
Légalisation du cannabis: policiers et spécialistes font cause commune
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Policiers et spécialistes des addictions font cause commune à Lausanne
Le cannabis pourrait bientôt être légalisé en Suisse. Un essai pilote à Lausanne sert de modèle pour répondre à la violence croissante liée à la drogue.
Benno Tuchschmid
,
Yvain Genevay
Frank Zobel (à gauche), vice-directeur de la fondation Addiction Suisse, et Sébastien Dyens (à droite), chef de la brigade des stupéfiants de la police municipale de Lausanne, dans le magasin Cann-L, où la vente légale de cannabis est testée.
YVAIN GENEVAY/TAMEDIA
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En bref : L'expérience pilote Cann-L à Lausanne teste la vente légale de cannabis depuis 18 mois.
Les experts constatent qu'un million de francs échappe désormais au marché noir local.
Les consommateurs privilégient des produits moins dosés en THC pour leur santé.
La violence liée au trafic de cannabis s'intensifie en Suisse romande.
Le responsable de la brigade des stupéfiants de la police municipale de Lausanne savoure un expresso pendant que du cannabis est vendu à côté de lui. «Tout cela n'est pas naturel», dit Sébastien Dyens en souriant. Son métier est de lutter contre le trafic de drogue, mais aujourd'hui, le commissaire participe à une expérience réussie de commerce de stupéfiants.
À ses côtés, Frank Zobel, l'un des experts en drogues les plus réputés de Suisse et vice-directeur de la fondation Addiction Suisse. «Un sachet de cannabis pour la photo?» plaisante-t-il. Tous deux éclatent de rire.
Ils prennent la pose pour le photographe dans le magasin Cann-L. Depuis 18 mois, la Ville de Lausanne mène une expérience de vente légale de cannabis sous supervision scientifique. Il s'agit de l'un des sept projets pilotes en Suisse. Les experts et les politiciens espèrent que cela aura un impact significatif sur la réglementation à venir. La consultation sur la loi fédérale relative aux produits à base de cannabis débutera fin août.
Cann-L est considéré, à l'instar du projet de Genève, comme un modèle de référence pour la légalisation du cannabis. Les deux sont pour une régulation stricte par l'État.
D'après Barbara Gysi, conseillère nationale socialiste de Saint-Gall et présidente de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique: «Cann-L est un projet passionnant, qui a déjà contribué de façon significative aux travaux législatifs par ses premières conclusions. Il montre comment des conseils peuvent mener à une consommation plus responsable.»
Des éléments clés du projet lausannois figurent déjà dans celui de la loi fédérale.
La vente de cannabis ne doit pas avoir pour objectif premier le profit.
La publicité pour les produits contenant du cannabis est interdite.
Les produits doivent être décrits de façon objective, sans inclure d'éléments liés à la marque.
Les autorités cantonales sont responsables de l'organisation de la vente. Elles peuvent soit la gérer directement, soit accorder une concession à des particuliers.
«Pendant trop longtemps, les drogues ont été considérées soit exclusivement sous l'angle de la santé publique, soit uniquement du point de vue de la police», explique Frank Zobel (à gauche).
YVAIN GENEVAY/TAMEDIA
Frank Zobel est l'initiateur du projet lausannois, alors que Sébastien Dyens, commissaire, fait partie du comité de l'association qui réalise l'essai. Leur collaboration peu ordinaire constitue le fondement de l'approche lausannoise. «Pendant longtemps, on a considéré les drogues uniquement sous deux angles: celui de la santé publique ou celui de la police Nous visons désormais à concilier ces deux approches», souligne Frank Zobel.
Un million soustrait au marché noir
Les deux hommes se connaissent bien. Ils ont déjà collaboré sur une grande étude portant sur le marché de la drogue dans le canton de Vaud. Elle a exposé avec précision le parcours de la substance, de son arrivée sur le marché local via les dealers jusqu'aux consommateurs, révélant ainsi l'ampleur du commerce et de la consommation de drogues dans le canton. Une approche unique en Suisse et en Europe.
Le projet Cann-L étudie aussi l'impact de la légalisation du cannabis sur le marché noir. Nous avons estimé que durant la première année du projet, environ un million de francs de chiffre d'affaires a été soustrait au marché noir. «Ce chiffre augmente chaque année», ajoute le directeur adjoint d'Addiction Suisse.
Actuellement, 1500 consommateurs sont inscrits auprès de Cann-L. D'après les sondages, deux tiers d'entre eux n'achètent plus jamais ou que très rarement sur le marché noir. La consommation globale est demeurée stable. Ce qui a changé, en revanche: les produits contenant moins de THC sont désormais plus fréquemment consommés, ce qui réduit les risques pour la santé.
Voici à quoi ressemble un sachet de cannabis vendu dans le magasin lausannois Cann-L. À côté, on peut voir une carte de membre qui autorise l'achat et la possession de marijuana.
FLORIAN CELLA/TAMEDIA
On constate une évolution radicalement différente dans certains États américains tels que le Colorado et la Californie. Là-bas, depuis la légalisation, la consommation régulière de cannabis a nettement augmenté. Les produits sont désormais plus concentrés, moins coûteux et offrent une plus grande variété qu'avant le changement législatif. «Du point de vue de la santé publique, personne n'a intérêt à vendre des produits à lécher contenant du THC», indique Frank Zobel.
En Allemagne, la légalisation a été appliquée de façon si hâtive qu'une grande confusion persiste encore aujourd'hui. Pour le commissaire Sébastien Dyens, «il est essentiel qu'une future loi soit facile à mettre en œuvre pour la police». Pendant longtemps, les policiers ont eu du mal à différencier le CBD légal du cannabis illicite. De même, l'application de la règle actuelle qui rend non punissable la possession de 10 grammes ou moins n'est pas facile à mettre en œuvre dans la pratique.
Il est probable qu'une éventuelle loi n'entrera pas en vigueur avant 2030. Il est déjà certain que l'UDC lancera un référendum. Frank Zobel se montre optimiste. Une «fenêtre d'opportunités» s'ouvre maintenant pour parvenir à une réglementation à la fois «intelligente et durable».
Le marché du cannabis
Du point de vue de la police, cela reviendrait à conserver le statu quo, une situation qui inquiète. «Le commerce du cannabis est crucial pour nous, non pas pour le produit en soi, mais pour les individus qui opèrent dans l'ombre.»
D'après les statistiques les plus récentes, 220'000 personnes en Suisse indiquent avoir consommé du cannabis durant le mois écoulé. En termes de volume, le marché du cannabis demeure le plus important marché de drogue. Il est partiellement contrôlé par des réseaux criminels internationaux bien structurés. En Suisse romande, les enquêteurs s'inquiètent de l'influence grandissante des gangs français, responsables d'une montée de violence dans le pays voisin. En 2024, 110 personnes ont perdu la vie en France dans des circonstances liées au trafic de drogue.
Selon le policier, «le trafic de drogue en Suisse s'est énormément diversifié. La cocaïne et le cannabis peuvent aujourd'hui entrer dans le pays par les mêmes canaux et par les mêmes groupes.» La Suisse, qui était un pays exportateur de marijuana au début des années 2000, est aujourd'hui devenue importatrice, principalement de haschisch marocain. Les effets sont brutaux.
Un marché noir toujours aussi violent
En février, la police cantonale valaisanne a démantelé un réseau de trafic de drogue et arrêté 60 personnes, dont 20 mineurs. Le gang avait écoulé 500 kilos de haschisch et 2 kilos de cocaïne dans l'ensemble de la Suisse romande, pour une valeur marchande estimée à plus de 4 millions de francs. Au sein du groupe, on déplore des violences physiques, des menaces et du chantage. Ces dernières années, Lausanne observe aussi une augmentation de la violence associée au commerce illégal de cannabis. «Un préjugé existe selon lequel le trafic de cannabis serait moins violent que celui de la cocaïne. Cette idée n'est plus exacte, du moins pour une partie de ce trafic illicite.»
La cité Aldrin de Sierre, un symbole de précarité miné par le trafic de drogue.
CHANTAL DERVEY
À Yverdon et à Grandson, dans le canton de Vaud, deux personnes ont perdu la vie, une en 2018 et l'autre en 2020, à la suite de transactions de cannabis qui ont dégénéré.
Selon les deux experts, réglementer le commerce du cannabis en Suisse ne se limite pas à déterminer où quelques consommateurs achètent leur herbe. C'est aussi une solution potentielle face à la montée de la violence liée au trafic de stupéfiants.
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Benno Tuchschmid est journaliste basé à Lausanne. Il a obtenu son diplôme de journalisme au MAZ en 2009 et a ensuite travaillé pour l'Aargauer Zeitung, la SonntagsZeitung et le SonntagsBlick, entre autres. Plus d'infos
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