4 days ago
Swiss made sous pression à Washington – Et si tout se jouait sur la pharma ?
À Genève, les banques affinent les scénarios sur la taxation du Swiss made par l'Amérique. Et si tout dépendait de la pharma? Publié aujourd'hui à 06h28
C'était il y a trois mois. Ou peut-être une éternité. Le 9 mai , la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter (au centre) et le conseiller fédéral chargé de l'Économie, Guy Parmelin (à g.), tentaient de s'entendre sur un projet d'accord commercial rapide avec les États-Unis, à l'occasion du passage à Genève du secrétaire au Trésor, Scott Bessent (à dr.)
AFP
En bref:
Mardi dans la soirée, alors que la présidente de la Confédération et le ministre de l'Économie atterrissaient à Washington, les économistes et les stratèges au sein des banques continuaient d'affiner les scénarios élaborés depuis le choc du 1er août .
Une poursuite des négociations avec l'administration américaine «jusqu'au jeudi 7 août, voire au-delà» est déjà esquissée depuis le début de la semaine au sein de Lombard Odier. En particulier sur le secteur de la pharma – le seul qui semble compter aux yeux du président Trump. Nannette Hechler-Fayd'herbe, responsable de la stratégie d'investissement au sein de la banque genevoise, et l'économiste Filippo Pallotti privilégient un accord sur des surtaxes douanières «plus proche des 15% imposés à l'Union européenne ou au Japon». Que proposer de plus à Washington?
Mais moyennant «des concessions potentiellement contraignantes». Que proposer de plus? Responsable de la stratégie d'investissement au sein de la banque Cité Gestion, John Plassard évoque les commandes d'équipements américains par les centres hospitaliers, «une manière concrète d'offrir un retour économique immédiat». Et, évidemment, cette commande pour 8 milliards d'avions de chasse F-35, «qui pourrait être complétée par une coopération plus large dans la maintenance, la formation ou l'équipement».
La principale concession devra probablement venir de cette «big pharma», dont Donald Trump a déjà conspué à maintes reprises les prix pratiqués sur leur débouché le plus rentable. Au-delà de sa remarque cruelle sur «cette dame sympathique qu'[il] ne connaissait pas», son interview sur CNBC mardi a surtout marqué sa volonté de surtaxer jusqu'à 250% les importations pharmaceutiques – qui représentent plus de la moitié des ventes de produits suisses en Amérique. La pharma, bien sûr
Des traitements qui ne sont pas directement concernés par les discussions sur la surtaxe générale de 39%. Ils dépendent de mesures spécifiques – la «section 232» – qui relèvent de la Maison-Blanche.
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«Le fait que l'Union européenne ait pu obtenir [le 27 juillet] une visibilité sur les tarifs pharmaceutiques dans le cadre de son accord commercial – indépendamment de cette section 232 – pourrait signaler une certaine ouverture des États-Unis à accorder des dérogations», veulent croire les spécialistes de Lombard Odier. Conjoncture pour le commerce suisse revue à la baisse
Les économistes commencent à faire les calculs du pire. Sur les produits à forte valeur ajoutée – montres, machines-outils, dispositifs médicaux – «les importateurs américains pourraient, dans de nombreux cas, répercuter la majeure partie des droits de douane sur leurs clients sans baisse significative de la demande», estiment les stratèges de la banque genevoise.
Cependant, «pour la grande majorité des exportations, cette logique a ses limites – si les entreprises supportent des droits de douane de 10 à 15% sans érosion majeure de leurs marges, ni perte de demande, une taxe de 39% place la barre beaucoup plus haut», préviennent-ils. De fait ces derniers revoient déjà à la baisse – de 1,1% à 0,9% – leur prévision de croissance économique en Suisse cette année.
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Pierre-Alexandre Sallier est journaliste à la rubrique Économie depuis 2014. Auparavant il a travaillé pour Le Temps , ainsi que pour le quotidien La Tribune , à Paris. Plus d'infos
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