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2 days ago
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Le succès vient en travaillant
Il n'est pas rare que des joueurs de hockey professionnels ou en voie de le devenir aient excellé dès l'enfance. Ce n'est pas le cas d'Alex Huang, qui vient d'être repêché par les Predators de Nashville. Disons que le hockey ne coulait pas dans les veines de ce Rosemèrois né de parents d'origine chinoise déménagés au Québec au début des années 2000. « C'est vraiment à cause de moi que [mes parents] ont commencé à s'intéresser au hockey », raconte Huang à La Presse. Le jeune homme avait trois ans et demi quand il a assisté à son premier match de hockey. Il était venu voir à l'œuvre le fils des amis de ses parents. « Selon mes parents – parce que moi, je ne m'en souviens pas –, je suis tombé en amour avec le sport et j'ai commencé à dribler avec un couvercle de jus d'orange. » Habitudes de travail Huang a ensuite suivi des cours de patinage avant de commencer à jouer au hockey. Comme on le disait, il n'a pas eu tout cuit dans le bec. Ses bonnes habitudes de travail et le « bon groupe de gens qui l'entoure » ont été la clé, soutient-il. Ça me prend du temps pour être bon à quelque chose, surtout des épreuves athlétiques. Quand j'étais petit, je jouais au soccer et je n'étais pas très habile. Je courais tout croche. Quand j'ai commencé à jouer au hockey, je n'étais pas super habile non plus. Alex Huang Il se souvient de ces après-midis d'hiver passés à la patinoire extérieure avec son père, à -30 degrés Celsius. Du haut de ses 7 ans, il faisait différents exercices, comme tirer un pneu autour de la patinoire. « J'ai fait beaucoup de choses dans le silence, soutient-il. Ça a fait en sorte que mon succès a été reconnu plus tard. » À l'époque, Huang visait toujours un ou deux niveaux au-dessus du sien. « Je me disais : qu'est-ce que ça me prend pour me rendre au niveau en haut, et au prochain ? » La pandémie, en 2020, a été bénéfique pour le jeune homme, qui avait alors 13 ans. Il profitait de son temps libre à la maison pour s'entraîner. C'est cette année-là qu'il s'est le plus amélioré. « C'est là que j'ai fait un gros pas vers l'avant, puis que j'ai été dominant à mon niveau. C'est à ce moment-là que je me suis dit : si je travaille fort, je vais être capable de jouer midget AAA, puis junior majeur, et ainsi de suite. » Et il avait raison. « Je me suis regardé dans le miroir » En 2022, avec les Vikings de Saint-Eustache dans la Ligue de développement hockey M18 AAA du Québec, le défenseur a inscrit 40 points en 42 matchs. Cette année-là, il a été sélectionné par les Saguenéens de Chicoutimi au 5e rang du repêchage de la Ligue de hockey junior Maritimes-Québec (LHJMQ). Contacté par l'Université Harvard et l'Université du Michigan, il a choisi Chicoutimi. « Si je pouvais revenir dans le temps et reprendre la même décision, je le ferais, lâche-t-il. J'ai atteint mon but de jeunesse d'être repêché dans la Ligue nationale. Ça prouve que c'était le bon choix. » À sa première saison, à l'âge de 16 ans, il a enfilé 8 buts et récolté 28 mentions d'aide en 61 rencontres. Son adaptation a été moins difficile, croit-il, du fait que ses parents l'ont accompagné au Saguenay. La saison dernière, à 17 ans, Huang s'est installé dans une « merveilleuse » famille de pension. Sur la patinoire, il a toutefois eu un lent début de campagne. Il s'était fixé de trop grands objectifs. Les deux premiers tiers de la saison ne se sont pas déroulés comme il le souhaitait. PHOTO SOPHIE LAVOIE, ARCHIVES LE QUOTIDIEN Alex Huang en action « À un moment donné, c'était vers la fin de janvier, on est revenus d'un voyage des Maritimes où je n'ai pas super bien performé. C'est là que je me suis regardé dans le miroir et que je me suis dit : il faut que tu prennes en charge ta game, que tu performes, que tu sois responsable de toi-même en tant que joueur. » Le défenseur a, de fait, augmenté son niveau de jeu d'un cran dans le dernier tiers de la saison. Ça s'est traduit sur sa fiche : il a inscrit 20 points à ses 19 dernières parties régulières. Le 28 juin, Huang a invité son agent, ses amis proches et sa famille de pension saguenéenne à se joindre à lui à la maison familiale. Cette journée-là, au quatrième tour de la séance de sélection de la LNH, les Predators de Nashville ont prononcé son nom. Je n'avais aucune idée d'où j'allais sortir. C'était vraiment une belle surprise quand ils ont annoncé mon nom à la télé. C'était un rêve qui devenait réalité. Le fait que je sois repêché, c'est un honneur incroyable, peu importe la ronde, peu importe l'endroit. Alex Huang Le lendemain, il montait dans l'avion en direction de Nashville pour le camp de développement. Une expérience qu'il a adorée, si l'on se fie au ton de sa voix. « Le camp de développement, pour moi, c'est l'endroit où tu apprends le plus de choses. L'entraîneur-chef des Predators nous a rencontrés et nous a dit d'être comme une éponge et de prendre le plus d'informations possible. » Après Chicoutimi, Harvard En novembre dernier, la NCAA, circuit universitaire américain, a annoncé des modifications à ses règles : celles-ci permettent désormais à des joueurs de la Ligue canadienne de hockey de conserver leur admissibilité aux universités américaines. À la fin de la saison, Alex Huang a été sondé par quelques écoles, « tous de bons programmes ». Il en a visité quelques-unes. Pour celui qui a toujours excellé en classe – « C'est plus facile pour moi que pour d'autres personnes, mais en même temps, j'ai dû travailler pour [y arriver] », affirme-t-il –, l'Université Harvard était la meilleure option. « Je pense que Harvard était un endroit idéal pour moi en tant qu'étudiant et en tant que joueur de hockey. Ça va être un bon tremplin pour moi entre le junior et le professionnel. C'est pas mal ça qui m'a convaincu. […] En même temps, obtenir un diplôme de Harvard, c'est quelque chose d'incroyable. » Huang partira pour la NCAA lors de la saison 2026-2027. Il passera donc une autre année à Chicoutimi. C'est qu'il tenait à « être loyal envers les Saguenéens », nous explique-t-il. « C'est une grosse année pour l'équipe. Je ne veux pas que le fait que j'aille dans la NCAA tout de suite, ça change les plans de l'équipe. » J'ai été repêché par les Saguenéens pour amener un championnat à Chicoutimi. […] Je vais quand même donner mon 100 % encore cette année. Le but ne change pas. C'est ce que je veux que les partisans sachent. Alex Huang Message transmis. Pour faire sa place chez les professionnels, Huang sait pertinemment ce qu'il doit encore améliorer, comme son jeu défensif et son lancer. Sa force physique, aussi ; en NCAA, il jouera moins de matchs et pourra donc passer plus de temps dans le gym. Pour y arriver, il fera ce qu'il a toujours fait : travailler. Et il continuera de prouver que « ce n'est pas parce que tu n'es pas un athlète naturel que tu n'es pas capable de jouer au hockey ».


La Presse
07-07-2025
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Jamais deux sans trois pour Tobie Paquette-Bisson
Tobie Paquette-Bisson a quitté le marché des joueurs autonomes deux fois, le 1er juillet dernier. En l'espace d'une heure, il a apposé son nom au bas d'un contrat d'un an avec le Rocket de Laval, mais aussi de ses documents de mariage. Paquette-Bisson et sa future femme étaient réunis à la maison, avec parents et amis. Le couple avait opté pour une cérémonie à la bonne franquette. Lors des heures précédentes, le contrat d'un an du costaud défenseur avec le Lightning de Tampa Bay avait expiré. Une offre inattendue du Rocket est alors survenue. Inattendue, parce que le Rocket lui offrait de rejoindre l'organisation pour la troisième fois en cinq ans. « Quand on a eu l'offre du Rocket, on a hésité un peu, mais clairement, c'était la meilleure décision pour nous. On a tout de suite pu l'annoncer à la famille, tout le monde était super content », raconte Paquette-Bisson. C'est justement pour des raisons familiales que le Rosemèrois a choisi Laval. Sa conjointe a donné naissance à leur premier enfant il y a un mois. « Il y avait de l'intérêt en Europe, mais j'avais un deal avec ma femme : on ne voulait pas partir tout de suite. J'ai parlé avec d'autres joueurs en Europe, qui ne voient pas leur bébé pendant des semaines. Je ne voulais pas vivre ça », justifie le joueur de 28 ans. Départ sur désaccord Lorsqu'il a plié bagage pour Syracuse, l'été dernier, Paquette-Bisson croyait bien ne jamais retrouver le vestiaire du Rocket. Surtout parce qu'il l'avait quitté à deux reprises, de son plein gré, pour l'organisation des Kings de Los Angeles, puis du Lightning. Mais aussi en raison du dénouement de son dernier passage lavallois. En pleine course aux séries éliminatoires, en 2024, le Rocket avait placé de jeunes joueurs dans son alignement au détriment de vétérans. Paquette-Bisson avait publiquement critiqué la décision et, de son propre aveu, s'était ensuite fait « taper sur les doigts ». « Ça avait fait mal de manquer les séries », se rappelle-t-il. « Surtout qu'on les avait vécues dans les années d'avant. Même si un jeune est dans les gradins, il peut apprendre en séries, en voyant comment se comportent les gars et leur camaraderie », estime-t-il. Le plus récent parcours du Rocket en séries a convaincu Paquette-Bisson de rentrer au bercail. Le principal intéressé a assisté au premier match de la finale de l'Association de l'Est, opposant les Lavallois aux Checkers de Charlotte. Rapidement, il a compris que le Rocket ne serait pas de taille. La filiale du Canadien a finalement été balayée. L'un des enjeux a clairement été le manque de robustesse de l'équipe. Paquette-Bisson, du haut de ses 6 pi 3 po et 207 lb, compte bien y remédier. « J'aurais aimé ça être là, l'an dernier, pour amener cet aspect-là, avoue-t-il. Ramener la Coupe à Laval, ça serait fun en tabarouette. » Le Rocket a clairement expliqué à Paquette-Bisson qu'il prendrait la place occupée par Tyler Wotherspoon lors de la dernière saison. Concrètement, on s'attend de lui qu'il joue « de grosses minutes » et qu'il encadre les jeunes. Bonheur de jouer À Laval, Paquette-Bisson renouera avec celui qui a été son entraîneur des défenseurs au sein de l'Armada de Blainville-Boisbriand et du Rocket : Daniel Jacob. L'an dernier, il pensait bien jouer sous ses ordres, en signant un contrat avec l'organisation du Lightning. C'était avant que Jacob ne fasse le chemin inverse, pour accepter de devenir l'adjoint de Pascal Vincent. La déception allait venir accompagnée. Paquette-Bisson a entamé la saison avec de sévères maux de dos. « Je suis arrivé au camp à Tampa Bay avec tellement d'inflammation au bassin que j'avais de la misère à marcher. Ç'a été dur en première moitié de saison. La blessure a eu un impact sur mon jeu et, surtout, sur ma confiance », confie-t-il. Après avoir consulté un spécialiste à New York et reçu des traitements spécialisés, Paquette-Bisson assure aujourd'hui être « top shape ». Même s'il estime avoir connu une saison difficile, le Lightning a tenté de conserver ses services. On lui aurait offert une prolongation de contrat à deux volets, qui lui aurait permis d'être rappelé dans la LNH. Cette éventualité sera impossible avec le Rocket, puisque son entente se limite à la Ligue américaine. Même si Paquette-Bisson croit encore à la LNH, il accepte de mettre temporairement son rêve sur pause. Je me suis dit que tant qu'à courir après les contrats de la LNH et être déçu [de ne pas être rappelé], il valait mieux signer un contrat qui me garantirait d'être heureux. Tobie Paquette-Bisson Et ce bonheur, semble-t-il, se trouve à Laval. Cela a de quoi surprendre. Pas parce que l'on sous-estime les attraits du Centropolis, et encore moins du Colossus, mais surtout parce qu'au moment de quitter l'organisation, en 2024, Paquette-Bisson avait affirmé publiquement qu'il serait « ridicule d'y retourner ». « Comme on dit, il y a juste les fous qui ne changent pas d'idée », conclut-il, en riant.