18-07-2025
Suivre son instinct… de Beetlejuice à Wednesday
Danny Elfman lors de la première de Wednesday à Hollywood, en 2023
Batman, Edward Scissorhands, Good Will Hunting, Spider-Man, Alice in Wonderland, Silver Linings Playbook, l'indémodable thème des Simpson. Les notes de toutes ces œuvres sont celles de Danny Elfman. Le prolifique compositeur sera honoré par le festival Fantasia la semaine prochaine. Résumé d'une fascinante conversation.
On aurait pu continuer l'énumération de titres longtemps. Danny Elfman a écrit les partitions de plus de 100 films et les chansons d'ouverture d'une dizaine de séries. À 72 ans, le Californien est toujours fort occupé. L'an dernier, il a notamment renoué avec son vieil ami Tim Burton pour Beetlejuice Beetlejuice. Près de 40 ans plus tôt, leur relation et leurs carrières ont été lancées avec Pee-wee's Big Adventure.
« Paul Reubens [qui incarne Pee-wee] avait pris en note mon nom après avoir vu Forbidden Zone, un film que j'avais fait avec la troupe de théâtre de mon frère quelques années avant. Quand Paul m'a suggéré à Tim pour composer la musique, il a répondu : 'Ce n'est pas un gars de rock'n'roll ? Je connais son groupe [Oingo Boingo].' Nous avons cliqué dès notre première rencontre. Tim m'a montré des images du film, puis j'ai écrit une partition rapidement. J'ai joué tous les instruments et je leur ai envoyé une cassette, pensant ne jamais avoir de réponse. Une semaine plus tard, ils m'ont appelé pour m'engager ! J'ai ensuite réalisé que je ne savais pas comment m'y prendre », raconte Danny Elfman en riant.
IMAGE FOURNIE PAR DISNEY
En 2012, Tim Burton a confié la musique de son film d'animation Frankenweenie à son fidèle acolyte, Danny Elfman.
Même après avoir collaboré sur une quinzaine d'autres films et sur la série Wednesday, Danny Elfman ne sait pas précisément pourquoi leurs imaginaires cohabitent si bien. « Quand j'ai rencontré Tim, c'était assez évident que nous provenions de milieux similaires. Nous avons grandi avec des films de monstres, d'horreur et de fantaisie. Nous étions aussi des jeunes étranges, en marge. Je ne sais pas si Tim l'admettrait, mais je crois qu'il se sentait comme moi », explique le musicien américain.
L'inspiration comme un puits
Danny Elfman opère selon deux principes lorsqu'il compose pour le grand écran. D'abord, « le film dicte tout ». « Mais j'ai compris au fil des années que le même film peut être porté par des styles très différents. Ainsi, le plus important pour un compositeur est d'interpréter musicalement ce que le réalisateur a en tête », estime celui qui a été cité quatre fois aux Oscars.
Il faut suivre ses instincts, mais nos choix doivent s'accorder avec la vision du réalisateur.
Le compositeur Danny Elfman
Parfois, l'inspiration vient rapidement. « Pour Mars Attacks !, j'ai vu une séquence animée préliminaire de l'arrivée des soucoupes volantes et j'ai immédiatement entendu dans ma tête une pièce. J'ai demandé qu'on arrête la projection pour que je puisse prendre des notes », se rappelle Danny Elfman.
PHOTO FOURNIE PAR COLUMBIA PICTURES
Ewan McGregor dans Big Fish, de Tim Burton
Parfois, c'est plus laborieux. « Big Fish, Batman, Edward Scissorhands ont requis beaucoup d'expérimentation. J'ai travaillé des semaines sur Big Fish avant de trouver ce qui était au cœur de la musique. » Danny Elfman compare la recherche d'inspiration à la cueillette d'eau dans un puits. « On descend le seau sans savoir s'il y a de l'eau. Plus on descend, plus on se met à paniquer, on commence à craindre de mourir déshydraté. Puis, soudainement, on entend splash ! »
Après plus de 40 ans de carrière, Danny Elfman croit que cette impression de quête à l'aveugle ne cessera jamais. Il faut simplement persister.
Le classique par le cinéma
Ce qui distingue également Danny Elfman est sa polyvalence. Si ses contributions aux films de Tim Burton possèdent des caractéristiques communes, il a puisé dans des registres variés pour les quatre Men in Black, la trilogie Fifty Shades, Chicago, Justice League et Nacho Libre.
Le gagnant de trois prix Emmy et d'un Grammy attribue sa vaste palette à son « apprentissage » de la musique classique par l'entremise du cinéma.
Vers l'âge de 12 ans, j'étais déjà fan de Bernard Herrmann [compositeur de plusieurs films d'Alfred Hitchcock]. Après la sortie de Batman, un journaliste m'a demandé si j'écoutais beaucoup de Wagner. J'ai répondu : 'Non, mais j'écoute beaucoup de Max Steiner (King Kong, Gone with the Wind), qui, lui, a écouté beaucoup de Wagner.'
Le compositeur Danny Elfman
Il cite également Erich Wolfgang Korngold, John Williams et Jerry Goldsmith parmi ses influences.
PHOTO JULIO CESAR AGUILAR, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Danny Elfman lors d'un concert pour The Nightmare Before Christmas, en 2024
Lorsqu'on lui fait remarquer la popularité des concerts de musique de film, Danny Elfman tient à nous raconter une histoire. « Quand on m'a commandé ma première œuvre symphonique, il y a environ 15 ans, le chef d'orchestre m'a dit : 'La musique de film est la musique classique d'aujourd'hui.' J'ai répliqué : 'Non, la musique classique est la musique classique d'aujourd'hui. Il n'y a pas de distinction.' Les gens se déplacent pour entendre les pièces d'Edward Scissorhands, Batman et Beetlejuice parce qu'ils aiment ces films et veulent se rappeler leur souvenir. »
À Montréal
L'an prochain, Danny Elfman et l'Orchestre symphonique de Montréal élaboreront ensemble un concerto pour trompette. « Écrire pour un concert qui n'est pas lié à un film demeure mon plus grand défi, car le public n'a pas de repères pour établir un lien. Les gens viennent seulement pour la musique. C'est un défi, mais que j'aime beaucoup ! »
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D'ici là, Danny Elfman sera dans la métropole le 24 juillet pour recevoir le prix Cheval noir de Fantasia honorant l'ensemble de sa carrière. « Je ne prends pas les trophées trop au sérieux, mais quand ils sont remis par des festivals de films de genre, comme Fantasia, c'est toujours plus agréable et spécial, parce que ce sont les films que j'aime », indique le compositeur.
En plus de la remise de prix, jeudi prochain, Danny Elfman participera à une discussion sur la musique qu'il a composée pour le court métrage d'animation Bullet Time, d'Eddie Alcazar, dont la projection précédera la rencontre. Le tout commence à 15 h, au cinéma du Musée.
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