Dernières actualités avec #SeanWang


Le Parisien
16-07-2025
- Entertainment
- Le Parisien
« Didi », un ado à la découverte des premiers réseaux sociaux
À l'été 2008, Chris, 13 ans, surnommé « Didi », vit un déchirement permanent entre ce qu'il vit et affronte chez lui et en dehors de son domicile californien. À la maison, les problèmes s'accumulent pour ce jeune fils de migrants taïwanais : son père est invisible car resté au pays pour y faire des affaires, sa grand-mère, obsédée par les traditions, ne parle pas anglais et harcèle le gamin pour qu'il mange davantage, sa sœur, plus âgée, se moque sans cesse de lui. Sa mère, enfin, tente d'apaiser du mieux qu'elle peut ces rapports familiaux tendus, sans grand succès. Au lycée, c'est bien différent : Didi souhaite trouver sa place, essaye d'intégrer une bande de jeunes skaters, tombe amoureux de la jolie Madi, mais a bien du mal à lui déclarer sa flamme. L'ado fait tout ce qu'il peut pour sortir de l'anonymat, notamment sur le réseau social MySpace où il produit des vidéos à l'humour douteux. Mais à force d'en faire des tonnes, tout va lui revenir en pleine figure, tant dans son foyer qu'à l'extérieur… Chronique qui sent le vécu de son réalisateur Sean Wang, « Didi » appartient à la catégorie des films centrés sur le passage en forme de parcours initiatique entre l'enfance et l'âge adulte. Mais, sortant des canons habituels du genre, cette pépite, couronnée de dizaines de prix, notamment du public, dans les festivals de cinéma nord-américains et internationaux (à Sundance en particulier), se distingue sur plusieurs points. Le cinéaste aborde en effet avec beaucoup de douceur et d'humour tout ce qui peut relever des perturbations, des angoisses et du rejet chez les adolescents, en particulier lorsqu'ils sont issus de l'immigration. Didi doit ainsi composer avec de nombreuses sources d'anxiété à force de passer pour un boulet à l'extérieur et pour un ingrat au sein de sa famille. Et puis il y a l'époque choisie, celle où le réseau social MySpace , abrité par YouTube, faisait figure de précurseur avec des centaines de milliers d'abonnés - le site, rapidement dépassé, est aujourd'hui moribond. S'éveillant au monde des adultes, les jeunes utilisateurs essuyaient alors les plâtres des premiers réseaux sociaux, non sans casse et sans multiplier les erreurs et leurs conséquences dans la « vraie vie », ce qui arrive à Didi tout au long du film. Ça n'est pas le seul petit effet nostalgique, un autre ne concernant cette fois pas les spectateurs ados, mais leurs parents. Si le film est joliment interprété par le jeune Izaac Wang, les adultes cinéphiles reconnaîtront, avec émotion, celle qui campe sa mère, deuxième personnage le plus important du récit, et qui n'est autre que la grande Joan Chen. Un nom qui parle : star des années 1980 et 1990, Joan Chen fut, entre autres, la Josie Packard de la série et des films « Twin Peaks » de David Lynch , sublime Hongkongaise directrice de la scierie locale à qui sa belle-sœur faisait les pires misères. Légende du cinéma à cette période, la comédienne, née à Shanghai en 1961, s'illustra également dans un premier rôle du remarquable « Le Dernier Empereur » qui la révéla à l'international en 1987, ainsi que dans « Judge Dredd ». Celle qui a mené de front des carrières aux États-Unis et en Asie prouve, à 64 ans, à travers sa prestation bouleversante dans « Didi », qu'elle n'a pas perdu la main, et sa présence rend ce film sur l'adolescence encore plus épatant…


Le Figaro
16-07-2025
- Entertainment
- Le Figaro
Eddington, Les Schtroumpfs, Dìdi... Les films à voir et à éviter cette semaine
Une confrontation entre un shérif et un maire au Nouveau-Mexique durant la pandémie du Covid, le retour des petits farfadets bleus, un enfant découvre le douloureux passage de l'adolescence... La sélection cinéma du Figaro. La Trilogie d'Oslo : Désir - À voir Comédie dramatique de Dag Johan Haugerud - 1 h 58 À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour Et un dernier pour la route. Désir clôt la trilogie de Dag Johan Haugerud. Un homme se confesse, drôle de rêve qu'il a eu la nuit précédente. Dedans, il y avait David Bowie. Le chanteur le regardait d'un air étrange, comme un séducteur considère une femme. La veille, ce brave père de famille a couché avec un client qui le lui a proposé sans ambages. Il a eu le tort d'en informer son épouse qui ne l'entend pas de cette oreille. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Est-ce la première fois ? Il est donc gay ? Va-t-il recommencer ? Il s'étonne, après ça. Ces choses-là se gardent pour soi. Selon lui, l'affaire ne tire pas à conséquence. Haugerud analyse les relations humaines dans toute leur complexité. Il évite les poncifs, accommode son récit à la sauce vérité. Les hommes affrontent toutes sortes de problèmes. Il peut leur arriver de s'en créer. La fidélité est sans doute un mot. La crise de la quarantaine existe. É.N À lire aussi Notre critique de La Trilogie d'Oslo : Désir, des rêves de suie Publicité Didi - À voir Comédie-Drame de Sean Wang - 1 h 33 En attendant de faire son entrée au lycée, Chris, 13 ans, se laisse porter dans un été dont les heures s'étiolent. En 2008, Facebook vient juste de naître et on s'écrit encore sur la messagerie instantanée AOL. Dans la maison où vit ce gamin américano-taïwanais, il n'y en a que pour sa grande sœur, Viviane, qui part à l'université. Ces deux-là se querellent comme des chiffonniers, indifférents aux remontrances de leur grand-mère et de leur mère. Seule échappatoire pour Chris, sa bande de copains. Mais taquiné par ces derniers, Chris prend ses distances et touche à son rêve de devenir réalisateur en mettant sa caméra au service de skateurs. De nouveautés en expériences, le jeune héros croit débloquer le niveau qui le fera basculer dans la cour des grands, ouvrira la clé de ses aspirations, le remettra au centre du jeu, lui qui est à la marge. Sean Wang capture le désarroi, le flou qui accompagne l'âge ingrat. Se dessine aussi la difficulté d'être entre deux cultures, sans point de repère. Tendre, vrai et doux-amer. C.J À lire aussi Notre critique de Didi : les 400 coups d'un gamin californien Les Schtroumpfs, le film - On peut voir Comédie familiale de Chris Miller - 1 h 32 Nom d'un Schtroumpfs, ils sont de retour au cinéma ! Nos chers lutins facétieux à la peau bleue, portant bonnets et culottes blanches s'apprêtent à vivre une nouvelle aventure animée sous la houlette du réalisateur Chris Miller (Shrek, le troisième sorti en 2007, et Le Chat Potté, en 2011). Spécialiste de l'animation 3D, le réalisateur met toutes les chances de son côté. Cette fois, l'intrigue de ce nouveau film musical se focalise sur une double trame narrative. D'un côté un Schtroumpf sans nom un peu perdu et qui peine à trouver son identité. De l'autre, l'enlèvement du Grand Schtroumpf par Razamel, le méchant frère du sorcier Gargamel, qui cherche à tout prix à mettre la main sur un mystérieux grimoire magique. Chris Miller signe une nouvelle adaptation remise au goût du jour, pleine d'allant et d'énergie. O. D. Eddington - À éviter Thriller Western d'Ari Aster - 2 h 25 Publicité Le shérif est un rebelle. En patrouille de nuit dans sa voiture, il ne porte pas de masque alors que le monde fait face à la pandémie de Covid-19. Ce shérif aussi barbu qu'indocile traîne sa carcasse dégingandée dans la bourgade fantôme d'Eddington, perdue dans le désert du Nouveau-Mexique. La pandémie a vidé les rues de la ville. Quant au maire d'origine hispanique (Pedro Pascal), il a décidé de partir en campagne de réélection. Entre ces deux-là, le torchon brûle depuis des années. L'épouse fragile et dépressive du shérif (Emma Stone) est au centre de leur confrontation larvée. La jeune femme qui s'étiole avec sa mère dans la maison ne tarde pas à s'enticher d'un beau prédicateur sectaire (Austin Butler), charmeur et louvoyant. Sur un coup de tête, elle quitte le domicile. Ce qui va incidemment mettre le feu aux poudres entre les deux hommes. À lire aussi Notre critique d'Eddington, un interminable et navrant western de carnaval Le vrai problème d'Eddington, c'est que l'on ne s'attache pas une seule seconde au destin fracturé des personnages de ce pseudo-western d'épouvante contemporain. Entremêlant avec roublardise les tensions communautaires, un climat pandémique étouffant, le tout saupoudré de complotisme à tout va et de fake news, le film se perd vite dans sa propre spirale de chaos. Ari Aster emprisonne jusqu'au malaise son spectateur dans les reflets déformés de l'époque qu'il tente de stigmatiser. O. D.