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Un projet controversé se place à l'abri des créanciers
Un projet controversé se place à l'abri des créanciers

La Presse

time14-07-2025

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Un projet controversé se place à l'abri des créanciers

Un projet de condos de prestige de Mont-Tremblant qui dépend d'un ascenseur à autos pour résoudre une querelle de voisins s'est placé à l'abri de ses créanciers, plombé par des coûts astronomiques et les problèmes qui s'accumulent. Érigé sur le site de l'ancien Hôtel du lac Tremblant, le projet Lago, qui compte 69 appartements de luxe, promet depuis son lancement en 2020 une « vue imprenable » sur la montagne, avec spas, piscine extérieure et quai privé réservé à ses résidants. Il a trouvé 37 preneurs pour l'instant, dont la plupart ont payé près d'un million pour leur propriété. Le projet est cependant devenu insolvable, après des modifications majeures que le promoteur, Cédric Grenon, a été obligé de faire à la suite d'un litige avec deux voisins qui détiennent des servitudes de non-construction sur lesquelles le complexe empiétait. Ces changements « ont généré des dépassements de coûts de construction estimés à 12 millions », indique un document déposé en cour pour suspendre les recours contre l'entreprise en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE Le projet Lago promet depuis son lancement en 2020 une « vue imprenable » sur la montagne. Le promoteur et son entreprise, Habitations Luma, n'ont « plus accès à du financement additionnel ni aux capitaux nécessaires pour compléter le Projet Lago », ajoute le document. Un compte bancaire de l'entreprise a été saisi par le ministère du Revenu, l'entrepreneur étant incapable d'acquitter ses impôts, ajoute le document. M. Grenon n'a pas répondu à notre demande d'entrevue. L'origine du litige Dès les premières pelletées de terre, le projet a fait face à un bras de fer juridique l'opposant à deux voisins nantis établis depuis longtemps aux abords du lac Tremblant, Annette Pankrac et Mark Hantho, qui bénéficient de servitudes de non-construction protégeant leurs terrains. La Cour supérieure du Québec a catégoriquement interdit au promoteur de construire une route qui aurait empiété sur ces servitudes pour accéder au stationnement souterrain du nouveau complexe. Pour contourner le problème, le promoteur a fait concevoir des plans pour un ascenseur à autos, creusé et dynamité à flanc de falaise, une solution inusitée pour laquelle la Régie du bâtiment exige un opérateur spécialisé présent 24 heures sur 24. PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE Cette photo, prise en avril 2024, montre la cavité creusée à côté des condos qui devait accueillir un ascenseur à autos. La Ville de Mont-Tremblant a mis plusieurs mois à délivrer les permis nécessaires à sa construction, et la Régie du bâtiment a ensuite bloqué le concept pendant plus d'un an, soulignant « l'absence de voie d'accès » pour les véhicules du service incendie. Le Syndicat de copropriété de Lago, qui représente au total une vingtaine d'acheteurs, affirme qu'il n'a pas été consulté par le promoteur lors de l'élaboration de cette solution. Les propriétaires craignent que le concept génère une explosion de coûts d'entretien et que de nouvelles poursuites intentées par les voisins continuent de paralyser les travaux. « Nous sommes préoccupés et espérons qu'une décision des autorités soit prise pour faire avancer favorablement le projet tout en respectant les servitudes des voisins. Nous avons acheté ces propriétés parce que nous cherchions la quiétude, et on n'a pas ce qu'on nous a promis », déplore le Syndicat. Encore à ce jour, l'ascenseur est loin d'être achevé. Construction Kingsboro, un sous-traitant qui soutient ne pas avoir été payé pour des travaux de coffrage du puits d'ascenseur, a grevé en avril dernier toutes les unités du projet Lago d'hypothèques légales totalisant plus de 614 000 $. Pas de permis pour la piscine et les spas Pour ajouter aux malheurs du promoteur, la municipalité de Mont-Tremblant refuse de délivrer un permis pour l'aménagement d'une piscine extérieure promise dans les brochures promotionnelles du projet. Évoquant la judiciarisation du dossier, la municipalité a refusé de répondre aux questions de La Presse à ce sujet. PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE Le projet Lago, qui compte 69 appartements de luxe, est érigé sur le site de l'ancien Hôtel du lac Tremblant. Ces litiges ont « entraîné un fort mécontentement » des acheteurs et « plombé le momentum des ventes des unités », indique le document judiciaire. Au moins six personnes qui ont fait des dépôts de plusieurs centaines de milliers de dollars pour des promesses d'achat réclament un remboursement devant les tribunaux, parce que la piscine, les spas et le chemin d'accès au stationnement sont inexistants. Selon le contrôleur nommé par le Tribunal pour trouver une entreprise prête à relancer le projet, Pierre Marchand, la recherche de nouveaux investisseurs devrait s'étendre jusqu'au début de l'automne. « Je pense que le promoteur [Cédric Grenon] souhaiterait vendre [et se retirer du projet] », indique M. Marchand. L'organisme Les amis de Mont-Tremblant, qui milite pour conserver le caractère rustique de la municipalité, estime que le projet Lago « n'aurait jamais dû être autorisé ». « Il s'agit d'un complexe de condos à haute densité, obtenu sous couvert de zonage hôtelier, qui est très mal intégré à son environnement », affirme son porte-parole Daniel Cook. « De plus, le complexe ne respecte pas les exigences de sécurité de la Régie du bâtiment du Québec. Un tel projet n'a pas sa place à Mont-Tremblant. »

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