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6 days ago
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Des centaines de foyers non conformes
Malgré l'entrée en vigueur mardi d'une nouvelle réglementation québécoise, quelque 55 % des RPA qui ont de la clientèle de catégorie 3 – des aînés semi-autonomes qui ont besoin d'accompagnement médical – n'ont toujours pas de systèmes de sécurité aux portes, selon des données analysées par le Regroupement québécois des résidences pour aînées. Plus de la moitié des résidences pour aînés (RPA) nouvellement assujetties à un règlement les forçant à installer un système anti-fugue n'en ont toujours pas, selon le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA). Cette réglementation entre en vigueur au moment même où la police vient de révéler l'identité de Sylvie St-Denis, sexagénaire atteinte d'alzheimer qui avait fugué de sa résidence de Terrebonne et qui est morte à la mi-juin dans un boisé 1. Quelque 55 % des RPA qui ont de la clientèle de catégorie 3 – des aînés semi-autonomes qui ont besoin d'accompagnement médical – n'ont toujours pas de systèmes de sécurité aux portes, selon des données analysées par le RQRA. En clair, 587 résidences sur 1060 n'en ont pas encore installé et 473 en possèdent. En principe, ces résidences avaient jusqu'à mardi, le 15 juillet, pour mettre ces mesures en place, quel que soit l'état de santé de leurs résidants, selon le Règlement sur la certification des résidences privées pour aînés. Les données de Santé Québec indiquent que 50 RPA de catégorie 3 n'ont pas installé de tels systèmes, tandis que 178 en possèdent, souligne la porte-parole Catherine Brousseau. Cependant, ces chiffres semblent couvrir uniquement les résidences qui accueillent actuellement des aînés à risque d'errance. Seul un quart (22 %) des RPA de catégorie 3 héberge actuellement des usagers à risque d'errance, explique Hans Brouillette, directeur des relations gouvernementales au RQRA. Cependant, le nombre de cas d'errance évolue fréquemment – et rapidement – dans une résidence, reconnaît M. Brouillette. « Ça peut varier d'un mois à l'autre, indique M. Brouillette. S'il y en a, ils sont en attente d'être relocalisés [en CHSLD], mais ils ne peuvent pas rester [en RPA]. » Techniquement, les RPA n'ont pas pour vocation d'accueillir une clientèle à risque d'errance, car elles constituent un « domicile », et non un « milieu de soins de santé », précise M. Brouillette. Elles le font tout de même, comme les places dans le réseau public de santé sont limitées et que les listes d'attente en CHSLD sont longues. Ce règlement, qui obligeait les RPA à instaurer des mesures de sécurité, était déjà en place depuis 2023 pour les unités de catégorie 4, qui hébergent de la clientèle en plus grande perte d'autonomie. Pourtant, selon Santé Québec, 57 RPA de catégorie 4 n'ont toujours pas installé de tels dispositifs de sécurité, tandis que 219 en sont dotées. Les RPA pas nécessairement adaptées Le nouveau règlement est imprécis, estime Hans Brouillette. « Ça n'a pas d'allure d'imposer quelque chose de mal défini. C'est comme si on disait : 'Faites quelque chose, et on verra si ça convient ou pas' », déplore-t-il. Ainsi, illustre-t-il, les RPA mettent en place des dispositifs de sécurité aux portes sans pouvoir statuer si cela concerne des aînés de leur établissement. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE Hans Brouillette, directeur des relations gouvernementales au RQRA, ici en 2021 Pour nous, cette réglementation-là a été rédigée davantage dans un but politique et réputationnel que [par égard pour le] respect même des aînés. Hans Brouillette, directeur des relations gouvernementales au RQRA « [Comme RPA], je n'ai pas de droit qui m'est conféré par le gouvernement d'établir qu'une personne fait de l'errance, souffre de problèmes cognitifs… et en même temps, je dois appliquer un contrôle des sorties ! », explique M. Brouillette, qui y voit une incohérence importante. En plus de dénoncer le flou autour des dispositifs de sécurité, il ajoute que les coûts seraient plus élevés que prévu. Il en coûterait 40 millions aux RPA concernées pour installer de tels dispositifs dans leurs immeubles, indique M. Brouillette. « On ne veut pas revivre les gicleurs 2.0 », lance M. Brouillette. Après la tragédie de L'Isle-Verte, Québec avait en effet imposé aux RPA d'installer des gicleurs. Des résidences avaient eu du mal à se conformer à cette réglementation qui entraînait des frais importants. Des centaines d'entre elles avaient fermé leurs portes. Le règlement sur les mesures de sécurité pourrait d'ailleurs être modifié prochainement, soutient M. Brouillette : un projet de révision réglementaire est en cours pour l'entièreté de celui-ci, puisqu'il serait « inapplicable » de manière concrète. Il affirme que plusieurs personnes du cabinet de la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, lui ont souligné verbalement qu'il n'y aurait pas, pour l'instant, d'avis de non-conformité délivrés à l'endroit des RPA n'ayant pas installé les dispositifs de sécurité. Santé Québec nous a pourtant indiqué par courriel que « des avis de non-conformité peuvent être émis en cas de non-respect d'un règlement ». Des aînés qui prennent la fuite Mercredi, la police a révélé l'identité d'une sexagénaire retrouvée morte à la mi-juin dans un bois de Terrebonne. Sylvie St-Denis, qui souffrait d'alzheimer, de diabète et de démence, était logée au Pavillon des Mille-Îles, une RPA composée de deux ailes sécurisées. PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE La résidence pour personnes âgées Pavillon des Mille-Îles, à Terrebonne « De toute évidence, cette résidence n'est pas munie d'un système de sécurité [suffisant] pour les personnes atteintes d'alzheimer. On accueille donc des gens dans des lieux qui ne sont pas adaptés », dénonce Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades (CPM). Ce n'est pas la première fois qu'un aîné hébergé en résidence fugue et connaît un destin funeste. En décembre 2022, une dame d'Acton Vale avait fugué de sa résidence tôt dans la matinée et avait été retrouvée sans vie dans une rivière trois jours plus tard. Ses proches ont affirmé que celle-ci fuguait de manière cyclique, selon un rapport du coroner obtenu par La Presse. En décembre 2020, une femme de 94 ans de Rivière-du-Loup est morte d'hypothermie après avoir fugué de sa résidence durant la nuit. Le rapport du coroner indique que la dame souffrait de troubles cognitifs et que toutes les portes de sa résidence étaient verrouillées à l'aide d'un code qu'« à peu près tout le monde connaissait incluant de toute évidence Mme X ». Avec la collaboration de William Thériault et Jean-Hugues Roy, La Presse 1. Lisez « Terrebonne : Une femme atteinte d'Alzheimer trouvée morte dans un terrain boisé »


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7 days ago
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Une femme atteinte d'Alzheimer trouvée morte dans un terrain boisé
Une femme de 69 ans atteinte de la maladie d'Alzheimer a été trouvée morte, mi-juin, dans un terrain boisé de Terrebonne. Son identité a été confirmée mercredi matin par les autorités. Aux yeux du Conseil pour la protection des malades (CPM), la situation est injustifiable. Mercredi matin, le Service de police de Terrebonne/Sainte-Anne-des-Plaines/Bois-des-Filion était en mesure de confirmer « que le corps retrouvé le 17 juin dernier est celui de Mme Sylvie St-Denis, disparue le 5 juin ». Sylvie St-Denis, souffrant d'Alzheimer, de diabète et de démence, était logée au Pavillon des Mille-Îles, une résidence pour personnes âgées située sur la rue Saint-Louis à Terrebonne. Son corps, le 17 juin, avait été trouvé dans un secteur boisé près de la rue Léveillé, à proximité de la résidence. Elle avait été vue la dernière fois le 5 juin vers 21 h 30 quittant, en marchant, le Pavillon des Mille-Îles. « Elle a été capable de sortir par la porte du jardin, pour une raison qu'on ne connaît pas. On a pu constater en dedans de 15 minutes sa disparition », explique Walid Assaly, propriétaire du Pavillon des Mille-Îles, au téléphone avec La Presse. « À l'intérieur de 45 minutes, la police était alertée et avait mis en place un système de recherche. Malheureusement, elle n'a pas été trouvée [le jour même] », ajoute-t-il. PHOTO TIRÉE DU SITE BONJOUR RÉSIDENCES Le Pavillon des Mille-Îles est situé sur la rue Saint-Louis à Terrebonne. Le Pavillon des Mille-Îles dispose de deux ailes protégées pour les personnes en pertes cognitives, selon son site web. La résidence, qui héberge les personnes âgées autonomes et en perte d'autonomie dans 61 unités, comprend un système d'appel d'urgence dans chaque appartement et un système de portes codées, peut-on y lire. Faille de sécurité évidente « La première chose qui me jette par terre, c'est que la personne a été vue en train de quitter. Si elle a été vu par quelqu'un qui œuvre dans cette résidence, qu'est-ce qui est arrivé ? », s'indigne Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades (CPM). « De toute évidence, cette résidence n'est pas munie d'un système de sécurité pour les personnes atteintes d'Alzheimer. On accueille donc des gens dans des lieux qui ne sont pas adaptés, dénonce-t-il. Surtout, et on ne sait pas si c'est le cas, si jamais elle n'a pas d'unité prothétique. » Une unité prothétique permet à des personnes d'errer dans une zone délémitée « sans qu'elles puissent se sauver », donc en sécurité. On ne peut pas « entrer ou sortir comme on veut » de ces unités, généralement en raison d'un dispositif à code. « Comment se fait-il que le curateur public ait accepté que cette personne soit hébergée dans une résidence non équipée ? », reproche M. Brunet. Le président du CPM regrette également que les alertes SILVER aient seulement été un projet pilote. Il s'est terminé le 21 juin 2024, selon Québec en Alerte, site du ministère de la Sécurité publique. À la manière d'une alerte AMBER, les alertes SILVER devaient être déclenchées pour retrouver plus rapidement les personnes atteintes d'un trouble neurocognitif majeur, comme la maladie d'Alzheimer, portées disparues. Dans un cas comme celui-ci, « on aurait dû avoir une alerte SILVER », argumente Paul Brunet.