
La Tapisserie de Bayeux sera prêtée à l'Angleterre : une « bonne idée » malgré sa fragilité
la visite d'État d'Emmanuel Macron au Royaume-Uni
, la France a annoncé qu'elle « prêterait » l'année prochaine la mythique Tapisserie de Bayeux à l'Angleterre pour qu'elle y soit exposée. Un geste fort aussitôt salué comme une « une journée historique pour Bayeux, pour la Normandie et pour la France », par le maire de la capitale du Bessin, Patrick Gomont.
Depuis des années,
la municipalité plaidait pour un prêt de l'œuvre
retraçant la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant pendant
la fermeture imminente du musée qui lui est consacré pour travaux
. L'établissement est en effet dans la dernière ligne droite. Le 31 août, il fermera pour entamer sa métamorphose. Place à un musée moderne, permettant une exposition de la Tapisserie sur ses 70 m de long (et non de façon sinueuse comme aujourd'hui), avec un circuit sur trois niveaux pour la découvrir d'un œil nouveau.
« Ç'aurait été dommage d'enfermer la Tapisserie dans une caisse pendant deux ans », glisse le maire. À Bayeux, on travaillait sur cette période de transition depuis 2013. Mais l'hypothèse d'un prêt, « naturelle » selon les élus, se heurtait à des réserves des services de l'État sur la fragilité de la broderie. « De toute façon, il était question de la déplacer avec les travaux, argumente Patrick Gomont. Alors qu'elle fasse un, dix ou cent kilomètres… »
Lors du
80e anniversaire du Débarquement
l'année dernière, le roi Charles III s'était entretenu avec Emmanuel Macron. Le monarque aurait également écrit au président de la République en mars dernier pour lui rappeler la demande d'un prêt. La diplomatie aura fini par rendre possible l'opération, pour une exposition au British Museum de Londres de septembre 2026 à août 2027. Bayeux pourrait même prêter le nouveau meuble inclinable, qui permet d'exposer la Tapisserie de façon plus « douce » que ses accroches actuelles. En échange, l'Angleterre mettra à disposition quelques-unes de ses pièces de musée, dont profiteront Caen et Rouen.
Alors que plusieurs musées britanniques s'étaient montrés intéressés, l'exposition au British Museum s'annonce marquante. De premières estimations évoquent un million de visiteurs. « On va parler (à cette occasion) de la Tapisserie de Bayeux et du futur musée », relève Loïc Jamin, maire-adjoint de Bayeux chargé du tourisme. Une vitrine déterminante dans un intervalle de temps où la ville (14 000 habitants) sera de toute façon privée de son joyau. Rien de mieux que cette exposition événement de l'autre côté de la Manche pour générer des retombées d'image, croit-on dur comme fer à Bayeux. En outre, l'État devrait en profiter pour renforcer son financement du (futur) musée français (13 millions d'euros aujourd'hui).
Reste l'épineuse question de la restauration de la Tapisserie. Imaginée un temps pendant la fermeture, elle n'aura pas lieu dans ces délais du fait de son départ en Angleterre. L'exposition outre-Manche étouffe aussi l'idée d'une restauration pendant son séjour. Les services de l'État avaient aussi envisagé une restauration de l'œuvre millénaire à son retour, ce dont ne voulait absolument pas Bayeux : l'opération nécessitant parfois de retourner la Tapisserie aurait rendu sa visite découverte plus difficile pour le public.
« On ne peut pas accueillir les visiteurs, pour la réouverture du musée (octobre 2027), dans des conditions de visite dégradées », assure le maire. La restauration attendra au moins deux saisons, le temps de relancer la machine dans un écrin flambant neuf déjà plus propice à la conservation du tissu.
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