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Interview de Martin Pfister: «le F-35 est moins cher que ses concurrents»
Interview de Martin Pfister – «Même avec ce surcoût, le F-35 est moins cher que ses concurrents» Le conseiller fédéral raconte ses 100 premiers jours à la tête de la Défense. Il revient notamment sur la polémique liée au prix du futur avion de combat. Florent Quiquerez Martin Pfister affronte sa première polémique avec le surcoût du F-35. Nicole Philipp Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Martin Pfister raconte ses débuts à la tête du Département fédéral de la défense. Il dévoile ses liens avec la Suisse romande, région qui lui tient à cœur. Face au surcoût du F-35, le conseiller fédéral est résolu à trouver une solution. Le Zougois appelle aussi les jeunes à s'engager pour faire le service militaire. Martin Pfister, 100 jours, ça suffit pour se sentir conseiller fédéral? Quand on devient conseiller fédéral, il n'y a pas vraiment de période d'essai. Vous entrez tout de suite dans la fonction. Après 100 jours, je peux dire que je suis bien intégré dans le collège. Est-ce que quelque chose a changé dans le regard des autres? Bien sûr. Déjà parce qu'on me reconnaît dans la rue. Ce que je dis prend aussi beaucoup plus d'importance. Quand vous êtes conseiller d'État, votre parole compte. Mais quand vous êtes conseiller fédéral, vous êtes encore davantage écouté. Être conseiller fédéral, c'est un engagement de tous les instants. Avez-vous trouvé l'équilibre entre votre nouvelle vie et celle d'avant? Oui. Même si ce n'est pas toujours facile parce que ma famille est restée dans le canton de Zoug. Désormais, j'ai un appartement à Berne, ce qui facilite l'organisation. Mais c'est clair qu'en devenant conseiller fédéral, je n'ai plus beaucoup de temps pour le sport ou la culture, qui sont essentiels pour moi. J'espère qu'avec le temps, je pourrai dégager des moments pour lire, écrire ou faire du jogging. Votre épouse, vos enfants, vos petits-enfants, que disent-ils de vous voir conseiller fédéral? Je n'ai plus beaucoup de temps pour eux non plus. Mais quand je suis à la maison et que j'ai une ou deux heures, j'essaie de leur consacrer toute mon attention. Les moments en famille sont plus rares, mais j'essaie de prendre le temps. Viennent-ils vous voir à Berne? Ils m'ont aidé à trouver un appartement. D'ailleurs, toute la famille était là pour les visites. À la fin, ce sont eux qui ont choisi. Martin Pfister est à la tête du Département fédéral de la défense depuis 100 jours. Foto: Nicole Philipp Vous avez donné votre première conférence de presse à Bure dans le Jura. Était-ce important pour vous de vous rendre en Suisse romande? Oui, c'était important pour moi. La Suisse romande est une région qui compte pour le pays. Elle a une importance décisive lorsqu'il s'agit de recueillir des majorités en matière de politique de sécurité. Si j'ai tenu à faire cette conférence de presse dans le Jura, c'est non seulement pour montrer que je suis un conseiller fédéral pour toute la Suisse, mais aussi parce que la Romandie me tient à cœur. Cette région me parle. Que connaissez-vous de la Suisse romande? J'ai étudié et vécu à Fribourg. Mon service militaire s'est effectué en partie à Genève, mais aussi dans l'arc jurassien. Quand j'ai obtenu mes galons de capitaine, dans les années 90, je dirigeais même une compagnie romande. C'est là que je me suis rendu compte de la diversité de cette région. En Suisse alémanique, on pense souvent que la Romandie est homogène. Mais un Jurassien, ça n'a rien à voir avec un Valaisan ou un Genevois. À Bure, il y a les choses que vous avez dites et celles que vous n'avez pas dites. Par exemple, vous n'avez pas parlé de la place des femmes dans l'armée ou du rôle de l'écologie au sein de votre dicastère, alors que Viola Amherd l'a constamment mis en avant. Pourquoi? Mon idée n'est pas de renoncer à quoi que ce soit. Avoir plus de femmes dans l'armée, ça reste important. La place de l'écologie au sein du DDPS (Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports), aussi. Je soutiens ces objectifs que s'était fixés Viola Amherd, mais j'estimais qu'il n'était pas nécessaire de les évoquer explicitement. Était-ce aussi pour vous concentrer sur l'essentiel? Le Département de la défense doit d'abord assurer la sécurité, le reste est secondaire. Notre priorité doit clairement aller à la défense. Le risque d'une guerre en Europe dans les cinq prochaines années est réel. Les services de renseignement me l'ont dit dès les premiers jours de mon entrée en fonction. Et cette crainte est partagée à Berlin, Vienne ou Bruxelles, où je me suis rendu récemment. C'est ce message que je voulais faire passer: la situation sécuritaire change en Europe et en Suisse, et nous devons être prêts. Guerre en Ukraine, guerre à Gaza, guerre en Iran. Les Suisses sont inquiets. Et vous? Oui, vraiment. La géopolitique mondiale évolue rapidement, alors que les projets d'acquisition d'armement s'inscrivent sur le long terme. Pour changer un système d'armement, il faut compter cinq à dix ans. On doit donc être très prudent, quand on prend des décisions stratégiques. L'objectif est d'être prêt, le jour où un conflit devait éclater. Vous parlez d'une possible guerre en Europe dans les cinq ans. C'est quoi le scénario? Une attaque de la Russie contre les pays baltes? Nous ne sommes plus comme en 1939, où un conflit débutait par une déclaration de guerre. La nouvelle réalité est bien plus diffuse: on parle de guerre hybride. Et cela a déjà commencé. On pense ici à l'espionnage, aux attaques contre les infrastructures critiques ou aux tentatives de déstabilisation politique. Nous devons donc être prêts à faire face à tous les scénarios, afin de protéger non seulement notre territoire, mais aussi notre système démocratique et notre prospérité. La sécurité prend toujours plus d'importance. Pourtant, personne n'a voulu du DDPS lorsque Viola Amherd s'est retirée. Comment l'expliquer? Je ne peux pas me l'expliquer. C'est une chance pour moi que le DDPS soit en première ligne, même s'il y a de nombreux problèmes à régler. Martin Pfister est officiellement conseiller fédéral depuis le 1er avril. Foto: Nicole Philipp Parmi les problèmes, il y a le prix du F-35. Vous aviez dit lors de votre campagne au Conseil fédéral qu'après avoir géré la crise du Covid, plus rien ne nous faisait peur. Mais quand on vous a annoncé que l'achat de cet avion pourrait coûter un milliard de plus, est-ce que vous avez réussi à dormir? C'est un grand défi, c'est vrai. Mais il faut se rappeler qu'à chaque fois que la Suisse a dû acheter des avions de combat, il y a eu des soucis de financement. La situation actuelle n'est donc pas inédite. Elle n'est pas insurmontable non plus. J'ai été élu pour relever des défis et j'ai bien l'intention d'apporter des solutions. Et ce, le plus vite possible. Il serait en tout cas nécessaire d'acheter cet avion. Vous excluez donc d'emblée le scénario de déchirer le contrat pour choisir un autre avion? Même avec ce surcoût, le F-35 reste moins cher que ses concurrents. C'est aussi un avion de nouvelle génération et il est utilisé par de nombreux pays européens. Du cap Nord en Norvège à la Sicile en Italie, plusieurs pays européens ont misé sur le F-35. Il est important pour la défense de notre espace aérien que la Suisse soit intégrée dans ce système. Je suis donc convaincu par ce choix. Reste à régler les problèmes. Pensez-vous que la petite Suisse pourra négocier le prix avec les USA, première puissance mondiale? Les États-Unis ne sont pas nos adversaires. Il ne s'agit pas d'un combat entre deux pays, mais d'efforts pour trouver des solutions. Nous avons toujours eu une bonne relation avec les États-Unis. Le respect des engagements contractuels constitue un principe fondamental. Et les États-Unis ont intérêt à apparaître comme un partenaire fiable aux yeux de la Suisse. Pour eux aussi, le droit est important. Apparemment tout repose sur un malentendu sur ce «prix fixe». Est-ce que Berne et Washington peuvent trouver un terrain d'entente sur un «malentendu»? Je pars de ce principe. C'est vrai que les États-Unis ont dû faire face à une importante inflation. Ce qui a eu un impact sur les prix. Mais si nous avions choisi un avion allemand ou français, nous aurions eu les mêmes discussions sur un surcoût. L'évolution des prix est directement liée à l'évolution des coûts de production. Et dans un contexte où de nombreux pays investissent massivement dans les systèmes d'armement, ces coûts tendent naturellement à augmenter. Secret bancaire, droits de douane, à chaque fois que la Suisse entame un bras de fer avec les USA, elle perd. Comment pourrait-il en être autrement avec le F-35? Nous n'avons pas les mêmes moyens, c'est la réalité. Mais nous aurions eu le même problème de rapport de force avec la France, l'Allemagne ou l'UE. C'est précisément pour cela que nous nous recourons au droit: pour que le «plus petit» ne soit pas la victime du «plus grand». Viola Amherd a répété que le prix serait fixe pour acheter les 36 F-35. Lors de la votation, il était clair aussi que le budget maximum était de 6 milliards. Est-ce que le Conseil fédéral respectera ce contrat avec le peuple? Bien sûr. Nous allons respecter le budget maximum prévu. Si le prix devait être supérieur, nous étudierions différentes options comme d'acheter moins d'avions, ou de chercher des optimisations au sein du projet. Il existe aussi une marge de manœuvre, par exemple par rapport aux affaires «offset» comme le projet «RIGI» (ndlr: appelées aussi affaires compensatoires, les offset sont des contreparties convenues avec les fabricants étrangers pour investir ou créer de l'activité économique dans le pays acheteur). Toucher aux affaires compensatoires, c'est prendre le risque d'ouvrir un chantier dangereux, non? C'est possible, mais cette piste doit être examinée. Nous devons explorer toutes les options. Même si, dans un premier temps, la priorité est au dialogue avec les États-Unis. Autre dossier important: les effectifs de l'armée. Le parlement veut durcir les conditions pour faire le service civil. Est-ce qu'il ne faudrait pas au contraire rendre l'armée plus attractive? La fusion du service civil et de la protection civile est une décision du parlement. Du côté du Conseil fédéral, nous aurions préféré attendre de voir si les mesures déjà prises – précisément pour renforcer l'attractivité du service militaire – avaient déjà porté leurs fruits. Ces mesures sont très importantes. On fait déjà beaucoup, mais on peut faire mieux. Que diriez-vous à un jeune qui n'a pas envie de faire l'armée? Je lui dirais d'abord que le service militaire fait sens. Que c'est un engagement au service de notre pays, pour notre sécurité et pour défendre nos libertés. Évidemment, l'armée est contraignante, mais c'est le futur de notre société et sa prospérité que l'on défend. Et cela concerne directement les nouvelles générations. L'armée, c'est aussi une occasion de rencontrer des gens de tout le pays. Elle joue un rôle important dans la cohésion nationale. Vous avez le sourire quand vous parlez de ça. Qu'est-ce que l'armée vous a appris? Elle m'a donné l'opportunité d'exercer des responsabilités, de diriger. Être chef à cet âge-là, c'est rare dans le monde professionnel. Elle m'a aussi permis de découvrir la Suisse. Être confronté à des personnes qui viennent de toutes les régions et qui ont des parcours de vie ou professionnels différents, c'est très enrichissant. Récemment, une étude a montré que les Suisses voulaient davantage se rapprocher de l'OTAN. Ne faudrait-il pas faire sauter le tabou de l'adhésion? Non. L'OTAN n'est plus tout à fait ce qu'elle était. L'idée d'une défense commune entre l'Amérique du Nord et l'Europe est mise sous pression par les États-Unis. Il y a en parallèle une volonté de constituer une défense européenne commune. Elle dépasse l'UE pour inclure par exemple le Royaume-Uni et la Norvège. Ces pays s'investissent d'ailleurs dans un projet de réarmement au niveau du continent. La Suisse doit suivre de près ces discussions, même si le rôle qu'elle pourrait jouer reste à définir. L'un des grands dossiers de cette législature, c'est celui de nos relations avec l'Union européenne, avec le futur paquet d'accords. Quel rôle allez-vous jouer? J'ai un rôle à jouer dans ce dossier en tant que membre du Conseil fédéral. Même si mon département n'est pas directement touché par ces nouveaux accords, nous avons pleinement conscience de l'importance stratégique de stabiliser notre relation avec l'UE dans la situation géopolitique actuelle. Il se dit que vous avez joué un rôle crucial pour que ces accords ne soient soumis qu'à la majorité simple en votation… En tant que membre du collège, c'est mon rôle de défendre les décisions du Conseil fédéral. Je suis donc prêt à m'engager pour cette stabilisation de nos relations bilatérales avec l'UE. C'est là qu'on peut faire le parallèle entre le DDPS et ce dossier. Car ce paquet d'accords va écorner notre neutralité. Non? Non, le paquet ne touche pas à la neutralité. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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2 days ago
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Légalisation du cannabis: policiers et spécialistes font cause commune
Légalisation du cannabis – Policiers et spécialistes des addictions font cause commune à Lausanne Le cannabis pourrait bientôt être légalisé en Suisse. Un essai pilote à Lausanne sert de modèle pour répondre à la violence croissante liée à la drogue. Benno Tuchschmid , Yvain Genevay Frank Zobel (à gauche), vice-directeur de la fondation Addiction Suisse, et Sébastien Dyens (à droite), chef de la brigade des stupéfiants de la police municipale de Lausanne, dans le magasin Cann-L, où la vente légale de cannabis est testée. YVAIN GENEVAY/TAMEDIA Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : L'expérience pilote Cann-L à Lausanne teste la vente légale de cannabis depuis 18 mois. Les experts constatent qu'un million de francs échappe désormais au marché noir local. Les consommateurs privilégient des produits moins dosés en THC pour leur santé. La violence liée au trafic de cannabis s'intensifie en Suisse romande. Le responsable de la brigade des stupéfiants de la police municipale de Lausanne savoure un expresso pendant que du cannabis est vendu à côté de lui. «Tout cela n'est pas naturel», dit Sébastien Dyens en souriant. Son métier est de lutter contre le trafic de drogue, mais aujourd'hui, le commissaire participe à une expérience réussie de commerce de stupéfiants. À ses côtés, Frank Zobel, l'un des experts en drogues les plus réputés de Suisse et vice-directeur de la fondation Addiction Suisse. «Un sachet de cannabis pour la photo?» plaisante-t-il. Tous deux éclatent de rire. Ils prennent la pose pour le photographe dans le magasin Cann-L. Depuis 18 mois, la Ville de Lausanne mène une expérience de vente légale de cannabis sous supervision scientifique. Il s'agit de l'un des sept projets pilotes en Suisse. Les experts et les politiciens espèrent que cela aura un impact significatif sur la réglementation à venir. La consultation sur la loi fédérale relative aux produits à base de cannabis débutera fin août. Cann-L est considéré, à l'instar du projet de Genève, comme un modèle de référence pour la légalisation du cannabis. Les deux sont pour une régulation stricte par l'État. D'après Barbara Gysi, conseillère nationale socialiste de Saint-Gall et présidente de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique: «Cann-L est un projet passionnant, qui a déjà contribué de façon significative aux travaux législatifs par ses premières conclusions. Il montre comment des conseils peuvent mener à une consommation plus responsable.» Des éléments clés du projet lausannois figurent déjà dans celui de la loi fédérale. La vente de cannabis ne doit pas avoir pour objectif premier le profit. La publicité pour les produits contenant du cannabis est interdite. Les produits doivent être décrits de façon objective, sans inclure d'éléments liés à la marque. Les autorités cantonales sont responsables de l'organisation de la vente. Elles peuvent soit la gérer directement, soit accorder une concession à des particuliers. «Pendant trop longtemps, les drogues ont été considérées soit exclusivement sous l'angle de la santé publique, soit uniquement du point de vue de la police», explique Frank Zobel (à gauche). YVAIN GENEVAY/TAMEDIA Frank Zobel est l'initiateur du projet lausannois, alors que Sébastien Dyens, commissaire, fait partie du comité de l'association qui réalise l'essai. Leur collaboration peu ordinaire constitue le fondement de l'approche lausannoise. «Pendant longtemps, on a considéré les drogues uniquement sous deux angles: celui de la santé publique ou celui de la police Nous visons désormais à concilier ces deux approches», souligne Frank Zobel. Un million soustrait au marché noir Les deux hommes se connaissent bien. Ils ont déjà collaboré sur une grande étude portant sur le marché de la drogue dans le canton de Vaud. Elle a exposé avec précision le parcours de la substance, de son arrivée sur le marché local via les dealers jusqu'aux consommateurs, révélant ainsi l'ampleur du commerce et de la consommation de drogues dans le canton. Une approche unique en Suisse et en Europe. Le projet Cann-L étudie aussi l'impact de la légalisation du cannabis sur le marché noir. Nous avons estimé que durant la première année du projet, environ un million de francs de chiffre d'affaires a été soustrait au marché noir. «Ce chiffre augmente chaque année», ajoute le directeur adjoint d'Addiction Suisse. Actuellement, 1500 consommateurs sont inscrits auprès de Cann-L. D'après les sondages, deux tiers d'entre eux n'achètent plus jamais ou que très rarement sur le marché noir. La consommation globale est demeurée stable. Ce qui a changé, en revanche: les produits contenant moins de THC sont désormais plus fréquemment consommés, ce qui réduit les risques pour la santé. Voici à quoi ressemble un sachet de cannabis vendu dans le magasin lausannois Cann-L. À côté, on peut voir une carte de membre qui autorise l'achat et la possession de marijuana. FLORIAN CELLA/TAMEDIA On constate une évolution radicalement différente dans certains États américains tels que le Colorado et la Californie. Là-bas, depuis la légalisation, la consommation régulière de cannabis a nettement augmenté. Les produits sont désormais plus concentrés, moins coûteux et offrent une plus grande variété qu'avant le changement législatif. «Du point de vue de la santé publique, personne n'a intérêt à vendre des produits à lécher contenant du THC», indique Frank Zobel. En Allemagne, la légalisation a été appliquée de façon si hâtive qu'une grande confusion persiste encore aujourd'hui. Pour le commissaire Sébastien Dyens, «il est essentiel qu'une future loi soit facile à mettre en œuvre pour la police». Pendant longtemps, les policiers ont eu du mal à différencier le CBD légal du cannabis illicite. De même, l'application de la règle actuelle qui rend non punissable la possession de 10 grammes ou moins n'est pas facile à mettre en œuvre dans la pratique. Il est probable qu'une éventuelle loi n'entrera pas en vigueur avant 2030. Il est déjà certain que l'UDC lancera un référendum. Frank Zobel se montre optimiste. Une «fenêtre d'opportunités» s'ouvre maintenant pour parvenir à une réglementation à la fois «intelligente et durable». Le marché du cannabis Du point de vue de la police, cela reviendrait à conserver le statu quo, une situation qui inquiète. «Le commerce du cannabis est crucial pour nous, non pas pour le produit en soi, mais pour les individus qui opèrent dans l'ombre.» D'après les statistiques les plus récentes, 220'000 personnes en Suisse indiquent avoir consommé du cannabis durant le mois écoulé. En termes de volume, le marché du cannabis demeure le plus important marché de drogue. Il est partiellement contrôlé par des réseaux criminels internationaux bien structurés. En Suisse romande, les enquêteurs s'inquiètent de l'influence grandissante des gangs français, responsables d'une montée de violence dans le pays voisin. En 2024, 110 personnes ont perdu la vie en France dans des circonstances liées au trafic de drogue. Selon le policier, «le trafic de drogue en Suisse s'est énormément diversifié. La cocaïne et le cannabis peuvent aujourd'hui entrer dans le pays par les mêmes canaux et par les mêmes groupes.» La Suisse, qui était un pays exportateur de marijuana au début des années 2000, est aujourd'hui devenue importatrice, principalement de haschisch marocain. Les effets sont brutaux. Un marché noir toujours aussi violent En février, la police cantonale valaisanne a démantelé un réseau de trafic de drogue et arrêté 60 personnes, dont 20 mineurs. Le gang avait écoulé 500 kilos de haschisch et 2 kilos de cocaïne dans l'ensemble de la Suisse romande, pour une valeur marchande estimée à plus de 4 millions de francs. Au sein du groupe, on déplore des violences physiques, des menaces et du chantage. Ces dernières années, Lausanne observe aussi une augmentation de la violence associée au commerce illégal de cannabis. «Un préjugé existe selon lequel le trafic de cannabis serait moins violent que celui de la cocaïne. Cette idée n'est plus exacte, du moins pour une partie de ce trafic illicite.» La cité Aldrin de Sierre, un symbole de précarité miné par le trafic de drogue. CHANTAL DERVEY À Yverdon et à Grandson, dans le canton de Vaud, deux personnes ont perdu la vie, une en 2018 et l'autre en 2020, à la suite de transactions de cannabis qui ont dégénéré. Selon les deux experts, réglementer le commerce du cannabis en Suisse ne se limite pas à déterminer où quelques consommateurs achètent leur herbe. C'est aussi une solution potentielle face à la montée de la violence liée au trafic de stupéfiants. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Benno Tuchschmid est journaliste basé à Lausanne. Il a obtenu son diplôme de journalisme au MAZ en 2009 et a ensuite travaillé pour l'Aargauer Zeitung, la SonntagsZeitung et le SonntagsBlick, entre autres. Plus d'infos @BennoTuchschmid Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
2 days ago
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Derniers souffles de chaleur avant le grand rafraîchissement lundi
L'alerte canicule a été levée jeudi en Suisse romande. Le début du week-end s'annonce ensoleillé, avant un dimanche plus nuageux et l'arrivée de la fraîcheur lundi. Publié aujourd'hui à 12h36 Après plusieurs jours de chaleur intense, l'alerte canicule qui touchait la Suisse romande a été levée jeudi 3 juillet. Keystone Après plusieurs jours de chaleur intense , l'alerte canicule qui touchait la Suisse romande a été levée jeudi . Et en effet, les températures vont commencer à baisser. Tour d'horizon de la météo qui nous attend ce week-end. Ce vendredi, le temps devrait devenir «bien ensoleillé en plaine», rapporte MétéoSuisse . «Quelques cumulus» se trouveront sur le Jura, ainsi que des «nuages plus tenaces» dans les Alpes. Les températures grimperont jusqu'à 28 à Neuchâtel, 29 à Lausanne, 30 à Genève et 32 à Sion. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. La journée de samedi s'annonce «bien ensoleillée et sèche au nord des Alpes». Un ciel avec des cumulus et «parfois voilé» y est attendu dans l'après-midi, avec la «possibilité de quelques averses locales, voire un orage isolé». Le mercure se situera entre 19 et 29 à Lausanne et 17 et 30 à Neuchâtel. À Genève, il fera entre 17 et 31, 18 et 33 à Sion. Les températures chutent la semaine prochaine Le temps s'annonce nettement plus nuageux dimanche. Le Valais connaîtra tout de même quelques éclaircies pendant la matinée. Il devrait y avoir «quelques averses, parfois orageuses, dans le courant de l'après-midi, puis surtout en soirée et dans la nuit». Les températures seront également un peu moins élevées. Il fera entre 18 et 25 à Lausanne, 16 et 24 à Neuchâtel, 15 et 25 à Genève et 16 et 27 à Sion. Le début de semaine prochaine s'annonce plus frais, avec un temps atteignant maximum 20 à 24 degrés en plaine lundi ainsi que des averses. Mardi, les températures minimales se situeront même autour de 13 degrés. Les dernières infos en lien avec la météo Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Laure Schmidt est journaliste stagiaire au sein de la rubrique Suisse-Monde-Economie de la rédaction Tamedia depuis septembre 2023. Elle a étudié les sciences sociales et la psychologie à l'Université de Lausanne. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.