25-07-2025
Un Banksy quitte Venise momentanément. Retrouvera-t-il sa place?
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Apparu en 2019, le pochoir «The Migrant Child», menacé par les eaux de Venise, fait l'objet d'une restauration. Retrouvera-t-il sa place? Publié aujourd'hui à 18h35
«The Migrant Child» est l'une des œuvres de Banksy sur le thème de la migration. L'artiste britannique l'a réalisée en 2019 à Venise.
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En bref:
Même pâlissant dangereusement, même attaqué par l'humidité et les vagues des vaporettos – et pire encore par les hautes eaux de Venise – «The Migrant Child» déposé à fleur de canal il y a six ans par Banksy ne disparaîtra pas. Parole de propriétaire du Palazzo San Pantalon, dans le quartier de Santa Croce: tout le monde n'a pas une œuvre du street artiste le plus coté du moment… en bas de chez lui!
La Banca Ifis, vénitienne de naissance et donc dans l'âme, a lancé les travaux de rénovation de la peinture murale représentant un jeune migrant, une fusée de détresse à la main. Et au contraire de Banksy qui travaille vite – c'est la loi du bitume, la condition pour ne pas se faire prendre, ni démasquer – le chantier de rénovation va prendre son temps.
On apprend d'ailleurs que les premiers travaux ont démarré en juin avec une phase de nettoyage, de dépoussiérage et de consolidation de l'œuvre déjà érodée sur 30% de sa surface. Avant l'opération de décollage qui a eu lieu dans la nuit du mercredi 23 juillet au jeudi 24 juillet. Pour y parvenir, décision a été prise de prélever le pochoir avec une partie du mur sur lequel l'artiste l'a peint. «The Migrant Child» est au sec
Désormais au sec, «The Migrant Child» est à l'abri dans un laboratoire sous l'œil d'un restaurateur qui connaît l'art et la manière de Banksy pour avoir contribué à la préservation d'«Aachoo!!», la petite dame qui éternue sur une façade de Bristol. D'autres mesures vont être prises pour lui rendre sa couleur et sa vigueur, comme pour consolider son support.
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Mais le sauvetage ne sera pas total, la partie trop endommagée aurait nécessité d'être entièrement repeinte! Et… l'art de la rue, éphémère dans ses gènes comme dans son esprit, n'en demande pas tant. La cote de l'artiste qui vaut des millions en salles des ventes – 21,8 millions d'euros pour la revente de «Girl With Balloon» après son autodestruction – aurait pu pervertir l'opération. La popularité du chouchou du public, encore plus, forçant à en faire trop.
Le sel et les eaux ont attaqué la fresque murale de Banksy détériorée sur environ 30% de sa surface.
AFP
Les mécènes ont joué la carte de la raison, sachant le sujet crispant: en 2023, le gouvernement italien avait renoncé à la restauration, embourbé dans la polémique, face à ceux qui estimaient que seul l'artiste pouvait dire s'il fallait sauver son travail. Lui? Ce mystérieux qui tombe toujours à pic avec ses pochoirs comme dans ce «Migrant Child», frêle créature face aux éléments, symbole de tous ceux qui jouent leur vie en Méditerranée, on ne l'a évidemment jamais entendu sur le sujet. La prise de parole n'est pas dans sa religion!
Par contre, Banksy, l'artiste qui se déguise en peintre du dimanche pour vendre des pochades pour une poignée de dollars à New York ou en marchand ambulant de bric et de broc pendant une Biennale d'art contemporain à Venise, est assez joueur pour s'amuser de cette ambiguïté.
Et peut-être même apprécier ce qui est – aussi – une marque de reconnaissance? Reste à savoir si «The Migrant Child» retrouvera son emplacement d'origine… Si la décision n'est pas encore prise, «la peinture murale ne sera pas, promet Banca Ifis, exposée dans un lieu fermé et payant.»
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Florence Millioud a rejoint la rubrique culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert dès 1994 la politique et l'économie locales. Historienne de l'art, elle collabore à la rédaction de catalogues d'exposition et d'ouvrages monographiques sur des artistes. Plus d'infos
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