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Fiori, je m'ennuie !
Fiori, je m'ennuie !

La Presse

time7 hours ago

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Fiori, je m'ennuie !

Notre collaborateur offre une version bonifiée d'un texte lu lors de la cérémonie d'hommage à son grand ami Serge Fiori. Récit d'une amitié aussi improbable qu'émouvante. Bon, j'aurais dû l'écrire plus tôt celle-là, mais je n'en étais pas capable, j'étais occupé, occupé à brailler comme un veau, et ravaler dans mon coin. Et là, me voilà qui parle tout seul, qui radote, parce que cette fois-ci, l'écho ne me revient pas de Saint-Henri-de-Taillon. Je me fais des solos, des monologues, où je me dis que cette dernière année, où tout a merdé, était dans ton rétroviseur, que les choses auraient pu mieux aller pour toi, ta santé, et le reste. Un classique, je sais. C'est ça, la mort, ça donne toujours de la valeur ajoutée aux raisons de vivre qu'on a banalisées. Avant que tu mettes les voiles, je n'ai pas senti de préavis. L'avant-veille, on jouait encore à notre jeu favori, à celui qui prend l'autre en défaut. On a encore vidé un litre de salive sur des âneries, à se dessécher la langue et à massacrer le verbe. Et pour une rare fois, j'ai gagné, parce que c'était généralement moi le nono, la bonne poire avec le déficit d'attention que le docteur Fiori m'avait lui-même déjà diagnostiqué, sans que je sollicite une consultation, au demeurant. Et tu te payais la traite, pas ordinaire. Ben oui, j'm'ennuie, qu'est-ce que tu penses ? On était pourtant capables de se le dire, tous les deux, qu'on s'ennuyait. On a été de nouveaux amis, même pas 10 ans. Tu es venu un jour te présenter à moi, sur une terrasse, à Québec. Serge Fiori, que tu m'as dit. Heureusement, sinon je ne t'aurais pas reconnu, j'ai juste tripé sur toi toute ma vie. De nouveaux amis qui n'en cherchaient pas, par ailleurs, nous partagions la même méfiance. Mais il s'est passé quelque chose qu'on n'a même pas compris nous-mêmes, qui nous a surpris, des lieux communs qu'on n'aurait pas devinés chez l'autre, et on en a été très heureux, et on a pris soin de nous autres, comme des petites bêtes. On s'est peut-être connus au meilleur moment de nos vies, plus vieux, mais en duo, pas nécessairement plus matures, souhaitant juste une relation normale, pour des garçons anormaux. Ce qui m'a fait te dire qu'avant de t'aimer, je t'avais admiré. Tu m'as retourné la phrase, je n'ai pas relevé, gentil, mais on ne jouait pas dans la même ligue, t'étais Fiori. Comme tu l'as dit, nous deux, on était une caricature. On a été tellement niaiseux tous les deux, le monde ne croirait pas ça. On a fait honte à nos blondes, ben en masse. Presque des personnages de Race de monde, Victor-Lévy Beaulieu aurait su apprécier. Et c'est devenu un besoin, ensemble, de dérailler, de rire à se fendre la face. On est tombés dans la bonne talle, comme on le dit des bleuets au Lac-Saint-Jean. Mais on était capables de finir une conversation en se disant « Je t'aime ! ». J'aurai vécu ça, moi. On a discuté de musique, évidemment, mais je n'ai pas résolu l'énigme, comme tant d'autres. Aussi, après avoir sifflé une couple de bouteilles, je tentais parfois de comprendre l'affaire, comment t'avais pu créer ton œuvre principale en si peu de temps, et à cet âge-là. Comment l'envoûtement s'est installé, la déferlante, dans ta tête et dans ton âme ? Tu avais toujours les mêmes réponses plates, du genre : « L'inspiration, ça arrivait comme ça, pis ça sortait comme ça ». Ben oui, pourquoi pas, j'aurais aimé que ça m'arrive, moi… Et je sentais ta lassitude sur le sujet, comme si c'était un détail. Mais l'avais-tu jamais compris, toi-même ? Finalement, je n'ai pas trop insisté, durant toutes ces années, tu n'avais pas besoin d'un groupie de plus dans ta vie. Bien sûr, on ne s'entendait pas sur tout, comme sur la Sainte-Flanelle, par exemple. Moi, je suis un gars de Québec, nostalgique, alors le Canadien de Montréal… J'en ai connu des maniaques du CH, mais des crinqués de ton espèce, pas tant. C'est le seul sujet à propos duquel tu bougonnais, avec moi. En fait, tu avais un problème de perception des odeurs, pour toi, ça sentait toujours la Coupe. Mais autrement, sur la politique, on était pas mal à l'unisson. Tu nous auras quittés avec toujours en toi cette immense soif de liberté pour les Québécois. Ta vie durant, tu l'as appelé de tous tes vœux, le pays, celui du Québec. Tu n'avais jamais accepté qu'on se dise non. On va s'en souvenir, mon chum. Ces derniers jours me sont revenues les petites saynètes que tu nous offrais, trop souvent, quand tu te prenais pour un comédien à cinq cents. Te dire comment tu nous énervais ! Un gamin, un cabotin. L'icône atteignait son niveau d'incompétence, il n'avait pas tous les talents, mais pas pantoute. Pas vraiment claire, la limite entre l'amitié et l'amour, je ne sais plus. Entendons-nous sur une grosse soupe épaisse d'affection. C'est pourquoi j'ai un trou dans l'âme, et finalement, j'en prendrais encore des petits sketchs d'andouille, pour entendre à nouveau ta voix, ton rire, et revoir ta grosse face. Tu me manques, maudite marde ! On était de nouveaux amis, oui, mais c'était un peu court, finalement, et le temps est long, j'en aurais pris encore plusieurs années. Fiori, je m'ennuie, mais surtout, je t'aime ! Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Il nous a aimés à la folie
Il nous a aimés à la folie

La Presse

time18 hours ago

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Il nous a aimés à la folie

Serge Fiori sera mort comme il a vécu : à contretemps, toujours là où on ne l'attend pas, jamais là où on l'attend, préférant se faire oublier quand on le voyait partout, et resurgissant dans l'actualité quand on le croyait perdu. À peine l'écrivain Victor-Lévy Beaulieu s'était-il éteint que Fiori partait à son tour. Le jour de la Saint-Jean, de surcroît, comme pour mieux rappeler à quel point il était attaché à ce pays encore à faire. En ce jour de funérailles nationales, il faut pourtant se garder des récupérations faciles. Car si Fiori, fils d'un immigrant italien, était assurément un grand Québécois (bien plus qu'un « remarkable Canadian », comme le ministre Steven Guilbeault l'a affirmé récemment), il était avant tout un artiste d'exception, dont la trajectoire l'a conduit toujours plus loin dans la recherche de notre humanité commune. Fiori refusait de vivre dans un monde où « chacun est assis tout seul sur son île⁠1 ». C'était un homme de groupes (avant Harmonium, il y a eu momentanément Morphus et Les Comtes Harbourg⁠2), de duos (avec Richard Séguin, Louis-Jean Cormier) et d'ensembles (le Ballroom Orchestra, dirigé par son père Georges ; le projet de L'Heptade, mené par Neil Chotem). Et si, dans ses textes, Fiori parlait de lui-même, il préférait le plus souvent « oublier son nom » afin de retrouver, ne fût-ce que « pour un instant », cet autre qui constituait la part la plus précieuse de lui-même, ce « toi » aux mille visages – une amoureuse, un ami, un passant – qui le tenait en vie et lui donnait son élan : « Souffle un peu on a besoin d'air/C'est toi qui pars le courant/C'est toi, le courant d'air/C'est toi qui cours en soufflant. » Comme si le « je » de l'artiste reconnaissait d'emblée son insuffisance, ne pouvait exister pleinement sans une présence amie, sans ce mouvement qui le portait vers autrui. « Y a deux importances », écrira-t-il dans Comme un sage, sa chanson préférée, celle qu'il voulait qu'on joue à ses funérailles : « La première, c'est toi pis moi/L'autre, c'est qu'il nous reste encore un autre jour. » Dans un monde où Dieu lui-même – s'il existe – « a fermé ses yeux et ses bras », Fiori avait choisi de se tourner vers ses semblables, seule source de consolation : « Donne la vérité, j'ai faim/Donne-moi du bonheur, j'ai peur/Y'a rien qu'toi qui peux le savoir/Parce que moi je sais rien. » Et quelque chose me dit que si ses chansons exprimaient une telle soif de relation, c'est que Fiori demeurait pour lui-même une sorte d'énigme, qui attendait encore d'être résolue. « Dis-moi qui je suis », chantait-il, espérant peut-être qu'un jour quelqu'un lui donne la clé. Avec ses yeux rieurs et sa dégaine juvénile, sa voix chaude et agile, capable d'éclats de joie et pourtant si proche des pleurs, Fiori avait le don de l'intimité. Ses chansons prenaient aux tripes, au point que chacun pouvait croire qu'elles avaient été écrites pour lui. « J'ai pensé à toi », disait-il dans un murmure discret, je chante « juste pour toi ». « Je viens vers toi », « je crois en toi tellement fort », lançait-il, plein de foi. « Où es-tu, j'en peux plus/Je ne t'entends plus », s'inquiétait-il, supportant mal le silence et rêvant de retrouvailles : « Ça fait du bien/de savoir que tu reviens ». Jusqu'à la fin, Fiori aura ainsi pratiqué l'art du lien, rappelant que la chanson demeure l'espace privilégié de la communion, de l'accord retrouvés. En cette ère du virtuel, il déplorait la déréalisation des rapports humains et la montée de la solitude : « Tout seul, tout le monde est tout seul/Parti, tout le monde est parti/[…] J'm'ennuie… » Aussi, ce n'est rien enlever à Fiori que de rappeler la contribution précieuse de ceux qui l'ont entouré et ont permis à son œuvre incomparable d'exister. Je pense à Monique Fauteux, pianiste à la voix si juste, à la présence si apaisante ; à Denis Farmer, batteur inventif et énergique ; à Libert Subirana, au saxophone aérien ; à Serge Locat, claviériste funambule. Sans oublier le guitariste Michel Normandeau, qui a aussi contribué à l'écriture des chansons, et le bassiste Louis Valois, membres fondateurs du groupe Harmonium. Au début des années 1970, il faut rappeler qu'aucune compagnie ne voulait produire les chansons de cette bande de rêveurs chevelus, jugées inutilement longues et compliquées, avec leurs mélodies pleines de modulations, leurs enchaînements audacieux, leurs harmonies inouïes. Fiori, déjà, débordait du cadre. Mais il n'était pas question pour lui d'accepter le moindre compromis. Quelque chose dans son art résistait aux étiquettes et aux stratégies de mise en marché. C'était, je ne trouve pas d'autre mot, une quête de transcendance, laquelle n'avait rien à voir avec la religion et ses « cathédrales en carton », mais tenait plutôt à ce besoin de découvrir quelque chose de plus grand, qui nous dépasse et nous englobe, à cette nécessité de voir large et loin, aspiration infiniment rare dans une culture habituée à se contenter de l'ordinaire. Fiori avait compris que « plus on est haut, plus tout s'assemble », que « plus on est loin, plus on se ressemble ». Avec une obstination admirable, il aura refusé le banal et l'insignifiance, rêvant d'un « théâtre magique », d'un « lieu d'espoir » qui allait trouver dans L'Heptade son expression la plus aboutie. L'ambition de Fiori était si vaste que lui-même finirait par se sentir dépassé par cet abîme au-dessus duquel il avait eu l'audace de marcher, comme si l'œuvre qu'il avait composée était habitée par quelque chose de trop grand pour lui, de presque trop beau, qui risquait de mener vers la folie celui qui, au fond, n'avait jamais voulu être qu'« un musicien parmi tant d'autres ». Par son art, il aura découvert le lien invisible qui réunit tout : l'amour, enfant de la folie, seul en mesure de survivre à l'épreuve du temps et d'unir ceux que la mort sépare. « C'est fou quand on aime, la mort n'a jamais existé ». Salut Fiori, merci de nous avoir aimés à la folie. 1. Dans ce texte, les citations sont toutes tirées de chansons écrites par Serge Fiori et Harmonium (Viens danser, Le premier ciel, Comme un sage, Pour un instant, Si bien, Chanson noire, De la chambre au salon, Ça fait du bien, En pleine face, Ça fait du bien, Le monde est virtuel, Le corridor). 2. À découvrir : les pièces Jeune fille de couvent et L'humanité (Trans-Canada, 1968) 2. Écoutez la chanson Jeune fille de couvent Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Les nouveaux laissez-passer s'envolent rapidement
Les nouveaux laissez-passer s'envolent rapidement

La Presse

time4 days ago

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Les nouveaux laissez-passer s'envolent rapidement

Serge Fiori s'est éteint le 24 juin à l'âge de 73 ans. La nouvelle série de laissez-passer pour l'hommage national à Serge Fiori a rapidement trouvé preneur samedi. La Presse Canadienne Ils étaient offerts sur le site web de la Place des Arts, à midi. Serge Fiori, le cofondateur d'Harmonium, s'est éteint le 24 juin à l'âge de 73 ans. Les billets gratuits pour la cérémonie d'hommage national à l'artiste, qui a marqué l'industrie de la musique québécoise, s'étaient écoulés en peu de temps, lundi dernier. L'évènement se déroulera mardi après-midi. Il sera diffusé sur les différentes plateformes de Radio-Canada, ainsi qu'à LCN.

De nouveaux laissez-passer disponibles pour la cérémonie
De nouveaux laissez-passer disponibles pour la cérémonie

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time4 days ago

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De nouveaux laissez-passer disponibles pour la cérémonie

Serge Fiori s'est éteint le 24 juin à l'âge de 73 ans. De nouveaux laissez-passer disponibles pour la cérémonie Une nouvelle série de laissez-passer pour l'hommage national à Serge Fiori seront disponibles samedi. La Presse Canadienne Ils seront offerts sur le site web de la Place des Arts, dès ce midi, selon ce qu'a annoncé le gouvernement du Québec. Serge Fiori, le cofondateur d'Harmonium, s'est éteint le 24 juin à l'âge de 73 ans. Les billets gratuits pour la cérémonie d'hommage national à l'artiste, qui a marqué l'industrie de la musique québécoise, s'étaient écoulés en peu de temps, lundi dernier. L'évènement déroulera mardi après-midi. Il sera diffusé sur les différentes plateformes de Radio-Canada, ainsi qu'à LCN.

L'hommage national sera diffusé en direct le 15 juillet
L'hommage national sera diffusé en direct le 15 juillet

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time7 days ago

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L'hommage national sera diffusé en direct le 15 juillet

La cérémonie officielle à la mémoire de Serge Fiori, mort le 24 juin, sera télédiffusée en direct par Radio-Canada. La télévision d'État en a fait l'annonce mardi et a précisé que cette présentation spéciale serait animée par la journaliste Anne-Marie Dussault. L'hommage national à la figure de proue du groupe Harmonium aura lieu à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts le 15 juillet, à compter de 15 h. La cérémonie sera diffusée en direct sur ICI Télé, ICI RDI, et sur Au lendemain de la mort de Serge Fiori, survenue le 24 juin, le diffuseur public avait également annoncé la présentation, le 26 août, d'un documentaire intitulé Onze nations pour une chanson. Celui-ci raconte la création d'une version de la chanson Un musicien parmi tant d'autres dans les 11 langues autochtones présentes au Québec. Le morceau devait être interprété le 23 juin lors du spectacle de la fête nationale du Québec sur les plaines d'Abraham, qui a été annulé en raison d'une violente tempête.

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