
Matilda De Angelis: une actrice qui n'a pas froid aux yeux
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Matilda De Angelis, une actrice qui n'a pas froid aux yeux
Entre sensualité et folie douce, l'Italienne a su envoûter les écrans du monde entier. La voici aujourd'hui face à Dracula, pour Luc Besson.
Christophe Pinol
Matilda De Angelis était au Festival de Cannes en mai dernier pour présenter le film «Fuori», de Mario Martone, qui sortira en Suisse le 3 décembre.
WireImage
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«Veloce come il vento»… Rapide comme le vent. Rarement un titre de film n'aura aussi bien exprimé le début de carrière fulgurant d'une actrice. En l'occurrence celle de Matilda De Angelis, actuellement à l'affiche du dernier film de Luc Besson, «Dracula».
La jeune Italienne originaire de Bologne (elle fêtera ses 30 ans en septambre) a 21 ans lorsqu'elle décroche le rôle principal féminin de ce long métrage (intitulé «Italian Race» à l'international), son tout premier au cinéma. La comédienne en herbe, qui à l'époque n'a même pas son permis de conduire, y incarne une talentueuse pilote de rallye. Un départ sur les chapeaux de roues qui lui vaut d'entrée de jeu le Prix de la meilleure révélation au festival de Taormina.
Depuis, elle a enchaîné les coups d'éclat: dans «Youtopia», elle incarne une cam-girl de 18 ans qui décide de vendre sa virginité aux enchères pour sauver ses parents de la faillite; elle embrasse langoureusement Nicole Kidman dans la minisérie «The Undoing», son premier rôle international; elle est ensuite la tête d'affiche du film tessinois «Atlas» et devient l'héroïne du spin-off italien de la série la plus chère de l'histoire de la télé, «Citadel», dans «Citadel: Diana».
Jusqu'à ce «Dracula», relecture romantique du roman de Bram Stoker, qui lui permet de refermer une boucle entamée il y a trente ans par sa maman. «Travailler avec Luc Besson, c'était un rêve, explique-t-elle dans «L'Officiel» du mois de juillet. Je m'appelle Matilda, parce que ma mère a vu son film, «Léon», alors qu'elle était enceinte et qu'elle est tombée sous le charme du personnage campé par la jeune Natalie Portman.»
Matilda De Angelis vit depuis 2022 avec Alessandro de Santis, chanteur des Santi Francesi. «Il a la plus belle voix que j'ai jamais entendue», confiait-elle à «Grazia».
IMAGO/Independent Photo Agency
Son corps comme outil d'expression
Pourtant, c'est d'abord vers la musique que l'enfant prodige se tourne, portée par des parents qui ont toujours soutenu ses ambitions artistiques. Elle les décrit d'ailleurs comme «des personnalités excentriques»: un père graphiste publicitaire, passé par les fumetti, ces BD populaires flirtant avec l'action et l'érotisme, et une mère agente d'assurances, tendance «sorcière hippie».
Fan de Björk, Tori Amos et David Bowie, la jeune Matilda commence par étudier la guitare et le violon à 11 ans, compose ses premières mélodies deux ans plus tard ans et devient à 17 ans la chanteuse du groupe italien Rumba de Bodas, avant de partir avec eux en tournée à travers l'Europe. Parallèlement, elle pose comme modèle de nu artistique pour la photographe Camilla Cattabriga. Mais c'est finalement le cinéma qui s'impose à elle. Poussée par les conseils d'un ami, elle s'y engage en parfaite autodidacte à l'occasion d'un casting ouvert.
Adolescente, elle a pourtant traversé une période difficile, marquée par des troubles alimentaires. Elle a mis du temps à être à l'aise avec son image, mais elle en a aujourd'hui fait une force. Voire un véritable outil d'expression. Sur Instagram, l'Italienne n'hésite pas à afficher son visage rongé par l'acné, prônant une image authentique et assumée, encourageant ainsi l'acceptation de soi. Et elle n'hésite pas non plus à jouer dans le plus simple appareil. «Je trouve ça très libérateur, confiait-elle à «W Magazine». Que ce soit mes yeux, ma bouche, mes seins ou mon vagin, mon corps n'est qu'un outil d'expression parmi d'autres. C'est toujours moi. La nudité peut être un puissant moyen d'expression et de persuasion quand il s'agit de communiquer des sentiments complexes.»
Dans «Dracula», de Luc Besson, Matilda De Angelis (à g.) campe Maria, l'amie de celle qui va tomber sous le charme du comte sanguinaire.
Shanna Besson/2025 LBP/Europacorp/TF1 Films Production
Douce folie
Dans «Variety», elle soulignait aussi la force et la passion avec lesquelles elle s'implique dans ses rôles, et à quel point le travail peut se révéler intense. «Je ne sais d'ailleurs pas si je pourrai tenir ce rythme longtemps: être devant la caméra, donner des interviews, partager une partie de moi avec des gens que je ne connais même pas… J'ai tellement d'aspirations que je ne resterai peut-être pas actrice toute ma vie.»
Rien n'est figé pour elle: elle a ainsi mentionné un possible retour à la musique, voire un détour par la sculpture. Elle a même évoqué l'idée de se consacrer aux randonnées, car c'est surtout en pleine nature, aux côtés de son chien, qu'elle aime se ressourcer. Et de glisser, amusée, qu'«il faut être fou pour faire ce métier: tous ceux qui travaillent avec moi sur le plateau le sont; nous le sommes tous!» Une douce excentricité qui lui sied pour l'heure plutôt bien.
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A Genève, un festival électro sur le Léman à vivre depuis son bateau
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