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Un Banksy quitte Venise momentanément. Retrouvera-t-il sa place?

Un Banksy quitte Venise momentanément. Retrouvera-t-il sa place?

24 Heures25-07-2025
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Apparu en 2019, le pochoir «The Migrant Child», menacé par les eaux de Venise, fait l'objet d'une restauration. Retrouvera-t-il sa place? Publié aujourd'hui à 18h35
«The Migrant Child» est l'une des œuvres de Banksy sur le thème de la migration. L'artiste britannique l'a réalisée en 2019 à Venise.
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En bref:
Même pâlissant dangereusement, même attaqué par l'humidité et les vagues des vaporettos – et pire encore par les hautes eaux de Venise – «The Migrant Child» déposé à fleur de canal il y a six ans par Banksy ne disparaîtra pas. Parole de propriétaire du Palazzo San Pantalon, dans le quartier de Santa Croce: tout le monde n'a pas une œuvre du street artiste le plus coté du moment… en bas de chez lui!
La Banca Ifis, vénitienne de naissance et donc dans l'âme, a lancé les travaux de rénovation de la peinture murale représentant un jeune migrant, une fusée de détresse à la main. Et au contraire de Banksy qui travaille vite – c'est la loi du bitume, la condition pour ne pas se faire prendre, ni démasquer – le chantier de rénovation va prendre son temps.
On apprend d'ailleurs que les premiers travaux ont démarré en juin avec une phase de nettoyage, de dépoussiérage et de consolidation de l'œuvre déjà érodée sur 30% de sa surface. Avant l'opération de décollage qui a eu lieu dans la nuit du mercredi 23 juillet au jeudi 24 juillet. Pour y parvenir, décision a été prise de prélever le pochoir avec une partie du mur sur lequel l'artiste l'a peint. «The Migrant Child» est au sec
Désormais au sec, «The Migrant Child» est à l'abri dans un laboratoire sous l'œil d'un restaurateur qui connaît l'art et la manière de Banksy pour avoir contribué à la préservation d'«Aachoo!!», la petite dame qui éternue sur une façade de Bristol. D'autres mesures vont être prises pour lui rendre sa couleur et sa vigueur, comme pour consolider son support.
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Mais le sauvetage ne sera pas total, la partie trop endommagée aurait nécessité d'être entièrement repeinte! Et… l'art de la rue, éphémère dans ses gènes comme dans son esprit, n'en demande pas tant. La cote de l'artiste qui vaut des millions en salles des ventes – 21,8 millions d'euros pour la revente de «Girl With Balloon» après son autodestruction – aurait pu pervertir l'opération. La popularité du chouchou du public, encore plus, forçant à en faire trop.
Le sel et les eaux ont attaqué la fresque murale de Banksy détériorée sur environ 30% de sa surface.
AFP
Les mécènes ont joué la carte de la raison, sachant le sujet crispant: en 2023, le gouvernement italien avait renoncé à la restauration, embourbé dans la polémique, face à ceux qui estimaient que seul l'artiste pouvait dire s'il fallait sauver son travail. Lui? Ce mystérieux qui tombe toujours à pic avec ses pochoirs comme dans ce «Migrant Child», frêle créature face aux éléments, symbole de tous ceux qui jouent leur vie en Méditerranée, on ne l'a évidemment jamais entendu sur le sujet. La prise de parole n'est pas dans sa religion!
Par contre, Banksy, l'artiste qui se déguise en peintre du dimanche pour vendre des pochades pour une poignée de dollars à New York ou en marchand ambulant de bric et de broc pendant une Biennale d'art contemporain à Venise, est assez joueur pour s'amuser de cette ambiguïté.
Et peut-être même apprécier ce qui est – aussi – une marque de reconnaissance? Reste à savoir si «The Migrant Child» retrouvera son emplacement d'origine… Si la décision n'est pas encore prise, «la peinture murale ne sera pas, promet Banca Ifis, exposée dans un lieu fermé et payant.»
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Florence Millioud a rejoint la rubrique culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert dès 1994 la politique et l'économie locales. Historienne de l'art, elle collabore à la rédaction de catalogues d'exposition et d'ouvrages monographiques sur des artistes. Plus d'infos
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Les bruschette de Rita: une bouchée d'Italie à partager entre amis
Les bruschette de Rita: une bouchée d'Italie à partager entre amis

24 Heures

time2 days ago

  • 24 Heures

Les bruschette de Rita: une bouchée d'Italie à partager entre amis

De la focaccia, du pesto, de la stracciatella et des légumes marinés créent un apéritif ensoleillé et pétillant d'émotion. Flavienne Wahli Di Matteo Texte Publié aujourd'hui à 11h45 Les focacce selon Rita, c'est tout une symphonie de saveurs, de couleurs et d'émotions. Odile Meylan/Tamedia En bref: On a envie de danser, de rire et de chanter en préparant des bruschette avec Rita Armenio, devant une table qui disparaît sous les victuailles aux arômes de jardin d'été . Mais au moment de la dégustation, ce sont de vraies larmes qui jaillissent quand les convives se mettent à évoquer des sujets hautement émotionnels. Quelque chose avive la sensibilité dans ce généreux apéritif, un effet bien connu dans la péninsule où le moment du repas a tendance à rendre sentimental. Buongiorno Italia ! Car la bruschetta selon Rita, c'est bien autre chose qu'un modeste toast surmonté d'une rondelle de tomate. Entre les mains de la native de Naples, arrivée en Valais à 18 ans comme jeune fille au pair, l'amuse-bouche se transforme en plat fait de légumes marinés posés sur de la focaccia fraîche, rehaussé de pesto maison, de stracciatella et de graines grillées. Les mains dans la farine, elle raconte: «Cette recette est inspirée de ma maman, qui faisait ses conserves de légumes l'été, et j'ai pensé à les servir sur de la focaccia, pour un petit esprit d'Italie. Cela m'évoque cette énergie solaire de la famille, des amis, de la fête, quand on se réunit autour de grandes tablées pour l'apéro.» Devenue mamma et même nonna , son cœur la pousse à multiplier les saveurs: «En cuisine, je veux toujours en faire plus! C'est la joie, l'envie de partager, le plaisir de faire connaître des produits…» Cuisine italienne au doigt et à l'œil La spontanéité dirige la multitude de gestes nécessaires à ses préparations. Tout est dosé «à l'œil» et travaillé «avec les mains». Farine, eau et levure, huile, sel et sucre, une pâte souple naît à même le bois de la table. Elle vit une première levée avant d'être étirée sur une plaque, en pressant fermement du bout des doigts pour créer de petites bosses à la surface. «Il ne faut pas avoir peur d'y aller! La pâte elle sent, et nous, on sent la pâte.» Après une deuxième pousse, elle part au four une dizaine de minutes à 220 degrés. Après avoir levé une première fois une dizaine de minutes, la pâte remplie de petites bulles d'air s'est assouplie. Rita l'étire à la main avant de la presser sur une plaque en appuyant du bout des doigts. Odile Meylan/Tamedia Courgettes et aubergines sont découpées en lamelles fines «au couteau, pas à l'économe», pour garder quelques millimètres de croquant. Dans une poêle antiadhésive striée façon gril, les tranches saisies à feu vif se zèbrent d'un bronzage qui les attendrit sans les amollir. Il faut que ce soit «al dente», bien sûr. Les légumes s'empilent ensuite chacun de leur côté, en strates dans des bocaux, arrosés entre chaque couche de vinaigre de pomme, huile, ail et aromates, avant d'être placés au frais pour un minimum de vingt-quatre heures. C'est aussi une vertu de ce menu: presque tout peut, voire doit, être préparé à l'avance. Marinées au moins 24 heures au vinaigre et à l'huile, les aubergines parfumées d'ail et de menthe se conservent une petite semaine. La marinade excédentaire fait merveille dans des pâtes. Odile Meylan/Tamedia Ainsi, de la stracciatella, ce cœur de burrata que Rita recrée en émiettant une boule de mozzarella qu'elle recouvre de crème et laisse se lier une nuit au frigo. Enfin, un pesto maison s'élabore en mixant un gros bouquet d'herbes à dominante de basilic, du parmesan, une belle rasade d'huile, de la poudre d'amande et des graines torréfiées. Rita Armenio: au fourneau pour faire du bien à l'âme Pour le montage, Rita propose toutes les variantes (voir recette) , car elle a le souci du bien-être de chacun: végane, végétarien, sans gluten, sans lactose, chacun élabore sa bruschetta selon son goût et dans le respect de ses besoins. Un bouquet sauvageon au milieu de la table, des pétales séchés et des graines croquantes en finition, le soin est accordé au plus infime détail pour satisfaire le regard, le palais et l'âme. On ne sera donc pas étonné d'apprendre que l'éducatrice sociale se met volontiers aux fourneaux avec les jeunes et les tout-petits, dans les foyers où elle exerce. Encore moins surpris que l'accompagnatrice en guérison holistique ait beaucoup réfléchi à la résonance d'une bonne nourriture sur nos vies. On repart muni d'un panier rempli à ras bord, comme ces dimanches soir où maman se faisait fort d'assurer la subsistance d'une semaine, avant l'inévitable instruction: «Et tu n'oublieras pas d'appeler en arrivant à la maison.» La recette des bruschette Martigny, le 28 juillet 2025. Rita Armenio prépare une focaccia garnie de pesto, aubergine, courgette, jambon, stracciatella (mozzarella et crème entière), … (Odile Meylan/Tamedia) Odile Meylan/Tamedia Focaccia: Ajouter une pincée de sel et une pincée de sucre à 500 g de farine. Arroser avec environ 2 cuillères à soupe d'huile d'olive et autant d'huile de tournesol. À part, mélanger un sachet de levure sèche (ou un demi-cube de levure fraîche) avec 500 ml d'eau tiède et verser petit à petit dans la farine tout en mélangeant à la main. Ne pas tout verser d'un coup, mais progressivement, jusqu'à bonne consistance. Pétrir 10 minutes, laisser reposer en boule 10 minutes, puis étirer la pâte avec les mains, l'étaler sur une plaque huilée et presser du bout des doigts sur toute la surface jusqu'à ce que l'épaisseur soit uniforme et touche les bords de la plaque. Laisser lever encore une petite heure avant de passer au four préchauffé à 220, pendant 10-15 minutes. Pour une version sans gluten, utiliser de la farine de sarrasin. Légumes marinés: La veille, couper une courgette et une aubergine en fines lamelles (on doit voir le couteau à travers). Les passer à la poêle à sec sur feu vif, jusqu'à ce qu'elles soient colorées. Les empiler ensuite dans un bocal en versant sur chaque couche un peu de vinaigre de pomme, de l'huile d'olive et de tournesol, du sel, du piment séché, de l'ail en petits morceaux et des herbes. Rita met de la menthe, c'est délicieux. À la fin, bien recouvrir d'huile et laisser reposer au frais au moins vingt-quatre heures. Stracciatella: émietter une boule de mozzarella et la recouvrir de crème entière. On peut utiliser les versions sans lactose. À préparer idéalement la veille. Pesto: mixer un beau bouquet de basilic, un peu de persil et de ciboulette, quelques feuilles de menthe (et toute herbe à son goût), 3 gousses d'ail, du parmesan, des amandes, des noix, des graines de tournesol, et beaucoup de pignons (le tout torréfié préalablement à sec dans une poêle. En garder de côté pour la finition), une bonne dose d'huile d'olive et de tournesol, du sel et du poivre. Pour le dressage: une part de focaccia tartinée de pesto, surmontée de légumes marinés, puis de stracciatella. On ajoute quelques graines torréfiées, des fleurs comestibles séchées et, au goût, du jambon cru. Évidemment, Rita Armenio a ajouté sur la table des tomates confites au four, se dit qu'on pourrait essayer avec des poivrons et sort du frigo un tiramisu aux abricots pour la note sucrée. C'est vrai qu'on craignait d'avoir encore faim… Cuisine italienne et recettes familiales Newsletter «Gastronomie & Terroirs» «24 heures» suit depuis toujours l'actualité gastronomique et culinaire. Recevez, chaque vendredi, une sélection d'articles sur la restauration, la cuisine, les produits du terroir et le vin. Autres newsletters Flavienne Wahli Di Matteo est chroniqueuse judiciaire au sein de la rubrique Vaud et régions de 24 heures, qu'elle a intégrée en 2012. Avant cela, elle a travaillé dans les rubriques locales de plusieurs médias en presse écrite, radio et télévision. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

7 livres pour prolonger l'été loin du tumulte de la rentrée
7 livres pour prolonger l'été loin du tumulte de la rentrée

24 Heures

time05-08-2025

  • 24 Heures

7 livres pour prolonger l'été loin du tumulte de la rentrée

On profite du mois d'août pour terminer ses lectures d'été avant la vague de nouveautés de la rentrée littéraire. Getty Images Roman L'art de se réinventer selon Alessandro Baricco. L'auteur à succès de «Soie» ou du monologue «Novecento» a graissé ses colts pour écrire «Abel», récit infiltrant le western avec superbe. Le narrateur, qui donne son titre au roman, se présente comme un tireur, pistolero embrassant sa carrière et son don comme d'autres ont la vocation monacale. Le Grand-Ouest imaginé par l'Italien flotte sur un horizon mythique, pour ne pas dire mystique. Abel y exerce ses compétences du côté légitime de la loi, en tant que shérif, mais sans céder aux simplifications morales et hégémoniques des colons américains. Au contraire, fils d'une fantasque cavalière, il prête une oreille attentive aux sorcières autochtones et à son maître aveugle, néanmoins fine gâchette et grand lecteur de philosophie… «Quand on tire sans avoir peur, soit on est un idiot, soit on a réussi à chasser la peur de la surface du monde, en l'enfouissant dans un cachot où elle est destinée à grandir, invisible et féroce.» Sur une ligne de crête, entre comique et incantation, Baricco ne craint pas de faire parler la poudre de certains clichés, mais oppose avec talent la conquête calculatrice de l'homme blanc à la magie d'une nature où l'être humain a aussi sa place. (BSE) «Abel», Alessandro Baricco, Ed. Gallimard, 168 p. «Amormina B», Frédéric Roussel Récit dessiné «Amormina B» est un livre singulier et envoûtant, paru aux éditions romandes Hélice Hélas. Après «Grand Nord» en 2021, qui contait les errances et l'impossible mission d'un cartographe au pôle Nord, le Belge Frédéric Roussel propose un nouveau récit dessiné des confins, qui emporte cette fois sur «Amormina B». Le scientifique Léo Bakst, chargé de dénicher des traces de vie sur cette lointaine planète sans oxygène, où il fait -120 degrés, est le seul occupant de la toute nouvelle station princesse Inès. Il est aussi seul avec ses pensées. Et bientôt, seul pour partir à l'assaut de ce qui ressemble à un volcan. Et seul face au dilemme de la découverte qu'il y fait. Doit-il la communiquer ou non aux occupants d'«Amormina A», la planète la plus proche? Une planche de «Amormina B», de Frédéric Roussel. DR Le volume, entre prose poétique et roman graphique, alterne texte et dessins en noir et blanc de l'auteur, qui figurent par un paysage lunaire et la froide immensité de l'univers. On y devine aussi une solitude qui nous étreint, sans pour autant sembler peser sur le héros. Le tout compose une quête philosophique autour du frisson de la quête et de la finitude, emprunte de poésie et de mélancolie. Beau et envoûtant comme l'espace. (CRI) «Amormina B», Frédéric Roussel, Ed. Hélice Hélas, 325 p. L'opium frelaté de Nick Tosches Réédition Les éditions Allia rééditent pour la 7e fois cet opuscule, initialement un article pour «Vanity Fair» de 2000. Nick Tosches y racontait sa supposée quête d'opium, à la recherche du rituel historique immortalisé par Hergé dans «Le lotus bleu». Affabulateur patenté, l'écrivain américain finit par goûter ce plaisir interdit et, selon lui, en voie d'extinction, au Cambodge. Le bagout du New-Yorkais – faux dur volontiers enjôleur – est toujours plaisant, mais cela n'empêche en rien ce petit succès de librairie de mentir avec un aplomb crâne. Tout le monde sait que trouver une pipe d'opium est un peu plus ardu que se rouler un joint, mais demeure du domaine du possible, surtout pour le touriste asiatique. Allia entend refourguer la camelote de Tosches, mais cela permet de rappeler que la bibliographie de l'écrivain, décédé en 2019, compte quelques petits chefs-d'œuvre, eux aussi traduits et publiés par l'éditeur français, comme «Country: les racines tordues du rock'n'roll» ou «Hellfire», sa biographie de Jerry Lee Lewis… (BSE) «Confessions d'un chasseur d'opium», Nick Tosches, Ed. Allia, 80 p. Giacometti, un roman, deux récits Arts visuels Si l'homme s'y prête, le tempérament tourmenté, ténébreux, faire tenir dans un roman Alberto Giacometti , l'artiste du mouvement obsédé par sa quête, relève de l'aventure littéraire. Mais s'il n'est de loin pas le seul à l'avoir tentée – on ne compte pas non plus les films et autres biopics – Franck Maubert n'en est pas non plus à son coup d'essai. Son «Giacometti» sorti chez Fayard en mai regroupe deux de ses textes, l'un sur un amour moins connu de l'artiste, l'autre sur son œuvre la plus connue, «L'homme qui marche». Mais on pourrait également dire qu'il les fusionne tellement à la fin de cet ouvrage, qu'on a le sentiment d'avoir rencontré l'artiste sous un autre jour. Peut-être parce que Franck Maubert est dans l'émotion, plus que dans la réception critique d'une œuvre. Il est à cœur ouvert avec Caroline, le dernier modèle, la dernière muse, qu'il a retrouvée pour qu'elle lui parle de Giacometti . Et dans le souvenir du bouleversement artistique ressenti à la découverte de l'emblématique sculpture. Mais l'émotion n'enlève rien à l'excellent éclairage richement documenté, elle l'intensifie. (FMI) «Giacometti, Le Dernier Modèle, suivi de L'Homme qui marche», Franck Maubert, Ed. Fayard, 232 p. Joseph Kessel face à l'hitlérisme Histoire Les éditions Arthaud poursuivent la réédition des écrits journalistiques de Joseph Kessel. Après Israël, la mer Rouge, les États-Unis et ses plongées dans le Paris interlope pour «Détective», voici les reportages allemands de celui qui a déjà fait scandale avec «Belle de jour», mais qui n'a pas encore écrit «Le lion». Les textes réunis dans ce recueil vont de mars à août 1932. Hitler n'a pas encore gagné les législatives de novembre, mais c'est justement dans le bouillonnement et l'incertitude qui précède sa prise définitive du pouvoir que réside l'intérêt du regard de Kessel. L'auteur baroudeur voit le plus souvent juste. «Adolf Hitler se croyait un si grand homme qu'il en avait persuadé ses auditeurs.» La perception de l'écrivain ne s'exerce pas seulement dans un registre directement politique, mais aussi en creusant l'une de ses spécialités: les bas-fonds, un monde souterrain berlinois qu'il sait déchiffrer en grand lecteur des sociétés «inverses». Le dernier texte sélectionné, du 22 avril pour «France-Soir», n'apporte rien à ce qui précède, si ce n'est un contentement revanchard, qui dit aussi quelque chose du moment. Son titre? «Les Allemands demandent à cirer les bottes des officiers français»… (BSE) «Reportages en Allemagne», Joseph Kessel, Ed. Arthaud, 352 p. Une femme côté moteur Poésie Dans le ressac de la Beat generation, les femmes se sont parfois enlisées… Pour une Diane di Prima souvent invoquée, combien d'autrices oubliées? Ce recueil bilingue – et il faut bien ça pour mesurer le rythme et le punch, intraduisibles – permet de rallumer un nom dans une constellation féminine qui s'est parfois révélée des années après l'éclosion des mythes masculins – Kerouac, Ginsberg… «Drive» est ainsi l'occasion de (re)découvrir une Hettie Jones dont la poésie s'est plutôt épanouie sur le tard, après sa séparation d'avec l'artiste afro-américain LeRoi Jones. Une ode à la liberté, à la parole franche et aux virées dans sa bagnole baptisée Geronimo . Pas trop écolo, mais très féministe! «À Taos, une étrangère/m'a raconté qu'elle avait trouvé des mecs/jusqu'à ce que son cul/s'affaisse/Et si, de la même façon que la chair tombe/que la langue et les seins fondent/l'intelligence foutait le camp/avec les courbes» (BSE) «Drive», Hettie Jones, Robert Laffont – Pavillons Poche, 288 p. Les notes atmosphériques de Jon Hassell Notations «Atmospherics» nous rappelle au bon souvenir de Jon Hassell, trompettiste, mais surtout expérimentateur et voyageur musical impénitent dont la «Fourth World Music» réunissait traditions ancestrales et avant-gardes défricheuses, recherches ethnologiques et conceptions ambient . Celui qui a étudié la musique avec Pandit Prân Nath et Karlheinz Stockhausen, collaboré avec Riley, Farafina, Eno, Byrne ou Bono (!) s'est parfois aussi piqué de quelques textes où il revenait sur ses conceptions musicales et réfléchissait sur son temps. Réunies dans ce volume illustré, ses notations permettent de revisiter les titres légendaires de sa discographie, d'exhumer certains de ses amis, mais surtout de profiter des réflexions d'un esprit curieux… et critique. «Dans la technoculture occidentale, le recours à une musique totalement abstraite, à la Muzak, déployée en fond sonore lors d'événements humains, a pour inévitable corollaire la banalisation et la perte du sens de ce qui en fait l'originalité et la raison d'être.» (BSE) «Atmospherics», Jon Hassell, Ed. Allia, 128 p. On lit quoi cet été en Suisse? Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Matilda De Angelis: une actrice qui n'a pas froid aux yeux
Matilda De Angelis: une actrice qui n'a pas froid aux yeux

24 Heures

time03-08-2025

  • 24 Heures

Matilda De Angelis: une actrice qui n'a pas froid aux yeux

Star montante du cinéma – Matilda De Angelis, une actrice qui n'a pas froid aux yeux Entre sensualité et folie douce, l'Italienne a su envoûter les écrans du monde entier. La voici aujourd'hui face à Dracula, pour Luc Besson. Christophe Pinol Matilda De Angelis était au Festival de Cannes en mai dernier pour présenter le film «Fuori», de Mario Martone, qui sortira en Suisse le 3 décembre. WireImage Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk «Veloce come il vento»… Rapide comme le vent. Rarement un titre de film n'aura aussi bien exprimé le début de carrière fulgurant d'une actrice. En l'occurrence celle de Matilda De Angelis, actuellement à l'affiche du dernier film de Luc Besson, «Dracula». La jeune Italienne originaire de Bologne (elle fêtera ses 30 ans en septambre) a 21 ans lorsqu'elle décroche le rôle principal féminin de ce long métrage (intitulé «Italian Race» à l'international), son tout premier au cinéma. La comédienne en herbe, qui à l'époque n'a même pas son permis de conduire, y incarne une talentueuse pilote de rallye. Un départ sur les chapeaux de roues qui lui vaut d'entrée de jeu le Prix de la meilleure révélation au festival de Taormina. Depuis, elle a enchaîné les coups d'éclat: dans «Youtopia», elle incarne une cam-girl de 18 ans qui décide de vendre sa virginité aux enchères pour sauver ses parents de la faillite; elle embrasse langoureusement Nicole Kidman dans la minisérie «The Undoing», son premier rôle international; elle est ensuite la tête d'affiche du film tessinois «Atlas» et devient l'héroïne du spin-off italien de la série la plus chère de l'histoire de la télé, «Citadel», dans «Citadel: Diana». Jusqu'à ce «Dracula», relecture romantique du roman de Bram Stoker, qui lui permet de refermer une boucle entamée il y a trente ans par sa maman. «Travailler avec Luc Besson, c'était un rêve, explique-t-elle dans «L'Officiel» du mois de juillet. Je m'appelle Matilda, parce que ma mère a vu son film, «Léon», alors qu'elle était enceinte et qu'elle est tombée sous le charme du personnage campé par la jeune Natalie Portman.» Matilda De Angelis vit depuis 2022 avec Alessandro de Santis, chanteur des Santi Francesi. «Il a la plus belle voix que j'ai jamais entendue», confiait-elle à «Grazia». IMAGO/Independent Photo Agency Son corps comme outil d'expression Pourtant, c'est d'abord vers la musique que l'enfant prodige se tourne, portée par des parents qui ont toujours soutenu ses ambitions artistiques. Elle les décrit d'ailleurs comme «des personnalités excentriques»: un père graphiste publicitaire, passé par les fumetti, ces BD populaires flirtant avec l'action et l'érotisme, et une mère agente d'assurances, tendance «sorcière hippie». Fan de Björk, Tori Amos et David Bowie, la jeune Matilda commence par étudier la guitare et le violon à 11 ans, compose ses premières mélodies deux ans plus tard ans et devient à 17 ans la chanteuse du groupe italien Rumba de Bodas, avant de partir avec eux en tournée à travers l'Europe. Parallèlement, elle pose comme modèle de nu artistique pour la photographe Camilla Cattabriga. Mais c'est finalement le cinéma qui s'impose à elle. Poussée par les conseils d'un ami, elle s'y engage en parfaite autodidacte à l'occasion d'un casting ouvert. Adolescente, elle a pourtant traversé une période difficile, marquée par des troubles alimentaires. Elle a mis du temps à être à l'aise avec son image, mais elle en a aujourd'hui fait une force. Voire un véritable outil d'expression. Sur Instagram, l'Italienne n'hésite pas à afficher son visage rongé par l'acné, prônant une image authentique et assumée, encourageant ainsi l'acceptation de soi. Et elle n'hésite pas non plus à jouer dans le plus simple appareil. «Je trouve ça très libérateur, confiait-elle à «W Magazine». Que ce soit mes yeux, ma bouche, mes seins ou mon vagin, mon corps n'est qu'un outil d'expression parmi d'autres. C'est toujours moi. La nudité peut être un puissant moyen d'expression et de persuasion quand il s'agit de communiquer des sentiments complexes.» Dans «Dracula», de Luc Besson, Matilda De Angelis (à g.) campe Maria, l'amie de celle qui va tomber sous le charme du comte sanguinaire. Shanna Besson/2025 LBP/Europacorp/TF1 Films Production Douce folie Dans «Variety», elle soulignait aussi la force et la passion avec lesquelles elle s'implique dans ses rôles, et à quel point le travail peut se révéler intense. «Je ne sais d'ailleurs pas si je pourrai tenir ce rythme longtemps: être devant la caméra, donner des interviews, partager une partie de moi avec des gens que je ne connais même pas… J'ai tellement d'aspirations que je ne resterai peut-être pas actrice toute ma vie.» Rien n'est figé pour elle: elle a ainsi mentionné un possible retour à la musique, voire un détour par la sculpture. Elle a même évoqué l'idée de se consacrer aux randonnées, car c'est surtout en pleine nature, aux côtés de son chien, qu'elle aime se ressourcer. Et de glisser, amusée, qu'«il faut être fou pour faire ce métier: tous ceux qui travaillent avec moi sur le plateau le sont; nous le sommes tous!» Une douce excentricité qui lui sied pour l'heure plutôt bien. Cet article vous a plu? 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