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5 days ago
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Nigel Farage n'a pas du tout apprécié les remarques de d'Emmanuel Macron sur le Brexit
INTERNATIONAL - Nigel Fa-rage. Le député britannique d'extrême droite, chef de file du parti Reform UK, a exprimé sa colère jeudi 10 juillet après la signature de l'accord migratoire entre le Royaume-Uni et la France. Et il s'en est particulièrement pris à Emmanuel Macron. Au terme de sa visite de trois jours outre-Manche, le chef de l'Etat français a annoncé avec le Premier ministre travailliste Keir Starmer un accord migratoire pilote sur le principe de « un pour un » : pour un renvoi de migrant arrivé par bateau illégalement au Royaume-Uni, Londres s'engage à accueillir une personne se trouvant en France (sous certaines conditions). Aucun chiffre n'a été donné, mais la presse parle de 50 migrants échangés par semaine. 21 000 personnes ont traversé la Manche depuis janvier. Au cours de sa prise de parole, Emmanuel Macron a mis en cause le Brexit qui a tué à tout accord migratoire avec l'UE. Cela a créé une « incitation » à traverser la Manche, « l'exact opposé de ce qui avait été promis », a-t-il taclé. « On a vendu au peuple britannique, un mensonge qui est que le problème était l'Europe. Mais en laissant un vide juridique, le problème est devenu le Brexit », a-t-il insisté. « Macron doit retourner à Paris en rigolant » Fervent partisan du Brexit, Nigel Farage a peu goûté à la diatribe du président français. Comme le rapporte SkyNews, le député a qualifié Emmanuel Macron d' « arrogant » lors d'une intervention devant la presse. Terme qu'il a d'ailleurs réutilisé sur X. Car pour lui, « la raison pour laquelle nous avons un problème n'est pas à cause du Brexit : le problème de l'immigration illégale existait déjà quand nous étions membre de l'UE. Le problème, c'est que ni les Conservateurs ni les Travaillistes n'ont eu le courage de prendre des décisions ». Favori pour les prochaines élections régionales de 2026 selon les sondages, Nigel Farage a profité des micros des médias pour dénoncer l'accord migratoire, estimant que le Royaume-Uni « s'est comporté comme un membre de l'UE » et que « Macron doit retourner à Paris en rigolant ». « L'UE a une politique stupide que j'ai dénoncée dès 2015 car des millions de personnes allaient venir. C'est le cas. Pourquoi devrait-on payer pour leurs problèmes ? Nous avons voté un référendum pour ne plus avoir ce problème », a-t-il encore déclaré. « Nous avons voté le Brexit pour reprendre le contrôle de nos frontières, pas pour que les termes nous soient dictés par un président français de plus en plus arrogant. » Nigel Farage Nigel Farage avait bien préparé ses éléments de langage. Dès jeudi matin, il était interviewé par la chaîne GB News sur un bateau dans la Manche. Présenté comme un élu alors qu'il est également une des figures de la chaîne conservatrice depuis déjà plusieurs années grâce à son émission quotidienne, il s'était mis en scène en train de pêcher du maquereau alors que les bateaux de migrants étaient visibles au loin. « Nous avons voté le Brexit pour reprendre le contrôle de nos frontières, pas pour que les termes nous soient dictés par un président français de plus en plus arrogant », lâchait-il déjà, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus. Et il ne retenait pas ses coups contre l'accord France-Royaume-Uni qui serait une « humiliation », même une « insulte », pour Londres. Et pour son rival Keir Starmer.


Le HuffPost France
04-07-2025
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Le come-back fracassant de Nigel Farage, le « clown » devenu opposant numéro 1 à Keir Starmer
ROYAUME-UNI - Le ciel est grisonnant en cette matinée du 6 mai 2010 dans le Northamptonshire, au nord de Londres. C'est jour d'élection au Royaume-Uni et Nigel Farage, en campagne pour tenter de décrocher le premier siège au Parlement pour son parti, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip), déboule dans un petit aérodrome local avec une idée pour le moins détonante. Il a loué un petit avion deux places et veut déployer au-dessus de sa circonscription une bannière dans le ciel « VOTEZ POUR VOTRE PAYS - VOTEZ UKIP ». Problème : la banderole s'enroule dans l'avion, et ce dernier pique à près de 130 km/h vers le sol avant de s'écraser. Nigel Farage croit mourir. Quand il rouvre les yeux, son visage n'est qu'à quelques centimètres du sol. Il a des côtes cassées, des contusions pulmonaires, son sang goutte sur l'herbe, mais il est en vie. Lire aussi Elon Musk lâche Nigel Farage, figure de l'extrême droite britannique qui espérait son financement Cette histoire résume bien Nigel Farage, l'autoproclamé « M. Brexit »: un immortel de la vie politique britannique. C'est bien son (nouveau) parti, Reform UK, qui caracole aujourd'hui en tête des sondages, entre 26 % et 30 % d'intentions de vote, un an tout juste après la victoire très large du travailliste Keir Starmer aux législatives du 4 juillet 2024. Il pourrait même remporter près de 270 députés sur 650, selon la dernière enquête YouGov, faisant de lui le leader de la principale force politique du pays. « La possibilité que Nigel Farage devienne un jour Premier ministre, avec une coalition, n'est plus aussi impossible que cela ne le paraissait il y a quelques années », résume auprès du HuffPost Laetitia Langlois, maîtresse de conférences en civilisation britannique contemporaine à l'université d'Angers. Un discours résolument anti-immigration Bien malin est celui qui aurait imaginé cela il y a quelque mois encore. Car Nigel Farage est une personnalité à part dans la vie politique britannique. Si Jean-Marie Le Pen était le « diable » de la politique française, l'Anglais de 61 ans a longtemps été perçu comme le « clown » outre-Manche. Politicien relativement marginal pendant plusieurs décennies avec son parti, son combat politique se centrait surtout sur une défiance exacerbée de l'UE. Son ton, lui, se voulait toujours très incisif, comme lorsqu'il affirma au président du Conseil européen Herman Van Rompuy en 2010 qu'il avait « le charisme d'une serpillière humide », ou que la Belgique était un « non-pays ». Il y eut ensuite évidemment le Brexit, dans lequel il joua un rôle immense. Et notamment dans l'infusion d'une rhétorique xénophobe et raciste dans la politique britannique, comme lorsqu'il affirmait que « si le Royaume-Uni reste dans l'Union européenne, les femmes risquent d'être victimes d'agressions sexuelles de masse perpétrées par des bandes d'hommes immigrés ». « Nigel Farage a gagné en popularité et en influence à partir du moment où il a axé son discours sur l'immigration. Tant qu'il restait juste sur un discours anti-Europe, ça ne fonctionnait pas », souligne Laetitia Langlois. Une nouvelle place sur la scène politique britannique Mais depuis le Brexit, Nigel Farage cherchait sa voie. Annonçant avoir achevé sa « mission » en 2016, il quitte la présidence du Ukip, puis annonce son retrait de la vie politique britannique en 2021. Il en profite alors pour devenir l'une des figures de la chaîne conservatrice GB News, une sorte de CNews britannique. Il va même jusqu'à apparaître dans une émission de téléréalité en 2023, Je suis une célébrité… sortez-moi de là ! Mais la politique n'était jamais très loin. Avec les élections générales en perspective, il fait son grand retour en 2024 au sein de Reform UK, le nouveau parti d'extrême droite dont il avait soutenu la fondation en 2019. Le voilà lancé en juillet dernier pour sa... 8e tentative pour devenir député. Ses sept précédentes tentatives avaient été soldées d'un échec cuisant, la huitième est la bonne. Le voilà élu à la Chambre des communes avec quatre autres députés Reform UK, une grande première. Un choc dans le pays, et un tournant pour Farage. « Quand il était leader du Ukip, c'était une influence politique, une voix très influente dans le débat politique. Mais aux élections législatives, il ne faisait pas peur », rappelle Laetitia Langlois. Cette fois-ci, il est même annoncé un temps devant les Conservateurs dans les sondages, avec un discours plus populiste que jamais, toujours autant centré sur le rejet des élites et de l'immigration. Sa victoire ou l'échec des autres ? Mais peut-on vraiment dissocier la popularité actuelle de Nigel Farage des erreurs de ses rivaux ? Cette figure d'extrême droite prospère notamment sur les vestiges du parti conservateur, au plus bas de sa popularité après quatorze ans au pouvoir. « Les Tories ont tellement couru après le Ukip puis Reform UK que les électeurs préfèrent maintenant l'original à la copie. C'est un peu comme en France, où les Républicains ont perdu beaucoup de leur pouvoir politique et de leur influence au profit du RN », explique Laetitia Langlois. Mais de l'autre côté, le Labour ne s'en sort pas forcément beaucoup mieux. Après la longue traversée du désert des travaillistes, beaucoup d'espoirs reposaient sur le nouveau Premier ministre Keir Starmer, qui dispose d'une majorité très large à la Chambre des communes (411 députés sur 650). Mais il a très vite chuté en popularité, entre propositions impopulaires – suppression de l'aide au chauffage pour les retraités ou réduction de l'aide aux personnes en situation de handicap – et des soupçons de corruption venant très vite entacher son image de politicien intègre. Lui aussi tient d'ailleurs un discours très dur sur l'immigration, disant notamment en mai dernier que le Royaume-Uni risquait de devenir une « île d'étrangers », et assume clairement de faire de Nigel Farage son principal opposant, le légitimant encore davantage. En face, l'intéressé ne s'embarrasse pas de nuances. Il résume sa pensée à des propositions simplistes : gel complet de l'immigration jugée « non essentielle », abandon des objectifs de neutralité carbone pour relancer les mines de charbon, nationalisation d'usines. Surtout, il s'érige plus que jamais en leader des « laissés-pour-compte » face aux élites des partis traditionnels. Une recette bien connue. « Nigel Farage, c'est l'homme qui parle pour ceux qui ont été privés de voix, et c'est vrai que ça plaît beaucoup à un certain électorat britannique qui se sent délaissé et abandonné. Parce que le Royaume-Uni est un pays qui souffre socialement, et qui se retrouve dans sa verve », juge Laetitia Langlois. Les prochaines élections britanniques sont encore bien loin (au plus tard en 2029). Mais il est clair que Nigel Farage dispose aujourd'hui d'une influence qu'il n'a peut-être jamais eue, même durant le Brexit. Et les États-Unis de son ami Donald Trump, chez qui il se rend régulièrement depuis 2016, l'ont bien prouvé : fracturer un paysage politique historique n'est pas une mission impossible.