
Un commissaire condamné pour avoir offert des armes de service
Un pistolet SIG Sauer, de la même marque que celui sorti sans autorisation de l'inventaire de la police genevoise (image d'illustration).
Madeleine Schoder
En septembre 2023, la «Tribune de Genève» révélait d'importantes failles dans la gestion des armes de la police cantonale . L'affaire avait débuté par la vente, par un commissaire, d'un pistolet SIG Sauer provenant du stock de la brigade de police technique et scientifique (BPTS), qu'il avait dirigée auparavant.
Visé par une enquête pénale, il avait affirmé avoir «confondu cette arme avec une autre, semblable, qui lui appartenait personnellement». L'enquête interne avait révélé un inventaire lacunaire, des armes non enregistrées et des armoires sécurisées laissées en libre accès. Des manquements jugés préoccupants par les autorités. Des armes de service offertes sans autorisation
L'inspection révélait aussi qu'il avait offert un pistolet de service à un collègue, en guise de cadeau de départ. L'arme – un SIG Sauer défectueux, autrefois utilisé par un policier – avait été vissée sur une plaquette commémorative. Aucune demande d'autorisation d'acquisition n'avait été formulée, ni par le commissaire, ni par son collègue, comme l'exige la loi sur les armes.
Dans cette première affaire, le commissaire avait écopé d'une amende de 500 francs pour détention imprudente d'un Glock à son domicile. Le reste des accusations, notamment celles liées au transfert de l'arme, avaient été classées.
Mais peu après la parution de l'article, l'histoire du pistolet transformé en souvenir alerte un autre collègue, qui contacte sa hiérarchie. Il rapporte avoir reçu un cadeau similaire pour ses 50 ans. Son ancien supérieur lui avait assuré que l'arme était neutralisée. «Il m'a dit que l'arme n'était plus en état de tir», déclare-t-il. Une arme fonctionnelle
L'Inspection générale des services se saisit à nouveau du dossier. L'analyse révèle que le pistolet SIG P220, fixé sur une planchette de bois, est parfaitement fonctionnel. Il figure toujours dans les bases officielles et n'a jamais été radié de l'inventaire de la brigade.
Interrogé dans le cadre de cette nouvelle investigation, le commissaire affirme avoir cru que l'arme était destinée à la destruction. Il dit avoir voulu perpétuer une «tradition» d'hommage entre collègues. Il reconnaît une «négligence», mais conteste toute intention de nuire ou de tirer un bénéfice personnel.
Pour le Ministère public, ces explications ne suffisent pas. Le Parquet pointe une «attention insuffisante» aux obligations légales et estime que, dans son rôle de chef de brigade, il aurait dû montrer l'exemple. Dans une ordonnance pénale rendue début juin et révélée par « Gotham City» , le commissaire est reconnu coupable d'infractions répétées à la loi fédérale sur les armes. Il écope de 100 jours-amende à 240 francs, avec sursis pendant 2 ans, ainsi que d'une amende ferme de 4800 francs.
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Voici où les conseillers fédéraux passeront leurs vacances
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Michel Perrissol, dernier d'une grande lignée de pêcheurs sur le Léman
La famille Perrissol vogue sur le Léman depuis plusieurs générations. Michel, son dernier représentant, a débuté au large de Mies avant de s'établir au bout du lac. Publié aujourd'hui à 11h00 Le pêcheur Michel Perrissol devant son antre à la Maison de la pêche, aux Eaux-Vives, le 17 juin 2025. LAURENT GUIRAUD En bref: En cette matinée ensoleillée de juin, rendez-vous avait été donné à 11 heures à la Maison de la pêche, aux Eaux-Vives. Mais à 8 h 59, message de Michel Perrissol: «Bonjour, j'ai déjà terminé la journée. Si vous pouvez venir plus tôt? Pas de poisson.» Depuis le début de l'année, les journées se suivent et se ressemblent terriblement . Elles se concluent sur une prise bien en deçà des attentes. À notre arrivée, Michel Perrissol dresse le bilan des deux premiers jours de la semaine en cours: à peine 1 kg de perches. «À 58 francs, le kilo, je ne vais pas aller loin», souffle l'homme de 68 ans, dernier représentant d'une grande famille de pêcheurs. Une histoire de famille Cela fait bien longtemps que le nom Perrissol résonne sur le Léman . Autour de lui, Michel dénombre six proches à avoir exercé ce même métier fait d'éreintantes journées commencées à l'aurore: son père, deux oncles, une tante et un cousin. «Mais aujourd'hui, il n'y a plus que moi», confie-t-il, lunettes remontées sur une tignasse poivre et sel, la polaire zippée jusqu'en haut sous un tablier de travail. Qu'on ne lui demande pas son premier souvenir sur le lac, comment voulez-vous qu'il se rappelle «d'un truc pareil»? «On m'a mis sur un bateau, je ne savais même pas marcher», se marre-t-il. «J'étais plutôt bon à l'école, premier en maths, et mes profs me voyaient à l'uni. Mais mon père a dit non, tu viens avec moi. Devenir pêcheur, c'était une évidence. Toute ma famille était là-dedans.» Les longues études, ce sont ses trois enfants qui les entreprendront. Ainsi va la vie. Avec son père, Michel débute au large de Mies, dans le canton de Vaud. «À l'époque, il n'y avait pas d'eaux territoriales cantonales et on pouvait aller où on voulait», remet-il. On aperçoit alors habituellement son bateau – nommé Jéjé Squale , d'après le nom de son fils Jérôme – au large de Founex, Coppet ou Tannay. Si proche de la frontière genevoise. Qu'il finira par franchir. Michel Perrissol et son fils Jérôme sur le lac au large de Mies, dans le canton de Vaud, en août 2005. LAURENT GUIRAUD Il y a une vingtaine d'années, Michel Perrissol s'établit au bout du lac. «Un de mes oncles était malade et il m'a demandé de le remplacer», explique-t-il. Il prend d'abord ses quartiers dans un des cabanons face au Jet d'eau, avant de déménager il y a quelques années à la Maison de la pêche, à la suite de l'aménagement de la plage des Eaux-Vives. Tartare de poissons du lac Pour ses prises, Michel Perrissol a toujours eu des clients historiques, une poignée de restaurants, comme Le Bœuf Rouge aux Pâquis ou le National, à Versoix, commune où il a longtemps vécu. Adresse populaire s'il en est, le National a régulièrement proposé dans son menu un tartare de poissons du lac, exquis et raffiné, fraîchement issus de ses filets. Le brochet ou la féra, le pêcheur, cuisinier à ses heures, aime les fumer à froid, après dix jours au congélateur. Il peut alors les servir «en tartare ou en carpaccio». «J'ajoute un filet d'huile d'olive, un léger assaisonnement selon les goûts, mais pas de sauce. Le produit est tellement bon», insiste-t-il, l'œil soudain gourmand. Multiples petits boulots En plus de cinq décennies à travailler sur le lac, Michel Perrissol aura connu des belles années, mais forcément aussi des galères. Comme entre 1977 et 1983, lorsqu'il n'y avait «plus un poisson», sans doute en raison de la surpêche. «On travaillait tous dehors», dit-il. C'est la face cachée du métier. Il arrive souvent que les pêcheurs soient contraints à multiplier les petits boulots en parallèle. Michel Perrissol décompte six ans comme peintre, trois à trimer sur le tarmac de l'aéroport, ou encore une autre année comme ébéniste. Dans le local de Michel Perrissol à la Maison de la pêche, aux Eaux-Vives, à Genève. LAURENT GUIRAUD Cela étant, un début d'année comme celui-ci, il n'avait encore jamais expérimenté. «Idéalement, il faudrait réussir à amasser entre 60 et 80 kg de perches entières par jour pour tourner, mais là, c'est à peine si on arrive à 20 kg», rapporte Michel Perrissol, qui voit ses «cinquante-deux ans d'économies» partir en fumée. Le poisson roi du Léman n'est d'ailleurs pas le seul à se faire rare. La féra? Disparue également. Les brochets et les ombles chevaliers ne se font guère voir davantage. En revanche, les silures , «on pensait qu'il y en avait des centaines, mais ils sont des milliers», rapporte Michel Perrissol, en montrant un spécimen attrapé ce matin. Mensurations: 2,7 m pour 60 kilogrammes. «On est prêts à pêcher tout ce qu'on trouve pour s'en sortir», affirme François Liani, qui occupe la pêcherie voisine à la Maison des Eaux-Vives. Mais encore faut-il que le client soit demandeur, ce qui n'est pas gagné. Combat politique Le silure, lui, raffolerait des perches et cela constituerait une des explications de leur mystérieuse évaporation. Mais pas la seule. Les pêcheurs évoquent également la présence des cormorans, désormais présents toute l'année en raison des températures clémentes, la prolifération des moules quagga, qui filtrent l'eau des aliments recherchés par les poissons, ou encore les aléas d'une météo toujours plus imprévisible. Mais surtout, de manière générale, le lac est trop chaud et il n'est plus à même de brasser ses eaux . «On est bien embêtés avec le réchauffement climatique», résume Michel Perrissol. Que faire? Les pêcheurs ont écrit aux autorités afin de demander de l'aide. Un courrier a été adressé au Département du territoire dans l'espoir d'une exemption de loyer. Mais les services d'Antonio Hodgers n'évoquent en retour qu'«un arrangement de paiements» . Le Département de l'économie de Delphine Bachmann a également été sollicité. Une aide en faveur de la douzaine de professionnels genevois est envisagée. «Si le métier n'est pas aidé momentanément, on ne s'en sortira pas», redoute Michel Perrissol. Qui en a vu d'autres, pourtant. NOTRE SÉRIE SUR LES PÊCHEURS Newsletter «La semaine genevoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Genève, chaque semaine dans votre boîte mail. Autres newsletters Théo Allegrezza est journaliste à la Tribune de Genève. Il couvre en particulier la politique, ainsi que les questions d'aménagement, d'urbanisme et de logement. Diplômé de l'Université de Genève et de Sciences Po Paris. Plus d'infos @theoallegrezza Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Politique européenne: comment les Patriotes ont mis la main sur le dossier climat
Au Parlement européen, le groupe nationaliste présidé par Jordan Bardella a obtenu un dossier environnemental majeur. Au grand dam des Verts et de la gauche. Florentin Collomp - Le Figaro Publié aujourd'hui à 10h17 Jordan Bardella, président du groupe Patriotes pour l'Europe, au Parlement européen, à Strasbourg. AFP En bref: Les nationalistes commencent à prendre la pleine mesure de l'influence qu'ils peuvent exercer au Parlement européen. Naguère peu impliqués, relégués derrière un cordon sanitaire par les autres formations, ils peuvent peser de façon croissante sur des dossiers clés, avec l'assentiment du Parti populaire européen (PPE), le premier de l'assemblée, qui noue des alliances opportunistes avec les groupes à sa droite selon les sujets. Cette semaine, la session plénière à Strasbourg a vu le groupe Patriotes pour l'Europe, qui réunit le Rassemblement national et les Hongrois du Fidesz, mettre la main sur le dossier majeur des objectifs climatiques. Mardi, le groupe, troisième force de l'hémicycle, s'est vu attribuer le poste de rapporteur du projet de loi sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2040, présenté par la Commission la semaine dernière, grâce à un système de points attribués à chaque formation et avec la bénédiction du PPE, qui ne s'est pas porté candidat. Outrés, les socialistes et les centristes ont dénoncé une nouvelle trahison de leur alliance par le PPE au profit de l'extrême droite. Ils ont tenté mercredi une manœuvre pour demander une procédure d'urgence pour le texte, qui aurait privé le rapporteur de sa mission. Nouveau coup dur: le PPE ne l'a pas soutenue, ce qui l'a fait échouer. Avec leur rapporteur, qui n'a pas encore été désigné, les Patriotes pour l'Europe vont donc être chargés de définir la position du Parlement européen sur ce dossier, avec la possibilité pour les autres groupes de déposer des amendements. Urgence du calendrier «Nous sommes résolument opposés à ce plan qui prévoit à l'horizon 2040 une réduction de 90% des émissions de gaz à effet de serre, rappelle Jordan Bardella , président du groupe Patriotes pour l'Europe. Nous nous sommes portés volontaires pour travailler sur ce rapport, pour y porter notre vision et montrer qu'il existe au sein de l'Union européenne des souverainistes et des patriotes, plus orientés à droite qu'à gauche, qui ne font pas le choix de la décroissance.» Les partis favorables à la poursuite de l'action contre le changement climatique craignent que les Patriotes pour l'Europe n'usent de cette position pour faire traîner le dossier, voire en affaiblir les objectifs. «Laisser l'extrême droite piloter la politique climatique de l'Union européenne, c'est confier à un pyromane la lutte contre les incendies», réagit Christophe Clergeau, vice-président du groupe Socialistes & Démocrates chargé du pacte vert. Or, il y a une urgence du calendrier: la Commission voudrait que l'objectif 2040 soit adopté avant la COP30 de Belém, au Brésil, en novembre. Le jalon de 2040 doit en théorie s'articuler avec un objectif pour 2035 qui doit être transmis à l'ONU par l'Union européenne dans le cadre des Accords de Paris. Elle espérait donc un vote mi-septembre. «Il y a une alliance du PPE avec l'extrême droite pour rendre le processus beaucoup plus fragile, parce que cela devient toxique au sein du PPE de voter en faveur de l'action climatique», déplore Pascal Canfin, eurodéputé Renew. Les centristes, les socialistes et les Verts espèrent avoir une dernière chance pour obtenir une procédure d'urgence en septembre, avec cette fois le soutien du PPE, après que les États membres auront défini leur position sur le texte. Or, du côté des États, l'engagement pour cet objectif semble également vaciller. Fin juin, lors d'un Conseil européen, Emmanuel Macron a remis en cause la méthode de la Commission, évoquant la nécessité de la rendre «compatible avec la compétitivité européenne». Plusieurs de ses homologues se sont exprimés dans le même sens. D'où la frilosité du PPE, qui ne souhaite pas aboutir à une position au Parlement avant que les États n'aient fixé la leur. Pour le plus grand bonheur de Jordan Bardella: «Si le PPE est aujourd'hui contraint de revenir en arrière sur une politique mise en place depuis cinq ans, c'est uniquement grâce à notre présence», se vante-t-il. L'objectif 2040 est une étape intermédiaire entre les engagements de l'UE à réduire ses émissions de 55% (par rapport à 1990) d'ici à 2030 et de 100% (neutralité climatique) en 2050, qui ont déjà été gravés dans la loi lors de la précédente législature. «Juridiquement, nous avons un accord du PPE avec les Verts pour ne pas rouvrir les textes sur 2030 et 2050. Celui sur 2040 est dans l'air tant qu'on n'aura pas d'accord sur la procédure», explique Pascal Canfin. Plus d'actualité autour du changement climatique Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.