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Un ethnologue dans sa tribu
Un ethnologue dans sa tribu

La Presse

time02-08-2025

  • Entertainment
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Un ethnologue dans sa tribu

Pierre Foglia à une manifestation du printemps érable, en 2012, sur la place Émilie-Gamelin Pascale Fournier, Ad. E. Professeure titulaire à la Section de droit civil de l'Université d'Ottawa et directrice fondatrice de l'Observatoire des droits humains à l'ONU « Je suis fasciné comme un ethnologue dans une tribu », avait affirmé Pierre Foglia dans un entretien intime avec son fils Manuel. Il avait tout dit. Raconter des histoires. Toutes sortes d'histoires. La violence et les rapports de force. La séduction et le jeu des petites vérités. Le Tour de France et le monde des roues qui tournent. La mort d'un père et le processus migratoire. Parce que les histoires, c'est aussi la vie. Dans tout ce qu'elle comporte de beau, d'anodin, de porteur, de simpliste, d'hypocrite, de gigantesque et de minuscule, en même temps, d'un même souffle. Parce que les histoires, elles nous rassemblent, elles nous ressemblent. Elles cachent au loin, comme une certitude, un gage d'universalité. C'est ce regard curieux, incisif, souvent indiscret qui lui permettra de poser les questions difficiles, de nous offrir une vue transversale de la réalité. Comme un ethnologue dans une tribu. S'il le faisait avec l'emploi d'un « Je » espiègle, avec la subjectivité désarmante du narrateur, c'était aussi pour créer un lien, pour produire une proximité. « As-tu lu Foglia ce matin ? » Son monde intime, pittoresque même – ses chats, sa fiancée, ses voisins, son vélo –, le rendait si familier, sans artifice, comme aurait pu l'être un frère ou un ami. Pierre était justement ça, un frère et un ami. À travers lui, grâce à sa plume, on pouvait se comprendre, rire avec complicité, reprendre ses anecdotes et ses images colorées pour y greffer notre réalité. Sa chronique devenait brutalement nôtre, l'espace d'un moment, dans ce lieu partagé et protégé qu'est l'écriture. Foglia était un traducteur de sens, parfois irrévérencieux, souvent conscient des risques que sa prose suscitait : « Prendre des risques. Pas de risques, pas d'artiste », disait-il à Manu. Parce que l'artiste, lui, sait qu'on ne parle jamais qu'une seule langue. Que c'est précisément la multiplicité des mots qui permet l'infinie richesse des dialectes. Foglia s'attardait avec acuité et précision à cette pluralité de sens, de possibilités. À le lire, on touchait notre humanité commune ; on libérait notre parole individuelle. Lire Pierre Foglia, c'était le suivre en marchant sur cette ligne fine et spectrale qui savait prendre des risques, faire réagir, pousser le discours officiel qui ne prétend qu'affirmer, relater, prouver. Remettre la subjectivité là où l'objectivité réclame une vénération absente de critiques. Comme dans un éclat de lumière, il faisait confiance à son interlocutrice, pour qu'elle écrive, elle aussi, des histoires. « Pourquoi écrire ? », lui demande son fils Manu dans ce superbe échange père-fils. « Pourquoi je privilégie l'écrit, c'est parce que c'est le plus accessible. » Démocratiser le savoir, donc, pour amoindrir le gouffre entre la culture populaire et la culture d'élite. Pour transporter la connaissance dans une avalanche de salons. Pour évoquer la nécessité de poser, à notre tour, à notre manière, les questions difficiles. Jusqu'à leur extrême limite. Jusqu'à ce que la démocratie soit digne de ce nom. Voilà pourquoi on écrit. Voilà pourquoi on rêve d'écrire comme Foglia. Dans un milieu universitaire qui appelle de plus en plus à la vulgarisation de la science, à la justice de proximité, Foglia est plus pertinent que jamais. Être un ethnologue dans une tribu, c'est aussi une posture, une démarche citoyenne qui permet de cultiver le doute, de vulgariser le savoir, d'incarner une pédagogie nouvelle – comme le mirage d'une autre langue. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Les cancers résistants commencent à livrer leurs secrets
Les cancers résistants commencent à livrer leurs secrets

La Presse

time23-07-2025

  • Science
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Les cancers résistants commencent à livrer leurs secrets

Des chercheurs de l'Université d'Ottawa ont identifié un mécanisme qui permet aux cellules anormales de se multiplier comme si elles étaient saines, ce qui pourrait constituer un atout important dans la lutte contre le cancer. Jean-Benoit Legault La Presse Canadienne Ce mécanisme pourrait aussi expliquer pourquoi certains cancers finissent par développer une résistance aux médicaments de chimiothérapie qui sont utilisés pour les détruire. « La meilleure façon de causer un cancer chez un être humain ou chez tout organisme, c'est d'avoir des dommages à l'ADN », a rappelé le professeur Damien D'Amours, de la faculté de médecine de l'Université d'Ottawa. « Donc nous, on voulait comprendre comment les cellules écoutent ou n'écoutent pas les mécanismes, les règles du cycle cellulaire, qui leur disent essentiellement comment ou quand elles devraient se diviser ou pas. » Habituellement, a-t-il précisé, les cellules « n'aiment pas du tout se diviser quand elles ont des dommages à l'ADN parce que ça peut causer de plus grands dommages et ensuite ça peut causer le cancer ». Les cellules dont l'ADN est endommagé sont donc normalement incapables de se diviser en raison des dommages qu'elles présentent. Le professeur D'Amours et l'étudiante de cycle supérieur Laurence Langlois-Lemay ont maintenant découvert comment ces cellules arrivent à contourner les points de contrôle du cycle cellulaire qui empêcheraient normalement leur division. « Nous avons trouvé une mutation dans une (enzyme) qui s'appelle Polo et qui, en fait, commence à ne plus écouter son cycle cellulaire comme elle le devrait, a-t-il expliqué. Et cette mutation permet aux cellules de 'tricher'. » La première règle de la division des cellules, a-t-il ajouté, est qu'une cellule se divise uniquement lorsqu'elle reçoit un signal lui indiquant de le faire. La deuxième règle est qu'une cellule endommagée ne devrait jamais se diviser. C'est cette deuxième règle que la mutation identifiée permet aux cellules anormales d'enfreindre. Le professeur D'Amours, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la dynamique de la chromatique et l'architecture du génome, estime que la principale découverte de l'étude est très pertinente pour le traitement du cancer, puisqu'un grand nombre d'agents chimiothérapeutiques fonctionnent en ciblant et en endommageant l'ADN de la tumeur. « Une grosse fraction de la thérapie qui est utilisée pour traiter les cancers chez les patients est basée sur la notion qu'on endommage l'ADN […] des cellules cancéreuses des patients, a-t-il dit. Et on veut que les cellules arrêtent de se diviser en réponse à ces dommages-là. Mais si les cellules ne répondent pas à la règle de ne pas se diviser quand elles ont un dommage à l'ADN, elles ne répondront pas à la thérapie. » On estime que la résistance aux traitements contribue à 90 % des décès liés au cancer. En d'autres mots, a précisé le professeur D'Amours, on endommage les cellules pour activer le mécanisme d'arrêt du cycle cellulaire. Mais si les cellules s'adaptent à leur ADN endommagé, elles peuvent continuer à se diviser, ce qui peut entraîner une résistance à la chimiothérapie, « et c'est le gros défi dans le traitement du cancer partout dans le monde en ce moment », a-t-il souligné. « Si on inhibe (Polo), on redonne aux cellules ce processus de décision-là de ne pas se diviser en présence de dommages à l'ADN », a résumé le professeur D'Amours. La prochaine étape consisterait à tester certains inhibiteurs d'enzymes de la famille de Polo chez des souris pour voir s'il y a lieu d'ensuite organiser des essais cliniques, a-t-il conclu. Les conclusions de cette étude ont été publiées par le réputé journal scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.

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