5 days ago
Un commissaire condamné pour avoir offert des armes de service
Un ancien chef de brigade a été condamné pour avoir détourné une arme appartenant à la police. Il l'avait offerte à un collègue sous forme de souvenir. Publié aujourd'hui à 19h44
Un pistolet SIG Sauer, de la même marque que celui sorti sans autorisation de l'inventaire de la police genevoise (image d'illustration).
Madeleine Schoder
En septembre 2023, la «Tribune de Genève» révélait d'importantes failles dans la gestion des armes de la police cantonale . L'affaire avait débuté par la vente, par un commissaire, d'un pistolet SIG Sauer provenant du stock de la brigade de police technique et scientifique (BPTS), qu'il avait dirigée auparavant.
Visé par une enquête pénale, il avait affirmé avoir «confondu cette arme avec une autre, semblable, qui lui appartenait personnellement». L'enquête interne avait révélé un inventaire lacunaire, des armes non enregistrées et des armoires sécurisées laissées en libre accès. Des manquements jugés préoccupants par les autorités. Des armes de service offertes sans autorisation
L'inspection révélait aussi qu'il avait offert un pistolet de service à un collègue, en guise de cadeau de départ. L'arme – un SIG Sauer défectueux, autrefois utilisé par un policier – avait été vissée sur une plaquette commémorative. Aucune demande d'autorisation d'acquisition n'avait été formulée, ni par le commissaire, ni par son collègue, comme l'exige la loi sur les armes.
Dans cette première affaire, le commissaire avait écopé d'une amende de 500 francs pour détention imprudente d'un Glock à son domicile. Le reste des accusations, notamment celles liées au transfert de l'arme, avaient été classées.
Mais peu après la parution de l'article, l'histoire du pistolet transformé en souvenir alerte un autre collègue, qui contacte sa hiérarchie. Il rapporte avoir reçu un cadeau similaire pour ses 50 ans. Son ancien supérieur lui avait assuré que l'arme était neutralisée. «Il m'a dit que l'arme n'était plus en état de tir», déclare-t-il. Une arme fonctionnelle
L'Inspection générale des services se saisit à nouveau du dossier. L'analyse révèle que le pistolet SIG P220, fixé sur une planchette de bois, est parfaitement fonctionnel. Il figure toujours dans les bases officielles et n'a jamais été radié de l'inventaire de la brigade.
Interrogé dans le cadre de cette nouvelle investigation, le commissaire affirme avoir cru que l'arme était destinée à la destruction. Il dit avoir voulu perpétuer une «tradition» d'hommage entre collègues. Il reconnaît une «négligence», mais conteste toute intention de nuire ou de tirer un bénéfice personnel.
Pour le Ministère public, ces explications ne suffisent pas. Le Parquet pointe une «attention insuffisante» aux obligations légales et estime que, dans son rôle de chef de brigade, il aurait dû montrer l'exemple. Dans une ordonnance pénale rendue début juin et révélée par « Gotham City» , le commissaire est reconnu coupable d'infractions répétées à la loi fédérale sur les armes. Il écope de 100 jours-amende à 240 francs, avec sursis pendant 2 ans, ainsi que d'une amende ferme de 4800 francs.
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Autres newsletters Marc Renfer est journaliste à la rubrique genevoise depuis début 2022. Auparavant, il a travaillé dix ans à la RTS, en partie comme datajournaliste. Plus d'infos @marcrenfer
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