usage des écrans est plus important dans les familles défavorisées. Nous n'avons pas fait de différenciation dans cette étude, mais c'est prévu dans un deuxième temps pour voir si c'est également le cas en Suisse. Notre hypothèse c'est que ce sera similaire. Nous verrons aussi s'il y a des différences entre les régions linguistiques et entre les filles et les garçons.
Enfants et écrans Newsletter
«Santé & Bien-être» Conseils, actualités et récits autour de la santé, de la nutrition, de la psychologie, de la forme et du bien-être.
Autres newsletters
Romaric Haddou est journaliste à la rubrique Vaud et régions depuis 2016. Il couvre en particulier le domaine de la santé. Plus d'infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Apple a renommé le Léman Lac de Genève – Gros clash en perspective
Apple a renommé le Léman Lac de Genève – Gros clash en perspective

24 Heures

timea day ago

  • 24 Heures

Apple a renommé le Léman Lac de Genève – Gros clash en perspective

En profitant d'un manque de vigilance, plusieurs personnes ont réussi à renommer le lac dans l'application Apple Maps (Plans). Publié aujourd'hui à 15h38 Stupeur, le Léman est devenu le Lac de Genève sur l'application d'Apple. Capture d'écran C'est une blague qui ne risque pas de faire rire tout le monde, surtout dans le canton de Vaud et en Valais. Ces derniers jours, le Léman a été renommé Lac de Genève sur Apple Maps, aussi connue sous le nom de Plans. C'est le média spécialisé en high-tech Mac4Ever qui a constaté cette erreur cocasse. Mais il suffit d'ouvrir l'application pour s'apercevoir du changement. Pour les Genevois, cela peut apparaître comme une victoire, tant cette appellation constitue une taquinerie assumée des habitantes et habitants du bout du lac à l'endroit de leurs compatriotes. Côtés vaudois et valaisan, on risque plutôt de s'étouffer: le nom officiel du Léman est pris très au sérieux. Description du Lac de Genève dans l'application Plans. Capture d'écran Le plus grand lac d'Europe occidentale est pourtant appelé ainsi dans certaines langues, comme en anglais ( Lake of Geneva ) ou en allemand ( Genfersee ), ce qui relance régulièrement le débat autour du Léman. Un conflit qui dure depuis des siècles, différents noms ayant toujours été donnés au lac. Mais que s'est-il réellement passé? Une décision officielle a-t-elle été prise pour le renommer ainsi? Pas de panique: il s'agit simplement d'une faille exploitée par de petits malins chez Apple, explique Mac4Ever. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. De Léman à Lac de Genève En effet, si plusieurs personnes se mettent d'accord pour «soumettre une erreur» à la marque à la pomme concernant un nom, celui-ci peut finir par être modifié, à condition que les signalements soient suffisamment nombreux. Ce qui semble être le cas dans cette affaire du Lac de Genève. Ce n'est d'ailleurs pas une première: à Paris, le boulevard Haussmann a déjà été renommé Boulevard Ousmane (Dembélé), en hommage au footballeur après la victoire cette année du PSG en Ligue des champions. Reste à savoir quand le véritable nom du Léman sera restauré sur l'application. Et profitons-en pour rappeler que le terme Léman signifie déjà lac – on ne dit donc pas lac Léman. Or, le pléonasme est pourtant largement répandu. Si cette blague fera sourire dans un périmètre relativement peu étendu, elle soulève cependant des questions sur le système de vérification d'Apple Maps. Et, en cas de changement de nom de rue, pourrait compliquer les trajets des automobilistes utilisant l'application comme GPS, conclut l'article. Davantage sur le lac Léman (ou de Genève!) Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Sonia Imseng est journaliste au sein de la rédaction numérique. Elle couvre l'actualité, la société et la culture. Elle a aussi travaillé pour Femina, la RTS, Le Temps, Le Courrier. Plus d'infos @SoniaImseng Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Une meute de loups s'est constituée dans les Montagnes neuchâteloises
Une meute de loups s'est constituée dans les Montagnes neuchâteloises

24 Heures

timea day ago

  • 24 Heures

Une meute de loups s'est constituée dans les Montagnes neuchâteloises

Le canton de Neuchâtel a identifié une nouvelle meute après avoir vu une louve allaitante près de La Brévine. Le territoire occupé par ces carnivores sera cartographié. Publié aujourd'hui à 11h19 Les gardes-faune ont intensifié leur surveillance après avoir repéré une louve allaitante (photo prétexte). Urs Jaudas Une meute de loups comprenant six louveteaux s'est formée dans les Montagnes neuchâteloises, rapporte un communiqué de presse de la Chancellerie d'État du Canton de Neuchâtel, ce mercredi 6 août. Les autorités ont confirmé cette présence à la suite d'observations faites durant le mois de juillet. C'est d'abord une louve allaitante qui a été photographiée par les appareils de surveillance du Service de la faune, des forêts et de la nature (SFFN) dans la région de La Brévine. Après cette découverte, les gardes-faune ont intensifié leur monitoring dans le secteur, ce qui a permis d'identifier la présence de six louveteaux. Pour l'instant, ces jeunes se déplacent peu et n'accompagnent pas encore les adultes dans leurs déplacements. Des investigations sont actuellement menées pour déterminer précisément le territoire occupé par cette nouvelle meute. Le réseau de pièges photographiques a été renforcé dans la région pour suivre les déplacements des animaux. Les informations et indices recueillis sont systématiquement partagés avec les spécialistes du canton de Vaud et de la France voisine, dans une approche de collaboration transfrontalière. Sixième meute de l'arc jurassien Le Canton prévoit de communiquer les limites du territoire de cette meute sur son site internet dès que celui-ci sera clairement établi. Cette nouvelle meute des Montagnes neuchâteloises est la sixième documentée dans l'arc jurassien franco-suisse, après celles du Marchairuz, du Risoud, du Mont-Tendre, de Jougne-Suchet et de Haute-Valserine. Sa présence confirme la progression du loup vers la partie est du massif jurassien. Depuis les premières observations de loups signalées en 2022, le Canton de Neuchâtel a mis en place un plan de mesures en collaboration avec la Confédération, les scientifiques de la KORA et les différents milieux concernés. Ce dispositif comprend des actions de protection des troupeaux, de suivi des populations de loups, d'information et de sensibilisation, ainsi que des mesures de régulation si nécessaire. Ce plan s'appuie sur le cadre légal fédéral et cantonal, récemment renforcé dans le domaine de la gestion des grands carnivores. La vie et la mort des loups Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Claude Béda est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 heures. Licencié en sciences sociales et politiques, passionné par les sujets de société et la vie des gens d'ici, il a couvert plusieurs régions du canton, avant de rejoindre la rédaction lausannoise. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Pédopornographie: L'Australie accuse les géants du numérique de «fermer les yeux»
Pédopornographie: L'Australie accuse les géants du numérique de «fermer les yeux»

24 Heures

timea day ago

  • 24 Heures

Pédopornographie: L'Australie accuse les géants du numérique de «fermer les yeux»

Des géants du numérique ont été accusés mercredi par l'Australie de «fermer les yeux» sur des contenus pédopornographiques. Publié aujourd'hui à 05h35 Mis à jour il y a 8 minutes Le logo de Google devant un bâtiment abritant ses bureaux à Pékin, le 4 février 2025. AFP La Commission australienne pour la sécurité en ligne a accusé mercredi plusieurs géants du numérique, notamment Apple, Google et Microsoft, de «fermer les yeux» sur des contenus pédopornographiques partagés sur leurs plateformes. La «eSafety Commission» a constaté qu'Apple et YouTube – qui appartient à Google – ne tenaient pas compte du nombre de signalements de violences sexuelles sur mineurs reçus par leurs utilisateurs, ni ne précisaient le temps nécessaire pour répondre à ces signalements. «Ces entreprises ne donnent pas la priorité à la protection des enfants et semblent fermer les yeux sur les crimes commis sur leurs plateformes», a déclaré la commissaire à la sécurité en ligne Julie Inman Grant. «De tels crimes odieux contre des enfants» Elle a précisé que ces sociétés n'avaient pas «pris beaucoup de mesures pour intensifier et améliorer leurs efforts» depuis qu'on leur avait demandé de le faire trois ans auparavant. «Aucun autre secteur […] ne se verrait accorder d'autorisation de fonctionnement en permettant de tels crimes odieux contre des enfants», a-t-elle ajouté. Le rapport a également conclu que des entreprises telles qu'Apple, Google ou Microsoft n'utilisaient pas d'outils pour détecter de manière proactive les contenus pédopornographiques. «La sécurité des enfants est essentielle pour nous» Les entreprises technologiques sont tenues de rendre compte tous les six mois à la commission de la manière dont elles luttent contre les contenus pédopornographiques, y compris les images générées par intelligence artificielle (IA). «La sécurité des enfants est essentielle pour nous», a réagi un chargé de relations publiques de Google. «Depuis le premier jour, nous luttons contre les contenus pédopornographiques en investissant massivement dans des technologies de pointe» afin de les détecter et de les supprimer, a-t-il développé. Le porte-parole a précisé que plus de 90% de tous les contenus pédopornographiques sur YouTube étaient supprimés par des «systèmes automatisés et robustes» avant leur signalement ou même tout visionnage. Une loi interdisant l'accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans En novembre 2024, le Parlement australien a approuvé une loi interdisant l'accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans, l'une des mesures les plus strictes au monde en la matière pour des plateformes comme X, TikTok, Instagram ou Facebook. En cas de non-respect de cette obligation, des amendes pouvant aller jusqu'à près de 50 millions de dollars australiens (26,1 millions de francs suisses) doivent être appliquées. La ministre australienne des Communications, Anika Wells, a annoncé fin juillet que YouTube allait aussi intégrer la liste. Selon elle, deux enfants australiens sur cinq disent avoir visionné des contenus inappropriés sur la plateforme. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store