Dernières actualités avec #PatrickGomont


Le Parisien
09-07-2025
- Politics
- Le Parisien
La Tapisserie de Bayeux sera prêtée à l'Angleterre : une « bonne idée » malgré sa fragilité
C'était une rare « fenêtre de tir » et la France ne l'a finalement pas laissée passer. À l'occasion de la visite d'État d'Emmanuel Macron au Royaume-Uni , la France a annoncé qu'elle « prêterait » l'année prochaine la mythique Tapisserie de Bayeux à l'Angleterre pour qu'elle y soit exposée. Un geste fort aussitôt salué comme une « une journée historique pour Bayeux, pour la Normandie et pour la France », par le maire de la capitale du Bessin, Patrick Gomont. Depuis des années, la municipalité plaidait pour un prêt de l'œuvre retraçant la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant pendant la fermeture imminente du musée qui lui est consacré pour travaux . L'établissement est en effet dans la dernière ligne droite. Le 31 août, il fermera pour entamer sa métamorphose. Place à un musée moderne, permettant une exposition de la Tapisserie sur ses 70 m de long (et non de façon sinueuse comme aujourd'hui), avec un circuit sur trois niveaux pour la découvrir d'un œil nouveau. « Ç'aurait été dommage d'enfermer la Tapisserie dans une caisse pendant deux ans », glisse le maire. À Bayeux, on travaillait sur cette période de transition depuis 2013. Mais l'hypothèse d'un prêt, « naturelle » selon les élus, se heurtait à des réserves des services de l'État sur la fragilité de la broderie. « De toute façon, il était question de la déplacer avec les travaux, argumente Patrick Gomont. Alors qu'elle fasse un, dix ou cent kilomètres… » Lors du 80e anniversaire du Débarquement l'année dernière, le roi Charles III s'était entretenu avec Emmanuel Macron. Le monarque aurait également écrit au président de la République en mars dernier pour lui rappeler la demande d'un prêt. La diplomatie aura fini par rendre possible l'opération, pour une exposition au British Museum de Londres de septembre 2026 à août 2027. Bayeux pourrait même prêter le nouveau meuble inclinable, qui permet d'exposer la Tapisserie de façon plus « douce » que ses accroches actuelles. En échange, l'Angleterre mettra à disposition quelques-unes de ses pièces de musée, dont profiteront Caen et Rouen. Alors que plusieurs musées britanniques s'étaient montrés intéressés, l'exposition au British Museum s'annonce marquante. De premières estimations évoquent un million de visiteurs. « On va parler (à cette occasion) de la Tapisserie de Bayeux et du futur musée », relève Loïc Jamin, maire-adjoint de Bayeux chargé du tourisme. Une vitrine déterminante dans un intervalle de temps où la ville (14 000 habitants) sera de toute façon privée de son joyau. Rien de mieux que cette exposition événement de l'autre côté de la Manche pour générer des retombées d'image, croit-on dur comme fer à Bayeux. En outre, l'État devrait en profiter pour renforcer son financement du (futur) musée français (13 millions d'euros aujourd'hui). Reste l'épineuse question de la restauration de la Tapisserie. Imaginée un temps pendant la fermeture, elle n'aura pas lieu dans ces délais du fait de son départ en Angleterre. L'exposition outre-Manche étouffe aussi l'idée d'une restauration pendant son séjour. Les services de l'État avaient aussi envisagé une restauration de l'œuvre millénaire à son retour, ce dont ne voulait absolument pas Bayeux : l'opération nécessitant parfois de retourner la Tapisserie aurait rendu sa visite découverte plus difficile pour le public. « On ne peut pas accueillir les visiteurs, pour la réouverture du musée (octobre 2027), dans des conditions de visite dégradées », assure le maire. La restauration attendra au moins deux saisons, le temps de relancer la machine dans un écrin flambant neuf déjà plus propice à la conservation du tissu.


Le Figaro
08-07-2025
- Entertainment
- Le Figaro
Emmanuel Macron va annoncer le prêt de la tapisserie de Bayeux au Royaume-Uni
La fragile tenture du XIe siècle sera exposée au British Museum de Londres, de septembre 2026 à juin 2027, malgré les inquiétudes des conservateurs. L'immense broderie exécutée au XIe siècle sur des pièces de lin n'a quitté Bayeux qu'à deux reprises. Sous Napoléon, lorsqu'elle a été rapatriée à Paris par crainte d'une invasion anglaise. Et durant la Seconde Guerre mondiale, quand les Allemands l'ont transféré au Louvre. À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour Pour la troisième fois, et en guise de preuve d'amitié, la tapisserie de Bayeux va à nouveau être déplacée et prendre la direction du British Museum de Londres. Elle y restera de septembre 2026 à juin 2027 en échange de pièces médiévales issues du trésor archéologique de Sutton Hoo, selon les informations de Ouest-France et Paris Normandie. Publicité Le projet d'un tel prêt au Royaume-Uni avait déjà été annoncé par Emmanuel Macron en 2018, à l'occasion du sommet franco-britannique de Sandhurst. Mais il avait provoqué une levée de boucliers parmi les conservateurs du musée de Bayeux, où elle est actuellement exposée. À l'époque, des experts internationaux avaient prévenu: en cas de prêt, la tapisserie de Bayeux devrait impérativement être consolidée et ses microdéchirures, réparées. Quant au maire de la ville, Patrick Gomont, il se montrait plus que dubitatif sur cette traversée de la Manche qui le priverait de «son» chef-d'œuvre. À lire aussi Y a-t-il 93 ou 94 pénis sur la tapisserie de Bayeux ? Deux historiens anglais reprennent le décompte Un geste pour un pays « partenaire, allié, ami » Six ans plus tard, aucune restauration d'envergure n'a été faite sur cet ouvrage à la fois classé monument historique et sur le registre de la mémoire du monde de l'Unesco. Emmanuel Macron, qui a parfois les idées fixes, et veut faire un grand geste vis-à-vis du Royaume-Uni, son «partenaire, allié, ami», n'en a cure. On ne sait comment sera transportée la grande et fragile tenture de 70 mètres, ni par qui. La traversée sera en tout cas épique, et sans doute onéreuse: l'ancienne directrice du musée de Bayeux avait raconté, en 2018, qu'il avait fallu, un jour, 20 personnes pour parvenir à déplacer la tenture de quelques centimètres à l'intérieur de sa vitrine, afin d'éviter des tensions et des déchirures ! Aujourd'hui, les conservateurs semblent résignés face à la nécessité diplomatique, et les élus normands, se montrent conciliants. À Philippe Bélaval, ancien conseiller culture du président, envoyé en mission sur place ces derniers jours pour calmer les esprits, ces derniers auraient donné leur accord de principe. « Ce serait un beau message de réconciliation après le Brexit «, a indiqué le président de la région Normandie, Hervé Morin. Quoi qu'il en soit, le retour de la tapisserie est prévu à temps pour les célébrations du millénaire de Guillaume le Conquérant, en 2027, que la région Normandie compte célébrer en grand. Entre-temps, le musée sera fermé pour rénovation, tempo qui a dû sembler parfait à l'Élysée et au maire, puisque la tenture attire chaque année 400 000 visiteurs. Publicité 38 millions de travaux Présenté verticalement depuis 1983, dans un long couloir en « U », ce « récit brodé » racontant la conquête de l'Angleterre en l'an 1066 par Guillaume, duc de Normandie, devenu par la suite Guillaume le conquérant, est aujourd'hui mal installé. La présentation fait subir des tensions importantes au textile. Après travaux, la tapisserie sera inclinée, et présentée dans une extension de 11 000 m², qui respectera une température de 19 °C, un taux d'hygrométrie de 50 %, et 50 lux maximum de lumière. Le coût du projet est de 38 millions d'euros. Il sera financé par la région Normandie et le département du Calvados à hauteur de 10,5 millions d'euros chacun, et 7 millions par la ville de Bayeux. L'État prendra par ailleurs en charge l'intégralité des coûts de restauration de la tapisserie, soit 2 millions d'euros.