30-07-2025
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À Gaza, des mères palestiniennes racontent à « CNN » les dangers de la famine
PALESTINE - « Tout autour de nous présente un risque pour notre vie, que ça soit les voleurs, les soldats israéliens, les missiles ou les drones », énumère Um Khader auprès de CNN. Cette Gazaouie mère de trois enfants a marché deux heures avec ses amies pour atteindre un endroit où passent parfois des camions humanitaires.
Le voyage est éprouvant, surtout pour Maryam qui a accouché il y a tout juste trois semaines. Le jour précédent, elles sont revenues les mains vides : le seul sac de farine que leur amie Walaa a obtenu lui a été dérobé par un jeune homme armé d'un couteau. Interviewées par CNN, toutes racontent les horreurs de leur quotidien alors que la famine se généralise dans la bande de Gaza, assiégée par Israël qui contrôle tous les accès.
Dans leurs témoignages, un point commun : les mères doivent constamment choisir entre risquer leurs vies pour tenter de nourrir leurs enfants, ou les voir mourir de faim. Depuis ce dimanche 27 juillet, Israël, qui a déclaré une pause des combats à des fins humanitaires dans certains secteurs, autorise des largages d'aide sur la bande de Gaza. Mais ces colis parachutés n'apportent qu'une quantité infime d'aide aux Gazaouis, et représentent un vrai danger pour les populations civiles.
L'ONU estime qu'il faudrait chaque jour au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène pour subvenir aux besoins immenses des plus de deux millions d'habitants de Gaza, mais Israël autorise seulement l'entrée de quantités très limitées. Résultat, rien qu'en juillet, 63 personnes sont mortes de faim à Gaza selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) explique CNN. Les données de l'OMS montrent par ailleurs que 40 % des femmes enceintes et allaitant à Gaza souffrent de malnutrition sévère.
« On ne veut pas que tu meures, Maman »
« Mes enfants me disent : 'Ne pars pas, Maman, ne pars pas dans les centres d'aides, on ne veut pas que tu meures Maman' », raconte à CNN Um El-Abed, une mère de 8 enfants dont le mari a été tué par un bombardement israélien. Depuis des mois, des tirs israéliens près de centres d'aide humanitaire font des distributions de vrais massacres. Plus de 1 000 Palestiniens ont été tués par Israël en essayant de se nourrir depuis mai, précise la radio NPR.
Um El-Abed explique avoir tenté sa chance dans une soupe populaire bondée. Elle n'est rentrée qu'avec un pot de soupe, loin d'être suffisant pour nourrir ses 8 enfants. « Les femmes et les filles font face à un choix impossible : mourir de faim dans leurs abris ou s'aventurer dehors en quête de nourriture et d'eau, au risque extrême d'être tuées », avait déclaré la porte-parole de l'agence ONU Femmes Sofia Calltorp lors d'un point de presse à Genève. « Les enfants meurent de faim sous leurs yeux », a-t-elle affirmé.
Une réalité qu'Um Bilal ne connaît que trop bien. Cette dernière explique au média américain que sa plus jeune fille s'arrache parfois les cheveux lorsqu'elle crie de douleur à cause de la faim. Elle et sa voisine Um Khader passent parfois plusieurs jours sans manger, et leurs enfants s'endorment toujours le ventre vide.
« Avant nous mangions de la nourriture pour animaux. Il y a un an, nos corps pouvaient le gérer, mais maintenant, c'est de la famine qui s'ajoute à la famine, nos corps n'en peuvent plus », explique à CNN Um Khader, ajoutant qu'elle a pris l'habitude de dissoudre du sel dans de l'eau pour faire patienter ses enfants entre les rares repas. Selon un rapport IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) publié ce mardi, plus de 20 000 enfants gazaouis ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet.